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eau et en acide sulfureux, ou bien en eau et en un dépôt de soufre si l'oxygène de l'air est insuffisant pour la transformation complète du soufre en acide sulfureux.

L'eau de la solfatare coagule l'albumine.

L'arsenic existe aussi dans l'eau thermale. Pour la recherche de ce corps j'ai opéré sur une très grande quantité de cette eau, évaporée au dixième de son volume et au moyen de l'appareil de Marsh j'y ai constaté l'arsenic. Je l'ai aussi trouvé au moyen du procédé employé par Thénard dans son important travail sur les eaux du Mont-Dore.

A priori, on pouvait supposer la présence de l'arsenic dans l'eau de la solfatare. Cette substance, en effet, existe à l'état de sulfure dans les terres de l'ancien cratère, et particulièrement aux endroits où la température est élevée et où le dégagement des matières gazeuses est considérable: conditions qui se trouvent toutes deux continuellement réunies dans la grande fumerolle de la solfatare. On produit d'ailleurs, pour ainsi dire à volonté, le sulfure d'arsenic d'un rouge éclatant: il suffit d'introduire dans l'intérieur de la grande fumerolle, des corps solides, tels que pierres, briques, charbons, porcelaine, terre cuite, tubes de verre, fragments de bois et même du papier, qui tous se recouvrent de petits cristaux du même sulfure arsenical; ces cristaux se déposent sur le bois et sur le papier après leur carbonisation.

L'expérience a démontré, ce que l'on pouvait également soupçonner, que l'eau thermale que l'on rencontre à dix ou douze mètres au-dessous du sol, et qui est le résultat de la condensation des vapeurs, de nombreuses fumerolles et des infiltrations des eaux de pluie, à travers ces terrains volcaniques, contient, quoique en petite quantité, de l'arsenic.

Dans l'eau de la solfatare existe de l'acide sulfurique à l'état libre, car la quantité de cet acide, dosée dans un litre d'eau, dépasse de beaucoup celle qui serait nécessaire pour saturer les bases.

Par l'évaporation et la concentration de cette eau thermale, on a un alun parfaitement cristallisé, dans lequel, outre l'alumine, l'acide sulfurique et la potasse, on constate de l'ammoniaque, du protoxyde de fer, de la chaux et de la magnésie, formant ainsi un alun complexe par des moyens naturels. Dans les environs de Pouzzoles, se trouvent plusieurs sources d'eau thermo-minérales, mais aucune d'elles n'est chargée d'acide sulfurique à l'état libre.

Dans l'eau thermo-minérale et dans les terres trachytiques de la solfatare de Pouzzoles, on trouve en faible proportion, le lithium à l'état de sulfate.

Des expériences ont été faites avec cette eau sur une grande échelle dans l'hôpital des incurables à Naples. On l'a appliquée avec un trèsgrand succès à la guérison des plaies anciennes et gangréneuses,

presque incurables, et d'écoulements invétérés qui avaient résisté aux traitements ordinaires. L'action sur les plaies en est si énergique que souvent on est obligé de la modérer en diminuant les rations et en appliquant simplement de la charpie la cicatrisation commence à la fois sur les bords et au centre des plaies.

Après l'application de cette eau dans les salles de l'hôpital des incurabili on a supprimé pour le traitement des plaies, l'usage des onguents et des pommades, ainsi que toute médication ayant pour base les matières grasses et huileuses.

III. MATIÈRES SOLIDES LES PLUS IMPORTANTES DE LA SOLFATARE.

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Sur la partie horizontale de l'ouverture de la grande fumerolle et à l'extérieur, où l'air arrive et se mêle aux gaz et aux vapeurs qui s'y dégagent, on a trouvé des productions fungiformes, de couleur blanche, dont la plus grande, ayant une hauteur de 46 millimètres et un diamètre de 19, avait une forme presque cylindrique, avec quelques saillies; elle se terminait par une surface convexe formant à peu près une demi-sphère légèrement déprimée.

Ces productions semblaient, au premier abord, émanées du sol poreux, sous l'influence de la pression que les émanations gazeuses auraient exercées sur les matières solubles, entraînées par une pluie de la veille et concentrées par la chaleur du sol lui-même.

Mais la partie supérieure de la fumerolle présentant des stalactites blanches et de très-petites dimensions, les productions précédentes sont dues à la chute progressive, goutte à goutte, de matières venant de la partie supérieure de la fumerolle; d'ailleurs la température du sol en question est bien inférieure à celle de la partie supérieure de la fumerolle, c'est-à-dire à celle qui donne passage aux gaz qui s'échappent dans l'atmosphère.

Il n'est pas inutile de rappeler ici que les vapeurs surchauffées qui s'échappent avec un bruit semblable à celui d'une machine à vapeur en action, de la grande fumerolle possédent encore, à leur sortie, une température capable de fondre le soufre, et supérieure par conséquent à 112o, tandis qu'à 30 centimètres du sol, le thermomètre n'indique qu'une température de 35 degrés environ. Il suit de là que les matières qui ne pouvaient rester à l'état solide dans la partie supérieure de la fumerolle s'y rassemblaient à l'état de fusion, et tombaient ensuite sur le sol, où la basse température permettait leur solidification immédiate en forme de stalagmites.

Ces stalagmites n'ont aucune odeur; elles possèdent une saveur stypti

que, astringente, qui rappelle celle des composés de fer et d'alumine; elles se dissolvent complétement dans l'eau à la température ordinaire. On constate, dans la solution, la présence du chlore et des acides sulfurique, sulfureux et arsénieux, ainsi que celle de la silice, de l'ammoniaque, de la potasse, de la chaux, de l'alumine, de la magnésie et de l'oxyde ferreux. Les réactions des composés ferriques se manifestent seulement en examinant les couches extérieures des stalagmites. Voici la détermination quantitative, en centièmes, des substances les plus importantes contenues dans ces stalagmites.

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L'acide arsénieux, à l'état d'arsénite soluble a été trouvé ici pour la première fois dans les stalagmites et indique l'origine des composés arsenicaux dans l'eau thermo-minérale de la solfatare de Pouzzoles.

Depuis quelques années on emploie aux environs de Naples la terre de la solfatare de Pouzzoles pour combattre l'ancienne maladie de la vigne, l'oïdium. Cette terre contient du soufre, sous forme cristalline et en petites agglomérations amorphes, quelques traces de sulfure d'arsenic et des matières volcaniques poreuses, formées pour la plus grande partie de silicates et de trachytes décomposées. La terre de la solfatare, telle que la fournit l'ancien cratère, réduite en poudre fine, produit les meilleurs résultats par le procédé du soufrage.

Ce n'est pas la terre par elle-même qui agit, ce sont plutôt les produits qui se forment progressivement avec les matières sulfureuses et arsenicales et l'oxygène qui se trouve dans l'air et dans l'eau de pluie. En effet, le soufre et le sulfure d'arsenic qui se trouvent dans la terre de la solfatare disparaisssent complétement après quelques mois de contact avec le sol arable. L'action de la pluie facilite cette disparition, qui est due à la transformation du soufre en acide sulfureux et acide sul furique, et de l'arsenic du sulfure en acide arsénieux. La présence de la terre poreuse et volcanique de la solfatare est indispensable pour produire cette transformation d'une manière continue.

Si l'on fait agir l'eau distillée, pendant plusieurs jours, sur cette terre, et si l'on répète ce traitement plusieurs fois, on arrive à constater dans l'eau qui la traverse, après l'avoir filtrée et concentrée, la présence des sulfites, sulfates et arsénites de chaux, de potasse, de magnésie, de fer etc., avec quelques proportions de composés ammoniacaux. Or les acides libres, tels que l'acide sulfureux, l'acide sulfurique, l'acide arsénieux sont en général nuisibles à la végétation, mais lorsqu'ils peuvent se produire d'une manière lente et s'engager dans une combinaison soluble dans l'eau, ils favorisent au contraire la végétation. Les résultats obtenus en Italie ont été excellents.

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Des expériences faites pendant les années 1873-1874 ont prouvé que le soufre et les sulfures contenus dans les terres de la solfatare en se transformant lentement en matières acides, devenaient capables d'absorber l'ammoniaque de l'air atmosphérique qui s'y trouve progressivement et continuellement en contact à cause des vents et de la pluie. En résumé :

1o La terre de la solfatare de Pouzzoles qui se trouve au voisinage des fumerolles secondaires, par l'action de l'air et de l'humidité, absorbe l'ammoniaque de l'atmosphère.

2° L'absorption de l'ammoniaque est due à la transformation préalable du soufre et de l'arsenic, sous l'influence de l'air et de l'humidité, en matières acides, lesquelles changent l'ammoniaque en sels ammoniacaux et ceux-ci, dans les conditions ordinaires, sont fixes et solubles.

3o En dehors de l'humidité et à l'état sec, les acides du soufre et de l'arsenic ne se forment pas, et par conséquent l'ammoniaque n'est pas absorbée par la terre de la solfatare.

4o Ces expériences paraissent avoir quelque importance pour l'agriculture, car une matière poreuse, telle que la terre volcanique de la solfatare de Pouzzoles, réduite en poudre est capable, par les éléments qu'elle contient, de fixer, sous l'influence de l'humidité, l'ammoniaque de l'atmosphère, et de donner naissance à des matières azotées assimilables par les plantes, d'une manière lente et progressive comme il convient à la marche naturelle de la végétation.'

Il y a, dans le cratère de la solfatare, plusieurs terres qui servent à la fabrication des aluns et à la confection de différentes matières colorantes; parmi ces dernières une terre jaune, par la calcination devient rouge, et on obtient ainsi le rouge de Pouzzoles, dont à Pompei, les anciens ont fait un grand usage.

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M. CANNIZZARO présente un travail sur les acides isomères dérivés de la santonine, et sur les isomères de cette matière (1). La santonine, par addition des éléments de l'eau, donne naissance à quatre acides monobasiques isomères de la formule C15H2004: ce sont les acides santoninique, santonique, métasantonique, parasantonique.

L'acide santoninique découvert par Hesse est le premier produit immédiat de l'action des bases sur la santonine. Il se distingue des trois autres isoméres par la faculté qu'il possède de se transformer de nouveau en santonine. L'acide santonique a été étudié par M. Cannizzarro et M. Sestini. Il est le produit de l'action des bases énergiques sur la santonine. Le chlorure et l'iodure correspondant ont été isolés. Par l'action de l'hydrogène naissant l'acide santonique se transforme en acide hydrosantonique C15H24O4. En chauffant l'acide santonique à une température de 290 degrés, on le transforme en acide métasantonique. L'acide hydrosantonique peut également donner naissance à l'acide métasantonique. Ce dernier est caractérisé par son chlorure qui est cristallisé et qui fond à la température de 80 degrés.

Le quatrième acide isomère, l'acide parasantonique, s'obtient par l'action d'une solution bouillante de soude caustique sur un isomère de la santonine fusible à 110 degrés appelé parasantonide. Il est précipité par l'acide chlorhydrique de la solution alcaline. Il cristallise de ses solutions aqueuses et éthérées. C'est un acide énergique agissant sur la teinture de tournesol, et décomposant les carbonates.

Deux isomères de la santonine ont été découverts, l'un la santonide fusible à 127 degrés, l'autre la parasantonide fusible à 110 degrés. Le premier s'obtient en chauffant l'acide santonique à 180 degrés en présence de l'acide acétique glacial. Si l'on porte la température jusqu'à 260 degrés on obtient l'autre isomère, la parasantonide, anhydride de l'acide parasantonique.

En faisant réagir sur l'acide santonique l'acide iodhydrique bouillant en présence du phosphore rouge, on obtient, après une ébullition prolongée un mélange de deux isomères de la santonine, la métasantonine fusible à 160o,5 et un autre isomère fusible à 136 degrés. La santonine normale paraît avoir pour formule rationnelle

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(1) Nous donnons l'extrait sommaire de ces recherches déjà publiées longuement ailleurs (Reale Academia dei Lincei. Memoria letta nella seduta del 7 aprile 1878).

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