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sont, selon lui, d'une importance exceptionnelle pour l'étude des grands mouvements de l'atmosphère, et il se propose d'établir une station météorologique et astronomique sur l'Etna, à 3,000 mètres d'altitude, qui est décidée en principe et au sujet de laquelle il compte donner des renseignements dans une prochaine séance.

Cette étude des grands mouvements de l'atmosphère, qu'il faut relier avec les phénomènes cosmiques, est, selon lui, le but principal que doivent poursuivre les météorologistes; on pourra en déduire, suivant l'ordre d'idées poursuivi par M. de Tastes, quel sera le caractère général des saisons; il est beaucoup plus important pour l'agriculteur de savoir si la saison suivante sera sèche ou pluvieuse, que de savoir s'il y aura le lendemain un orage qu'on ne peut empêcher; aussi, les avertissements agricoles entrepris dans quelques pays sont, suivant lui, prématurés, parce qu'ils doivent suivre et non précéder la connaissance des phénomènes généraux et que ceux-ci présentent une telle variété, que les conséquences d'un phénomène diffèrent avec les pays et que suivant les circonstances topographiques le résultat sera tout différent pour deux départements voisins.

M. TARRY, à l'occasion des deux précédentes communications, insiste sur l'utilité que présente l'observation des pluies de poussière pour l'étude des grands mouvements de l'atmosphère. Ces poussières, transportées d'une contrée à une autre par les grands courants aériens, sont comme les étiquettes que la nature a mises sur eux, pour que les météorologistes puissent les distinguer des autres, et ces courants et ces tempêtes portent ainsi avec eux leur certificat d'origine, ce qui permet de suivre leur marche avec certitude.

Frappé de cette idée, M. Tarry a étudié d'une manière spéciale les pluies de poussière dont vient de parler M. Tacchini, qui tombent périodiquement au sud de l'Europe et notamment en Sicile. Il a donné en 1870 à l'Académie des sciences une explication de ces phénomènes et a démontré que cette poussière le sable du Sahara, soulevé et maintenu pendant plusieurs jours dans les hautes parties de l'atmosphère par le mouvement ascendant qui se développe dans les grands tourbillons ou cyclones qui se promènent incessamment à la surface de notre continent.

En séparant des autres tempêtes celles qui étaient marquées de ce signe caractéristique, M. Tarry a pu déterminer leur marche malgré les insuffisances des observations météorologiques en Afrique à cette époque et formuler la loi du mouvement d'oscillation des cyclones entre l'Europe et l'Afrique, loi qu'il a soumise à une vérification expérimentale, en annonçant plusieurs jours à l'avance le retour d'Afrique en Europe d'une tempête qui était descendue d'Europe en Afrique, au commencement de mars 1872 et la pluie de sable qui devait l'accompagner. Le phénomène prévu arriva en effet au jour indiqué et la pluie de sable fut observée dans toute l'Italie et la Sicile.

Il s'agit donc bien, en cette circonstance, de phénomènes atmosphériques, et l'origine de ces pluies de poussière n'est pas étrangère à notre globe, comme on l'avait cru autrefois. Mais la différence signalée par M. l'abbé Durand et par M. Tacchini entre les pluies de poussière du sud de l'Europe et celle des déserts de l'Asie, dont les premières sont toujours accompagnées d'une dé

pression barométrique, tandis qu'aucune oscillation du baromètre n'accompagne les secondes, est digne d'attention et met en évidence le caractère tout à fait différent des climats de ces contrées.

Quant à l'analyse à faire de ces dépôts poussiéreux, notamment quand ils sont entraînés par la pluie il serait à désirer qu'elle fùt centralisée dans un établissement scientifique; pour les poussières qui tombent au sud de l'Europe elle a été faite par diverses personnes, notamment par M. le professeur Sylvestre à Catane, et elle a donné des résultats comparables à ceux de l'analyse des sables du Sahara.

M. REYMONET

Vice-Président de la Chambre de Commerce de Marseille.

VŒU PRÉSENTÉ PAR LA CHAMBRE DE COMMERCE DE MARSEILLE
(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

- Séance du 26 août 1878.

M. REYMONET désire soumettre à la section un vœu qui se rattache directement au développement des études météorologiques dans leur application pratique au commerce et à la marine. Il expose que la Chambre de commerce de Marseille a institué depuis trois ans un bureau météorologique en relations télégraphiques quotidiennes avec divers ports français de la Méditerranée et avec Alger qui lui envoie les télégrammes météorologiques de l'Algérie. II serait à désirer que ce bureau pût échanger télégraphiquement les documents qu'il reçoit avec ceux qui peuvent lui être envoyés par le bureau météorologique de la marine italienne, établi à Florence, et la Chambre de commerce, dans ce but, a demandé à l'administration la franchise pour ces télégrammes. Si la section de météorologie voulait, par un vou, s'associer à cette démarche, ce vœu contribuerait puissamment à servir les intérêts du commerce, de la marine, et, on peut le dire, de l'humanité.

DISCUSSION.

M. TACCHINI, membre du Comité, directeur de la Météorologie italienne, s'associe aux idées exprimées par M. Reymonet, et se fera un devoir d'appuyer, en Italie, la démarche annoncée et les négociations en cours.

M. TARRY expose, en quelques mots, l'historique de la question et signale les circonstances qui lui paraissent faire désirer l'établissement, à Alger, d'un bureau météorologique indépendant.

Le vou, présenté par M. Reymonet, est adopté par la section.

M. l'Abbé ROUGERIE

Curé-archiprêtre de Rochechouart.

LOI FONDAMENTALE RELIANT LA PRESSION BAROMÉTRIQUE (1)
A LA DIRECTION ET A LA VITESSE DES VENTS.

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ANÉMOGÈNE, APPAREIL DE DÉMONSTRATION DE LA CIRCULATION ATMOSPHÉRIQUE.

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L'appareil, que j'ai fait construire très-sommairement, reproduit avec une exactitude suffisante les grands traits de la circulation atmosphérique. Il a pour principe cette hypothèse dont il fournit la preuve expé

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Fig. 53

rimentale : Les mouvements généraux de l'atmosphère ont pour cause la rotation de la terre et la force centrifuge qui en résulte.

Cet appareil se compose de deux disques circulaires disposés à angle droit (fig. 53), que l'on fait tourner rapidement autour du diamètre vertical qui leur est commun.

Ce système est placé à l'intérieur d'une sphère creuse présentant à sa surface une série d'ouvertures circulaires devant lesquelles peuvent se mouvoir

des hélices dont l'axe est dirigé vers le centre de la sphère.

On peut encore enlever la sphère servant d'enveloppe et présenter

(1) Recherches sur la loi fondamentale qui relie la pression barométrique, etc.; Pa is, Arthur Bertrand.

successivement aux divers points d'un méridien du système rotatoire une petite hélice tenue au bout d'un fil métallique (fig. 54).

Fig. 54

Dans l'un et l'autre cas, le mouvement de rotation produit des courants qui font tourner l'hélice de droite à gauche ou de gauche à droite, ou la laissent indifférente, suivant sa position le long du méridien.

Bien que cet appareil rudimentaire ait été construit fort imparfaitement par un maréchal-ferrant et par un horloger, il permet de reproduire et de constater:

A. Le courant équatorial ascendant.

B. Le courant des alizés.

C. La zone des hautes pressions et celle des vents variables et incertains.

D. Un courant descendant du Zénith sur les régions polaires. L'étude de la direction et de l'intensité de ces courants est très-facile au moyen d'hélices semblables à celles de la figure 54.

Ce serait rendre un immense service à la météorologie que de construire avec la précision nécessaire cet appareil, qui permettrait d'étudier à loisir les effets de la rotation du globe sur l'atmosphère.

Il devrait être composé :

1° D'un globe terrestre et d'un volant, fig. 53, pouvant se substituer l'un à l'autre.

2o D'une horloge servant de moteur à ce globe ou à ce volant et munie d'un cadran pour indiquer les tours à la seconde, et d'une manivelle se substituant à l'horloge et donnant une vitesse à volonté.

3o D'une seule hélice pouvant être présentée à la main aux divers courants, ou de plusieurs enveloppes sphériques établies de distance en distance autour du volant, pourvues d'hélices permettant d'étudier les courants aériens à différentes distances du volant.

L'emploi d'un appareil de ce genre, -même très-imparfait,

- m'a

plusieurs fois indiqué l'existence de faits météorologiques que des obser vations directes ont pleinement confirmés.

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M. E. H. de BAUMHAUER fixe l'attention des membres du Congrès sur le météorographe à distance exposé par M. H. Olland, mécanicien à Utrecht, dans la section hollandaise de l'Exposition. Ce météorographe est la réalisation d'une idée que M. de Baumhauer a émise le 30 mai 1874 devant l'Académie des sciences d'Amsterdam, qu'il a développée ensuite dans les Archives neerlandaises des sciences exactes et naturelles, 1874, t. IX, page 230 et dans les Annales de Poggendorff, t. CLIV, page 37, et dont la première application a été faite dans un modèle que M. Olland a construit sur les ordres de la Commission néerlandaise de l'Exposition de Philadelphie.

Cet appareil est destiné à être établi dans un observatoire solitaire (lieu inhabité, cime de montagne, roche en mer, etc.). Il n'a rien de commun avec les appareils enregistreurs à sondes électriques, employés dans quelques établissements météorologiques; les divers instruments qui le composent fonctionnent en dehors de tout courant électrique et marquent leurs indications sur un même cadran, à titre d'instruments à lecture directe; l'électricité n'intervient que pour inscrire télégraphiquement cette lecture à l'observatoire central, placé à grande distance, sur une feuille de papier ou sur une plaque de cuivre.

M. Olland, mettant au service de cette œuvre toutes les ressources de son talent de mécanicien, put exposer, de l'autre côté de l'Océan, un appareil où les indications du baromètre, du thermomètre, de la girouette et de l'anémomètre de Salleron, recueillies à l'Observatoire solitaire, étaient reportées, au moyen d'un circuit télégraphique, sur une feuille de papier couverte de noir de fumée et tendue sur un cylindre, qui était censé établi à l'Observatoire central. Le Jury de Philadelphie reconnut de grands mérites à ce météorographe et décerna une médaille à l'exposant.

L'éminent directeur de l'Institut météorologique d'Utrecht, M. C.-H.-D. BuysBallot, après s'être assuré du bon fonctionnement de l'appareil, et pénétré de l'importance de la transmission télégraphique d'observations fournies par des instruments placés loin des habitations humaines et de leurs influences perturbatrices, fit construire par M. Olland un second appareil de ce genre. L'une

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