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de ses parties (l'observatoire solitaire) devait être établie au sommet de la tour de la cathédrale d'Utrecht, tandis que l'autre partie (cylindre récepteur), au moyen d'un seul fil communiquant avec le sol, donnerait au directeur de l'Institut, dans son cabinet situé à un quart de lieue de la cathédrale, l'occasion de connaître régulièrement, heure par heure, et en outre chaque fois qu'il le jugerait à propos, les indications des instruments. Ce nouvel appareil, auquel M. Olland apporta beaucoup de perfectionnements mécaniques, dont l'expérience antérieurement acquise lui avait fait sentir l'opportunité, fonctionne depuis un an et demi, dans les conditions précitées, avec une régularité parfaite, et à l'entière satisfaction de M. Buys-Ballot. L'instrument exposé à Philadelphie, ayant beaucoup souffert lors du retour, le gouvernement qui désirait que cette invention néerlandaise fût représentée aussi dignement que possible à l'Exposition de Paris, chargea M. Olland d'exécuter un troisième appareil. Grâce à l'esprit inventif de l'artiste, ce dernier modèle est devenu un météorographe presque parfait, qui mérite l'intérêt non-seulement des météorologistes, mais aussi de tous les constructeurs d'instruments; car il se prête avec la même facilité, à l'enregistrement de la hauteur des cours d'eau ou des marées et à une foule d'autres applications.

Le principe sur lequel repose ce météorographe enregistreur est, en peu de mots, le suivant: les variations de chaque instrument météorologique sont transmises à un levier, qui met en mouvement une aiguille, ainsi que cela a lieu dans le baromètre anéroïde, le thermomètre métallique, etc. Les aiguilles des différents instruments, bien qu'entièrement indépendantes l'une de l'autre, tournent autour d'un axe commun, de sorte que leurs indications s'opèrent sur un même limbe circulaire. Le mouvement des aiguilles est calculé de manière que chacune, dans ses plus grands écarts, ne parcoure qu'une portion déterminée du limbe et ne puisse jamais, par conséquent, en rencontrer une autre. Si l'on veut, par exemple, enregistrer les indications de quatre instruments, un quart de cercle est disponible pour les déplacements de chaque aiguille. Chacun de ces quarts de cercle ayant reçu une division appropriée à l'instrument correspondant, on aura un cadran sur lequel pourra se faire la lecture directe de quatre instruments. Il ne s'agit plus que de transmettre cette lecture, par voie électrique, à une station éloignée, où elle devra s'inscrire automatiquement. A cet effet, le limbe divisé, en métal inoxydable (platine ou laiton doré), est construit de façon que les divisions s'y présentent en relief. A des intervalles réguliers, d'une heure ou d'un quart d'heure, suivant le désir du météorologiste, une aiguille, qui tourne autour de l'axe commun et dont la pointe en platine appuie par un ressort sur les reliefs du limbe divisé, parcourt rapidement le cercle entier. Si maintenant cette aiguille et le limbe divisé font partie d'un circuit électrique, le circuit sera fermé chaque fois que le ressort touchera les divisions en relief et, en outre, chaque fois qu'il touchera les extrémités, également métalliques, des quatre aiguilles des instruments, qui, pour éviter tout entraînement, sont pressées légèrement sur le limbe par un anneau au moment où doit se faire la lecture électrique. Telle est la disposition de l'observatoire solitaire, qui communique par un seul fil télégraphique avec l'observatoire central, d'où part le courant électrique qui règle à la fois la rotation périodique de l'aiguille à res

sort et l'immobilisation momentanée des quatre aiguilles indicatrices. A l'observatoire central s'opère, isochroniquement avec la rotation de l'aiguille, la rotation d'un cylindre couvert d'un papier enduit de noir de fumée; sur ce papier, un style, commandé par un électro-aimant, inscrit par des points les divisions des échelles et par de courtes lignes les indications des aiguilles des instruments. Après chaque lecture, le cylindre, ou bien le style, s'abaisse d'un demi-millimètre, pour être prêt à servir à la lecture suivante.

Bien que l'isochronisme de la rotation de l'aiguille à l'observatoire solitaire et de la rotation du cylindre à l'observatoire central ne soit pas une condition de rigueur, attendu que les divisions des échelles s'inscrivent en même temps que les positions des aiguilles, M. Olland a pourtant très-ingénieusement obtenu cet isochronisme, comme on peut le reconnaître en constatant, sur l'appareil exposé, que les indications des lectures successives sont placées tout à fait verticalement les unes au-dessous des autres.

M. de Baumhauer rappelle, en terminant, que dans la communication citée plus haut il a aussi indiqué comment pourraient être disposés, d'après le même principe, de petits observatoires qui, attachés à un ballon captif sans aéronaute, transmettraient au moyen de deux fils conducteurs inclus dans le cable l'état des divers instruments à l'observateur assis dans son cabinet.

DISCUSSION

M. TARRY fait remarquer que M. de Baumhauer parait s'être préoccupé dans la construction de son météorographe universel, d'affecter à chaque partie du cadran de l'instrument un espace spécial à chaque aiguille pour qu'elles ne puissent pas se gêner mutuellement, il était pourtant facile de vaincre cette difficulté; MM. Hulot et Naudet ont construit sur la demande de M. Tarry des baromètres holostériques dans lesquels l'aiguille motrice et celle des maxima et des minima ont le même pivot et parcourent tout le limbe du cadran. Ces instruments sont exposés au pavillon météorologique du Trocadéro.

M. LE GÉNÉRAL DE NANSOUTY se sert, au Pic-du-Midi, de thermomètres métalliques suisses dans lesquels la même disposition est adoptée. Cet instrument a l'avantage de ne pas se casser comme les thermomètres en verre.

M. J. SILBERMANN

Du Collège de France.

FONDATION D'UNE ÉCOLE INTERNATIONALE DE MÉTÉOROLOGIE A CATANE.

Séance du 27 août 1878.

Envoyé en mission par le Gouvernement en 1877 pour étudier, à proximité des volcans, les phénomènes météorologiques avant, pendant et après les éruptions, je reconnus de suite l'existence effective et la

corrélation intime des phénomènes volcaniques avec ceux de la mécanique céleste et je trouvai dans mes observations une précision et une richesse que je n'avais pas espérées.

Libre du choix de mes stations et de la durée de mes observations, je choisis de préférence l'Etna, à cause de sa grande élévation et de sa virginité en fait d'observations. Je restai aux aguets jour et nuit, du solstice d'été au solstice d'hiver et mon attente fut couronnée de succès, grâce aussi à l'obligeance de M. de Watteville, directeur des sciences et des arts, qui me fit obtenir cette mission et dont je lui garde bon souvenir et reconnaissance.

Voyant avec quelle précision se manifestait cette corrélation des phénomènes astronomiques avec les phénomènes éruptifs, tant au point de vue de l'intensité, du temps et de l'espace, ce qui ne peut se constater que près des grands cônes volcaniques, l'idée me vint qu'on pourrait utilement fonder au sommet de l'Etna un observatoire central international de météorologie relié télégraphiquement aux autres volcans de la péninsule, ainsi qu'une école internationale de météorologie où l'on étudierait tous les phénomènes volcaniques et leur corrélation avec les positions respectives des corps célestes.

Le 12 août 1877, notamment, m'étant rendu au sommet de l'Etna, je fus saisi d'admiration, en présence de l'incroyable richesse du Ciel étoilé, de l'activité des phénomènes volcaniques dans l'intérieur du cratère. J'ajouterai que nulle montagne n'offre un accès plus facile, on arrive sans le moindre danger au sommet avec assez de rapidité. En constatant l'extrême douceur des pentes du cône, la pensée que l'on pourrait y construire un chemin de fer me vint à l'esprit, il se ferait sans ponts ni tunnels, partant de la Maison des Anglais, à 500 mètres au-dessous du sommet du cône.

Les savants de Catane auxquels je soumis mon idée l'approuvèrent, ce chemin de fer établi économiquement conduirait à l'observatoire de l'ex-monastère des Bénédictins que l'on pourrait restaurer à peu de frais et que l'on mettrait à la disposition des savants excursionnistes pour y faire leurs observations. M. Tacchini qui vint à Catane en 1876 lors de la rentrée des cendres de Bellini, fit une proposition analogue aux illustres savants qui assistèrent ainsi que lui à la cérémonie, et fut favorablement accueillie de tous, même du gouvernement italien.

En 1877, lors de sa tournée d'inspection des observatoires météorologiques, M. Tacchini que j'eus l'honneur de voir à Catane, m'entretint de ses projets et voulut bien approuver celui que j'avais eu d'établir un observatoire international de météorologie volcanique et astronomique au sommet de l'Etna, point qui se prête admirablement aux recherches astronomiques, grâce à la pureté du ciel étoilé que ne sauraient offrir

les régions basses. Cependant une difficulté assez grave à résoudre serait de mettre les instruments à l'abri de la foudre qui y éclate avec une rage incroyable à chaque conjonction interplanétaire, lunoplanétaire et lunosolaire. Il faudrait établir un système de paratonnerres analogue à celui imaginé par M. Melsens pour l'hôtel de ville de Bruxelles.

Un chemin de fer au sommet de l'Etna offrirait à la science plus de profits et de bénéfices que celui établi de Lucerne au Righi.

M. MONTEIL

Secrétaire de la Commission météorologique du Morbihan.

TRAVAUX DE LA COMMISSION MÉTÉOROLOGIQUE DE VANNES.
(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

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M. MONTEIL dépose sur le bureau de la section le bulletin imprimé des observations faites à la station de Vannes pendant 1877 et une partie de 1878; la commission météorologique départementale a établi deux autres stations, à Belle-Ile en mer et à l'Ile d'Arz, dans le golfe du Morbihan. Elle se propose d'établir un observatoire météorologique de premier ordre au sommet de la tour dite << du Connétable » mise à sa disposition pour cet objet par la Société polymathique du Morbihan; mais la commission météorologique ne disposant actuellement que d'un budget de cent francs par an, désirerait obtenir de la section un vœu tendant à intéresser l'Etat, le département du Morbihan et la ville de Vannes à l'œuvre qu'elle poursuit.

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M. MONTEIL a imaginé un anémographe dont il présente le dessin et qu'il se propose de faire construire. Cet appareil se compose d'une girouette à laquelle est reliée par une lame flexible, une sphère creuse recevant l'action

du vent la direction et l'intensité seront enregistrées au moyen de deux crayons appuyant sur une feuille de papier, celle-ci est enroulée sur un cylindre qu'un mouvement d'horlogerie fait mouvoir de bas en haut à l'intérieur de deux enveloppes dont l'une, supérieure, est entraînée par la girouette.

Mme la Baronne DE PAGES

MÉTÉOROGRAPHE ET CHRONOTHERMOMÈTRE DE PHILIPPE DE GIRARD.

(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

- Séance du 28 août 1878.

Mme LA BARONNE DE PAGES parle des instruments météorologiques inventés par Philippe de Girard, son oncle en 1829 et 1832, le météorographe et le chronothermomètre; ce sont les premiers instruments enregistreurs qui aient été construits et au moment où l'on se préoccupe des perfectionnements apportés aux instruments de cette nature, la nièce du célèbre inventeur, qui n'a cessé de faire d'actives démarches pour qu'on rende à Philippe de Girard la justice qui lui est due, a voulu mettre sous les yeux du Congrès de l'Association française les dessins de ces instruments, dont l'un décore une des arcades extérieures de la Banque de Varsovie depuis 1830, et les cahiers des observations faites avec leur aide en 1831 et 1832. Elle fait remarquer qu'en 1833 Philippe de Girard y introduisit précisément le perfectionnement que M. Von Baumhauer indiquait dans la précédente séance pour le météorographe universel construit par M. Olland en supprimant l'action directe de l'électricité sur le mécanisme. Les instruments de Philippe de Girard ont été soumis les 8 avril 1839 et 14 avril 1842 au jugement de l'Académie des Sciences de Paris, qui nomma une commission composée d'Arago, Savary et Boussingault, puis plus tard Babinet et Le Verrier pour les examiner et faire un rapport. Ce rapport n'a jamais été fait, mais Arago a publié de ces deux instruments une description dont Mme la baronne de Pages donne lecture.

C'est Philippe de Girard qui a eu le premier l'idée de placer de grands instruments météorologiques sur les monuments publics, idée qu'on a reprise à Paris depuis quelques années, et d'imaginer un instrument qui reproduisît d'une manière continue et synthétique toutes les variations des différents éléments météorologiques.

Le Père Denza, président d'honneur, annonce que cette semaine on a dressé dans une des galeries de l'Exposition universelle à l'entrée du Champde-Mars, la statue de Philippe de Girard sculptée par M. Guillaume et érigée par souscription nationale, dont un comité avait pris l'initiative dans le dépar

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