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courant supérieur en prenant la même direction que lui; dans ce cas il paraît s'être dédoublé et l'opacité du nuage supérieur augmente visiblement.

Si le nuage inférieur se présente avec une grande masse, il passe audessous du supérieur sans éprouver de fortes pertes et le dépasse pour livrer de nouveaux combats, mais sort amoindri dans son volume à chaque lutte et se fond ou disparaît après de nouveaux engagements.

Le courant supérieur cumulus a dès lors ramené son inférieur à sa direction.

Cette lutte a lieu à tous les étages des traînées nuageuses, toutes les fois que le courant le plus élevé, composé de bandes polaires ou cirri ne marche pas dans la même direction que le courant de terre. Toutefois l'engagement n'a lieu qu'entre les courants qui ne suivent pas la même direction.

La distance entre les traînées nuageuses ne paraît pas diminuer lorsqu'elles sont en présence; il n'y a jamais d'abordage direct, c'est donc par influence que les courants sont modifiés.

Toute théorie qui ne tiendra pas compte de ces phénomènes n'apportera aucun progrès aux études météorologiques.

Le courant ascendant existe sous la première traînée, c'est-à-dire celle qui est la plus proche de la terre, mais il ne saurait sans être vu traverser les trois ou quatre autres traînées nuageuses. Et s'il avait la force ascensionnelle qu'on veut lui attribuer jusqu'aux limites de l'atmosphère, le baromètre sous les tropiques aurait des oscillations de jour et de nuit très-accentuées. Or, on sait qu'elles sont à peine sensibles et que la moindre dépression indique la venue d'un cyclone. Sur les hautes montagnes le thermomètre descend parfois à 12 ou 13 degrés centigrades au-dessous de zéro. Dans ces conditions le courant ascendant devrait se produire énergiquement et le baromètre présenter de grands écarts. Rien de tout cela n'existe sous les tropiques, le baromètre est presque invariable sur le bord de la mer comme sur les plus hautes montagnes.

Si le courant ascendant se borne à un remous dans les couches inférieures et si le courant supérieur dirige tous les autres courants, il faut chercher dans les sphères les plus élevées l'explication des phénomènes météorologiques.

Le soleil paraît être le grand ordonnateur de toutes ces mystérieuses évolutions.

Si j'osais hasarder une théorie, je dirais très-timidement que j'ai cru voir souvent dans ces phénomènes une superbe application des lois d'Ampère sur l'électrodynamie.

Si ces lois existaient, les orages, les grêles qui suivent des trajectoires

définies et parfois sur plusieurs lignes parallèles très-espacées, telles que celle de l'orage de 1789, trouveraient une explication dans l'ordonnancement de ces traînées nuageuses.

Les trombes, les cyclones ne pourraient-ils pas aussi être le résultat d'une manifestation rapide dans la transmission du mouvement, partant du courant supérieur et se transmettant aux courants inférieurs?

On voit assez souvent en France d'immenses bandes nuageuses allant d'un pôle à l'autre et qui s'échappent d'une couronne blanche située au pôle nord magnétique; sauf les brillantes couleurs de l'aurore, ces nuages simulent parfaitement une aurore polaire. Plusieurs observateurs ont été témoins de ce spectacle et on a constaté fréquemment une concordance entre ce phénomène et celui des aurores boréales. Ce spectacle toutefois ne s'est présenté à mes yeux que le matin au lever du soleil, ce qui m'a fait penser qu'il pouvait être la dernière manifestation visible d'une aurore puissante apparue la veille au pôle boréal.

L'aurore boréale blanche dure assez longtemps; elle est toujours remplacée par des cirri qui conservent d'abord sa forme, puis bientôt toute trace aurorale disparaît.

Cet arrangement nuageux est, comme l'aurore boréale, l'indice d'une profonde modification atmosphérique.

Les luttes que je viens de décrire, entre les courants aériens, sont très remarquables, lorsque les cirri auroraux disparaissant, font place aux courants électrodynamiques des courants aériens.

Le soleil et la terre formeraient-ils un électro-aimant? je questionne et refoule des idées théoriques que je ne saurais assez appuyer et je demande aux observateurs qui suivent nos travaux de s'attacher à l'étude des courants aériens, parce que je reste persuadé que la découverte des lois qui régissent ces courants sera un immense progrès pour la météorologie.

Nous étudions les cyclones, les bourrasques, les trombes dans leurs dernières manifestations; nous avons acquis des données sérieuses sur ces phénomènes; il serait temps de les relier synthétiquement à ceux que présentent les courants supérieurs, afin de connaître l'action commune des uns et des autres dans ces grandes manifestations de la nature. On ne saurait supposer que les cyclones, les bourrasques et les trombes restent confinés dans les couches atmosphériques les plus voisines du sol. La grande vitesse des courants supérieurs est visible, les aéronautes l'ont d'ailleurs souvent constatée. Et le calme relatif qui succède dans les hautes régions aériennes, aux déchaînements des vents donne à penser que ces phénomènes ont pris naissance dans les régions des bandes polaires et des cirri.

L'étude des bandes polaires dans les Antilles a permis d'annoncer plusieurs cyclones.

Il nous semble que le moment est venu d'étudier partout l'arrangement des courants aériens. Cette étude est pénible, fatigante pour les yeux; un appareil qui obvierait à cet inconvénient serait une précieuse découverte.

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Le Père DENZA présente au nom du Père CECCHI un travail comprenant la description d'un nouveau modèle de sismographe (1) et l'exposé de recherches originales.

Dans une série d'expériences, l'auteur a cherché quelle était l'influence d'une secousse déterminée, appliquée au point de suspension d'un pendule librement suspendu, et portant une pointe destinée à laisser une trace sur un papier noirci situé au dessous la trace forme une courbe complexe, sorte de spirale elliptique, dont la direction de l'axe est nettement visible. Mais cette direction est insuffisante pour permettre de déduire les éléments relatifs à la secousse qui a donné lieu à cette spirale.

L'auteur décrit ensuite un nouveau sismographe qu'il a imaginé et fait construire dans lequel les indications sont fournies par un tracé sur des papiers

(1) Sismografi a carte affumicate fisse del P. Filippo Cecchi, delle scuole Pio. Florence, 1877.

noircis fixes. Avec cet appareil on peut recueillir, à la suite d'une secousse, les renseignements suivants:

1° Si le mouvement a été ondulatoire, on aura le sens et la direction de la première secousse, ainsi que l'indication des autres secousses de même direction. 2o Quels ont été les divers groupes de secousses ondulatoires et la force de chacune d'elles.

3o S'il y a eu une secousse en sursaut, on pourra connaître l'intensité et savoir si elle est de bas en haut ou de haut en bas.

4o On pourra savoir si la secousse ondulatoire est arrivée avant ou après le sursaut ou s'il y a eu simultanéité, ou enfin si la secousse a été oblique à l'horizon.

• Enfin on aura l'heure précise à laquelle la secousse aura eu lieu.

M. de SAINT-MARTIN

Ancien Capitaine au long cours, à Saint-Jean-de-Luz.

DU PLUVIOMÈTRE.

(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

- Séance du 29 août 1878.

M. DE SAINT-MARTIN adresse une table destinée à corriger l'inclinaison de la pluie et à ramener la pluie recueillie dans le pluviomètre à ce qu'elle aurait été si l'axe de cet instrument eût été parallèle à la direction de la pluie.

DISCUSSION.

M. le PRÉSIDENT fait observer que ce qui intéresse l'agriculture c'est précisément la quantité d'eau qui tombe sur une surface déterminée du sol, quelle que soit l'inclinaison; il ne semble donc pas que la remarque de M. de SaintMartin ait une utilité pratique.

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Insuccès rencontrés jusqu'ici dans l'étude de la grêle. Les insuccès que l'on a rencontrés jusqu'ici dans l'étude de la grêle me paraissent venir de ce que l'on a négligé de tenir un compte suffisant d'éléments qui, par leur constance, témoignent de leur influence dans la production et la propagation de ce météore. Ces éléments se rapportent à la distribution géographique des grêles, à la force et à l'état physique des courants qui les propagent enfin à l'état général de l'atmosphère maintenant mieux connu.

Conséquences à déduire de la répartition des grêles dans le Midi de la France. - La répartition des grêles dans la région méridionale de la France, comprise entre le Rhône, la mer et les Cévennes avec leurs causses, vient d'abord nous témoigner de l'importance de certains vents dans la production du météore. Là, en effet, les phénomènes météorologiques se produisent avec une netteté remarquable grâce à la position de cette contrée par rapport aux deux mers et aux grands massifs des Alpes et des Pyrénées. Les courants maritimes, obligés de franchir les Cévennes, s'y montrent avec des caractères individuels bien distincts qui permettent de suivre toutes les péripéties des luttes qu'ils s'y livrent et d'étudier aussi les divers phénomènes qui se produisent quand ils heurtent ces massifs secondaires ou qu'ils se propagent à travers leurs crêtes successives.

L'enquête aussi sérieuse que possible à laquelle je me suis livré me prouve d'abord que les grêles désastreuses, si fréquentes surtout dans le Nord de la contrée que j'indique et, sur ses hauts plateaux, n'y arrivent que par les vents d'Ouest à Sud-Ouest.

Les conséquences de ce fait sont évidentes pour tous ceux qui connaissent le caractère orageux des vents du Sud-Est ou même d'entre l'Est et le Sud; dans le Languedoc, il a été étudié par divers météorologistes, tels que MM. Lartigue, Fournet, Belgrand, Martins et bien d'autres; il se manifeste généralement par des pluies parfois diluviennes et par des effets électriques peu connus dans les autres parties de la France. Du reste les intéressantes communications qui nous ont été faites par les savants italiens ne laissent aucun doute à ce sujet. Quiconque aura pu être témoin de pareils orages devra donc avoir une confiance bien robuste dans les théories électriques de la grêle pour ne pas les rejeter à priori, puisque les grêles désastreuses n'arrivent jamais dans ces contrées par de pareils vents.

Grâce à cette remarque on peut pousser bien plus loin l'exclusion au sujet des diverses théories de la grêle; ainsi les trombes, les tourbillons qui abordent nos côtes méditerranéennes par ce même vent n'apportent pas non

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