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la Société Ramond); après en avoir déposé au musée de Bagnères un grand échantillon, il nous vint à l'idée d'en adresser un autre à M. Vogelsang, professeur à l'Ecole royale des mines de Holland, à Delft.

M. le professeur Zirkel, après nous avoir annoncé le décès de M. Vogelsang, nous demanda la caisse et son contenu pour lui, à Leipzig; après avoir examiné les échantillons, il nous faisait l'honneur de nous écrire de Leipzig:

<< La Limurite est une roche très-intéressante et il me fait grand plaisir d'en » posséder deux morceaux (dans la caisse envoyée à Delft nous en avions mis » deux très-grands échantillons).

» Cette pièce vaut bien la peine d'être examinée microscopiquement, et, si » vous voulez me le permettre, j'en veux faire l'analyse exacte. »

ANALYSE DE LA LIMURITE

(Lettre de M. Zirkel, du 20 juin 1878)

• En même temps, on a examiné la Limurite, c'est une roche fort intéressante, au microscope elle présente les éléments suivants :

» A. L'axinite très-claire, d'un brun gris pâle, forme souvent des cris» taux très-nets ou elle pénètre dans l'intérieur du quartz;

» B. Beaucoup de pyroxène très-fissile, d'un vert jaunâtre et d'un brun pâle; D. Un peu d'amphibole, filamenteux, d'un vert sombre, facilement divi»sible en morceaux:

» D. Des grains limpides de quartz avec des parties incluses en même » temps que des libelles;

» E. Du beau calcaire rhomboédrique;

» Le feldspath manque complétement !!!

>> Ainsi c'est une roche typique comme l'herzolite et l'eclogite. Si vous voulez bien, monsieur le comte, me faire savoir où et comment se trouve la »limurite, qui lui a donné son nom, et si déjà elle a été l'objet d'une publi>> cation française; alors je pourrais publier à ce sujet une petite notice dans » un journal allemand, afin que cette belle roche soit connue parmi nous. >> Je dois reconnaître que jusqu'à présent je n'ai pas eu connaissance de son >> existence, et que, dans notre littérature, je n'ai rien rencontré à ce sujet. » Si vous montez vers le lac Bleu, après avoir passé quelques lacets dans les bois, sous la mousse, on voit quelques affleurements par petites places, et il faut chercher avec attention de cette roche à base d'axinite. Nous sommes persuadé que, dans quelques autres parties de ces montagnes, que nous n'avons pas explorées, elle existe en masses plus importantes, vu les gros blocs sporadiques que l'on trouve épars dans le lit de l'Adour.

Dans ce massif des montagnes entre le Pic-du-Midi et Bagnères-de-Bigorre, aux Portes d'Enfer, on trouve de remarquables spécimens du fer oligiste laminaire, dans l'Ophite de Palassou ainsi que des échantillons de choix d'épidote vert radié, etc., etc. Ce gisement nous a été indiqué par M. Vaussenat, ingénieur civil à Bagnères-de-Bigorre.

A l'Esponne et le long de la route, dans les blocs retirés de l'Adour, on peut récolter des tourmalines, de belles macles noires en saillie sur les roches, etc., etc.

Les limites imposées à cette note ne nous permettant pas de plus amples détails, nous prions le lecteur de vou'oir bien jeter un coup d'œil sur notre note publiée en octobre 1878 (1).

M. REY LESCURE

Membre de la Société géologique, lauréat de la Société nationale d'agriculture de France.

PHOSPHATES DE CHAUX DU QUERCY.

DISLOCATIONS ET PLISSEMENTS DANS LES TERRAINS DU SUD-OUEST.

Séance du 24 août 1878.

En faisant aujourd'hui passer rapidement sous les yeux des membres de la section de géologie de l'Association française la réduction au 320.000€

1

(en cours d'impression) de la carte géologique du département de Tarn-et-Garonne, que nous avions présentée et décrite à la réunion de Clermont (2), nous nous proposons pour but spécial de jalonner, en quelque sorte, la trace des diverses dislocations qui ont affecté notre pays et qui ont provoqué, sans nul doute, la venue au jour de diverses substances et notamment des phosphates de chaux du Quercy aujourd'hui si connus, après avoir été si bien étudiés par MM. Daubrée (3), Gaudry (4), Filhol (5), etc.

C'est assurément une des questions de géologie les plus intéressantes, tant au point de vue théorique qu'au point de vue pratique, que celle de la formation et de la venue au jour de ces phosphates de chaux ; aussi avons-nous cru, plusieurs personnes nous l'ayant d'ailleurs demandé, devoir en dire quelques mots.

Tout le monde sait aujourd'hui que, par un concours de circonstances aussi heureux que fortuit, la paléontologie s'est enrichie, par l'exploitation de ces phosphates, d'une faune très-variée, très-remar

(1) Voir notre petite brochure: Explorations minéralogiques dans les Hautes-Pyrénées ou indications topographiques sur quelques substances peu connues. Vannes, 1878, imprimerie Galles. (2) Compte rendu de la 5e session. 1876. Clermont.

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Voir aussi : Bull. soc. hist. nat. de Toulouse, t. VIII, p. 222. 3 série, t. III, p. 398

6 avril 1875..

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Cette carte a obtenu : 4° une médaille d'or de la Société nationale d'Agriculture de France; 2o une autre médaille d'or au concours régional de Montauban; 3° une mention honorable à l'exposition internationale des sciences géographiques; 4o une souscription du ministère des travaux publics.

1871.

(3) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. LXXIII, p. 1028.
(4) Enchainements du Monde animal, par M. Gaudry, 1871.- Savy, libraire.
(5) Annales des Sciences géologiques, t. VII, 1876. Masson, libraire.

quable et très-précieuse à raison des aperçus nouveaux qu'elle ouvre dans les questions si délicates de l'enchainement des êtres, de la date de leur apparition, de leur évolution, de la formation et de la fixation. des espèces et des races.

Il nous suffira de citer parmi les nombreux débris de mammifères fossiles qu'on y a découverts, dans un état plus ou moins parfait de conservation, les didelphys, hyœnodon, proviverra, acerotherium, hyrachyus, pachynolophus, cebochorus, anthracotherium, eurytherium, diplobune, xiphodon gracilis, prodremotherium, hyomoschus, ancylotherium, cynodon, pseudælurus, adapis, cynodictis, de très-nombreux ossements de rongeurs et de carnassiers à côté des formes bien connues des palæotherium et des lophiodon.

Mais, cette belle part faite à la paléontologie, il est nécessaire de revenir à la question purement géologique ou stratigraphique, afin de ne pas être exposé, comme l'ont fait quelques paléontologistes, à prendre cette faune accidentelle pour la source elle-même des phosphates de chaux.

Tout le monde est à peu près d'accord aujourd'hui pour reconnaître une origine hydro-minérale ou hydro-thermale à la production considérable des phosphorites du Quercy, dont le savant professeur du muséum, M. Daubrée, a si bien décrit en 1871 le mode de gisement.

Mais le nombre considérable des exploitations ouvertes depuis cette époque, l'avancement des travaux en surface et en profondeur permettent aujourd'hui d'ajouter quelques nouvelles indications à celles qui ont été déjà fournies par les auteurs qui s'en sont occupés.

Nous avons, il y a déjà quelques années, relevé les alignements de presque toutes les phosphatières de Tarn-et-Garonne et d'un certain nombre de phosphatières du Lot. Nous avons, presque toujours et presque partout, retrouvé deux orientations, soit dans les axes des carrières, soit dans les parois verticales des calcaires, soit dans la direction des amas de phosphate et de boues ou terres phosphatées, soit encore dans celle des calcaires affectés de redressements plus ou moins caractérisés dans leur voisinage. Les variations très-légères ne tenaient la plupart du temps qu'à la résistance des calcaires encaissants qui avaient dévié ces alignements.

En outre les phosphatières sont disséminées par groupes, suivant certains alignements parallèles, perpendiculaires ou obliques à 60o environ à la direction moyenne des fractures des couches.

Or de ces deux directions moyennes, la première est comprise entre l'E.-N.-E. et le N.-E., et par conséquent se rapprocherait assez du système de la Côte-d'Or, tandis que la seconde, placée entre le N.-O. et le N.-N.-O., serait assez voisine du système du Mont-Viso, orienté N. 20° 0.

Nous n'inclinons pas à limiter et à systématiser l'action des forces naturelles, mais si l'on tenait à rapprocher les premières dislocations probables des terrains jurassiques des systèmes connus, c'est, croyonsnous, à ces deux directions que l'on devrait surtout se reporter, pour chercher les analogies et la part d'influence que les mouvements de cette époque ont pu avoir sur nos terrains.

Des études plus étendues, plus prolongées que celles que nous pouvons présenter ici démontreront peut-être un jour qu'il faut faire remonter assez haut dans les temps géologiques les phénomènes lacustres de notre contrée.

Quoi qu'il en soit, une date suffisamment précise, celle de l'Éocène supérieur, peut-être même de l'Eocène moyen, semble aujourd'hui acquise par l'étude des fossiles du Quercy et notamment par la découverte du palæotherium et du lophiodon et de quelques mollusques de cette époque dans l'intérieur ou dans le voisinage des poches à phosphates.

Or si, d'un autre côté, on rapproche cette donnée paléontologique de celles que peut fournir l'étude stratigraphique, on sera amené à des conclusions à peu près identiques.

En effet, cette double orientation représente assez exactement la moyenne des directions des fentes, poches et crevasses des plateaux oxfordiens dans lesquels on trouve et on exploite dans le Quercy les phosphorites ou phosphates de chaux tribasiques.

Or si l'on étudie attentivement les axes anticlinaux et synclinaux des plissements, des bombements, des voûtes, des ondulations, des affaissements en fond de bateau ou en U, des failles qui accidentent ces terrains, des crevasses, des cavernes, des fractures si multipliées des diverses couches, des émergences de sources ordinaires, calcaires, magnésiennes ou ferrugineuses dans les terrains jurassiques des vallées de la Vère, de l'Aveyron et du Lot, on reconnaîtra bientôt un ensemble de plis qui ont imposé à ce pays sa configuration, son relief, la distribution de ses terrains, la direction et les sinuosités de ses cours d'eau.

Cette direction N.-N.-O. et la direction E.-N.-E qui lui est perpendiculaire représentent assez exactement les axes hydro-minéraux ou hydro-thermaux par lesquels ou dans le voisinage desquels se sont produites les émissions de pisolithes de fer, de bauxites, d'oxydes de manganèse, de phosphates de chaux, d'argiles et de sables réfractaires, d'alunites, de kaolins et sur d'autres points de gypse, dans les départements de Tarnet-Garonne, près de Caylus et de Bruniquel, et du Lot près de Fumel, de Luzech, de Puy-l'Évêque.

Il ne saurait entrer dans le cadre de ce travail et dans les limites de la présente communication de passer en revue les faits nombreux qui

militent en faveur de cette manière de voir et de faire connaître les nombreuses dislocations orientées, les plissements et les failles qu'on observe sur bien des points dans le Sud-Ouest. Nous dirons toutefois. que nous ne pensons pas qu'il faille avec MM. Élie de Beaumont et Vézian remonter jusqu'à l'époque triasique pour rapporter aux deux systèmes à peu près perpendiculaires du Thuringerwald et du MontSeny les dislocations des terrains de l'Albigeois et du Quercy orientées N.-O. et N.-E., quoique cette dernière ligne du Mont-Seny soit jalonnée, suivant M. Vézian, de la région volcanique du grand-duché du Rhin, où se font souvent ressentir des tremblements de terre, à la région hydrothermale des Pyrénées centrales, où se présentent souvent les mêmes phénomènes.

Mais nous devons dire que nos recherches dans la région nous ont amené à constater l'action combinée à des époques incontestablement plus récentes de deux actions plus ou moins énergiques dirigées à peu près du S.-E. au N.-O. et du S.-O. au N.-E.

Les phénomènes de dislocations orientées s'observent dans le Lot, le Tarn-et-Garonne, le Taru, la Dordogne, les Charentes, le Gers, la Haute-Garonne, l'Aude et l'Ariège, et ces orientations se rapprochent presque partout des directions que nous avons indiquées.

Des faits nombreux semblent établir aussi que les axes hydrographiques de l'Ariège, d'une partie du cours de la Garonne, du Tarn, de l'Aveyron, du Lot et de leurs nombreux affluents doivent leur direction orientée, sinueuse ou rectiligne, directe ou infléchie, non-seulement à la résistance des roches, mais encore aux lignes de dislocation le plus souvent transformées en lignes de vibration et de fracture souterraines, invisibles mais réelles, qui deviennent à leur tour peu à peu des directrices de sédimentation et d'érosion.

Nous croyons pouvoir résumer nos observations, dont le plus grand nombre a été exposé devant la Société géologique en 1877 (1), dans les lignes suivantes :

Dans la région du Sud-Ouest les axes de dislocation, de bombement, de redressement des couches, de fracture, d'émission de substances utiles, d'apparition de sources, de creusement des vallées sont presque toujours dirigés N.-N.-O. et E.-N.-E., principalement du côté du Plateau central, et plus souvent 0.-N.-O. et N.-N.-E. du côté des Pyrénées. Les directions N.-O. ou N.-E., E.-O. ou N.-S. y sont bien plus rares.

On constate donc, dans la région, un double système ou réseau juxtaposé et parfois superposé de plis et de failles, alignés suivant des axes orientés dans quatre directions différentes. Presque tous les phénomènes

(1 Bull. soc. géol., 3a série, t. V, 15 janvier 1877. p. 199.

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