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le cordon vasculaire se montre formé de deux parties juxtaposées dans un plan vertical, les éléments spiralés étant en contact et occupant par conséquent l'intérieur du cordon, ce double faisceau existe également dans les feuilles des sigillaires, et rappelle ainsi la disposition qu'offrent actuellement les cycadées, mais uniquement dans leurs feuilles.

Le bois des sigillaires formé de fibres rayées de 0mm,1 de diamètre dans le S. Spinulosa, de 0mm,05 dans le Sig. elegans pouvait s'accroître considérablement, grâce à une zone génératrice fonctionnant comme celle des dicotylédones gymnospermes.

L'écorce formée d'une couche parenchymateuse assez épaisse du côté du cylindre ligneux, se continue par une zone subéreuse, régulière et uniforme dans le Sigil. Elegans, mais offrant l'aspect d'un réseau à mailles nombreuses dont l'intérieur est rempli par des cellules de forme cubique dans le Sigil. Spinulosa, cette partie subéreuse prenait dans les tiges âgées un développement des plus considérables, de même que nous l'avons constaté dans certaines espèces de Lepidodendrons. La partie la plus extérieure était ou parenchymateuse Sig. Spinulosa. Sigil. elegans ou fibreuse, Sigil. Saullii.

La structure anatomique des tiges de sigillaires qui appartiennent à deux autres familles de cet ordre, et dont les types sont, d'une part, le Diploxylon Cycadeoideum de Corda, de l'autre le Sigillaria Vascularis de M. Binney, n'est pas suffisamment connue dans tous ses détails pour que l'on puisse pousser aussi loin la comparaison de leur organisation avec celle des Lépidodendrons.

On sait que les Diploxylées diffèrent des Sigillaires par un développement des faisceaux vasculaires qui entourent la moelle, assez considérable, pour amener leur contact, et former ainsi un anneau continu, qui rappelle jusqu'à un certain point le cylindre ligneux du Lepid. Harcourtii, mais en dehors se trouve une zone de bois à structure rayonnante parcourue par des rayons médullaires, et des faisceaux foliaires exactement comme dans les Sigillaires qui appartiennent à la première famille.

Le sigillaria vascularis de M. Binney offre une structure analogue mais de plus, dans l'intérieur de la moelle il se développe des faisceaux vasculaires plus ou moins nombreux, de sorte que cette dernière se trouve réduite à de minces lames cellulaires intercalées.

De l'exposé succinct qui précède on peut conclure; que dans les deux types de Lépidodendrons les mieux connus et représentés d'un coté par le Lepid. Harcourtii, le Lomatophloios crassicaule etc. etc. de l'autre, par le Lepid. Rhodumnense. le cylindre ligneux sans rayons médullaires ne prenait qu'un médiocre développement et que ce développement était centripète, qu'il ne possédait pas de zone génératrice, que le

diamètre de la tige croissait surtout par la formation d'une couche subéreuse qui dans certains cas acquerrait une épaisseur considérable.

Enfin, que les faisceaux vasculaires qui se rendaient aux feuilles se détachaient de l'anastomose de deux faisceaux vasculaires voisins; ces derniers étant disposés en réseau à mailles très-allongées à la surface du cylindre ligneux formé de gros vaisseaux scalariformes;

De plus, que sur une section transversale faite à la surface d'une cicatrice ou dans une feuille le cordon foliaire se montrait formé de deux groupes de trachées séparés par de gros vaisseaux scalariformes, comme cela se voit dans les faisceaux vasculaires de beaucoup de cryptogames,

Relativement à la structure des tiges de sigillaires on peut de même tirer les conclusions suivantes, en s'appuyant sur la structure des genres les mieux connus.

En dehors des faisceaux vasculaires, libres ou soudés en anneau de l'intérieur de la tige, il existait une zone génératrice, augmentant incessamment son diamètre, par la formation de tissu ligneux rayonnant composé de fibres rayées, parcouru par des rayons médullaires.

De même que l'écorce de certains lépidodendrons celle des sigillaires pouvait augmenter en épaisseur grâce à la formation d'une couche de plus en plus considérable de tissu subéreux.

Les cordons foliaires des sigillaires (Sig. Spinulosa et Sig. Elegans) se détachaient en partie, de la portion du faisceau vasculaire de la moelle qui touchait le cylindre ligneux extérieur et qui était occupée par les éléments les plus déliés.

Les faisceaux médullaires, dans ces deux genres, étaient disposés parallèlement et rectilignes et émettaient de deux en deux les cordons vasculaires des feuilles. Ces derniers étaient le résultat de la soudure dans tout leur parcours de deux faisceaux, réunis, par leurs éléments spiralés, dans un plan vertical. Cette structure est absolument différente de celle que nous avons vu exister dans les feuilles de lépidodendrons mais se rapproche de l'organisation du faisceau vasculaire des feuilles des cycadées qui vivent encore de nos jours.

Il est donc impossible de maintenir dans le même embranchement les lépidodendrons représentés par les deux types Lepid. Harcourtii et lepid. Rhodumnense et les sigillaires appartenant aux genres Favularia et Leiodermaria, je ne doute nullement que l'étude plus approfondie des autres familles de Sigillaires ne conduise au même résultat.

M. MORIÈRE

Professeur de géologie à la Faculté des sciences de Caen,
Secrétaire de la Société Linnéenne de Normandie.

SUR LES EMPREINTES OFFERTES PAR LES GRÈS SILURIENS
DANS LE DÉPARTEMENT DE L'ORNE

ET CONNUES VULGAIREMENT SOUS LE NOM DE « PAS DE BŒUF ».

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Vous me permettrez de vous entretenir pendant quelques instants d'un fait géologique extrêmement curieux, observé dans divers pays, mais qui ne s'est montré nulle part peut-être d'une manière aussi complète, aussi intéressante que dans le département de l'Orne. Je veux parler de ces cavités bilobées offertes par des plaques de grès quarzite sur plusieurs points de ce département et que l'imagination populaire a désignées depuis longtemps sous le nom de « pas de bœuf. »

Ce furent les plaques de grès des Vaux-d'Aubin, commune de Guéprey (arrondissement d'Argentan) qui eurent d'abord le privilége d'attirer l'attention des touristes et ensuite des géologues. Visitées dès 1826 par des naturalistes qui s'appelaient Antoine Passy, de Brébisson et de Bazoche, les empreintes offertes par les grès des Vaux-d'Aubin n'eurent pas alors un grand retentissement dans le monde savant. Il est juste toutefois de rappeler ici que le savant auteur des cartes géologiques de la Seine-Inférieure et de l'Eure émit cette opinion que les cavités désignées sous le nom de « pas de boeuf » étaient des empreintes, non de pas, mais de corps organisés.

En 1854, un membre de la Société Linnéenne de Normandie, aussi modeste que savant, M. Auguste Leprévost, ayant eu connaissance de l'existence des empreintes des Vaux-d'Aubin par un marchand ambulant de baromètres, du nom de Lecompte, écrivait à M. Eudes-Deslongchamps: « L'objet sur lequel je prends la liberté d'appeler votre attention est » la roche de grès des Vaux-d'Aubin, sur la commune de Guéprey près » Trun, roche sur laquelle il existe des empreintes en creux connues » dans le pays sous le nom de « pas de bœuf ». Si vous les connaissez, » je n'ai pas besoin de vous dire qu'elles sont elliptiques, de grandes » dimensions (11 pouces sur 5), divisées longitudinalement en deux par >> une ligne médiane; - mélangées d'autres plus petites et arrondies; que leurs arêtes sont très-vives, et qu'enfin il en existe d'autres >> semblables, mais moins bien venues, à Vignats, près Falaise. Il y a vingt» cinq ans au moins que M. de Bazoches avait fait mouler ces dernières,

>>

>> mais non celles des Vaux-d'Aubin, bien plus dignes de cet honneur. Je » ne pense pas que les unes ou les autres aient jamais été décrites; je » désirerais savoir si vous les connaissez, si vous savez qu'elles aient » été jamais signalées à l'attention des paléontologistes; si vous avez » une opinion arrêtée sur leur origine, et si vous consentiriez à en faire » le sujet d'un travail spécial.

» Ce n'est pas à moi à vous apprendre que des empreintes analogues ont été observées, décrites et figurées, soit en Écosse, soit » dans le royaume de Wurtemberg. Mon savant ami, M. le Dr Mougeot, >> croit que ces dernières sont bien différentes des nôtres. Maintenant, >> celles-ci proviennent-elles de corps marins ou de vestiges d'animaux » anté-diluviens? C'est une question sur laquelle les observateurs sont » partagés et qui ne saurait être mieux résolue que par vous. Permettez » donc que je vous la recommande de tout mon pouvoir. »>

M. Eudes-Deslongchamps s'empressa de satisfaire au désir exprimé par M. Leprévost, et il fit de son excursion aux Vaux-d'Aubin l'objet d'une communication des plus intéressantes à la Société Linnéenne, en l'accompagnant d'un dessin de la plaque de grès qui porte les empreintes. Après avoir décrit la gorge des Vaux-d'Aubin, constaté avec sa sagacité ordinaire, l'analogie et le synchronisme de la roche de cette localité avec celle de la Brèche-au-Diable, près Falaise, l'égalité de leur origine, le savant paléontologiste examine et discute ensuite les diverses hypothèses qui peuvent être faites relativement à la production des empreintes, et il termine sa note en disant explique qui voudra ou qui pourra la cause de ces empreintes; quant à moi, j'y renonce. Retenons cependant une de ces hypothèses que M. Deslongchamps expose ainsi :

<< La seule supposition, admissible à mon avis, et que je regarde › d'ailleurs comme très-précaire, serait d'attribuer les empreintes à la » présence d'animaux mous ayant vécu sur le banc à l'époque où il >> avait formé le fond de la mer; quoique mous, je les supposerais de »> nature assez résistante et capables de vivre assez longtemps pour qu'il » s'ajoutât autour d'eux de nouveaux dépôts susceptibles de prendre » chaque jour une certaine solidité; - qu'après la mort de ces animaux, » leur corps se serait détruit plus ou moins vite, et aurait laissé à la >> place occupée par eux des creux, que les dépôts du banc subséquent >> seraient venus combler. »>

Nous allons voir que cette hypothèse, légèrement modifiée, est celle qui rend le mieux compte des faits.

Dans un ouvrage publié en 1866 (1), M. d'Archiac résumant le sys

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tème silurien en France, s'exprime ainsi : Les grès à Scolithus linearis, J. Hall, à Lingules, et Bilobites forment un horizon constant dans tout l'ouest, et l'on doit y rapporter les grès à empreintes bilobées des Vauxd'Aubin, près d'Argentan, sortes de Cruziana, etc.

Ces empreintes bilobées et d'autres ont été remarquées, non-seulement aux Vaux-d'Aubin, mais encore à Bagnoles, dans un parc appartenant à M. Goupil, sur des plaques de grès situées au sommet du côteau qui domine l'établissement des bains. Les empreintes de Bagnoles furent signalées par M. de la Sicotière qui s'exprime ainsi dans une lettre qu'il adressait à M. Deslongchamps, le 31 janvier 1866.

« La muraille, ou, si vous l'aimez mieux, la plate-forme des rochers, >> offre une surface considérable (60 à 80 mètres de longueur sur 6 à » 7 de hauteur). Cette surface, légèrement inclinée est parfaitement >> lisse, et comme elle n'a été mise à découvert que depuis peu de temps, » que les lichens et les autres parasites n'ont pas encore eu le temps, » de l'envahir et de la cacher; que la pluie même et l'air ont respecté » jusqu'ici le vif du rocher, protégé auparavant par une couche plus » ou moins épaisse de terre, le moment est très-favorable pour >> l'examiner.

>> Sur cette vaste surface on distingue une foule d'empreintes, quelques>> unes ressemblant à des pas d'animaux, toutes fort singulières.

» Les unes ont à peu près la forme arrondie et la dimension des empreintes que laisserait le pied d'un très-fort cheval (0m,22 de lon» gueur sur 0,15 de la largeur). Elles sont divisées en trois parties » sur le sens de la longueur; celle du milieu convexe et les deux autres

» concaves.

>> Quelques-unes de ces empreintes sont superposées l'une à l'autre. >> D'autres s'évasent ou s'allongent, comme si elles eussent été laissées par » un pied qui aurait glissé sur l'inclinaison de la roche.

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>> Les autres, plus petites et beaucoup plus nombreuses, ressemblent >> assez à des pas de chèvre ou de mouton. Elles sont groupées sur diffé>> rents points en quantité très-considérable.

>> Une troisième variété d'empreintes n'offre qu'une sorte de creux ou » de rainure de 5 à 7 centimètres de long, en forme de virgule. Ces » virgules, dirigées dans tous les sens et assez rapprochées les unes >> des autres, forment des espèces de bandes isolées, assez longues et de » largeur assez régulière.

>> Enfin on remarque sur la pierre plusieurs cercles à peu près régu» liers, parfaitement marqués, s'inscrivant parfois l'un dans l'autre et » d'un diamètre, pour la plupart, d'environ 0m,20,- - quelques-uns plus >> petits. >>

L'état de santé de M. Deslongchanps ne lui permit pas, comme l'en

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