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Lipari. D'abord le nom kaolin, d'origine chinoise, se décompose ainsi; shi pierre, lin montagne et Kao une montagne qui porte ce nom: on suprime la racine shi, et le mot reste comme tout le monde le sait. Mais je ne sais pas si dans le céleste Empire la roche se trouve dans les mêmes conditions géologiques comme on le voit presque toujours en Europe, c'est-à-dire disposée en petits filons, veines, etc., Par contre, en Espagne, le kaolin que vous avez sous les yeux forme dans le territoire du village appelé Montalban toute une montagne depuis la base, qui se perd dans les profondeurs de la croute terrestre, jusqu'au sommet; seulement dans la partie la plus haute on voit encore des traces de la carrière de laquelle on a tiré tous les matériaux qui ont servi à bâtir le superbe château de Pierre Ier de Castille et qui est en face de la montagne kaolinique, à très-peu de distance. Cette pierre est la pegmatite quelque peu porphyrique, car elle présente des petits cristaux de feldspath orthose et d'une teinte rose assez prononcée comme véritable indice de la décomposition dans sa première ou deuxième période. En descendant depuis la carrière à quelques mètres seulement, on commence à voir la roche plus décomposée de proche en proche, jusqu'à devenir telle que vous la voyez, c'est-à-dire kaolinisée complètement, avec cette circonstance très-remarquable qu'elle se continue dans ces conditions jusqu'au fond des puits qu'on a ouverts pour le lavage de la roche. Dans toute son épaisseur celle-ci conserve la même structure que la pegmatite, c'est-à-dire que celle-ci a été décomposée en place et par une cause qui assurément agissait de bas en haut, des émanations d'acide carbonique analogues à celles que les Italiens appellent delle mofe, tate. Le grand développement du kaolin, la montagne a au moins 130 ou 140 mètres de hauteur sur 3 ou 4 kilomètres de pourtour, la grande, on peut même dire l'extraordinaire quantité de substance en exploitation, et enfin le procédé employé par la nature pour décomposer la pegmatite, toutes ces circonstances, dis-je, donnent au gisement de Tolède une telle importance, que je n'hésite pas à le placer à la tête de tous ceux de l'Europe, et peut-être, du monde entier. Son propriétaire est M. D. Manuel Solomayot, de Madrid.

Relativement au granit de l'île de Panaria trouvé par moi lors de mes voyages en Italie en 1852, je partage l'opinion du célèbre naturaliste l'abbé Spallanzani dans son Viaggio nel regno delle due Sicilie, lequel croyait que le granit de l'ile d'Elbe communiquait avec celui du côté ou angle nord-ouest de l'ancienne Irinaeria (Sicile), car j'ai l'ai vu dans cette île d'abord véritable granit avec du mica doré; un peu au delà, il se présente fendillé et quelque peu altéré par l'action du feu, plus tard le fedspath prend un aspect vitreux et verdâtre qui petit à petit devient tout à fait une véritable obsidienne verte, avec

599 quelques points brillants de quartz et de mica; cette roche déjà métamorphisée, devient peu à peu cellulaire et poreuse en perdant sa coloration, jusqu'à devenir grisâtre et prendre l'aspect de la pierre ponce. Voilà donc le granit transformé en obsidienne et la plupart du temps en ponce. Je dois faire observer avant de terminer que l'endroit de l'fle où on trouve ces roches si curieuses se trouve en face de la pointe agréable la punta della castagna de l'île de Lipari, si célèbre depuis la description que Spallanzani a donnée du fameux courant d'obsidienne, et le campo bianco où on exploite la pierre ponce que j'ai eu l'occasion d'étudier et d'admirer.

M. le Dr D.-J. VILANOVA Y PIERA

Professeur de paléontologie à l'Université centrale de Madrid.

PRÉSENTATION D'OPALE DE L'URUGUAY.
(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

Séance du 28 août 1878.

M. VILANOVA présente de remarquables échantillons d'opale; ce sont de véritables enveloppes siliceuses remplies d'eau. Elles se forment sur les boras des affluents de l'Uruguay dont les eaux contiennent beaucoup de silice dissoute à la température ordinaire. M. Vilanova explique par des actions hydrothermales l'origine de beaucoup de substances minérales.

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M. Gaston de TROMELIN

PRÉSENTATION DU SUPPLÉMENT AU CATALOGUE DES FOSSILES SILURIENS
DE L'ANJOU ET DE LA BRETAGNE MÉRIDIONALE.

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M. GASTON DE TROMELIN présente, en son nom et en celui de M. Paul Lebesconte, de Rennes, un supplément à leur catalogue des fossiles siluriens de l'Anjou et de la Bretagne méridionale, paru dans les comptes rendus du congrès de Nantes. Le nombre des espèces nouvelles est peu considérable, mais il y a à signaler des localités nouvelles. M. de Tromelin a reconnu que l'étage des poudingues pourprés et des schistes rouges existait en Anjou, que dans ce pays les minerais de fer inférieurs aux schistes ardoisiers contenaient des Bilobites et devaient par conséquent être attribués au grès armoricain. Un grès de l'âge du grès de May a été trouvé dans cette région à Thourie (Ille-etVilaine). L'étage du calcaire ampéliteux (silurien supérieur des auteurs) a été reconnu à la Meignanne, près d'Angers. Les études sur le calcaire d'Erbray ne sont pas encore terminées, mais la partie inférieure attribuée à la faune troisième silurienne, doit subir une nouvelle réduction en hauteur, au profit du terrain dévonien. Le grès à Orthis Monnieri, ou base du dévonien, a été reconnu dans le département de la Loire-Inférieure à la Bodinaie, près Pierric.

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On sait que, dans une région assez peu étendue pour que la courbure de la terre y soit négligeable, les directions marquées en projection horizontale par les faits topographiques et géologiques, crêtes de montagnes, thalwegs de vallées en pays de montagne et sillons d'érosions

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en pays de plaine, lignes de séparation des eaux, lignes de côtes, séries de cimes, lignes horizontales des couches inclinées, arêtes de plis anticlinaux ou synclinaux, affleurements de failles, de filons, de fissures, de dykes éruptifs, séries de points d'émanation ou d'éruption, se rapportent à un petit nombre d'orientations, et que chacun des différents systèmes d'accidents parallèles peut être résumé par une ligne moyenne, élément d'un arc de grand cercle dont le prolongement va, en général, jouer le même rôle dans plusieurs autres régions du globe.

Les grands cercles ainsi déterminés, qu'Élie de Beaumont a appelés cercles de comparaison, constituent les alignements géologiques dans l'acception du mot la plus abstraite, mais aussi la plus étendue.

Leur parcours peut être suivi autour du globe au moyen de calculs trigonométriques ou, graphiquement, à l'aide d'instruments sphérodésiques ou d'appareils armillaires convenablement disposés; mais l'étude. graphique est considérablement facilitée par l'établissement de cartes en projection gnomonique, où les grands cercles quelconques sont représentés par des lignes droites et dont l'emploi offre d'ailleurs le moyen de manifester les résultats de la manière la plus claire.

Une petite carte gnomonique de la région européenne correspondant au globe réduit au 50 millionième a été dressée par Élie de Beaumont et publiée dans sa notice sur les systèmes de montagnes, sous le titre : Pentagone européen.

Pour augmenter sa valeur comme instrument de recherche et de démonstration, je l'ai fait agrandir par la photographie de manière qu'elle corresponde au globe réduit au 20 millionième.

Par contre, pour avoir les moyens de suivre graphiquement à la règle un cercle entier, j'ai établi la projection complète de la surface du globe réduit au 100 millionième sur les huit faces d'un octaèdre régulier circonscrit, dont le développement constitue ce que j'appelle un octoplanisphère, où un même cercle est représenté par un polygone, dont chaque côté, compris dans un des triangles, se déduit, par des règles géométriques simples, de la position d'un premier côté ou de deux points d'alignement.

(Voir, pour l'explication de cette carte et de son usage, la présentation faite à la section de Géographie, séance du 29 août 1878).

C'est au moyen de ces deux cartes que je puis montrer les résultats d'une étude dont la publication a été commencée par l'insertion aux comptes rendus de l'Académie des sciences, en 1863, de trois extraits d'un mémoire relatif à la coordination des gîtes de pétrole et des gîtes minéraux, et que je poursuis maintenant au point de vue le plus général de la question des alignements.

Afin de rendre à la fois l'exposé plus court et plus significatif, je

dois commencer par énoncer la conclusion systématique qui ressort dès à présent de mon travail et qui n'est d'ailleurs qu'une généralisation du principe de parallélisme local et de perpendicularité admis de tout temps.

On peut distinguer dans l'ensemble des cercles de comparaison des systèmes déterminés chacun par un grand cercle normal commun.

Dans un système, on peut ensuite distinguer des cercles qui jouent le rôle de normaux pour d'autres systèmes dont le normal du premier fait nécessairement partie, et ces nouveaux cercles normaux se présentent par couples à angle droit qui forment avec le premier des trios rectangulaires.

Si donc on établit une carte en projection gnomonique sur le plan tangent au sommet de l'un des triangles trirectangles formés par les normaux d'un trio, l'un des trois systèmes y sera représenté par des lignes rayonnantes, et les deux autres par deux séries de lignes parallèles se croisant à angle droit.

Deux tels réticules d'alignements se manifestent clairement sur la carte du pentagone européen, dont le point de contact a d'ailleurs été choisi comme étant un point de rayonnement, puisqu'il est le centre du pentagone, ce qui doit donner à penser que ce point de contact est un sommet commun à deux triangles, ou du moins est voisin d'un tel sommet.

Quoi qu'il en soit à cet égard, l'existence des deux réticules d'alignements croisés est un fait géologique des plus remarquables.

On serait tenté de comparer la configuration géographique de l'Europe à une broderie faite sur ce réticule comme canevas.

Pour faire apprécier l'importance et la netteté des rapports ainsi résumés, il semble suffisant de citer quelques faits.

Le cercle de comparaison déterminé par la direction du Rhin en Alsace, rapportée au centre du pentagone européen, c'est-à-dire le cercle appelé par Élie de Beaumont primitif du Rhin et de la Nouvelle-Zemble est évi

demment un normal.

Parmi les alignements qui lui sont perpendiculaires, il convient de rappeler d'abord le faisceau qui comprend les Pyrénées et la ligne qui joint l'Etna au Sinaï, dont la direction se reconnaît à l'Etna même dans les échancrures du val del Bove; mais je tiens surtout à signaler un peu au Nord de ce faisceau une ligne parallèle à la côte de Provence près de Marseille qui, jalonnée par le Vésuve où elle marque exactement la trace de la fracture qui limite l'hémicycle de la Somma, va ensuite relever Santorin, ce qui semble bien prouver que les deux volcans sont situés sur une même fracture de l'écorce.

Un faisceau d'alignements qui correspond au massif trappéen des Feroë

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