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vulgaires, elles ne font qu'une partie du chemin: un peu moins dans le Thladiantha, un peu plus dans l'Actinostemma; mais ni dans l'un ni dans l'autre, elles n'arrivent à se confondre en un seul organe. Il faut ajouter que les étamines d'une même paire se tournent plus ou moins le dos, c'est-à-dire le connectif, de manière que leur anthère a finalement sa face dirigée un peu de côté. J'ajouterai, mais sans y beaucoup insister, parce que je crois que les monstruosités ne peuvent guère, ici plus qu'ailleurs, démontrer que ce qu'on sait déjà d'autre part, j'ajouterai que cet état normal des Actinostemma et des Thladiantha s'observe souvent, par suite d'une sorte d'arrêt dans l'évolution, chez les Cucurbita, Cucumis, etc. En 1861, plus d'une moitié des fleurs des Potirons cultivés au Muséum, présentait cinq étamines syngénèses équidistantes quant à l'insertion de leurs filets. L'état primitif avait donc persisté dans ces fleurs; l'entraînement latéral ne s'était pas produit, ou bien il ne l'avait fait que d'une façon incomplète, car il y avait à cet égard des transitions entre les fleurs normales et celles dont les cinq filets étaient demeurés alternipétales. Il faut remarquer aussi que dans ces dernières la disposition des faisceaux libéro-vasculaires indiquait exactement la symétrie quinaire de l'androcée, car la disposition de ces faisceaux est la conséquence, et non le principe de celle des organes eux-mêmes.

Si donc la théorie des deux étamines et demie n'a pour s'étayer que l'existence de cinq étamines « normales » dans certains genres, tels que l'Actinostemma, elle perd aujourd'hui cet appui. Il lui en reste un second, mais tout aussi vacillant, dans l'organisation qu'on prête à l'androcée des Nhandirobées auxquelles M. Duchartre rapporte les Fevillea et les Zanonia, leur attribuant, comme nous l'avons vu: « étamines cinq, extrorses, à demi loges adnées, s'ouvrant en long. » M. Duchartre n'a certainement jamais observé les étamines de ses Nhandirobées, car il nous dirait dans quelles d'entre elles, les Zanonia ou les Fevillea, il a vu des anthères biloculaires. Examinons ces deux genres l'un après l'autre, et sans idée préconçue.

Dans la fleur mâle du Zanonia indica, il y a un réceptacle cupuliforme peu profond, et ses bords portent un calice et une corolle pentamères, puis, plus intérieurement, cinq étamines alternipétales, équidistantes, ayant chacune à peu près la forme d'un T, dont le filet, large et aplati, représenterait la branche verticale; et l'anthère oblongue, à peine arquée, la branche horizontale. C'est tout le long du bord supérieur de cette dernière que se produit transversalement la ligne de déhiscence de la cavité unique de l'anthère. M. Duchartre pourrait-il voir là, dans cette plante, ses « demi-loges adnées s'ouvrant en long? » Dans les Fevillea, il est vrai, plusieurs auteurs anciens, entre autres Turpin, dans l'Atlas du Dictionnaire des sciences naturelles, ont repré

senté des anthères qui semblent biloculaires. Plus récemment, MM. Bentham et Hooker ont aussi, dans leur Genera plantarum (I, 820), admis parmi les Cucurbitacées une tribu des Fevilleæ, qui aurait pour caractère « Stamina 5, filamentis liberis; antheræ 2-loculares, loculis oblongis. Mais cette notion ne peut être conservée. Dans tous les Fevillea, notamment dans le F. cordifolia, l'androcée est formé de cinq étamines égales et équidistantes, alternipétales. Chaque filet porte sur son sommet dilaté une anthère extrorse, déhiscente par une fente à peu près verticale. Si l'on écarte les lèvres de cette fente unique, on pénètre dans une cavité unique, au fond de laquelle on trouve une très-légère saillie, formée par cet organe auquel M. Adolphe Chatin a fait jouer un rôle si extraordinaire, suffisamment indiqué par le nom de placentoïde, qu'il a créé exprès pour lui (1). On sait que cette saillie intérieure existe, plus ou moins prononcée, dans toutes les anthères uniloculaires des Cucurbitacées. Lors de la complète déhiscence, les deux moitiés de l'anthère s'étalent et forment une lame verticale sur la surface extérieure de laquelle on peut encore voir des grains de pollen. Mais l'anthère des Fevillea présente encore sur son dos une production saillante du connectif qui forme en dedans une plaque épaisse, parallèle à l'anthère étalée. Si l'on n'observe les parties qu'après la déhiscence, on est exposé à prendre pour deux cavités de loges latérales les deux angles vides qui sont interposés à droite et à gauche entre la plaque accessoire du connectif et la paroi d'une demi-loge étalée. Sont-ce là les deux loges de l'anthère, «adnées et s'ouvrant en long » qu'aurait observées M. Duchartre? Qu'il y regarde de plus près et se détrompe les Fevillea n'ont jamais, comme toutes les autres Cucurbitacées jusqu'ici connues de nous, et ce sera là notre conclusion, que des étamines à anthères uniloculaires. Dans ce genre et dans les Zanonia, elles ne sont pas déplacées de leur alternipétalie primitive; dans les autres Cucurbitacées, elles le sont plus ou moins, et quatre d'entre elles se rapprochent complétement ou incomplétement deux à deux pour former ces paires qui, selon l'expression de M. Duchartre, ont « tout l'air de provenir de la séparation de deux loges. >>

FIG. 1.

EXPLICATION DES FIGURES

PLANCHE XIV.

Zanonia indica. Fleur måle, coupe longitudinale. On voit les anthères uniloculaires s'ouvrir par une seule fente transversale qui répond à leur bord supérieur.

(1) Dans le travail de l'auteur de l'Anthère, on trouvera (p. 43) des renseignements qui lui appartiennent en propre sur le placentoïde, « organe » qui, croit-il, avant lui & n'avait pas encore été signalé », puis (p. 47) la « Biologie des placentoïdes », et aussi (p. 49) la « Philosophie des placentoides ». M. Adolphe Chatin a aussi énoncé sur la vrille des Cucurbitacées une découverte qui

Fig. 2.

Zanonia indica. Fleur femelle, coupe longitudinale. Les étamines, stériles et peu développées, au nombre de cinq répondent aux intervalles des pétales. Dans la loge ovarienne intéressée par la section se voit un ovule descendant, à micropyle extérieur. La corolie est valvaire, comme dans la fleur mâle.

Fig. 3. Actinostemma tenerum. Fleur måle. Les cinq étamines sont à des distances inégales, et leur anthère extrorse est toujonrs uniloculaire. Fig. 4.

Androcée de la même fleur d'Actinostemma. Quatre étamines à anthères uniloculaires se sont rapprochées deux par deux l'une de l'autre, mais demeurent indépendantes.

Fig. 5. Fevillea cordifolia. Fleur måle (de l'herbier de Kew), à cinq étamines alternipétales. Sur le milieu de la face interne de chaque pétale se voit un organe falciforme, décrit parfois comme un staminode.

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connectif.

Fig. 7.

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Étamine de la même fleur, vue de dos pour montrer la plaque dorsale du

Étamine non ouverte, l'anthère extrorse coupée transversalement. On voi la loge unique de l'anthère, puis, derrière elle, la plaque dilatée du connectif. Fig. 8. Étamine après la déhiscence, l'anthère coupée transversalement. Les parois de la loge de l'anthère s'étalent pour venir s'appliquer à droite et à gauche contre la plaque dilatée du connectif.

MM. CORENWINDER et J. CONTAMINE

DE L'INFLUENCE DES FEUILLES SUR LA PRODUCTION DU SUCRE
DANS LES BETTERAVES.

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Le mémoire que nous avons l'honneur de présenter à l'Association a pour but de prouver que la richesse saccharine des betteraves est en rapport direct avec l'étendue en surface des organes foliacés de ces plantes.

Des expériences nombreuses poursuivies avec soin deux années de suite (1876 et 1877), dans les mois de septembre et d'octobre, nous permettent d'affirmer que cette loi ne souffre guère d'exceptions.

Il est essentiel toutefois, pour la mettre en évidence, d'opérer dans des conditions convenables. On ne peut comparer nécessairement, à ce point de vue, que des betteraves de même origine, venues dans le même

est bien de lui et de lui seul (Comptes rendus, LXII, 33-36), c'est : « qu'il n'y a aucun rapport d'origine entre la vrille et les racines ordinaires; ce rapport existe, au contraire, entre la vrille et les racines adventives. »

champ; cultivées, en un mot, dans des conditions absolument identiques.

Il importe aussi de prendre pour terme de comparaison des racines ayant des poids égaux ou très-rapprochés, car on n'ignore pas qu'à peu d'exceptions près, les betteraves de petites dimensions sont plus riches en sucre que les grosses.

Nous citons, dans notre mémoire, des betteraves de même poids, dont les richesses saccharines différaient de plus de 3 0/0. Aussi les plus riches avaient-elles des feuilles beaucoup plus étendues en surface que les autres.

Ces acquisitions nous ont conduit à déterminer les proportions du sucre contenu dans les feuilles elles-mêmes. Nous avons constaté que c'est particulièrement dans les nervures médianes des feuilles qu'on trouve ce principe immédiat, et qu'il y existe à l'état de glucose mélangée d'une faible quantité de sucre cristallisable (1). Dans les nervures secondaires, et surtout dans le parenchyme des feuilles elles-mêmes, la proportion de sucre est beaucoup moins considérable.

Nous ne prétendons pas absolument que la matière sucrée contenue dans les nervures des feuilles des betteraves soit élaborée directement dans ces organes. Nous discutons cette question dans notre Mémoire. Il n'en reste pas moins acquis par nos expériences que le carbone, fixé en raison du sucre formé dans la plante, est en relation de quantité avec la grandeur des feuilles, et comme il est facile de prouver que celles-ci puisent pendant le jour, dans l'atmosphère, des volumes d'acide carbonique d'autant plus considérables qu'elles ont plus de surface, il est rationnel d'admettre que le premier fait est la conséqueuce du second (2). Quoi qu'il en soit, au point de vue pratique, nos expériences nous paraissent d'une haute importance. Elles prouvent qu'il importe, lorsqu'on se propose de créer des races de betteraves riches en sucre, d'éviter les espèces à petites feuilles. L'un de nous a déjà exprimé cette opinion, il y a longtemps, en s'appuyant sur des faits positifs. C'est, du reste, ce que pensent les praticiens exercés en cette matière.

(1) M. Dehérain a annoncé, il y a déjà longtemps, que les feuilles des betteraves renferment de la glucose et du sucre cristallisable.

(2) L'un de nous a prouvé, il y a plus de vingt ans, que la quantité de carbone que les feuilles acquièrent en assimilant l'acide carbonique de l'air est si importante qu'elle suffit pour justifier l'accroissement des plantes qui poussent avec le plus de rapidité.

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L'auteur expose que les genres Chantransia et Batrachospermum doivent être réunis en un seul, attendu qu'ils ne font que produire deux états différents d'un seul végétal. Le Chantransia n'est que la forme asexuée du Batrachospermum. M. Sirodot a vu le Batrachospermum pousser comme une ramification sur les Chantransia, et, dès qu'il apparaît, il s'entoure d'une substance mucilagineuse qui n'existe pas sur les filaments du Chantransia. L'auteur apporte de très-nombreux dessins à l'appui de son opinion, et expose toute l'évolution de la plante, depuis le début du Chantransia jusqu'à l'état adulte et fructifère du Batrachospermum.

M. MER

Garde général des forêts.

CONSIDÉRATIONS SUR L'APPARITION DE L'AMIDON ET DU SUCRE DANS LES FEUILLES. (EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

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L'auteur insiste sur ce point que, pour mettre en évidence la genèse de la première de ces substances dans la chlorophylle des végétaux supérieurs, il est indispensable d'opérer sur des feuilles détachées, afin d'être à l'abri de l'intervention de l'amidon contenu dans les tissus de réserve. Les feuilles de lierre, pouvant vivre longtemps après la disparition de toute trace d'amidon, sont particulièrement favorables à cette recherche. Mais de ce que l'amidon apparaît sous l'influence de la lumière dans le grain chlorophyllien, il n'est pas démontré qu'il soit le résultat immédiat de l'assimilation. Si, dans la plupart des plantes, la chlorophylle crée de la matière amylacée avec plus ou moins d'activité, il en est quelques-unes où elle n'en renferme pas et d'autres où l'on rencontre de l'amidon sans chlorophylle (Neottia nidus avis): ce qui montre que l'amylogenèse peut se produire sous des influences diverses.

Quant à la glycose, M. Mer en a rencontré en quantité plus ou moins grande dans les limbes de toutes les feuilles où il l'a cherchée. Il n'en a pas trouvé

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