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senté dans la séance du 28 août 1878 des observations analogues faites par M. Mabille dans les bois de Meudon; mais c'était sur une autre espèce moins commune, le Syrphus gracilis Meig., qu'avait sévi la maladie. Ces insectes étaient accrochés en grand nombre sur les épis du Bra chypodium sylvaticum (1). Cela prouve que les Entomophthora ne sont pas aussi rares qu'on pourrait le croire.

Depuis quelques années, on signale un certain nombre de ces épidémies causées par les champignons de ce groupe sur différents insectes et l'importance des Entomophthora grandit d'autant dans l'économie de la Nature.

On a plus d'une fois signalé les effets désastreux des Entomophthora sur les insectes. En France, on connaît généralement l'Entomophthora muscæ, le parasite des mouches; quoique ces insectes soient relativement rares à Paris, tandis qu'ils abondent à la campagne et en province (à cause des fumiers) on peut cependant, surtout dans les faubourgs, rencontrer l'Entomophthora dans la capitale, où l'on peut l'observer de l'extérieur sur les vitres des cabarets et des buvettes. M. Planchon a signalé un Entomophthora sur le puceron de la vesce; l'un de nous a décrit cette espèce sous un nom spécial: Entomophthora planchoniana (2) eta en outre signalé (3) un Entomophthora comme causant la mort des chenilles du Chelonia Hebe; il indique déjà les analogies de ce champignon avec les Mucorinées, analogies qui depuis ont été vérifiées par les observations relatives à la conjugation. On en a trouvé beaucoup d'autres espèces. M. Brefeld a indiqué une génération alternante, et a reproduit le Tarichium de Cohn; mais ces détails, ainsi que les études de développement, sortent du cadre que nous nous sommes tracé ici.

Voici les principaux mémoires publiés sur ce sujet depuis quelques

années.

Ueber eine neue Pilzkrankheit der Erdraupen (Tarichium megaspermum), Cohn, Beitr. zur Bivl. der Pflanzen, t. I. p. 58, pl. IV et V. Ueber zwei neue Entomophthora Arten von prof, N. Sorokine, id., id. p. 377, pl. XIII.

Die copulation bei einigen Entomophthoreen (Vorlauf Mitth.) von L. Nowakowski. Bot. Zeit, 6 avril 1877.

Entwickelung der Empusa Musca nnd Emp. radicans abhandl, d. naturf gessell. zu Halle, 1871, t. XII, von Dr O. Brefeld.

Die Entomophthoreen und ihre Verwandten von Dr 0. Brefeld. Bot. Zeit. 1er juin 1872.

Cette

(1) Voir Bulletin de la Société entomologique de France, séance du 28 août 1878. (2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 21 avril 1873, p. 1002. espèce paraît caractérisée par la production à l'humidité de spores ovoïdes oblongues sans sporanges, ou par des sporanges soudés à la spore.

(3) Bulletin de la Société entomologique, séance du 9 juillet 1873.

M. H. BAILLON

Professeur à la Faculté de médecine de Paris.

SUR UN NOUVEAU TYPE DE SAXIFRAGACÉES A OVULES DÉFINIS.

Séance du 29 août 1878.

Les riches collections qui ont été rassemblées dans ces dernières années par les explorateurs français dans notre colonie de la NouvelleCalédonie, renferment entre autres plantes d'un grand intérêt, des branches fleuries d'un bel arbre d'une dizaine de mètres de hauteur, dont les feuilles et les inflorescences rappellent beaucoup celle du Lauriercerise; si bien qu'en les voyant et en analysant les fleurs, dépourvues de gynécée fertile, on eût pu croire à un nouveau type de la famille des Rosacées. Nons verrons qu'il s'agit en réalité d'une Saxifragacée, du groupe des Polyosmées; ce qui n'est guère surprenant, car rien n'est plus difficile que de tracer une limite absolument nette entre les deux groupes des Saxifragacées et des Rosacées. Dans ces fleurs mâles réunies en grappes simples qui occupent l'aisselle des feuilles supérieures des rameaux, le réceptacle peu profond supporte un court calice à quatre ou cinq sépales courts, épais, dentiformes et est surmonté d'un cône plein, que l'on peut regarder comme un gynécée rudimentaire et dont la surface convexe présente un certain nombre de lignes et de plis peu saillants, imprimés dans le bouton sur cet organe par les parties qui l'entourent, notamment par les étamines. En dedans du calice, s'insèrent quatre ou cinq pétales sessiles, à large base, fortement imbriqués dans le bouton et se comportant après l'épanouissement d'une façon fort particulière, comme nous le verrons à propos de la fleur femelle. Quatre ou cinq étamines alternent avec les pétales, formées chacune d'un filet court et d'une anthère introrse, dont les deux loges, divergentes inférieurement s'ouvrent chacune par une fente longitudinale. Si nous ajoutons à ces caractères de la fleur mâle, que cet arbre auquel nous donnerons le nom de Dedea, est glabre; que ses feuilles alternes, pétiolées, elliptiques-lancéolées, aiguës au sommet comme à la base, sont penninerves, avec une foule de nervures secondaires parallèles, à peine obliques, comme dans beaucoup d'Ochnacées et de Diptérocarpées, lisses sur les deux faces, pâles en dessous, dépourvues de stipules; que les grappes florales ont un axe rectiligne, cannelé, chargé de petites bractées alternes, articulées; qu'à l'aisselle de chaque bractée est une fossette peu profonde dans laquelle se loge et s'articule aussi la base du

pédicelle floral; et que celui-ci, insensiblement dilaté vers son sommet est chargé de petits poils peltés et squamiformes, assez clair-semés; nous aurons un certain nombre de caractères assez remarquables, mais dont aucun n'est assez significatif pour nous dire à quel groupe naturel doit être rapporté le Dedea; comme il arrive presque toujours en l'absence de l'organe femelle. Cette observation n'est pas inutile; elle prouve que les premiers caractères sur lesquels on doit faire reposer la classification des végétaux, doivent toujours être empruntés au gynécée.

C'est M. Balansa, collecteur sans pareil, qui a trouvé cette plante à la Nouvelle-Calédonie, sur le versant occidental du Kougui, vers 500 mètres d'altitude. Elle porte dans son herbier le n. 1781, et ses fleurs blanches se développent au mois de septembre.

C'est un autre voyageur français, Pancher, qui nous a mis à même, par ses laborieuses recherches, d'étudier les fleurs femelles du genre Dedea et, par suite, de déterminer la place que ce type doit occuper dans la série des familles naturelles. Pancher qui, revenu sain et sauf d'un premier voyage en Nouvelle-Calédonie et qui, comme tant d'autres explorateurs des régions tropicales, ne pouvait se résigner à vivre inactif et ignoré dans nos pays civilisés, repartit pour une seconde expédition, dont le but principal était de doter l'horticulture européenne des plus intéressantes plantes du pays des Canaques. Il y trouva la mort peu de temps après son débarquement. Il avait, lui aussi, récolté dans ce pays un Dedea, bien différent de celui dont nous avons parlé tout à l'heure, par les petites dimensions de toutes ses parties. L'arbuste tout entier n'atteignait pas plus d'une couple de mètres de hauteur. Les feuilles ne dépassaient pas le plus souvent cinq centimètres de longueur, c'est-à-dire qu'elles étaient cinq ou six fois plus courtes et plus étroites que celles de l'espèce précédente, et ses inflorescences étaient aussi beaucoup plus petites. C'est pour cette raison que nous avons appliqué à la première de ces plantes le nom spécifique de major, et à la deuxième celui de minor. Or, le D. minor portait des fleurs femelles, et nous pûmes les étudier aussi bien que le permettait la chute précoce de certaines parties de ces fleurs, notamment des pétales.

Ici l'analyse devient beaucoup plus intéressante. L'inflorescence est toujours une grappe simple. Mais le réceptacle floral, dilatation du sommet du pédicelle, devient un sac obconique dont la concavité est remplie par un ovaire fertile. Sur les bords du sac s'insèrent un court calice, d'ordinaire quinquédenté, et cinq pétales, imbriqués comme ceux de la fleur femelle. Lors de l'épanouissement, ils s'étalent, puis se renversent et se détachent avec la plus grande facilité par leur large base. Mais même avant leur chute, ils se déforment tellement qu'au lieu de con

server l'apparence d'une petite lame ovale-oblongue, comme ils sont dans. leur premier état, ils ressemblent à un petit cylindre, atténué en cône au sommet. Ce changement tient à ce que dans toute leur longueur, les bords s'enroulent étroitement en dehors. Leur face intérieure porte une petite crête longitudinale, qui répond à leur nervure médiane et qu'on voit encore quand l'enroulement est complet. Ici les cinq étamines alternipétales demeurent généralement stériles. Toutes leurs parties sont néanmoins bien distinctes un filet conique, épais et aplati, qui s'attache par une large base dans l'intervalle des pétales, et une anthère basifixe, à deux loges linéaires, adnées aux bords du connectif, divergentes inférieurement, et sur lesquelles sont même indiqués les sillons de déhiscence. En dedans de l'insertion du périanthe et de l'androcée, le sommet de l'ovaire sort de la cavité réceptaculaire, sous forme d'un cône déprimé qu'entoure un disque annulaire peu prononcé, et que surmontent les branches stylaires, au nombre de trois. Finalement, elles s'arquent un peu en dehors. Leur sommet se recourbe aussi légèrement, et il est chargé d'une petite masse presque sphérique de papilles stigmatiques. Dans l'intervalle des trois styles, l'ovaire infère porte sur la paroi de sa cavité unique trois placentas peu proéminents; et un peu audessus de sa base, chacun de ses placentas porte, non sur son bord intérieur, mais sur son côté, à droite et à gauche, un ovule ascendant, anatrope, à micropyle inférieur et tourné du côté du placenta, c'est-àdire situé immédiatement au-dessus de l'insertion ovulaire. Le centre de l'ovaire est donc vide, et vers sa périphérie se voient trois niches, répondant aux branches stylaires, dans chacune desquelles se dressent deux ovules collatéraux appartenant à deux placentas voisins. Le fruit n'est pas complétement mûr dans les échantillons de Pancher; on voit cependant qu'il est capsulaire, cylindrique, parsemé, comme le réceptacle floral, de petits poils peltés, surmonté du calice et des trois styles suivant le sillon médian intérieur desquels se fait la déhiscence. Les graines sont ascendantes, imbriquées, allongées, fusiformes, prolongées à leurs deux extrémités en une pointe conique pleine. Leurs téguments peu épais recouvrent un abondant albumen charnu vers le sommet duquel se trouve un très-petit embryon. A tous les caractères qui précèdent, on ne peut s'empêcher de trouver dans le Dedea un type de Saxifragacées, du groupe des Polyosmées, lesquelles ont été avec raison rapportées à la série des Escalloniées (Voy. Hist. des plantes, III, 355, 439). Les principales différences entre le Dedea et le Polyosma résident dans le type 5 des fleurs du premier et 6 des fleurs du dernier; dans la préfloraison de la corolle, valvaire dans le dernier, imbriquée dans le premier; dans le nombre des placentas, qui est de trois dans le premier, de deux dans le dernier; dans le nombre des ovules, défini dans

le premier, indéfini dans le dernier; dans le fruit, charnu dans le dernier, capsulaire dans le premier; dans les graines, solitaires dans le Polyosma, plus nombreuses dans le Dedea. Ces différences sont donc multiples et importantes. C'est sur les montagnes de la Nouvelle-Calédonie que Pancher a récolté le D. minor. M. Balansa (n. 1004) l'a trouvé aussi sur le Mont Mi, « dans les terrains argilo-ferrugineux. >>

Les deux mêmes voyageurs ont rencontré un troisième Dedea dans le même pays Pancher sur le Kougui, à 800 mètres d'altitude, et M. Balansa (n. 2814), sur le Mont Mou, vers 1150 mètres d'altitude. Celui-ci est un petit arbre à cime arrondie et dense, tout glabre, et dont les feuilles lisses, pâles en dessous, elliptiques-aiguës, n'ont au plus que huit centimètres de long sur trois ou quatre de large. Leur pétiole, trois fois plus mince que celui du D. major, est cependant plus long d'un tiers ou davantage. Les inflorescences sont plus courtes que les feuilles, et les fleurs femelles, les seules que nous connaissions, sont exactement construites, de même que les fruits, comme dans le D. minor. Les nervures secondaires des feuilles sont plus écartées et plus obliques que celles du D. major. Nous ne voudrions cependant pas affirmer que ce Dedea auquel nous donnons le nom de media, ne devra pas se rapporter comme forme au D. major, quand on pourra comparer entre eux les pieds de l'un et l'autre sexe dans les deux plantes.

EXPLICATION DES FIGURES.

PLANCHE XV.

Fig. 1. Fig. 2. Fig. 3. Fig. 4.

Fig. 5. Fig. 6. Fig. 7. Fig. 8.

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Dedea major (individu mâle).

Rameau florifère.

Portion de la grappe, montrant les bractées et l'articulation des pédicelles.
Fleur måle après la chute des pétales.

Fleur måle, les pétales et les étamines enlevés.

Dedea minor (individu femelle).

Rameau fructifère.

Fleur femelle.

Diagramme floral femelle.

Fleur femelle, coupe longitudinale.

· Pétale, détaché suivant sa large base.

Coupe transversale du pétale dont les bords sont révolutés.

Ovule.

Fruit déhiscent.

Graine.

Graine, coupe longitudinale.

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