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ments du cœur. Dans une de mes expériences, ce ralentissement fut de près de la moitié, de 120 pulsations par minute à 74.

5° L'action de la digitaline est encore obscure (injection de 5 milligrammes). Après un certain temps variable, le tracé perd de sa régularité et indique un ralentissement notable, mais qui n'est pas suivi d'accélération. Le cœur s'arrête enfin en systole et on ne parvient plus à y réveiller de mouvements.

Un certain nombre de substances appliquées directement sur le cœur ont donné des résultats également curieux :

L'acide acétique étendu excite les mouvements cardiaques, les réveille s'ils ont cessé et les fait même persister pendant plusieurs heures chez les crustacés dont le cœur à nu se serait arrêté depuis longtemps dans les conditions ordinaires (Crabe).

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L'acide citrique (solution à ) semble aussi exciter les contractions du cœur (Écrevisse).

La glycérine pure, loin de déterminer l'arrêt du cœur, ne modifie pas ses mouvements; ceux-ci persistent assez longtemps sous son action (Écrevisse).

Quant à la vératrine, une solution excessivement faible détermine l'arrêt du cœur, soit en systole, soit en diastole; malgré cela, l'animal mis en liberté, marche, pince et conserve de l'activité pendant plus d'une heure. Une solution plus faible encore augmente simplement l'amplitude des pulsations pendant quelques secondes.

Cette courte notice suffit, je pense, pour montrer tout l'intérêt que présentent des recherches de ce genre. J'espère par des expériences suivies, élucider plus complétement qu'on ne l'avait fait jusqu'à présent le fonctionnement et l'innervation de l'organe central de la circulation chez les animaux articulés. Ce sera le sujet d'un travail étendu, accompagné de figures et de planches reproduisant tous les tracés caractéristiques.

DISCUSSION.

M. JOUSSET DE BELLESME demande à M. Plateau si les écrevisses qui ont servi à cette expérience étaient ouvertes sous l'eau ou dans l'air.

M. PLATEAU répond qu'on ne peut observer le cœur des écrevisses sans ouvrir le sinus péricardique; et qu'alors le sang, se mêlant à l'eau si les écrevisses sont ouvertes sous l'eau, la coagulation de ce liquide devient un obstacle aux expériences. Il a donc ouvert les écrevisses à l'air. Il ajoute qu'ayant injecté de l'huile dans les cavités branchiales de ces animaux, ceux-ci ont résisté à l'asphyxie résultant de l'imbibition des branchies par l'huile, et que les mouvements du cœur n'étaient pas sensiblement modifiés.

M. JOLY rappelle qu'il est très-difficile de conserver des écrevisses vivantes dans l'eau; et qu'il n'a pu y réussir qu'à la condition que l'air se renouvelle très-rapidement dans l'eau.

M. PLATEAU dit que pour conserver les écrevisses en vie, il ne faut pas les conserver dans l'eau; mais dans des paniers à claire-voie, que l'on a soin de maintenir humides.

M. POUCHET signale ce fait, qu'à Concarneau, pour expédier des langoustes et des homards en pleine vie, on les entasse dans des paniers contenant des goëmons. La vie de ces animaux se maintient d'autant mieux que la compression est plus forte.

M. MAC LACHLAN rappelle que les homards de Norwège ne sont point expédiés en Angleterre dans de l'eau, mais seulement dans de l'air humide.

M. DE QUATREFAGES rappelle que lorsqu'il faisait ses études sur l'Eunice sanguine, ces animaux périssaient dans l'eau, mais se conservaient dans l'air humide seulement la partie postérieure se gangrénait ou se détachait de l'animal; mais la tête et les vingt-cinq ou trente premiers anneaux restaient vivants.

M. JOUSSET DE BELLESME signale comme un fait très-général la moindre nécessité de l'oxygène pour les animaux articulés.

M. JOLY pense que ce fait tient à ce que l'appareil respiratoire des insectes peut emmagasiner de grandes quantités d'air. Il cite à ce propos les larves d'œestrides qui vivent dans l'intestin du cheval.

M. KUNCKEL demande comment se fait la respiration des larves des hyménoptères parasites. M. JOLY répond que la question n'est point résolue; mais qu'il y a peut-être des faits de greffe, comme ceux qui ont été signalés par Léon Dufour.

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(1) Voir Thèse de doctorat, Fac. des Sc. de Paris, 1878, et Revue scientifique, 1er février 1879.

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M. JOUSSET DE BELLESME combat d'une façon victorieuse l'ancienne opinion qui considère le cocon des insectes comme protégeant la nymphe contre le froid. Il montre que l'existence de cet organe peut, dans des exemples nombreux (vers à soie de l'ailante, etc.) être considérée comme un fait de mimetisme; jamais, en tout cas, le cocon n'entoure l'insecte d'aucune protection relativement à la température, puisque, même au cœur de l'hiver, l'air confiné à l'intérieur se trouve exactement à la même température que l'air ambiant. Mais si la nymphe résiste à la congélation, elle le fait en vertu d'un dégagement de chaleur continu et considérable. Comment se fait cette production de chaleur, et aux dépens de quoi? c'est une question que M. Jousset de Bellesme se propose d'étudier dans un prochain travail.

DISCUSSION.

M. JOLY a observé que les insectes résistent bien à de basses températures. Ainsi M. Joly n'a pu tuer la chenille processionnaire du pin, Lasiocampa pini, en la soumettant pendant environ une demi-heure à une température de-18° c.; la chenille est revenue à la vie et a subi ses métamorphoses. M. Joly ajoute encore d'autres considérations sur la coloration du cocon, qui serait due, non pas à une cause purement physiologique, mais à certaines matières colorantes déposées sur les feuilles. La chenille, en se traînant sur ces feuilles, se salit de ces matières colorantes et les dépose à son tour sur la soie à mesure qu'elle file son cocon. Un ver à soic avait filé un cocon dont la couleur était bleue, parce que les feuilles qui l'avaient nourri étaient saupoudrées d'indigo. Une allumette tombée sur le cocon le brûle en partie, mais sans blesser l'animal; celui-ci refile alors un reste de cocon qui, cette fois, est blanc.

M. MAC LACHLAN ajoute que, d'après des observations faites pendant l'expédition anglaise, les insectes se trouvent jusqu'à 83o de latitude.

M. LE Dr PIN rappelle que pour « étouffer les cocons des vers à soie, on se sert ordinairement de la vapeur. M. Pin a essayé d'arriver au même résultat avec l'acide carbonique et l'oxyde de carbone; mais les chrysalides ont résisté. Il a pu au contraire les tuer avec l'acide sulfhydrique et l'ammoniaque; mais ces gaz détérioraient la soie au point de lui enlever toute valeur commerciale. M. Pin n'a pu non plus tuer des chrysalides avec ou sans cocon, qu'il plaçait sous la machine pneumatique.

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Harvey avait observé que, lorsque l'on ouvre un œuf après trois jours d'incubation, les battements du cœur, d'abord très-fréquents, se ralentissent, puis s'arrêtent; mais qu'ils reparaissent après un certain temps d'arrêt, quand on touche cet organe avec de l'eau tiède ayant à peu près la température de la poule couveuse, ou même simplement avec le doigt. Il avait observé également que cette réapparition des battements du cœur peut se produire à diverses reprises (1).

Cette propriété si remarquable du cœur de l'embryon fut constatée de nouveau par les physiologistes qui étudièrent, après Harvey, l'évolution du poulet: Langly, Stenon, Maître Jean, Haller et Spallanzani. Ils constatèrent même quelque chose de plus; c'est que cette propriété n'existe pas seulement au quatrième jour de l'évolution du poulet; mais qu'elle peut encore se manifester à une époque beaucoup plus avancée de l'incubation, aux dixième et onzième jours. On lit si peu les auteurs anciens que la constatation de ce fait a été récemment signalée comme une découverte nouvelle, par l'auteur d'un traité d'embryogénie publié en Allemagne.

J'ai souvent répété cette expérience d'Harvey dans le cours de mes études sur la production artificielle des monstruosités; et j'ai montré cette propriété du cœur aux personnes qui suivaient mes recherches. Elle est surtout remarquable au quatrième jour de l'évolution; parce que l'on peut alors enlever complètement le blastoderme sans léser l'embryon, et l'observer très-facilement à la loupe ou au microscope. A cette époque la paroi thoracique fait complétement défaut; le cœur se voit à nu en avant de la région cervicale, dans cet espace que Wolff appelait fosse cardiaque. Il résulte d'ailleurs du fait de l'individualité

(1) Ovo aeri frigidiori exposito punctum saliens rarius pulsat, et languidius agitatur: admoto, autem digito calente, aut alio blando fotu, vires statim vigoremque recuperat. Quinetiam postquam punctum hoc statim elanguit, et sanguine plenum a motu omni cessans, nullumque vitæ specimen exhibens, morti penitus suecubuisce visum est; imposito digito meo tepente, spatio viginti arteriæ meæ pulsuum, ecce cerculum denuo reviviscit, erigitur; et tanquam postliminio ab oro redux, pristinam choream redintegravit. Idque alio quolibet leni calore, ignis nempe aut aquæ repidæ, iterum iterumque a me, atque aliis factitatum est; ut, pro libito, misellam animam vel morti tradere vel in lucem revocare in nostra potestate fuerit. (Harvey. Exercitationes de generatione animalium. Exerc. 16).

du germe, fait souvent signalé par les embryogénistes, mais sur lequel j'ai particulièrement insisté dans mon ouvrage sur la tératogénie, que l'état du cœur n'est pas le même chez tous les embryons de cet âge parce qu'il y a toujours des embryons dont l'évolution est plus rapide, d'autres dont elle est plus lente. J'ai constaté, par exemple, dans ces embryons trois états qui correspondent à trois phases successives de l'évolution du cœur. Dans les uns, c'étaient les moins avancés, le cœur n'était encore constitué que par un canal en forme d'anse, dans lequel la région auriculaire occupait la région inférieure. Dans d'autres, la région auriculaire s'était déjà relevée en partie, et était venue se placer derrière la région ventriculaire, l'embryon étant vu par sa face dorsale. Dans d'autres enfin, la région auriculaire s'était complétement relevée, et s'était placée au-dessus du ventricule, immédiatement au-dessous du bulbe, position qu'elle doit définitivement garder.

A une époque plus reculée de l'évolution, l'arrêt et la reprise des battements du coeur sont beaucoup plus difficiles à observer; parce qu'alors le cœur est contenu dans la paroi thoracique, et que cette paroi, transparente d'abord, ne tarde pas à devenir opaque. On ne peut alors constater ces faits qu'en ouvrant la paroi thoracique, et qu'en provoquant, par conséquent, des lésions plus ou moins considérables qui ne peuvent pas ne pas modifier les résultats des expériences.

Dans toutes ces expériences, les expérimentateurs avaient cherché à faire reparaître les battements du cœur, très-peu de temps seulement après leur cessation. J'ai été conduit à me demander, pendant combien de temps, le cœur, ayant cessé de battre sous l'influence du refroidissement, pouvait recommencer à battre sous l'influence de la chaleur. Les expériences que j'ai faites pour répondre à cette question m'ont condui à des résultats entièrement inattendus.

Mais ici se présentent de nouvelles difficultés. Pouvait-on conserver vivants des blastodermes retirés de l'oeuf? Assurément non; il fallai agir sur l'œuf lui-même sans l'ouvrir, et le refroidir en le retirant de la couveuse.

Que se passe-t-il alors? Toutes mes expériences m'ont appris que les phénomènes embryogéniques, c'est-à-dire ceux qui se rattachent à l'évolution, s'arrêtent au moment même où l'œuf est retiré de la couveuse, où il cesse par conséquent d'être soumis à l'action d'une température suffisamment élevée. Je n'ai pas cherché à déterminer la température minima à laquelle l'embryon pouvait continuer à se développer; mais je suis certain, d'après des observations antérieures, qu'elle doit être au moins supérieure à 28°, température que l'air n'atteint que très-exceptionnellement dans nos climats. Mais si les phénomènes embryogéniques sont complétement arrêtés par le refroidissement, en est-il de même

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