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tre part, on soumet à un examen attentif les terminaisons qui vont aux poils rudimentaires, on constate que le filament traverse le petit cylindre et vient saillir au dehors sous la forme d'une pointe arrondie, très-délicate et très-déliée. Il est probable que M. Jobert a justement examiné ces terminaisons, croyant avoir affaire à des filaments brisés. Quant à la nature du filament, je dois partager l'opinion du docteur Jobert et le considérer comme une partie chitineuse; sur des préparations faites alors que les pigments ne sont pas développés, j'ai pu constater que le filament se rendait au renflement ganglionnaire, mais n'émanait nullement du filet nerveux, je ne partage donc en aucune façon l'opinion de M. Landois et je ne puis le considérer comme un cylindre axe.

En résumé, il y a dans l'extrémité de la trompe des Diptères (Muscides, Syrphides) deux sortes de terminaisons nerveuses les unes en rapport avec des poils très-développés; les autres en relation avec des poils rudimentaires de forme spéciale. Je considérerai les premières comme des terminaisons tactiles, il n'y a pas de doute possible. Je regarderai les secondes, à cause de leur situation à la face inférieure de la trompe, de leur structure particulière, comme des terminaisons gustatives (1).

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M. SABATIER communique quelques remarques sur la théorie générale de la vertèbre. Pour lui cette théorie est loin d'avoir une valeur réelle. Il nie l'existence du type vertébral, et pense que la vertebre n'est autre chose que la solidification d'un axe intermusculaire de tissu conjonctif dont les appendices sont contingents et dépendent du développement et de la disposition du système musculaire. En laissant de côté le crâne, dont la composition vertébrale est insoutenable en présence des données de l'embryologie, M. Sabatier fait remarquer pour le reste de la colonne vertébrale :

(1) Pour plus de détails, voyez Recherches sur l'organisation et le développement des Volucelles. Partie II (actuellement sous presse).

1° Que les points d'ossification sont extrêmement variables d'un moment à l'autre comme nombre et disposition;

2o Que les parties typiques de la vertèbre font souvent défaut, comme par exemple le centrum, qui n'est parfois qu'une dépendance des neurapophyses; 3o Que les parties de la vertèbre sont tantôt autogènes, tantôt hétérogènes; 4° Que les côtes caudales ou arcs hémaux de la queue des poissons changent tout à fait de signification, suivant qu'il s'agit des poissons osseux, chez lesquels ils sont formés par les paraphyses, ou des poissons cartilagineux, chez lesquels ils correspondent aux vraies côtes;

5o Que les apophyses latérales du corps de la vertèbre se multiplient quand le système musculaire se complique. C'est ainsi que les quatre apophyses latérales des vertèbres lombaires du chien et des grands carnivores proviennent de l'épanouissement d'un tubercule unique des vertèbres dorsales, parce que les muscles sacro-lombaires (ou grand dorsal et transversaire épineux) acquièrent au niveau des lombes une grande complication et multiplient leurs tendons.

De là, M. Sabatier croit pouvoir conclure que le type vertébral, composé d'éléments nécessaires, n'existe réellement pas, et que les éléments apophysaires de la vertèbre sont produits par la composition du système musculaire. Le système osseux est sous la dépendance et sous la direction du système musculaire.

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M. BEAUREGARD présente des préparations transparentes de choroïdes d'oiseaux injectées. Dans la circulation de la choroïde chez ces vertébrés, on ne trouve qu'une seule artère irienne, qui, se bifurquant au voisinage de l'iris, y forme, au moyen de ses deux branches, le grand cercle de l'iris. La deuxième branche irienne, au moins chez la Pintade, naît, par un tronc qui lui est commun avec la première, de l'artère ophthalmique; mais elle ne va pas à l'iris; c'est elle qui, pénétrant dans le peigne, y forme le riche réseau vasculaire qui distingue cet organe.

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Les meilleures recherches et découvertes sur le sommeil hibernal sont celles qui ont été faites, il y a de cela une cinquantaine d'années, par un Français, M. Saissy. Depuis lors, les découvertes sur le sommeil hibernal n'ont fait aucun progrès sensible.

Je m'occupe depuis longtemps spécialement du sommeil hibernal. J'ai fait de nombreuses observations sur les animaux suivants : Spermophilus citillus de la Silésie; le S. guttatus du midi de la Russie; le S. brevi cauda du Volga; le Hamster (Ericetus frumentarius), capturé en Alsace, en Saxe, en Prusse et dans le midi de la Russie; le Myoxus drias et le Myoxus glys provenant des forêts du midi de la Russie; la marmotte des steppes, Arctomys bobac, habitant les steppes des Cosaques du Don, et enfin, les Hérissons de Silésie, d'Autriche, de la Prusse et du midi de la Russie et d'Astrakan.

Les résultats de mes recherches sur le sommeil hibernal ont été communiqués et démontrés par moi dans plusieurs sociétés scientifiques de l'Allemagne. Je citerai celles de Breslau, de Wurtzbourg et de Strasbourg, où j'ai eu pour auditeurs les savants les plus éminents, parmi lesquels Kolliker, Schimper, Oscar Schmidt, Fick, Heidenhain, Waldeyer, Kindt, Fraube, Hoppe, Seiler, Golz, de Bary, Schmiedeberg, et une multitude d'autres dont l'énumération prendrait peut-être une page entière.

Quelques-uns de mes résultats, à cause de l'intérêt qu'ils présentent, sont cités dans différents ouvrages scientifiques, rien qu'à la suite de mes démonstrations et de mes communications verbales (voir la Chimie physiologique de Hoppe-Seiler.)

Ce n'est pas sans peine que j'ai pu me procurer le matériel nécessaire à mes expériences; il m'a fallu aller le chercher moi-même dans les contrées lointaines, jusque sur les bords de la mer Caspienne.

Ce n'est pas sans peine encore que j'ai pu mettre en œuvre ce matériel. L'accueil favorable qu'on a fait aux résultats de mes recherches a compensé, et au delà, le mal que je m'étais donné.

C'est en partie à cause de ces sentiments qu'ayant pris part à l'Association française pour l'avancement des sciences, je crois de mon devoir de vous communiquer quelques faits sur le sommeil hibernal.

Il est impossible de résumer en quelques mots des observations variées qui ont duré plusieurs années. Je veux vous entretenir ici seulement de quelques faits.

A la simple. inspection de quelques os ou de quelques dents d'un animal, on peut reconnaître bien des caractères de celui-ci. Mais, même en ayant sous les yeux un animal avec chair et poil, mort ou vivant, on serait très-embarrassé de dire si tel animal est hibernant ou non,

Pour résoudre le problème on n'avait jusqu'à présent d'autre ressource que de consulter les livres de zoologie, ou d'attendre un hiver et de voir comment se comportait l'animal. Moyens assez imparfaits tous les deux. Comme nous le savons, en effet, dans les livres de zoologie il y a, à ce sujet, des contradictions relativement à quelques animaux (ours, écureuils); et quant à attendre l'hiver, nous savons aussi que les animaux hibernants, quelquefois, comme par caprice, passent tout un hiver sans hiberner.

Aussi, dès le commencement de mes recherches, j'ai dû m'inquiéter d'un moyen pour distinguer un animal hibernant d'un autre qui ne l'est pas. Après de longues réflexions, j'ai essayé comme critérium l'action du froid sur les différents animaux.

Pour faire mieux ressortir les résultats de ces recherches, je vais vous rappeler en quelques mots ce que l'on observe quand on soumet les animaux sang chaud (mais non hibernants) à un refroidissement artificiel.

à

Ces animaux meurent inévitablement dès que leur corps est refroidi à une température au-dessous de 19° C.

Chez ces animaux, les muscles striés (avec leurs nerfs), refroidis jusqu'à +9o C., ne donnent aucun signe d'irritabilité, même excités à l'aide des plus forts courants électriques.

Mais, si l'on réchauffe les muscles et les nerfs refroidis jusqu'au point de leur insensibilité complète à l'électricité, on observe un effet analogue à celui que l'on obtient par le curare. Les muscles striés se contractent par l'application directe des électrodes, et ne donnent aucune contraction quand on place les électrodes sur les nerfs qui dirigent ces muscles.

Si maintenant, par les mêmes procédés, nous refroidissons les animaux à sang chaud (mais hibernants), nous voyons que chez eux le cœur bat à une température beaucoup plus basse (+ environ 4o C.) que chez les animaux non hibernants; de même, les muscles striés des animaux hibernants se contractent, spontanément et par l'électricité, à une température beaucoup plus basse que les animaux non hibernants; l'état des muscles analogue à celui des muscles curarisés ne survient pas chez les hibernants refroidis. De même le tétanos qui survient ordinairement chez les animaux non hibernants (vers la température de 19o C.), ne se montre pas chez les hibernants refroidis.

Enfin les animaux hibernants supportent, et à plusieurs reprises, les plus grands refroidissements de leur corps; ils survivent à un abaissement de leur température jusqu'à + 3o C.; + 2o C.; + 1o C., et même au-dessous de 0o C., jusqu'à — 0o 2 C.

Ce dernier fait, que j'ai démontré au professeur Hoppe-Seiler, au professeur Bawman, et à beaucoup d'autres, dépasse de beaucoup tout ce qu'on avait supposé jusqu'à ce jour sur ce point.

J'appelle votre attention sur ce dernier fait, les expériences de Magendie, Claude Bernard et Walther (de Kieff), ayant démontré que les animaux refroi

dis et abandonnés à eux-mêmes, c'est-à-dire sans qu'on leur vienne en aide par un réchauffement ou autre moyen, ne peuvent pas survivre à un abaissement de température de leur corps au-dessous de 19° C.

Par ces expériences, on voit que les animaux hibernants se comportent, vis-à-vis du refroidissement, autrement que les animaux non hibernants; et que le froid donne, par conséquent, le moyen cherché pour distinguer ces deux groupes d'animaux.

Le sommeil hibernal, comme l'indique sa dénomination même, a été considéré comme lié à la saison d'hiver et au froid.

Cette dernière opinion s'est tellement enracinée dans les esprits que, quoique personne n'ait réussi, jusqu'à présent, à produire artificiellement pendant l'été, au moyen du froid, le sommeil hibernal, bien des savants considèrent pourtant le froid comme la cause essentielle de l'hibernation, et font encore des essais pour la reproduction du sommeil hibernal en été.

Malgré ces tentatives infructueuses pour produire le sommeil hibernal au moyen du froid, on conserve l'opinion que le sommeil hibernal est un acte périodique, coïncidant toujours avec l'hiver, et en quelque sorte lié à cette saison.

J'ai laissé de côté l'exception du Tanrec de Madagascar, qui, suivant des données contredites par d'autres, aurait son sommeil hibernal en été. C'est sur le fait du sommeil hibernal d'été que je veux attirer ici votre attention.

Après un millier d'observations sur différents animaux hibernants, tout confirmait que le sommeil hibernal était vraiment lié à la saison d'hiver.

Mais quel fut mon étonnement quand, après plusieurs années d'observations, je vis un beau jour, au beau milieu de l'été, un Spermophilus guttatus plongé dans le sommeil hibernal, et montrant tous les symtômes caractéristiques nécessaires pour faire admettre cet état; et quand je vis ensuite chez moi les autres Spermophilus tenir leur sommeil hibernal en été tout à fait de la même manière et tout aussi fréquemment qu'ils l'ont fait chez moi en hiver.

Ce fait de sommeil hibernal pendant l'été qui s'est montré seulement après quelques années d'observations, prouve avec quelles réserves il faut parler de cet acte que personne ne connaît, et sur lequel souvent les gens les moins compétents se permettent de raisonner.

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