Page images
PDF
EPUB

veux, le premier qui ait été fait que je sache dans un cas de ce genre: ce sont bien des cheveux normaux de nègre; le défaut de coloration est leur seule particularité, et ils prouvent bien que le pigment est seul en

cause.

DISCUSSION.

M. HAMY rapproche du sujet général de la décoloration de la peau chez les nègres, qui vient d'être abordé, les divers modes de tatouage employés chez eux et revient sur l'albinisme partiel ou vitiligo, et en particulier sur les cas consistant en une simple mêche de cheveux décolorée au milieu de cheveux noirs.

M. TOPINARD se demande, à ce propos, si un vitiligo aussi partiel ne donne pas à croire qu'une décoloration non moins circonscrite puisse se produire dans les yeux seuls et faire que dans une famille exempte de mélange et dont tous les membres ont la peau, les cheveux et les yeux foncés, il naisse inopinément un sujet ayant des yeux bleus, verdâtres, ou tout au moins clairs. Grave sujet de méditation et qui peut donner lieu, comme l'albinisme incomplet de tout à l'heure, à bien des méprises en anthropologie. Les nègres aux yeux clairs, bleus, verts ou marrons, s'expliqueraient ainsi de deux façons.

M. le Dr E.-T. HAMY

Aide-naturaliste au Muséum

RECHERCHES SUR LES EXPLORATIONS ANCIENNES DES ESPAGNOLS DANS L'OCÉANIE (EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

[blocks in formation]

M. HAMY entretient la section de ses recherches sur les explorations anciennes des Espagnols en Océanie. La Nouvelle-Guinée, découverte par Quiros en 1606, était connue du gouvernement de Madrid, qui en dissimula longtemps l'existence. Une carte, publiée par Mortier, à Amsterdam, en 1700, porte cette contrée, dont les localités connues sont désignées par des noms de saints qui correspondent évidemment aux jours où l'expédition de Quiros les découvrit. Récemment, on a retrouvé dans les archives de Simancas le dossier du voyage de Torrès et de Quiros. Torrès quitta la baie de Saint-Philippe et Saint-Jacques aux Nouvelles-Hébrides, arriva le 14 juillet, jour de Saint-Bonaventure, devant une terre inconnue, qu'il baptisa du nom de ce saint. M. Hamy entre dans des détails intéressants sur l'exploration du navigateur espagnol, dont les découvertes ont été vérifiées, en 1873, par le capitaine Moresby. La relation de Torrès était accompagnée de dessins dont M. Hamy présente les fac-simile. Ce sont des indigènes des nouvelles contrées. Dans l'un, on voit les habitants

de la terre de Saint-Bonaventure; ils sont tatoués en losange, leur chevelure est relevée, et ils ont pour armes des lances barbelées. Or, Moresby a retrouvé les mêmes indigènes à la Nouvelle-Guinée. Dans un autre dessin, les indigènes sont représentés pourvus d'arc. Non loin de la baie de l'Orangerie, qui est la baie de San-Lorenzo de Torrès, se trouve le détroit qui porte le nom de ce voyageur. Un dessin contient les figures des indigènes de cette région. L'un tient une lance australienne, l'autre des flèches et un arc, armes propres aux Papous. Or, c'est dans ces parages seulement que l'élément australien se rencontre avec l'élément papou. Il est certain d'ailleurs que Torrès a abordé, en 1606, dans l'archipel appelé aujourd'hui lles du Prince-de-Galles et qui est situé près du cap York. Le dessin représentant des indigènes armés de lances et de targes rectangulaires nous figure les habitants de San-Pedro, qui est la baie du Triton des Hollandais.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

M. HAMY fait une communication sur la population des îles Viti, à propos de trois crânes rapportés de Viti Levon. Ces Mélanésiens sont encore anthropophages et sont purs de tout mélange à l'intérieur. Mais, sur la côte orientale, ils sont mêlés avec les Tougans polynésiens, qui faisaient de continuelles invasions il y a quelques années. Le crâne de Rivoua est papou presque pur. Celui de Levouka est, au contraire, presque entièrement tougan.

DISCUSSION.

M. TOPINARD fait remarquer que les deux crânes apportés par M. Hamy sont tout à fait typiques. Le crâne de Mélanésien rappelle le crâne publié par Huxley comme type de l'extrême dolichocéphalie; or ce crâne, au lieu d'être originaire de la Nouvelle-Zélande, l'est des Nouvelles-Hébrides.

M. HAMY répond que le crâne en question, avant d'avoir été acquis par le Collége des chirurgiens à Londres, où M. Huxley l'a étudié, appartenait à M. Sedgewick, qui le tenait bien pour néo-zélandais. Il y a, du reste, un élément papou bien marqué dans la population de la Nouvelle-Zélande; les traditions recueillies par Gray et Colenso le démontrent. Ce dernier a même découvert, dans le centre de l'ile du Nord, des ruines qui provenaient d'un

peuple antérieur aux Maoris, et les ossements humains trouvés en compagnie des os de Moa sont des ossements de Papous. Parmi les têtes desséchées que préparaient les Néo-Zélandais et rapportées en Europe, il y en a autant à cheveux laineux qu'à cheveux lisses.

M. GIRARD DE RIALLE rappelle, non à M. Hamy, mais à l'assistance, que le fait d'invasions, d'incursions et d'établissement des Tougans aux îles Viti est mentionné par Mariner, par Dumont d'Urville et par les autres voyageurs du commencement de ce siècle.

[blocks in formation]

Le professeur Giacomini communique deux faits qu'il a remarqués en disséquant deux négresses (mère et fille) de provenance abyssinienne, la première âgée de 25 et la seconde de 2 ans. Ce sont des faits qui peuvent présenter un certain intérêt pour l'anatomie comparée des races. humaines.

Le premier fait regarde la présence d'un cartilage dans la troisième paupière ou plica semilunaris. En étudiant le globe oculaire et princi-palement la manière dont agissent les muscles droits, le professeur a découvert, dans l'épaisseur du pli semilunaire, un petit cartilage quadrilatère sous la forme d'une lamelle très-mince de la longueur de 5 à 7 millimètres et d'un millimètre d'épaisseur. Ce cartilage fut aperçu dans les quatre yeux sous des rapports identiques.

Ayant fait des coupes microscopiques, il a pu s'assurer du siége et de la nature du cartilage. Celui-ci, bien qu'il soit très-peu prononcé, se trouve à la base du pli semilunaire. Par son extrémité postérieure, il se met en rapport avec une expansion fibreuse du muscle droit interne.

L'examen microscopique a encore démontré que ce cartilage est circonscrit, dans ses parties environnantes, par une capsule fibreuse, et que tout autour on découvre une grande quantité de vaisseaux sanguins qui sont dirigés d'arrière en avant; que la substance fondamentale n'est pas précisément hyaline; mais qu'elle se présente avec un grossissement plus fort et de nature fibrilaire; en cela ce cartilage pourrait faire partie des cartilages fibreux,

L'auteur présente deux préparations microscopiques du pli semilu– naire gauche de la mère dans lesquelles le cartilage est vu en section transversale et deux du pli droit de la fille en section verticale. L'examen des préparations fait connaître d'autres particularités qui, par brièveté, sont seulement mentionnées ici.

Malgré que les deux maures sur lesquelles on observa ces cartilages fussent entre elles liées par les liens les plus étroits de parenté, et qu'on puisse supposer un tel phénomène transmis par la mère d'une manière héréditaire, un tel fait cependant ne peut qu'appeler l'attention des anatomistes et des anthropologistes, afin de voir si cela se reproduit sur d'autres individus de races autres que la race blanche, ce qui consti tuerait dans ce cas un caractère digne d'être sérieusement étudié.

Le professeur Giacomini est porté à accorder une certaine importance à la présence d'un cartilage dans le pli semilunaire de l'homme, à cause des faits suivants qui ont été sérieusement examinés.

On lit dans tous les traités d'anatomie comparée que le plis semilunaire des singes est établi de la même manière que celui de l'homme, c'est-à-dire qu'il est formé d'un replis de la conjonctive plus ou moins prononcé au milieu de laquelle se trouve un tissu conjonctif compact. L'auteur a voulu s'assurer de la vérité de cette assertion en examinant les yeux de tous les singes qu'il a pu avoir à sa disposition, et il est arrivé ainsi enfin à un résultat inattendu. Il a trouvé dans tous les plis semilunaires des singes, qui firent l'objet de son étude, la présence d'un petit cartilage, et dans quelques espèces il n'a pu le découvrir que microscopiquement, cartilage qui, par sa position, par ses rapports et par sa conformation rappelle précisément celui déjà décrit chez les deux maures. Pour éviter une longue description qui serait pour le moment hors de saison, l'auteur présente deux préparations microscopiques du pli semilunaire d'un orang, deux autres du pli d'un jeune cercopithecus, et finalement deux autres préparations pour un cynocéphalus nouveau-né. Dans toutes ces préparations, le pli se présente en section transversale.

En les examinant, on comprend facilement la raison pour laquelle cette disposition a échappé à l'observation des anatomistes; cela dépend de la petitesse du cartilage qui, dans le cynocéphalus, dépasse à peine la longueur d'un millimètre, et qu'on n'a point trouvé ce cartilage d'une manière précise dans l'épaisseur du pli, mais plutôt vers sa base.

Si on continue l'examen on constate d'autres particularités parmi lesquelles une mérite d'être mentionnée, savoir que l'extrémité postérieure de notre cartilage se trouve en rapport (comme on a déjà vu pour le cartilage des deux femmes maures) avec une expansion fibreuse du muscle droit interne. On peut dire de plus que dans les préparations de

l'orang, on voit distinctement des fibres musculaires striées qui, ayant leur origine en arrière du muscle droit interne, vont, pour la plus grande partie, en avant, vers l'extérieur du cartilage du pli semilunaire ; les autres en plus petit nombre à sa partie interne pour se terminer dans le derme de la conjonctive en correspondance avec la base du pli semilunaire.

Une autre particularité digne d'être prise en considération, c'est qu'à l'extrémité antérieure du cartilage en question, on trouve une glande en grappe qui va verser sa sécrétion sur la conjonctive à la partie interne du pli semilunaire.

On remarque ce fait seulement dans les préparations du cercopithécus et du cynocéphalus et non dans celles de l'orang.

La position et les rapports que présentent cette glande en rappelle une autre, celle de Harder, que l'on aperçoit si développée chez certains mammifères, et qui se trouve en rapport assez intime avec le cartilage du pli, qui chez ces animaux, acquiert un grand développement. (Chien, lapin, boeuf, cheval, etc.)

Vu la constance de la conformité de rapports avec laquelle ce cartilage se présente chez les singes, l'auteur a tourné son attention sur le pli semilunaire de l'homme blanc, espérant voir se reproduire une semblable disposition. Il a examiné attentivement 320 yeux appartenant à 160 individus et dans un seul de ces individus il a pu apercevoir la présence de ce cartilage dans le pli semilunaire des deux yeux. L'individu était né en Piémont mais après toutes recherches faites on n'a pas pu connaître l'origine de sa ligne ascendante. Le cartilage du pli chez cette personne se présentait avec les mêmes caractères que celui des deux femmes maures. Les membres du congrès pourront l'observer dans deux préparations microscopiques qui représentent toute la conjonctive de l'angle interne de l'oeil en section transversale.

Afin que les membres du congrès puissent avoir un point de comparaison l'auteur leur présente aussi deux autres préparations microscopiques d'un pli semilunaire assez développé, dont la constitution est celle qu'on trouve chez la plus grande partie des individus de notre race. Il se limite à la simple énumération des préparations qu'il a l'honneur de présenter au congrès laissant les membres apprécier l'importance que peuvent avoir ces particularités pour l'anthropologie.

Le second fait sur lequel le professeur Giacomini appelle l'attention au congrès, c'est la présence des ovules en progrès de développement et complétement mûrs dans l'ovaire de la petite fille maure âgée de deux ans seulement. Généralement on admet que la couche ovigène de l'ovaire reste inerte depuis la naissance jusqu'à la puberté, de manière que les ovisacs conservent à peu près le même volume et qu'il n'existe

« PreviousContinue »