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L'opération a été faite un certain nombre de fois sur des sujets ouverts, ce qui a permis de suivre de l'oeil chacune de ses phases dans les moindres détails. Sur des sujets entiers, l'autopsie a été faite et l'examen attentif nous a démontré que la cavité péritonéale était restée parfaitement close.

Quel serait le résultat de cette opération sur le vif? Car ce n'est encore qu'une opération d'amphithéâtre. Au point de vue du traumatisme, elle me semble offrir des chances, sinon meilleures, au moins égales à celles de l'ovariotomie et de l'hystérotomie exécutées par la gastrotomie, puisque le péritoine y est infiniment plus ménagé. Au point de vue des probabilités de récidive, Lebert a trouvé que, sur 45 cas de cancer de la matrice, un tiers des sujets présentaient des tumeurs cancéreuses dans d'autres organes.

Dans les quinze cas, le vagin était envahi; huit fois le cancer était multiple, occupant au-delà de deux ou trois organes.

En prenant cette statistique comme point de départ, les pires chances qu'ont ait à courir seraient donc une récidive par continuation sur trois opérations.

Si nous considérons d'autre part les chances de vie d'une femme atteinte de cancer utérin, je trouve dans le même auteur que sur 30 cas la mort est survenue :

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Si l'on veut bien considérer, d'une part les chances de mort à courte échéance que présente la maladie abandonnée à sa marche naturelle; et d'autre part, les chances de succès que peut offrir l'opération que je viens de décrire à la condition expresse de n'opérer que dans les cas où le cancer est purement local- je considère que, dans l'espèce, il suffit de démontrer que le mal est accessible aux moyens chirurgicaux, non-seulement pour justifier l'opération, mais pour en établir la nécessité, pour en faire un devoir.

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Il s'est toujours élevé beaucoup de confusion de ce que l'on ne pouvait parfaitement distinguer les causes, surtout les progrès incidentaux, de l'état de mortification et, en conséquence, de l'usage vague des termes employés.

Gangrène et sphacèles sont des termes communément employés pour exprimer la mort partielle ou entière d'une partie, procédant de n'importe quelle cause; mais l'inflammation qui se termine en gangrène, et ce qui arrête et fait naître un sphacèle, quoique formant une part essentielle de la mortification, sont choses si complétement opposées, que nous ne pouvons employer les mêmes termes pour les exprimer, dans un sens spécifique ou général.

La gangrène ne peut dépendre d'une inflammation qui ne soit pas précédée par elle-même; cette inflammation, au contraire, de laquelle elle est la crise, est une inflammation gangréneuse. Ce dernier terme ne s'applique donc pas, comme condition première, aux cas de gangrène qui dépendent de l'étranglement ou d'un arrêt de circulation par un changement dans la structure et adaptation des parties, ni aux exemples de décomposition provenant de l'action de la chaleur ou du froid, ou des agents chimiques.

L'inflammation gangréneuse peut subir une révolution et passer sans produire la gangrène, ou sans produire aucune espèce de désorganisation. Je l'ai vue se produire par la piqûre d'une épingle, la morsure d'un insecte et d'une sangsue. Une légère abrasion sur la surface de la jambe a été souvent le premier pas vers une mortification fatale; dans ce cas elle peut être proprement regardée comme une inflammation gangréneuse produite par usure, prenant la place d'une inflammation adhésive, suppurative ou ulcérative, et on peut ajouter à toutes celles établies avant, et spécialement à l'inflammation précédemment décrite, les érysipèles, qui alors prennent le nom d'érysipèles gangréneux; mais à cette condition, que procédant de quelque cause ou ne procédant pas d'une cause visible, le terme gangrène, strictement parlant, est inapplicable.

Lorsque la gangrène ou la mort d'une partie est l'effet d'un arrêt

de circulation dépendant de causes mécaniques ou chimiques, l'inflammation des parties qui l'entoure est une conséquence, non une cause de destruction; et si l'origine et la nature de cette inflammation sont conservatives, leurs tendances étant de circonscrire et de rejeter (faire sortir) la gangrène, le cas d'une origine mécanique ou chimique mérite d'être regardé d'une manière tout à fait opposée à celle d'inflammation gangréneuse. Les pathologistes ont néanmoins mélangé ces différents cas si opposés; quelques-uns maintenant que l'inflammation est préliminaire, dans tous les cas indispensable à la mortification; pendant que d'autres ont considéré la mortification comme la cessation de toute action, et jamais comme le résultat de l'inflammation; ainsi confondant la désorganisation critique d'une action excessive avec celle d'une circulation arrêtée, ou en d'autres mots, le phénomène physique avec le physiologique.

Il suffit seulement de comparer l'état et la constitution des parties pour être assuré de l'entière différence des deux cas. Ainsi dans la gangrène sèche provenant de la congélation des pieds, cas vu fréquemment dans les hôpitaux, comme dans les coutures produites par les substances caustiques, ou par étranglement, la ligne de démarcation est annoncée par le dépôt de matière adhésive; alors l'action ulcérative commençant sur plusieurs points et procédant le long de cette ligne, accomplit graduellement la séparation; pendant que dans le même moment la construction des granulations sortant de la matière adhésive, avance l'état final de réparation (la fabrication d'une nouvelle surface). Dans le même moment la santé est très-peu endommagée, le système étant capable de prendre et d'appliquer le support que le cas demande.

Les cas d'inflammation gangréneuse que l'on rencontre le plus communément sont ceux dans lesquels les phlyctènes et les pièces sans couleur précèdent la mort actuelle d'une portion des parties molles; celles-ci donnent plus d'espérance en proportion comme le premier état est apparent, et admet, comme dans les cas de (over repletion and starvation) d'un système graduel de correction des erreurs.

Si la marche de la gangrène est arrêtée, et si un bon système de suppuration est établi avec l'aide des stimulants locaux qui sont applicables, ces cas vont généralement bien, s'ils apparaissent sur une surface saine jusque-là; mais il n'en est pas ainsi dans le cas d'ulcères, ou d'une surface déjà malade. L'accession d'érysipèles prenant un caractère gangréneux est alors un empêchement sérieux à leur guérison. Un autre est la mort continuellement arrivant des granulations nouvellement formées par des coutures alternant. C'est d'une de ces manières que nous voyons des membres entiers affectés par une chose qui semblait insignifiante au commencement, dans le système appauvri des personnes qui font des excès de table.

La douleur attendant la marque gangréneuse, sèche sur les doigts de pieds ou mains et s'étendant au restant, occasionne quelquefois les plus grandes souffrances, et peut rarement être apaisée par une dose d'opium. J'ai plusieurs fois observé ceci, lorsque la santé n'était pas autrement affectée, le système bien nourri en apparence, la personne robuste, et la désorganisation procédant très-doucement, était, pour un temps assez long, limitée à un ou deux doigts de pieds ou moins. Je crois cette maladie, quoique paraissant locale, dépendant d'une sanguification ou circulation imparfaite due à des causes physiques. Elle détruit par une irritation et exhaustion continuelle du système.

M. le D E. CLÉMENT

Médecin des hôpitaux de Lyon.

APPAREIL DE RÉFRIGÉRATION POUR LE TRAITEMENT DE LA FIÈVRE TYPHOIDE.

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Je ne prétends point entrer dans la discussion générale sur la valeur de la méthode réfrigérante appliquée aux maladies fébriles, spécialement à la fièvre typhoïde, et par méthode réfrigérante, j'entends celle où l'on emploie les bains froids, la seule efficace.

Le public médical français reste encore hésitant en présence des opinions contradictoires formulées de différents côtés. Ces divergences dans les appréciations et dans les résultats tiennent, j'en suis convaincu, à l'inobservation rigoureuse des préceptes posés par Jungersen, Liebermeister et surtout par Brand. Chacun applique la méthode à sa guise, lui apportant telle modification qu'il croit utile et propre à en tempérer la sévérité. On oublie ainsi que ces préceptes ont été établis à la suite d'innombrables expériences et d'inévitables tâtonnements. Au lieu de s'en tenir aux règles posées par ceux qui ont déjà traversé cette première phase d'expérimentation clinique, on recommence des essais qu'eux mêmes ont reconnus mauvais ou insuffisants, puis on s'étonne de ne pas arriver aux mêmes résultats.

L'emploi de l'appareil que je propose ne change rien à la méthode de Brand; il a simplement pour but de remplacer le bain froid par quelque chose de plus commode, d'aussi efficace et de moins pénible pour le malade.

Le problème consistait à refroidir le malade sans le déplacer et sans le mouiller. Il est évident qu'en entourant le corps tout entier avec un sac de caoutchouc à double paroi, contenant de l'eau, on produirait une réfrigération identique à celle obtenue en plongeant le corps dans une masse d'eau d'égal volume et de même température. Mais ce scaphandre de caoutchouc, analogue à celui du capitaine Boyton, eût été trop dispendieux et trop difficile à appliquer pour être accepté dans la pratique. La théorie, heureusement, permet d'admettre qu'une masse d'eau moindre, renouvelable à volonté, en contact avec une étendue plus limitée de la surface cutanée, produira une réfrigération égale à celle d'un bain entier, mais dans un temps plus long. Et même, si tous les éléments de ce problème de calorimétrie étaient connus, ou aurait pu établir. d'avance les dimensions de l'appareil réfrigérant; or nous ne connaissons ni la chaleur spécifique du corps humain, ni la quantité de calories fournies dans un temps donné, soit à l'état physiologique, soit dans le cours de la fièvre. Il fallait donc procéder par tâtonnement et déterminer par l'expérimentation sur quelle étendue il suffisait d'appliquer un appareil réfrigérant contenant de l'eau, pour obtenir un abaissement de la température centrale, équivalent à celui produit par un bain entier, et dans un temps relativement court.

L'expérience semble démontrer que la ceinture que je vais décrire réalise cette condition; mais si la pratique ultérieure faisait reconnaitre son insuffisance, rien ne serait plus facile que d'augmenter ses dimensions et par suite la surface de réfrigération.

Description de l'appareil. Il se compose d'une ceinture à double paroi, en caoutchouc vulcanisé, qui doit être assez longue pour envelopper complétement le tronc et assez large pour couvrir la partie inférieure du thorax, l'abdomen, et pour descendre au-devant des cuisses jusqu'au niveau où les vaisseaux fémoraux sont superficiels. En arrière elle doit recouvrir toute la région fessière; cette dernière condition a le double avantage d'augmenter la surface de réfrigération et de diminuer les chances d'escharres au sacrum, en faisant disparaitre l'injection de la peau, sans ramollir l'épiderme. Les extrémités de la ceinture sont ramenées au devant de l'abdomen, et maintenues affrontées à l'aide de courroies. Quatre tubes de caoutchouc font communiquer la cavité de la ceinture avec l'extérieur. Deux sont placés au bord supérieur et adaptés comme des siphons à un baquet posé au-dessus du plan du lit, ils conduisent l'eau dans l'intérieur de la ceinture. Les deux autres insérés au bord inférieur servent à décharger l'appareil. Tous ces tubes sont munis d'un robinet réglant l'apport et la décharge.

En résumé, représentez-vous une vulgaire ceinture de natation, trois ou quatre fois plus large que d'ordinaire.

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