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discussion des causes de l'astigmatisme est de nature à jeter un grand jour sur le mode d'action de l'iridectomie dans le glaucôme.

La théorie actuellement en faveur est celle de la filtration scléroticale. Cette théorie, très-ingénieuse assurément, séduit par sa simplicité et cadre bien avec les données de l'anatomie et de la clinique. Elle se trouve résumée dans ces quelques lignes empruntées au Traité de thérapeutique oculaire de de Wecker. « Ce qui me paraît pour le moment démontré, c'est que le glaucôme résulte d'une entrave apportée à la filtration, que l'opération du glaucôme doit, pour qu'elle soit efficace, être exécutée dans la grande zone de filtration, la voie de Leber, que cette opération rétablit la filtration et assure l'équilibre entre la sécrétion et l'excrétion de l'œil. En outre, il me semble prouvé que l'incision de l'iris ne joue ici aucun rôle; mais ce qui reste encore à découvrir, c'est si le rétablissement de la filtration s'opère au moyen de la section, en facilitant le déversement directement au dehors (cicatrice à filtration), ou dans le courant veineux, ou enfin dans ces deux sens à la fois. »

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Une théorie, pour être bonne, doit non-seulement expliquer les faits connus, mais encore être prête à rendre compte des faits nouveaux.

Mettons celle de de Wecker à l'épreuve et appliquons-la à l'explication de l'astigmatisme. La distension de la cicatrice scléroticale, cédant devant la persistance de l'augmentation de pression, donnera lieu à un refoulement en avant du segment supérieur du méridien vertical de la cornée, et par conséquent à une augmentation du rayon de courbure de ce méri dien. Il en résultera évidemment de l'hypermétropie de ce méridien. La figure 64 rend compte de ce qui se passe. Elle représente le méridien vertical de la cornée agrandi de cinq fois. Il suffit d'y jeter un coup d'œil pour voir que la courbure normale AB de l'ellipse cornéenne, devenant (par le refoulement en avant de la cicatrice Q) la courbure A'B, le rayon OC devient le rayon O'C', plus grand que OC.

Fig. 64.

Quant au méridien horizontal, la figure nous montre également qu'il n'est pas sensiblement modifié et que sa réfraction doit rester ce qu'elle était.

Ainsi, nous trouvons, d'après la théorie de de Wecker, que l'astigmatisme devrait être simple hypermétropique dans le méridien vertical. Or, dans la réalité, nous avons un astigmatisme simple myopique dans le méridien horizontal; susceptible de devenir mixte ou composé myopiqué sous l'influence des variations de la pression intraoculaire, mais

avec permanence d'un excès de réfraction dans le méridien horizontal. Le fait contredit complétement la théorie: aussi je n'hésite pas, malgré mon respect pour son auteur, à rechercher une explication qui rende compte en même temps des faits anciennement connus et des faits nouveaux. D'autant mieux que la théorie de de Wecker, en niant l'utilité de l'iridectomie, tend manifestement à nous ramener aux « ponctions pratiquées à travers la sclérotique » par Desmarres il y a plus de trente ans.

De Wecker, condamnant l'incision irienne, n'envisage que deux éléments 1o la pression; 2o la cicatrice scléroticale. Ne trouvant pas avec ces deux facteurs une explication convenable de l'astigmatisme, j'ai cherché à faire intervenir le troisième facteur, la cicatrice de l'iris, assimilant cette cicatrice à celle de la sclérotique, je pense qu'elle joue, à l'égard des échanges de liquide entre la choroïde et la chambre antérieure, le même rôle que la cicatrice scléroticale doit remplir dans l'excrétion de la chambre antérieure.

Mes deux observations et toutes les observations similaires seront l'expression d'une cicatrice irienne suffisante à faire passer dans la chambre antérieure l'excès de pression du corps vitré; mais elles seront en même temps l'expression d'une cicatrice scléroticale insuffisante à assurer le versement du trop plein accumulé dans la chambre antérieure.

Il est clair que, dans ces conditions, la rétine et le nerf optique pourront être conservés relativement indemnes, tandis que la cornée et la cicatrice scléroticale seront distendues par la pression. La cornée cède surtout au centre, où son minimum d'épaisseur fournit un minimum de résistance. De là, augmentation de courbure, et partant myopie du méridien horizontal.

Dans le méridien vertical, les mêmes causes donneraient les mêmes effets si n'était l'action de la cicatrice scléroticale, qui, comme nous l'avons vu, offre également un minimum de résistance, augmente le rayon de courbure et rend hypermétrope ce méridien: l'hypermétropie et la myopie se compensent à peu près et il ne reste qu'un astigmatisme simple myopique du méridien horizontal. Toutefois, pour le méridien vertical, il y a légère tendance à l'hypermétropie quand la tension augmente, à la myopie quand elle diminue. Enfin, d'une façon générale, le méridien vertical de la cornée tendra vers la myopie ou vers l'hypermétropie selon que la cicatrice scléroticale sera plus ou moins résistante que le centre de la cornée.

On peut donc rendre compte non-seulement de l'astigmatisme, mais encore de ses variations.

Je termine en déduisant une indication thérapeutique qui s'impose si notre nouvelle théorie est bonne.

C'est dans les cas où l'on trouvera l'astigmatisme sans diminution de l'acuité qu'il importera de recourir à la sclérotomie ou aux paracentèses. J'en ai fait l'essai sur un de mes malades; sans être complétement édifié sur leur valeur, je crois à leur utilité et à la possibilité de les multiplier avec avantage tant que l'affection n'étant pas arrêtée, il reste un point de la voie de Leber non transformé en cicatrice à filtration. Alors sculement on a le droit de désarmer devant les formes de glaucôme sur lesquelles je viens d'appeler l'attention dans ce travail.

M. le D' Benjamin MILLIOT

de Nice (Alpes-Maritimes)

DE L'EXTRACTION DES PLAIES DES PROJECTILES EN FER, EN FONTE DE FER ET EN ACIER ET DES MORCEAUX D'ARMES BLANCHES AU MOYEN

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Les communications sont nombreuses, vient de dire notre honorable président, et notre temps est précieux; aussi je renvoie tous ceux de vous que pcut intéresser la partie théorique de ma communication aux Archives générales de médecine, février, 1872 et au « Compte rendu du Congrès périodique international des sciences médicales de Genève 1877. » Je vais droit à la démonstration des faits, et les faits les voici :

Un jeune soldat avait reçu à la région frontale, un peu au-dessus du sourcil droit, un biscayen qui après avoir percé et fracturé l'os coronal, entre. l'arcade sourcilière et la bosse frontale du côté droit, avait pénétré dans l'intérieur du crâne. Ce projectile était placé sur le sommet du lobe antérieur et droit du cerveau, la bosse orbitaire et la crête interne du même os. Malgré la grosseur de ce biscayen il ne paraissait que très peu à l'extérieur et l'ouverture qui le laissait voir n'avait pas plus de 3 à lignes de diamètre; aussi avait-on fait pour l'extraire des essais et des efforts inutiles. Le blessé éprouvait un sentiment de gêne et de pesanteur extrêmement pénible à la tête; et lorsqu'il l'inclinait en arrière il tombait en syncope; il se tenait constam

ment assis, portant la tête sur ses genoux. Le choc d'une sonde sur la portion visible du corps étranger fit reconnaître que c'était une balle de fer.

Quel parti prit Larrey, car c'est lui qui rapporte le fait (V. Mémoires de chirurgie militaire, vol. IV, 1817), en face de cette blessure extraordinaire ? Il agrandit les téguments de la plaie par deux incisions longitudinales, laissa à découvert tout le pourtour de l'ouverture de l'os frontal, appliqua trois petites couronnes de trépan communiquant entre elles et le trou que le biscayen avait fait, coupa les angles osseux qu'elles laissaient et à l'aide d'une forte pince et d'un élévateur il fit l'extraction du biscayen qui pesait sept onces. Le blessé guérit.

Qu'aurait fait aujourd'hui dans un cas semblable l'illustre chirurgien du premier empire? Il aurait pris un électro-aimant et aurait fait l'extraction du projectile sans agrandissement de la plaie, ainsi que vous le voyez dans l'expérience que j'ai l'honneur de faire devant vous sur la tête d'un cadavre et qui est la répétition aussi exacte que possible du cas rapporté par lui.

Inutile d'insister sur l'extraction des fragments des corps paramagnétiques des plaies par armes à feu. J'enfonce, comme vous le voyez, dans l'épaisseur du bras d'un cadavre un éclat d'obus et le retire au moyen des sondes adaptées à mes électro-aimants.

Dans des expériences que je fis en 1872 dans le laboratoire du professeur Gubler, devant le Dr baron Larrey, j'enfonçai dans la poitrine d'un cadavre un bout de bayonnette et l'extrayai facilement. J'extrayai avec la même facilité les bouts de sabre, de couteau, etc.

Règle générale plus les corps paramagnétiques sont volumineux et plus facilement je m'en rends maître; par contre, plus ces corps sont petits et moins les électro-aimants ont d'action sur eux. Exemple: les petits bouts d'aiguille enfoncés récemment et superficiellement dans la main ou ailleurs peuvent être extraits facilement au moyen des électro-aimants; mais étant donné le cas d'une aiguille entière (ou d'un bout d'aiguille tant soit peu long) et enfoncée depuis quelque temps dans les tissus du corps humain, j'avoue ne pas pouvoir en faire l'extraction avec mes appareils électro-magnétiques, par la raison qu'elle est toujours oxydée et plus ou moins rugueuse et que la section de son diamètre est trop petit. Vous avez ici la confirmation d'une loi de la nature souvent méconnue, à savoir que l'infiniment grand est néant en face de l'infiniment petit!

Je termine, messieurs, mes démonstrations en exprimant publiquement ma reconnaissance aux professeurs Gubler et Robin, dans les laboratoires desquels j'ai pu mener à bonne fin mes expériences et entreprendre quelques autres travaux scientifiques dont j'espère vous entretenir dans nos congrès ultérieurs.

M. le D DOR

de Lyon

Professeur honoraire à l'Université de Berne

HYGIÈNE OCULAIRE DES ÉCOLES

- Séance du 28 août 1878 —

M. le Dr DoR donne un résumé de ses recherches sur les affections oculaires au lycée de Lyon. Après avoir indiqué le mode d'examen il présente cinq tableaux sur le nombre et le degré des diverses anomalies de la réfraction aux différents âges. Il en résulte que, pour le lycée de Lyon, la proportion des yeux myopes est de 22,38 0/0 qui se répartissent de la manière suivante: Élèves internes......

32.84 0/0

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Il présente ensuite trois tableaux graphiques permettant de comparer avec les résultats obtenus à Lyon, ceux de Suisse, de Pétersbourg et de New-York. Les premiers varient de 25 à 35 0/0, Lyon vient ensuite avec 22,38, New-York n'en a que 14 0/0. Après diverses considérations sur l'influence de la race, de l'hérédité et de l'école, M. Dor présente les conclusions suivantes :

1° La fréquence de la myopie à Lyon est telle qu'il est urgent de prendre dès à présent toutes les mesures susceptibles de la combattre.

2. Une réforme scolaire est absolument nécessaire. Elle tiendra compte de tous les résultats obtenus dans les quinze dernières années sous le rapport du cubage des salles d'écoles, de leur éclairage, de leur chauffage, de leur ventilation, ainsi que du mobilier scolaire.

DISCUSSION.

M. LECADRE dit que des recherches de ce genre ont déjà été faites au Havre, mais dans des limites plus restreintes, et que les résultats obtenus par M. Dor tendront certainement à leur donner une plus grande extension. Il serait à désirer que le travail de M. Dor fùt connu de tous afin que l'on pùt employer les mêmes moyens que lui et obtenir des résultats comparables.

M. Lecadre croit que la myopie est plus rare relativement chez les jeunes enfants qu'à un âge plus avancé, et que l'emploi du gaz dans les écoles est une cause puissante d'altération des yeux.

M. Do répond qu'il s'est servi pour ses examens de l'ophthalmoscope à réfraction. Il pense que le gaz n'est nuisible pour la vue que s'il est mal employé ; lorsque le bec est éloigné de la tête, qu'on se sert des becs Argant et que la lumière vient de gauche, il n'en résulte rien de nuisible pour les yeux.

M. MEYER pense qu'avant peu des ordres administratifs permettront de pra

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