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les poumons, mais qui est insuffisante puisque cette matité se confond avec celle du foie.

L'autre zone périphérique de matité relative ne donne pas de mesure suffisamment précise.

M. Paul reproche, en outre, à ce procédé, de nécessiter une percussion profonde et quelquefois prolongée de l'organe malade.

Il propose de recourir au moyen suivant :

Il fait observer d'abord que la masse cardiaque forme à sa face antérieure une masse triangulaire à base inférieure presque horizontale.

La face antérieure du cœur (qui est en réalité une pyramide triangulaire) forme une surface triangulaire dont les angles et les bords sont les suivants :

1o Le bord inférieur presque horizontal produit par l'angle que forment la face antérieure et la face diaphragmatique;

2o Le bord droit ou vertical formé par le rebord externe de l'oreillette droite;

3o Le bord gauche oblique formé par le bord extrême du ventricule gauche.

Les trois angles sont les suivants :

En bas et à gauche, la pointe du cœur;

En bas et à droite, l'entrée de la veine cave inférieure dans l'oreillette droite;

L'angle supérieur, l'origine des gros vaisseaux.

Pour déterminer ce triangle, M. Paul conseille de commencer par déterminer le point correspondant à la pointe et cela par la vue, la palpation et l'auscultation.

Ce point étant trouvé, il faut déterminer ses rapports avec des points plus fixes que lui.

Ce point fixe ne peut être le mamelon quoique ce soit le point le plus ordinairement indiqué.

Cependant le mamelon ne peut servir de point de repère chez la femme, et chez l'homme même sa situation varie assez pour qu'on ne puisse l'adopter comme point de repère.

En effet, le mamelon gauche de l'homme peut se retrouver sur la troisième côte, la quatrième, et même dans le cinquième espace intercostal. En largeur, il varie de 5 centimètres dans une étendue qui, comptée à partir de la ligne médiane varie de 8 centimètres et demi à 13 centimètres et demi. Il faut donc désigner, non pas le mamelon, mais l'espace intercostal où bat la pointe, et la distance qui sépare horizontalement la pointe de la ligne médiane du corps comme l'avait fait M. Gendrin.

Le deuxième point à déterminer est le bord supérieur du foie, en dehors

et à droite du cœur, en sachant que cette ligne de matité obtenue par la percussion sera au-dessous de la ligne réelle de 1 à 2 centimètres. Cette ligne obtenue, on la rejoint à la pointe par une ligne légèrement convexe et l'on a ainsi le bord inférieur du cœur.

Pour avoir l'angle droit et inférieur, il faut percuter le poumon dans un sens horizontal pour trouver la matité occupée par l'oreillette. Avec une percussion superficielle, on obtient, non la matité cardiaque, mais un changement de timbre qui indique la limite de l'oreillette. On a ainsi déterminé d'une manière précise le triangle cardiaque.

Cette manière simple de mesurer le triangle cardiaque permet de se rendre compte avec la plus grande facilité des changements dans la grandeur et la position du cœur.

M. Paul cite quelques exemples:

1o Dans l'hypertrophie gauche qui accompagne les lésions mitrales, ce procédé fait reconnaître que la pointe du cœur s'abaisse tandis que l'angle droit correspondant à la veine cave ne bouge pas, si bien que l'angle gauche étant seul abaissé, le bord inférieur devient très-oblique. Quand on rencontre ce fait, on est déjà prévenu de la présence d'une hypertrophie gauche symptomatique, lésion mitrale que l'auscultation fera reconnaître.

Cette obliquité tient précisément à ce que, de tous les ligaments du cœur, la veine cave inférieure est le plus court et le plus fixement attaché. L'insertion de la veine cave au diaphragme est le point d'attache le plus ferme du cœur.

Ce point d'attache permet de comprendre en outre comment le cœur, en s'allongeant, ne se développe que du côté gauche, et chaque centimètre que le cœur gagne en longueur se traduit par un allongement égal de la ligne qui va du plan médian à la pointe du cœur.

Quand l'hypertrophie augmente, on voit donc la pointe d'abord s'abaisser puis s'éloigner de la ligne médiane; puis si le cœur droit vient à se prendre, l'angle droit correspondant à l'oreillette droite baisse à son tour, si bien que dans les grandes hypertrophies et en particulier celles qui suivent les lésions, soit de l'orifice aortique, soit de la crosse de l'aorte, la pointe du cœur est très-éloignée de la ligne médiane, son écart peut aller de 8 à 16 centimètres et quelquefois au delà; mais l'angle droit baisse à son tour et le bord inférieur du cœur n'est pas très-oblique.

Chez les gibbeux et les scoliotiques, le cœur est refoulé en haut; le bord inférieur est alors élevé et devenu horizontal, tandis que le bord vertical s'éloigne de 2 à 3 centimètres du bord droit du sternum et indique la dilatation de l'oreillette.

M. Paul indique enfin qu'il a vérifié sur le cadavre l'exactitude de ces mesures en enfonçant de longues aiguilles d'acier au niveau des points

déterminés pendant la vie, et que les points de repère indiqués se sont trouvés exacts.

M. C. Paul met sous les yeux de la section 40 dessins schématiques obtenus, comme il a été dit et destinés à montrer aux yeux les avantages du procédé qu'il a adopté.

DISCUSSION

M. GUBLER ne peut entendre sans protester les assertions de M. C. Paul relatives à M. Bouillaud. Il est possible qu'à un certain moment M. Bouillaud se soit contenté de la percussion pour délimiter le cœur; alors c'était sa première manière; M. Gubler en connaît une autre qu'il a vu pratiquée et enseignée par M. Bouillaud alors qu'il était son chef de clinique. Dans ce procédé, avant de percuter, M. Bouillaud cherchait par tous les moyens possibles pour ne pas fatiguer le malade à se renseigner sur la situation du cœur; puis il percutait de haut en bas, ensuite de dehors en dedans afin d'obtenir des données plus précises; et il arrivait ainsi à constater non-seulement les limites du cœur mais sa forme. On n'avait pas ainsi la limite inférieure, mais elle dérivait des autres. Bien des fois, sur le cadavre, en enfonçant des aiguilles sur les limites de la percussion, M. Gubler est arrivé à délimiter exactement le cœur, à un ou deux millimètres près.

M. C. PAUL ne veut rien enlever au mérite de M. Bouillaud, qui a été aussi son maître; mais d'abord il sait que Piorry employait cette méthode dès 1826, et d'ailleurs à son aide, on n'obtient des indications précises que pour la partie du cœur non recouverte par les poumons.

M. POTAIN avoue qu'il y a une grande utilité à percuter en dehors de l'organe pour en obtenir les limites, mais il ne partage pas l'opinion de M. Constantin Paul relative au conseil qu'il donne de percuter légèrement pour obtenir le bord droit du cœur. En effet, ce bord est recouvert par le poumon; il est donc profondément situé, et dès lors pour obtenir la matité, il faut une percussion profonde.

M. C. PAUL reconnaît que par tous les procédés on arrive à une détermination approximative des limites du cœur, mais il croit que par le sien on obtient une exactitude plus grande.

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M. TALRICH présente à la section plusieurs pièces anatomiques très-bien exécutées.

Parmi celles-ci on remarque: 1° Une étude nouvelle et complète de myologie humaine représentée sur quatre sujets et quelques préparations complémentaires; 2o une étude des circonvolutions cérébrales de dimensions doubles de celles de la nature, modelée d'après les indications fournies par M. Mathias Duval.

MM. les Drs LIVON & CAZENEUVE

PHYSIOLOGIE DE L'ÉPITHÉLIUM VÉSICAL (1)

(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL.)

-

Séance du 29 août 1878.

L'urine contenue dans la vessie peut-elle être résorbée par le réservoir; des opinions diverses ont été émises sur ce sujet si important. Les uns ont admis que, pendant son séjour dans la vessie, l'urine se concentrait, d'autres que l'urine conservait entièrement sa composition. Voici quel a été le procédé opératoire de ces deux expérimentateurs dans les soixante-dix observations dont ils présentent l'analyse ils lient le prépuce et les urèthres, laissent la vessie se dilater physiologiquement, la sectionnent en la plongeant dans de l'eau.

Si l'on prend une vessie extraite depuis vingt ou vingt-quatre heures et qu'on soumette le liquide dans lequel elle baigne à l'action de l'hypobromite de soude on voit que la réaction de l'urine s'effectue après dix ou quinze minutes. Si on examine le liquide immédiatement après l'introduction de la vessie qu'on vient de sectionner on voit que la réaction se fait beaucoup moins vite.

L'urine dialyse toujours très-vite quand on a détruit l'épithélium de la vessie. La dialyse exige quatre à cinq heures quand l'épithélium est intact. Si l'on racle la surface interne de la vessie la dialyse s'obtient après un temps

(1) Voir Gazette hebdomadaire, 1878, p. 621.

qui varie entre sept à dix minutes; si l'on opère sur une vessie très-distendue physiologiquement le phénomène n'éprouve pas de variation.

La température qui favorise le plus l'apparition des phénomènes est celle de 25 à 30 degrés.

Pendant la digestion, la dialyse s'opère après trois ou quatre minutes; après un jeûne elle s'effectue plus rapidement.

Lorsqu'on pratique des lésions rénales, la dialyse apparaît après vingt ou trente minutes, après les lésions nerveuses le phénomène se montre après vingt ou trente minutes. Si on intoxique un animal au moyen de la cantharide et qu'on attende que les phénomènes d'inflammation passent à l'état chronique la dialyse s'effectue au bout de vingt minutes.

DISCUSSION

M. GUBLER est heureux de voir que les résultats fournis par l'expérimentation concordent avec ceux que fournit la clinique.

M. AUBERT a fait des expériences analogues en se basant sur la propriété que possède l'ammoniaque de réduire le proto-nitrate de mercure. Il a exposé la main à des vapeurs d'ammoniaque, l'a lavée dans de l'eau acidulée et a remarqué que les empreintes n'existaient qu'au niveau des points ou existaient des orifices glandulaires : aussi est-il de l'avis de la non-absorption des parois vésicales par suite de l'absence des orifices glandulaires.

M. le D' ARNAUD DE FABRE

D'Avignon.

QUELQUES EXPÉRIENCES RELATIVES

A L'ACTION COMPARÉE DE L'ACONITINE CRISTALLISÉE ET DE LA VÉRATRINE

Séance du 29 août 1878.

A la suite d'une série d'expériences faites avec l'aconitine cristallisée de Duquesnel, ayant pratiqué une injection sous-cutanée de vératrine à un lapin, je fus frappé de l'analogie des symptômes développés avec ceux de l'aconitine. Je n'ai pu encore suffisamment poursuivre la comparaison des effets physiologiques de ces deux substances médicamenteuses, et ma communication se borne à rapporter quelques faits expérimentaux, qui m'ont paru rendre saillantes certaines particularités de leur action.

Des expériences antérieures m'avaient montré parmi les effets de l'aconitine des déglutitions réitérées, incessantes à un moment donné, et que

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