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la volonté ne peut plus maîtriser comme je m'en suis assuré sur moimême une salivation abondante des modifications dans le rythme respiratoire et les battements du cœur.

Voici les faits qui me paraissent autoriser un rapprochement :

Expérience I. - A un lapin, je pratique la section des nerfs glosso-pharyngiens droit et gauche; je laisse reposer l'animal pendant quatre heures : il boit quelques gorgées d'eau. Je lui fais alors avaler une solution d'azotate d'aconitine cristallisée (1/8 de milligramme dans un gramme d'eau distillée). Au bout d'une demi-minute, quelques déglutitions très-espacées, borborygmes, puis plus rien du côté du pharynx et de la bouche, l'animal étant observé pendant une heure. La même solution donnée en quantité moindre, à un jeune chien détermine des déglutitions incessantes, avec mastication, salivation, secouement de la tête.

Expérience II. - Chez un lapin, je sectionne les deux glosso-pharyngiens; après l'opération, l'animal lèche une serviette mouillée qui se trouve à sa portée. Deux heures après, j'injecte sous la peau du dos, un milligramme de vératrine en suspension dans un gramme d'eau distillée : agitation, quelques rares déglutitions perçues avec le doigt appliqué sur le larynx et par l'auscultation, pas de mâchonnements, pas de craquements des dents, pas de salivation, phénomènes qui se produisent toujours chez l'animal intact, la respiration est ralentie; à l'auscultation le cœur se ralentit par intervalle, au bout de 23 minutes les battements du cœur sont plus rares, la respiration trèslente avec bruit de cornage; pour combattre une syncope menaçante, j'ouvre la trachée l'animal revient à la vie, des bulles d'air qui se développent à l'orifice de la trachée par le mélange de l'air et du mucus, montrent l'arrêt momentané de la respiration en expiration; au bout de trois quarts d'heure les symptômes s'amendent, l'animal a survécu.

Expérience III. - Chez un lapin, on fait précéder d'un quart d'heure (c'est une condition nécessaire), l'injection de vératrine, d'une injection d'un sel de morphine il y a absence de déglutition, de mâchonnement et de salivation. Expérience IV. Même résultat en faisant une injection de chlorhydrate de morphine qui précède celle d'aconitine cristallisée.

:

La morphine m'a paru atténuer légèrement les effets de l'aconitine sur la respiration; avec elle, les efforts, l'angoisse respiratoire sont moindres; la morphine a une action atténuante moins sensible dans le cas de la vératrine qui détermine moins d'effort respiratoire.

J'ai constaté par l'auscultation, chez le lapin et chez le rat, que le ralentissement, les intermittences du cœur coïncident avec l'effort respiratoire.

Plusieurs fois à l'autopsie, pratiquée immédiatement après la cessation de la respiration, j'ai vu des contractions persistantes des ventricules et des oreillettes; la mort arrivait par l'arrêt de la respiration précédant l'arrêt du

cœur.

Expérience V. La section des pneumogastriques ne modifie pas sensiblement les effets toxiques des deux substances, elle paraît aggraver l'action de l'aconitine.

Expérience. VI. Une injection préalable d'atropine n'entrave pas l'action de la vératrine sur la respiration, la déglutition, la salivation.

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Expérience VII. Après la section du cordon sympathique cervical chez le lapin, l'action de l'aconitine sur les vaisseaux de l'oreille a paru variable; avec la vératrine, il y a diminution manifeste du calibre des vaisseaux comparés à ceux du côté non lésé.

Expérience VIII. Les pigeons sont très-sensibles à l'aconitine; je n'ai jamais pu en conserver en employant les doses élevées d'aconitine en injection. Un pigeon auquel j'avais injecté de la vératrine est revenu à la vie après des accidents très-graves, mais je l'ai trouvé mort le lendemain; des rats, des lapins ont succombé consécutivement avec la vératrine, tandis qu'avec l'aconitine, lorsque les accidents aigus sont dissipés, les animaux survivent.

Dans tout ce qui précède, je ne trouve que des différences de degré entre les deux substances, et je crois que l'emploi de la méthode graphique, serait très-utile pour établir d'une manière précise la différenciation physiologique de l'aconitine et de la vératrine. Je rapporterai, en terminant, deux réactions histophysiologiques dans lesquelles ces deux corps ont agi différemment.

Expérience IX. L'aconitine cristallisée n'a aucune action sur les infusoires ciliés paraméciens et kolpodes. La vératrine est toxique pour les paraméciens, elle ralentit leurs mouvements, les immobilise, modifie leur aspect et finalement les désagrége.

Expérience X. L'aconitine n'exerce aucune influence sur les mouvements amiboïdes des globules du sang de l'escargot: la vératrine arrête la formation des expansions amiboïdes de ces globules observés au sein de leur sérum normal, la préparation étant très-rapidement faite.

DISCUSSION.

M. GUBLER dit que l'analogie entre les deux substances a été signalée, que la salivation est le lien le plus étroit entre ces deux substances, mais ce qui l'a le plus intéressé, est l'action de la vératrine sur les cordes vocales et sur l'appareil vocal. Déjà M. Laborde avait constaté que l'aconitine produisait un spasme de la glotte avec paralysie et suffocation.

M. ARNAUD DE FABRE. J'ai étudié spécialement les phénomènes qui se passent au col du larynx, c'est une sensation de grattement sur l'épiglotte qui amène irrésistiblement la déglutition.

M. S. ARLOING

Professeur à l'École vétérinaire de Lyon.

DÉTERMINATION DES POINTS EXCITABLES

DU MANTEAU DE L'HÉMISPHÈRE DES ANIMAUX SOLIPÈDES.
APPLICATION A LA TOPOGRAPHIE CÉRÉBRALE.

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La démonstration de l'excitabilité du manteau de l'hémisphère et de la présence de zones distinctes dont l'irritation électrique produit des effets déterminés n'est plus à fournir aujourd'hui. Depuis les recherches des initiateurs Hitzig et Fritsch, les travaux de plusieurs expérimentateurs, en France et à l'étranger, ont définitivement doté la science de cette importante conquête physiologique.

Mais si l'excitabilité de la surface du cerveau est acquise, il est incontestable qu'elle ne portera tous ses fruits que le jour où elle aura été étudiée sur tous les types cérébraux. Chaque physiologiste doit donc dans la mesure de ses moyens, contribuer à élargir le cadre de nos connaissances sur ce point. Tel est le but que j'ai poursuivi en entreprenant les recherches résumées dans cette note.

Ferrier a expérimenté sur le cerveau des singes, chiens, chacals, chats, lapins, cochons d'Inde, rats, pigeons, grenouilles, poissons; Duret, sur le cerveau du mouton. Je n'entreprends pas de citer les physiologistes ou les médecins qui ont expérimenté sur ces mêmes animaux.

Le groupe des solipèdes ne figure pas sur la liste déjà longue des espèces qui ont été soumises à l'expérimentation; cependant, ce sont des animaux, que nous pouvons suivre en santé et en maladie et dont la physiologie cérébrale acquiert, grâce à ces conditions, un intérêt qui n'échappera à personne. Aussi ai-je tenté de déterminer les points excitables des circonvolutions cérébrales de l'Ane.

J'ai choisi cet animal, parce qu'il est plus facile à contenir et à endormir que le Mulet et le Cheval.

MANUEL EXPÉRIMENTAL.

Les sujets, couchés et fixés sur une table, recevaient du chloral en injections intra-veineuses; 18 à 20 grammes d'hydrate de chloral, dan une solution au cinquième, introduits à deux ou trois reprises et avec lenteur dans les veines, suffisent ordinairement pour amener l'anesthésie.

Dès que la sensibilité est abolie, on découvre le pariétal et la partie supérieure du frontal, en enlevant la peau du front et une portion plus ou moins étendue du muscle temporal. On arrête les hémorrhagies en appliquant des ligatures et à l'aide du cautère. On attaque ensuite la boîte osseuse avec le trépan ou avec un bon ciseau à bois (j'ai donné la préférence à ce dernier) et on oblitère les sinus veineux ouverts pendant l'opération, avec de petits tampons de cire à modeler.

En prenant son temps, en donnant au besoin de nouvelles doses de chloral, on pratique une brèche à la boîte crânienne, au niveau des points que l'on veut explorer, dans des conditions excellentes pour faire ensuite des excitations électriques.

Comme excitants, nous avons employé les courants induits fournis par une bobine à glissière.

Nous n'avons jamais connu exactement l'intensité de nos courants. Nous commencions par chercher l'intensité minimum pour produire une excitation, et nous l'augmentions ensuite graduellement, selon les besoins. Elle était toujours suffisante pour déterminer une vive sensation piquante sur la langue.

cou

Bien que nous n'eussions jamais gradué rigoureusement nos rants, on ne saurait nous objecter leur extension à des points éloignés de ceux que nous voulions exciter, attendu qu'un déplacement des électrodes de 2 à 3 millimètres entraînait la cessation immédiate des mouvements engendrés par l'excitation.

Les courants étaient appliqués sur les circonvolutions avec des électrodes métalliques, très fines et très rapprochées. Jamais ils n'ont déterminé la moindre désorganisation des tissus. Les circonvolutions soumises aux excitations offraient simplement in loco de petites hypérémies. Après la mort de l'animal et l'ablation de l'encéphale, ces hypérémies permettraient de reconnaître les zones électrisées.

ZONES EXCITABLES.

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· EFFETS PRODUITS PAR LEUR EXCITATION.

Je me sens vraiment embarrassé pour indiquer la place des zones excitables.

Quelle nomenclature adopter? Celle de Leuret et Gratiolet ou celle de M. Broca? Malgré les savantes considérations dont le secrétaire général de la Société d'anthropologie a appuyé, dans son récent et important mémoire sur l'anatomie des circonvolutions, la topographie cérébrale qu'il a proposée, je crois qu'il convient de faire des réserves à son endroit. Je ne la substituerai donc pas à celle de Leuret et Gratiolet. Au surplus, comme il importe que je sois compris de tout le monde, j'emploierai simultanément les deux nomenclatures. D'ailleurs, les lecteurs pourront se reporter à la figure 65 et tirer de son examen un com

plément d'informations. Sur cette figure qui représente la face latérale du cerveau de l'Ane, j'ai indiqué à l'exemple de Ferrier, les zones excitables par un numéro.

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O. Lobule olfactif; S. Vallée de Sylvius; 1. 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, voir dans le texte.

1. Origine de la portion frontale de la première circonvolution (Leuret). Partie inférieure de l'ondulation anté-sylvienne de la circonvolution sylvienne (Broca).

MOUVEMENT DES MEMBRES.

En excitant avec les courants faibles, les quatre membres sont ramenés sous le tronc. Le mouvement est plus prononcé dans le membre postérieur du côté opposé à l'excitation. Il est probablement aussi plus énergique dans le membre antérieur; mais les déplacements de ce membre sont empêchés par la pression qu'exerce sur lui le poids du thorax. Le membre antérieur libre est ramené en arrière, en masse, par la contraction du grand dorsal et du pectoral, lorsqu'on emploie des courants forts; il y a de plus, flexion du métacarpe.

2.- Région supérieure de la branche antérieure de la première circonvolution (Leuret). Partie supérieure de la circonvolution pariétale post-rolandique (Broca).

ÉLÉVATION ET DIDUCTION DE LA MACHOIRE INFÉRIEURE.

On excite du côté droit: rapprochement des mâchoires accompagné d'un mouvement de diduction qui entraîne le maxillaire inférieur à gauche. On entend le bruit que cause le frottement des dents inférieures contre les supérieures. La main, appliquée sur les joues, sent manifestement la contraction des deux masséters.

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