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cation de l'aimant au corps humain, peuvent encourager les Médecins & les engager à ne point dédaigner un agent dont les propriétés font à peine connues, que Comus dirige habilement pour nos plaisirs, mais dont la médecine s'eft fervi rarement pour faire naître, par fon moyen, plus de fanté & de bonheur. C'eft à eux à démontrer par des faits nombreux & une expérience conftante, fi le fluide général qui paroît le mouvoir, ne rend pas un compte auffi fatisfaifant des effets apperçus dans ceux qu'on magnétise, que la force de l'imagination, de l'irritation à laquelle on s'efforce d'attribuer tant de pouvoir. Puiffent-ils, lorfque les partis feront diffipés, les rivalités du moment éteintes, les diatribes réciproques oubliées; lorfque le choc des intérêts, des opinions, de l'amour-propre n'aura plus d'effet; puiffent-ils, calmes & tranquilles, après vingt ans de foins & de travaux nous apprendre ce qu'il faut croire, raffembler & claffer les faits! Car, fuivant le mot de Kirkland, « un grain d'expérience en médecine, vaut mieux » qu'une livre de raisonnement ». Puiffentils, éloignés de ces comités bruyans qui

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approuvent ou blâment avec la même légè reté l'objet qu'ils ne connoiffent pas, qui paffent alternativement de l'adoration au mépris, pour revenir enfuite de l'indifférence à l'enthousiasme; puiffent-ils étudier le magnétisme, & ordonner alors ce que l'humanité aura le droit d'en espérer ou d'en attendre!

CHAPITRE XXI V.

Idée fur la Rage.

La rage, cette maladie affreuse, qui glace d'effroi celui qui en confidère les fuites violentes & terribles, fervit à convaincre les Anciens de la puiffance des émanations. La répulfion interne, excitée entre les corpufcules du fluide magnétique, leur dif corde, leur fuite réciproque, ne pourroient-ils point expliquer ces anxiétés, ces fureurs fubites qui agitent l'infortuné à qui la rage a été communiquée? Ce mal cruel ne peut provenir en effet de la configuration particulière du chien, l'animal qui la propage le plus ordinairement, puifqu'il n'eft pas le feul qui en foit affecté, & que d'ailleurs beaucoup d'autres animaux ont fa conformation intérieure. Ce n'est point une propriété délétère de fa falive, puifque celle des autres la partage. Ce feroit donc plutôt un poison actif, né d'une émotion vive, d'un défir ardent, d'un tranfport fu rieux, qui a changé le courant ordinaire des efprits, & leur en a donné un contraire. Chaque corpufcule alors fe repouffe, au lieu de s'unir; de-là des mouvemens anti

pathiques, intérieurs & funeftes. Dès-lors une action difcordante irrite les nerfs, & détruit même dans le malade, le pouvoir de l'intelligence. Des flux & reflux rapides & défordonnés le bouleverfent, l'épuifent & caufent fa mort.

On fait que le fang de l'homme emporté, bû à l'instant de sa colère, cause le marasme & le defféchement; & les Hiftoriens ont rapporté que le plus fubtil des poisons employés par Alexandre VI, étoit en partie compofé de la bave écumante d'un animal mis en fureur.

Si le magnétifme rétablit le cours du fluide vital, s'il porte avec lui des corpufcules attractifs qui enchaînent à leur fuite ceux qui fe font égarés dans le corps humain, qu'on magnétife le frénétique, & fur-tout celui qui, en proie aux convulfions de la rage, eft abandonné avec horreur, & n'attend plus qu'une mort effrayante & certaine: qu'on le magnétife; que pour accélérer & accroître l'influence du fluide aërien, on fufpende autour de lui des aimants qui le transmettent avec plus de force; & fi le fuccès ne couronne pas les foins du Médecin bienfaifant & fage, il aura du moins la confolation de l'avoir tenté.

CHAPITRE XX V.

Effets curatifs de la Mufique.

L'UN des remèdes magnétiques les plus puiffans, c'est la mufique, C'eft par la doctrine des émiffions du fluide aërien, qui, comprimant la vafte étendue des mers, y produit le flux & le reflux; qui dominant fur les végétaux, les animaux & l'homme, porte de même en eux une fluctuation utile, qu'on peut expliquer ces miracles d'un art auffi agréable pour ceux qui n'ont aucun mal, que falutaire pour ceux qui font affectés des piqures mortelles de certains reptiles, de la frénéfie, des affections convulfives, & de toutes les maladies produites par l'épaiffiffement des humeurs. La mufique hâte le mouvement des efprits, foit par les vibrations que les fons donnent à l'air, foit par l'application avec laquelle on les écoute, foit enfin par les profondes émotions qu'ils caufent. Elle émeut & fait cir culer le fluide vital, ébranle les nerfs, & leur donne des ofcillations bienfaifantes. Qui doute de fon pouvoir fur les paffions

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