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» ou diminuée depuis quelques siècles? » Est-elle, parmi nous sur-tout, dans un » état d'accroissement ou de dépérisse»ment?» Ce problème qui, depuis longtems, aurait dû être résolu par des dénombremens, n'a guères été discuté, ainsi Peuchet l'observe dans son Dictionnaire de Géographie Commerçante, que par l'humeur et la flatterie. « En effet, ajoute-t» il, selon qu'on a voulu louer ou blâmer » le Gouvernement, abroger d'anciennes >> lois, ou vanter de nouvelles ordonnances, » on a dit: la DIMINUTION sensible dans la population, l'AUGMENTATION marquée » dans la population, prouvent, etc. Et » comme la satyre et l'éloge ne sont guères plus exacts l'un que l'autre, il y a eu de » l'exagération des deux côtés ».

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La statistique est une science que les anciens paraissent n'avoir pas cultivée.

Vers le XVIe siècle, au tems où Venise florissait, des Vénitiens commencèrent à publier des tableaux de statistique. Au XVII., un Français, Davity, fit paraître un ouvrage volumineux sur cette matière.

L'in-folio, d'abord goûté et répandu, finit par être confiné et oublié dans les bibliothèques. Depuis, des Italiens rendirent cest sortes d'ouvrages plus usuels, en leur donnant une forme plus appropriée au goût et aux moyens des lecteurs. Mais les Allemands s'emparèrent bientôt du domaine de la statistique, dont ils sont en possession depuis cette époque.

En France, la statistique était tellement étrangère il y a peu d'années, que les auteurs de l'Encyclopédie n'en consignèrent pas même le mot dans le Dictionnaire raisonné des sciences. Aussi quelques personnes (*) l'ont-elle confondu avec le terme STATIQUE (partie de la mécanique qui a pour objet les lois de l'équilibre des corps). Dans ce moment même, le mot est si peu saisi dans sa véritable acception, qu'il n'est pas rare d'entendre dire ou de voir écrire la STATISTIQUE des crimes et délits commis dans tel département. Comment ignore-t-on que ce terme est exclusivement consacré à

(*) Voir l'alınanach national, art. Institut national.

exprimer l'état de situation d'un pays; (status imperii)?

La science est neuve encore parmi nous, ont dit les auteurs des Annales statistiques (*). Ils auraient pu ajouter, et chez tous les autres peuples, cette science est encore au berceau. C'est une vérité dont je me suis convaincu dans tout le cours de mon travail. Obligé de consulter sur chaque article plusieurs auteurs à -la-fois, j'ai reconnu qu'ils s'étaient copiés les uns les autres, souvent sans avoir pris la peine d'indiquer les sources où ils puisaient. Ils donnent comme des découvertes particulières, les découvertes d'anciens compilateurs qui, consultés et scrutés à leur tour, présentent rarement une garantie suffisante pour faire autorité. Ainsi, en Allemagne même, les géographes, les statisticiens ont trop souvent juré sur la parole de Busching, auteur de la géographie universelle, qui parut pour la première fois en 1777. En multipliant les lar

(*) Journal qui paraît depuis le 1er. floréal (21 avril 1802).

cins scientifiques, on a composé des volumes; mais on n'a point avancé la science.

Au moment où je m'élève contre cette espèce de piraterie scientifique, on ne manquera pas de m'objecter que mon ouvrage, surtout la partie statistique, n'est qu'un composé de citations. Oui sans doute, j'ai cité et toujours cité; et si ce premier essai a un mérite, il ne l'empruntera que du rapprochement de ces citations mêmes : car je n'ai pas eu d'autre dessein, que de faire ressortir, par-là, les calculs, tantôt trop exagérés, tantôt trop affaiblis, sur l'état de la même puissance; exemple, la Russie :

Busching porte sa popula

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Mentelle, à . 29,000,000. Enfin d'autres auteurs (*) à 30,000,000. Ainsi, le lecteur peut comparer et opposer les résultats les uns aux autres et les juger. Mais pourquoi, me dira-t-on, n'avez vous pas établi vous-même la concordance? Je me suis bien gardé de l'entreprendre, et de prétendre me donner comme autorité cette tâche immense est réservée aux savans, ou plutôt aux hommes d'état. Il est difficile, en effet, pour ne pas dire impossible, à de simples particuliers réduits à des livres et à leurs propres moyens, de produire quelque chose de satisfaisant : nul n'y parviendra, si les gouvernemens eux-mêmes ne le secondent. Mais on conçoit que les gouvernemens, les gouvernemens faibles, sur-tout, peuvent avoir des motifs pour se refuser à la communication de ces connaissances. Qu'on juge de la difficulté, lors même qu'ils travaillent pour leur propre compte, d'obtenir des résultats satisfaisans,

(*) Le Tableau général de la Russie moderne, ouvrage intéressant qui vient de paraître, la porte à trente-six millions. (Tome I, page 154).

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