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moingts dont je esté tout le dernier. On est venu m'assigner exprès, ce qui a esté cause que je veu Paris à leur despens, duquel voiage je ne esté mary, au contraire; j'en ai reçu du contentement. Dieu veille qu'on les pende tous. (1)

Sur la fin du moys de may 1642 estant en mon voiage de Paris, les premières nouvelles estant de retour ce fut que la seur de Ollivier Barbedette de Folgères estoit morte, de quoi je receu une extresme facherye. Dieu lui fase pardon s'il lui plaist.

Taille en l'année 1642. — Furent assiepteurs de la taille: Jeau Pautret Chaumondière, Jean le Monnier le jeune, Guillaume le Roy fils, lesquels me rabaissèrent de 30 sols, mais il y avoit de rabays en la parr. 2 sols pour livre ; et rabaissèrent Guillaume de xx5 sols et Louys de 60 solz et ma mère de 8 solz. Dieu leur fase la grase de faire encore mieux à l'advenir. Guillaume est

(1) Jean Massé nous a déjà parlé de cette affaire de Guimarchère prévôt. Launay Granay est ici le plaignant contre les juges de Mortain ; Guimarchère prévôt fait en effet partie du corps de justice du comté de Mortain; car les prévôts étaient des officiers de justice chargés de saisir les délinquants, et des exécuteurs des arrêts judiciaires. De plus ils faisaient rentrer et versaient au Trésor les revenus du domaine royal. Guimarchère fit des faux en écritures, vendit ses services, fut un concussionnaire, en un mot un grand fonctionnaire corrompu. De son vrai nom il s'appelait Gilles Fortin, sieur de Guimarchère, qui était une terre importante dans la paroisse de Brecey; il était lieutenant de la prévôté générale de Normandie et avait épousé demoiselle Elisabeth De la Rue par contrat de mariage du 30 mars 1639, passé devant les notaires d'Argentan. Il eut trois enfants, Jean, Marie et Elisabeth Fortin. La terre de la Guimarchère fut vendue et passa dans la famille des Boiton qui furent de père en fils conseillers du roy et lieutenants particuliers du bailly de Mortain jusqu'à la Révolution de 1789. (Papiers Hipp. Sauvage).

Une pistole ou dix francs; un écu ou 3 francs. Une gondèle d'estain probablement une coupe d'étain. De glase, poli comme une glace ou avec incrustation de petites glaces. - Louys c'était son frère. - Le plus grand procès qui ait jamais esté en France: Jean Massé ne se trompait guère, l'importance de cette affaire fut telle que les élèves de l'École des Chartes la voient encore figurer à leur programme, m'a dit un Archiviste départemental.

·Douze vingt =240 témoins.

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à 7 livres, Louys à C solz, ma mère à XXV solz et moy à 9 livres. Le fils à Gatien Pigeon estoit ausy à l'asiepte. (1)

Nopses du sieur de la Cohoraye. (2)- Le dimanche vingt neufvième jour de juillet 1642, le sieur de la Cohoraye espousa une fille qui estoit sa parente. Dieu lui veille donner la grase de s'en bien treuver, d'autant que ce n'est la coutume. (3)

Mort de Léonard Charuel. - La première sepmaine de septembre 1642 moururent en cette parr. trois hommes dont le premier un bon homme, Thomas Pautret de la Huardière, Léonard Charuel et Jean Juin. Dieu leur fase pardon s'il luy plaist.

Le dimanche quatorzième jour de septembre 1642 Henry de Romilly sieur de la Cohoraye amena sa femme à Landelles. Il y avoit viron 2 moys qu'il l'avoit espousée; elle estoit sa parente; il en est cy devant parlé.

Le vingt et unième jour d'octobre 1642 la femme de Gilles Cherbonnel aultrement apellé Villeneufve la damoiselle acoucha de deux filles tout à la fois; elles sont avansées de quinze jours; dont l'une fut nommée Jeanne par Me JeanCorbet, curey de Landelles, et la fille de l'advocat, notre cousine, et l'autre nommée Thomasse par moy et la femme de Gilles Cherbonnel. Je la nommé au nom de sa mère. Dieu leur fase la grase d'estre filles de bien. Et furent baptisées par M Jean Lermite vicaire ce vingt deuxième dudit moys.

Affaire de conséquence. - Contrat de fiefe.

Mémoire que le unzième jour d'aoust 1639 je fiefe la terre à Louys par le prix de huit livres de rente. Le

(1) Taille, impôt direct perçu au profit du roi; elle n'était perçue que sur les roturiers et non sur les nobles et le clergé ; la taille était basée sur le revenu total présumé de chacun. Assiepteurs ou répartiteurs.

(2) Mariage de Henry de Romilly, de la Chapelle-Hamelin. (Note de M. Bréhier).

(3) D'autant que ce n'est la coutume de se bien trouver d'un mariage avec une parente; les enfants sont le plus souvent maladifs ou infirmes.

contrat est passé devant Nicollas Cherbonnel qui est garde de la minute. (1)

Le jour Saint Michel 1642 furent prix des sorciers à Fougères où il y avoist deux prestres qui avoist des carractères, un pour avoir des garces, l'autre de l'argent, et un pour mettre la peste à leur volonté; il y a dans la ville et faubourgs de charges plus de soixante. Ils furent menés à Renes. Un des prestres fut empoisonné qui creva en la geole de Renes viron la Saint Lucas. Dieu veille qu'on leur fasse justice. (2)

Nopses du fils à Boudraye qui a chanté la messe. Le premier jour de novembre 1642 qui est le jour de la Toussaints, le fils à Boudraye nommé Me Gilles Gouin a chanté sa première messe en l'église de Landelles. Dieu luy fasse la grase d'estre homme de bien et de se bien gouverner en sa charge. (3)

En l'an 1642 au moys de septembre sur la fin, l'évesque d'Avranches vint faire sa visite et prendre possession de son évêché où il fut reseu en grand somptuosité et pompes et triomphes à son arrivée.

Puer. Le vingt huitième jour de novembre 1642 la famme de Gabriel Barbedette accoucha d'un fils. (4)

Le segond jour de décembre 1642 j'avois fait assigner Ollivier Baron de Saint-Brix pour 9 livres qu'il me devoit pour des moutons que je luy avois vendu. Je luy ai baillé la cause au serment; il a juré et levé la main. (5)

(1) Louis était son frère; il lui vendait une terre pour une rente perpétuelle et foncière de 8 livres. - 1639 est, dans le manuscrit, en su¡charge sur 1642.

(2) Des caractères, des objets marqués de signes magiques, de figures cabalistiques communiquant un pouvoir surnaturel. Talismans consistant en des signes mystérieux gravés sur un anneau, écrits sur un parchemin, etc. On retrouverait facilement dans les Archives du Parlement de Bretagne toutes les pièces relatives à cette affaire. Nous n'avons ni le temps ni le goût de remuer cette boue d'autrefois.

(3) Boudraye, ou Gouin du village de la Boudraye; c'est le nom de la terre pour désigner le propriétaire.

(4) Puer, un enfant.

(5) Saint-Brix, c'est Saint-Brice-de-Landelles.

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ou Juge de paix de Saint-James, Ollivier Baron jura sur le Crucifix qu'il avait payé le prix de ses moutons à Jean Massé.

Contrat de Chatonnierre de 32 sols de rente.

Le vingt-neufvième jour de novembre 1642 je acquist de Claude Boisroulx Chatonnière trente et deux solz 6 deniers de rente fonsière sur Gilles Pigeon Droguet de Saint-Brix du vilage de la Chauvière qui m'ont cousté XVIII livres et les frais; je prix à déduire sur XXV livres qu'il me devoist pour un tonneau de sildre, et partant reste pour 1 livre. La minute est devant Nicollas Cherbonnel tabellion.

Je achepte de mon fermier Guillaume Jardin quattre brebis qui m'ont cousté VIII livres et les luy ay baillées a gardayr, ce premier novembre 1642.

Achepté une vache le jour de la foire Saint-Martin à Saint-Hilaire qui m'a cousté XV livres que je luy ay baillé. Il en doibt faire XX livres de beurre.

Je fait raccommoder une serrure à la chambre de mon pavillon qui m'a cousté XX solz à Jaudière, le XXVIII jour de novembre 1642.

Mortz est omnion terribilissimun. (1)

Le premier jour de décembre 1642, la femme du sergeant Pigeon de Landelles alla de vie à trépas au point du jour d'une maladie fort longue qui estoit faute de corée et de sanc. Dieu luy fase pardon s'il luy plaist.

Cette année 1642 la cueillette n'a rien valu. Le saigle à la Toussaints valoit L solz la ruche, le froment 60 solz, le froment noir 38 sols, l'avoine 26 solz chaque ruche; le sildre au mesme temps 36 livres le tonneau dans le pays; il valoit à Rènes, Caen, Rouen, Valognes et aultres plases et portz de mer 4 xx livres le tonneau de deux pipes. On croit avoir une famine sy Dieu ne nous assiste.

Le vingt huictième jour de décembre 1642, jour des Inosens, qui estoit un dimanche, monsieur de Cer

(1) Jean Massé avait sans doute étudié le latin pendant un an ou deux ; il a une vague teinture classique. Mais son orthographe en latin comme en français est très fantaisiste; il n'écrit pas toujours le même mot de la même manière, il varie même sur l'orthographe de son village. Nous reproduisons le manuscrit le plus exactement possible.

tainville estant pour lorz à la Paulmeraye envoya quérir Pierre Massé Porcher pour l'accorder avec la Forest. Il n'en voulut tenir son jugement; il envoya après luy la Croix frère de la Forest et un apellé la Vigne qui luy donnèrent cent coups de baston en la rue du Perruse. (1)

Pour l'ennée mil six centz quarante et trois

Affaire malheureuse. Le vingt neufvième jour de janvier aud. an 1643 qui estoit un jeudy, estant allé au bourg de Landelles faire ferrer mon cheval, je treuve Me Jean Corbet, curey de Landelles, et Nicollas Pigeon, sergeant, qui alloient disner ches le curey de Montault, lesquelz me persuadèrent de façon que je suis allé avec eulx, où nous treuvismes ûn disner somptueux, et ayant fait grand chère le curey de Landelles partit le premier et moy après et le sergeant après moi viron un quart d'heure de distance; et nous en vinmes; estant venus le cheval du curey s'en vint avec les reynes de sa bride rompues; on retourna bien promptement, un de ses valets et Gilles Bedel qui le treuvèrent tout au proche du bourg de Montault où il estoit tombé dans le chemin et avoit le col rompu. On le porta au presbitaire où Lucas le visita et ouvrit le lendemain au soir. On l'inuma en l'église de Landelles. Dieu luy fase pardon s'il luy plaist. (2)

En suitte. Un mercredi unzième jour de febvrier audit an 1643, monsieur Deschommes, lieutenant du baillif de Costentin à Avranches, vint au bourg de Landelles pour establir un marché pour le sieur de Certainville, et informa de la mort du curey où je fus examiné et plusieurs autres; et le lendemain jour de jeudy douzieme jour dudit moys les Corbet firent examiner

(1) La Pérusse, connue de M. Denis Brehier, est un chemin creux, au Bois-Grallon. Porcher et la Forest avaient épousé les deux sœurs de notre auteur Jean Massé. La justice de M. de Certainville est

rapide et frappante.

(2) Lucas était médecin chirurgien à Saint-Hilaire; il remplit ici l'office de médecin légiste et fait l'autopsie du curé défunt.

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