Page images
PDF
EPUB

se représenter chaque objet qui peut être exprimé par le discours, de façon qu'il fasse l'impression la plus vive, et de le rendre conformément à l'idée qu'on s'en est faite. Elle se distingue de la poésie en ce qu'elle se sert d'idées et d'expressions qui frappent moins les sens, et qu'elle cherche moins les ornemens extérieurs. Elle s'éloigne de la philosophie, à laquelle elle confine d'ailleurs, en se bornant aux idées claires, pendaut que la philosophie tend à la plus grande distinction des idées; et même les images dont la dernière dépouille son objet, la première les reprend pour l'en revêtir de nouveau, afin de lui donner plus d'énergie.

L'homme éloquent et le beau parleur different par le but qu'ils se proposent : celui-ci ne veut que plaire et amuser, et pour parvenir à sa fin, il n'envisage son objet que du côté agréable, et le pare d'ornemens étrangers; l'homme éloquent n'a pour but que d'instruire, de convaincre ou de toucher; et ce n'est que pour obtenir une de ces fins qu'il fait usage des ornemens du discours. Dans la considération des objets, il va aussi loin que les sens extérieurs le permettent, tandis que le premier s'arrête à leur surface. Sans la pénétration d'esprit, on ne peut être éloquent; et l'on peut être beau parleur avec une légère connaissance de la nature des choses. Le seul talent qui lui est nécessaire est celui d'exprimer avec facilité et avec agrément tout ce qu'il pense; ce qui n'est qu'une petite partie des talens nécessaires à l'orateur.

L'éloquence court à son but par le chemin fe plus naturel veut-elle instruire? elle met le véritable état des choses dans le jour le plus lumineux, sans ornemens et sans additions; veut-elle convaincre? elle prend ses argumens dans la nature des choses sans sophismes; elle dissipe les nuages de l'ignorance et du préjugé, ôte à l'erreur l'apparence de la vérité, et arrache avec violence au vice le masque de la vertu. Elle sent jusqu'à quel point son objet est important, et s'abandonne au sentiment du vrai et du bon, sans donner jamais aux choses plus de poids et de dignité qu'elles n'en ont.

De ce sentiment naît le juste degré de vivacité et de feu avec lequel l'éloquence agit sur les esprits. Elle ne veut point arracher la conviction, ni attendrir en étourdissant comme elle s'abandonne toute entière au sentiment, elle a rarement besoin de chercher ses expressions. Les mots coulent abondamment: avec douceur ou impétuosité, avec aménité ou gravité, d'un ton simple ou sublime, suivant ce que le sujet demande. Celui qui écoute ses discours, oublie l'expression, ne voit et ne sent que les choses; ce n'est jamais sur l'orateur, c'est toujours sur les choses que l'attention de l'auditeur se fixe.

Suivant la nature de son sujet et le caractère des auditeurs, l'éloquence est philosophique, savante et mesurée; ou populaire, moins savante, et propre également à frapper l'esprit et à toucher le cœur; mais jamais elle ne se permet ni écarts, ni sophismes.

L'éloquence, dit Voltaire, est née avant les règles de la rhétorique, comme les langues se sont formées avant la grammaire : la nature rend les hommes éloquens dans les grands intérêts et dans les grandes passions. Quiconque est vivement ému voit les choses d'un autre œil que les autres hommes. Tout est pour lui objet de comparaison rapide et de métaphores; sans qu'il y prenne garde, il anime tout, et fait passer dans ceux qui l'écoutent une partie de son enthousiasme. Un philosophe très - éclairé a remarqué que le peuple même s'exprime par des figures; que rien n'est plus commun, plus naturel que les tours qu'on appelle tropes. Ainsi dans toutes les langues, le cœur brûle, le courage s'allume, les yeux étincellent, l'esprit est accablé : il se partage, il s'épuise; le sang se glace, la tête se renverse; on est enflé d'orgueil, enivré de vengeance; la nature se peint par-tout dans ces images fortes devenues ordinaires.

C'est elle dont l'instinct enseigne d'abord à prendre un air, un ton modeste avec ceux dont on a besoin. L'envie naturelle de captiver ses juges et ses maîtres; le recueillement de l'ame profondément frappée, qui se prépare à déployer les senti

mens qui la pressent, sont les premiers

maîtres de l'art.

C'est cette même nature qui inspire quelquefois des débats vifs et animés; une forte passion, un danger pressant appellent tout d'un coup l'imagination. Ainsi un capitaine des premiers califes voyant fuir les musulmans, s'écria: Où courez-vous ? ce n'est pas là que sont les ennemis. On vous a dit que le calife est tué; eh! qu'importe qu'il soit au nombre des vivans ou des morts? Dieu est vivant et vous regarde; marchez. Tel est encore ce mot d'un général grec, que l'on voulut effrayer par la supériorité de l'armée ennemie : Ce n'est pas notre coutume, dit-il à ses soldats, de demander quelles sont les forces de l'ennemi, mais où nous pourrons le rencontrer.

La nature fit donc l'éloquence; et si on a dit que les poètes naissent et que les orateurs se forment, on l'a dit quand l'éloquence a été forcée d'étudier les lois, le génie des juges et la méthode du temps. Les préceptes sont toujours venus après l'art. Tisias fut le premier qui recueillit les lois de l'éloquence, dont la nature donne les premières règles. Platon dit ensuite dans son Gorgias, qu'un orateur doit avoir la subtilité des dialecticiens, la science des philosophes, la diction presque des poètes, voix et les gestes des plus grands acteurs. Aristote fit voir ensuite que la véritable philosophie est le guide secret de l'esprit dans tous les arts; il creusa les sources de l'éloquence dans son livre de la Rhétorique; il fit voir que la dialectique est le fondement de l'art de persuader, et qu'être éloquent c'est savoir prouver.

la

Il distingua les trois genres: le délibératif, le démonstratif et le judiciaire. Dans le délibératif, il s'agit d'exhorter ceux qui délibèrent, à prendre un parti sur la guerre et sur la paix, sur l'administration publique, etc.; dans le démonstratif, de faire voir ce qui est digue de louange ou de blâme; dans le judiciaire, de persuader, d'absoudre ou de condamner, etc. On sent assez que ces trois genres rentrent souvent l'un dans l'autre.

Il traite ensuite des passions et des mœurs que tout orateur doit connaître. Il

[blocks in formation]

Tous ces préceptes respirent la justesse éclairée d'un philosophe, et la politesse d'un Athénien ; et en donnant les règles de l'éloquence, il est éloquent avec simplicité.

La vraie politique trouve dans l'éloquence le moyen le plus efficace de rendre les états heureux. La force ne forme point de bons citoyens ; elle ne fait de l'état qu'une machine sans vie, qui ne marche qu'autant qu'un ressort étranger entretient son mouvement. L'éloquence l'anime, et lui donne une force vive et interne, qui la fait aller sans interruption et sans irrégularité. Dans les mains d'un souverain sage, l'éloquence est comme une baguette magique qui change un désert affreux en un séjour délicieux. L'éloquence donne de l'industrie à un peuple paresseux, du courage à un peuple lâche, et de l'intelligence à un peuple stupide. Dans la bouche d'un philosophe, l'éloquence étend sur toute une nation les lumières de la sagesse. Prêtet-elle ses secours au moraliste ? l'honnêteté la droiture et la grandeur d'ame prennent la place du dérèglement, de l'intérêt particulier et des penchans corrompus. Par elle, un peuple sauvage, scélérat et féroce, devient sage et vertueux; par l'éloquence, Cicéron sut calmer une populace emportée et furieuse; par elle, ce grand homme porta le peuple romain à renoncer volontairement à ce qui, pendant plusieurs siècles, avait été l'objet de ses plus ardens souhaits.

L'éloquence devrait être un des objets de l'éducation comme elle l'était à Sparte. Il n'est point d'homme qui n'ait tous les jours quelque chose ou à raconter, ou à faire comprendre, ou à persuader à ses semblables; qui ne soit appelé à les guérir de quelque erreur, à leur inspirer de bons sentimens, ou à calmer leurs passions; peutil y réussir s'il ne possède la vraie éloquence?

L'éloquence a été presque par-tout bannie

du barreau, et peut-être fut-ce une sage précaution. Les juges doivent être des hommes éclairés et clairvoyans. Leur devoir n'est pas d'agir, mais de voir où se trouve la vérité et la justice; ils n'ont donc pas besoin du secours de l'éloquence de l'o

rateur.

L'abus que l'on a fait souvent de l'éloquence est probablement la principale raison qui a porté plusieurs législateurs à la bannir des tribunaux. Plus elle a de pouvoir, plus son abus est dangereux; et, comme le remède le plus efficace dans les mains d'un ignorant se change en poison, de même Péloquence dans les mains d'un méchant, devient l'instrument de l'injustice et de l'oppression. La crainte de l'abus engagea sans doute Thalès, législateur de Crète, à la bannir de ses états, comme séductrice du peuple. C'etait pousser la précaution trop loin; il y a des moyens d'empêcher l'abus, ou du moins de le diminuer.

C'est lorsque tout un peuple, et un peuple civilisé, doit juger ou agir de concert, qu'il faut qu'il y ait des hommes qui, à sa place, examinent les affaires, pèsent les raisons, et présentent les motifs prépondérans. Il est à remarquer que la Grèce fut la seule contrée de la terre où l'on connut, 'du temps d'Aristote, les lois de l'éloquence, parce que c'était la seule où la véritable éloquence existât. L'art grossier était chez tous les hommes; des traits sublimes ont échappé par-tout à la nature dans tous les temps; mais remuer les esprits de toute une nation polie, plaire, convaincre et toucher à la fois, cela ne fut donné qu'aux Grecs. Les Orientaux étaient presque tous esclaves c'est un caractère de la servitude de tout exagérer; ainsi l'éloquence asiatique fut monstrueuse. L'Occident était barbare du temps d'Aristote.

:

C'est dans les premiers périodes de la vie sociale qu'il faut chercher l'origine de cet art. A peine la langue d'un peuple libre commence à se former, que les grands intérêts de la nation excitent nécessairement les esprits à faire des efforts; et ces efforts font naître les premiers germes de l'éloquence. Un citoyen zélé cherche les moyens de faire pencher le peuple du côté qui lui semble le plus avantageux. On ne

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]
[ocr errors]

Diogène Laërce parle de Bias comme d'un orateur célèbre au barreau; on en peut au moins conclure qu'il est faux que l'éloquence publique n'ait commencé à fleurir que dans le siècle de Périclès, comme quelques auteurs le prétendent. Il semble plutôt que pendant la vie de ce politique fameux, elle était parvenue à son plus haut point de perfection. On rapporte de lui qu'il persuadait au peuple tout ce qu'il voulait; nous en avons un témoignage bien naïf dans la réponse que Thucidide fit à Alcidamus, roi de Sparte, qui lui demandait lequel d'entre eux, Thucidide ou Périclès, était le plus fort à la lutte: Il serait difficile de vous le dire, répondit Thucidide; car quand je suis parvenu à le vaincre à la lutte, il persuade aux spectateurs que ce n'est pas lui, mais que c'est moi qui ai été terrassé.

Dès que la démocratie eut été introduite à Athènes, l'éloquence dut naturellement y devenir le premier des arts, puisque c'était le moyen de parvenir à être le maître de l'état, ainsi que Périclès l'a réellement été. Dans ce temps-là donc, et encore longtemps après, Athènes était remplie de rhéteurs chez lesquels les jeunes gens des premières familles apprenaient l'éloquence politique. Cet art parvint ainsi chez ce peuple naturellement ingénieux au plus

[ocr errors]

haut point de perfection. Quiconque se sentait du génie, devenait orateur. Ön enseignait la théorie de l'éloquence. Tous les ouvrages didactiques de ce genre qui ont paru avant Aristote, sont perdus pour nous; mais nous avons encore des chefs-d'œuvres d'éloquence de ce siècle, qui fut vraiment le siècle d'or pour cet art; ils se trouvent dans l'histoire de Thucidide, et dans les ouvrages d'Isocrate, de Démosthènes et d'Eschine. On dit qu'Isocrate introduisit l'étude du mécanisme de l'expression, de l'harmonie, et de l'arrangement artificiel des périodes.

Athènes perdit avec la liberté la grande éloquence, qui dégénéra en un art agréable, plus destiné à amuser et à réjouir l'imagination, qu'à répandre la connaissance du vrai et du bon. Les grandes occasions de parler en public sur les objets relatifs au gouvernement ayant manqué, l'on en vint

dans les écoles des rhéteurs à donner les mèmes sujets à traiter par forme d'exercice d'éloquence, à une jeunesse qui n'avait aucune idée de la liberté, aucune connaissance de la politique.

On possédait cependant encore tous les artifices des orateurs, toutes les couleurs de l'art de parler; mais l'ame manquait à l'éloquence, c'est-à-dire, ces importans objets dont elle s'était autrefois occupée. Il en résulta cette éloquence maniérée des Grecs plus modernes, cette éloquence flatteuse pour l'imagination, qui, des écoles d'Athènes où elle s'était conservée, se répandit ensuite à Rome. Cette force de génie que les anciens Grecs avaient employée pour mettre dans leur vrai jour les affaires les plus importantes, pour exciter de grands sentimens chez tout un peuple, et pour lui inspirer des résolutions mâles, ne servit plus qu'à mettre des ornemens, des agrémens et de l'harmonie dans des discours dout les sujets étaient imaginaires. Les rhéteurs, qui autrefois apprenaient aux jeunes gens la politique et l'art de se rendre maîtres des esprits, devenus autant de grammairiens, enseignaient comment il fallait placer dans un discours de jolies phrases, des images agréables et des traits d'esprit. Il n'était pas question dans leurs leçons de l'intérêt de l'état, et de l'art du

gouvernement; mais il s'y agissait de tropes et de figures.

Tel fut le sort de l'éloquence chez ce peuple auquel la nature avait prodigué tous les talens que demandent les beaux

arts.

Rome.

3. L'éloquence naquit, se développa, et périt à Rome de la même manière qu'à Athènes. Les premiers orateurs romains n'eurent point d'autre précepteur que leur bon sens, leur génie naturel, et leur zèle pour le bien public. La courte barangue de Tiberius Gracchus, que Plutarque nous a conservée, est un chef-d'œuvre d'éloquence forte et naturelle.

Pendant long-temps les Romains n'eurent d'autres maîtres que la nature. Lorsque dans la suite ils eurent des liaisons avec les

Grecs, ils apprirent à étudier l'éloquence comme un art. On s'y appliqua, comme à Athènes, pour avoir de l'influence sur les résolutions du sénat et du peuple, ou pour donner un tour favorable à des affaires litigieuses, dont la décision dépendait quelquefois de l'assemblée du peuple. L'autorité et le pouvoir que l'on acquérait à Rome par l'éloquence, procurèrent à cet art la plus haute estime. On vit se former des orateurs qui auraient pu se montrer à côté des Démosthènes et des Périclès. Son plus beau période fut comme en Grèce celui où la liberté lutta contre les oppresseurs de la république. Les efforts sublimes qu'avait faits Démosthènes pour conserver la liberté des Grecs, Cicéron les fit pour sauver sa patrie. La chûte de la liberté entraîna à Rome, comme en Grèce, celle de l'éloquence, avec cette seule différence que les Romains, dont le génie était moins enclin à la subtilité, ne donnèrent point dans ces petitesses excessives de la rhétorique, auxquelles se bornèrent les rhéteurs des derniers temps en Grèce.

Avec Cicéron périt la grande éloquence; cependant, après la mort de ce grand homme, elle conserva encore une apparence de vie. Quoique l'éloquence politique eût été détruite avec la liberté, celle du barreau se soutint encore long-temps. Sous le gouvernement des premiers césars et de

quelques-uns de leurs successeurs, cet art jouit même d'une partie de l'estime dont il avait joui dans les derniers temps de la république. Ces souverains despotiques de la terre ne regardaient pas comme un petit talent, celui de bien parler; mais ce grand intérêt, quiseul donne de la vie à l'éloquence, n'existait plus; et même l'intérêt plus faible par lequel l'éloquence du barreau s'était d'abord soutenue, diminua journellement, et enfin l'éloquence, semblable à un vieux tronc, tomba dans une corruption dégoù

tante.

Peuples modernes.

4. Lorsque, dans ces derniers siècles, on commença à tirer de la poussière les sciences et les arts des anciens, l'éloquence fut la première qui s'attira l'estime des modernes. Des cendres des orateurs grecs et romains, naquit un art qu'on pouvait regarder comme une production de l'ancien art de parler, mais qui n'avait avec lui qu'une ressemblance faible et éloignée. Un terrain moins fertile ne pouvait manquer d'occasionner cette dégénération. Les modernes apprirent à estimer l'éloquence, mais ils ne purent point la porter à la perfection où les anciens l'avaient portée; les grands ressorts auxquels cet art devait sa force chez les anciens n'existaient plus. On n'acquiert aujourd'hui, par l'éloquence, de la réputation et de l'autorité que chez une très-petite partie de sa nation. On ne doit pas s'attendre d'obtenir par elle du pouvoir en politique, de l'influence sur les résolutions des souverains, de l'ascendant sur le corps de la nation. Ainsi l'homme de génie, fût-il un Démosthènes, un Cicéron, ne montera jamais à la hauteur ou s'élevèrent ces grands hommes que nous admirous.

Les plus grands efforts pour s'élever par l'éloquence semblent s'être manifestés en Angleterre, dans le parlement; en France, dans nos assemblées politiques, et sur-tout dans l'assemblée constituante, où l'on crut pendant quelques instans voir renaître l'éloquence telle qu'elle exista daus les beaux jours d'Athènes. Ce sont des étincelles qui semblent jaillir du choc des circonstances, mais que la nature d'un gouvernement

stable ne peut pas permettre de convertir en feu durable.

સે

Il ne reste que l'éloquence du barreau, s'il est bien permis de lui donner ce nom. dans les juges, le plaideur réduit à tirer Mais lorsqu'on ne suppose que de l'équité des argumens de la rigueur des lois, prouver par des statuts, à confirmer par des exemples, a bien peu d'occasions de déployer son éloquence. Comment veut-on qu'un jurisconsulte moderne, noyé dans de pénibles recherches, ait le loisir de cueil lir les fleurs du Parnasse ; et, supposé qu'il le fasse, comment figureront-elles au milieu des preuves rigoureuses et subtiles, des objections et des répliques dont il est obligé de faire usage?

ÉMANCIPATION. (Jurisprudence.】
Tome 7, page 484.

I.

Addition.

DROIT ROMAIN.

1. Chez les Romains, l'émancipation avait lieu seulement pour deux sortes de personnes : les mineurs et les fils de famille. La première, se faisait en vertu de lettres du prince, ainsi qu'elle s'est pratiquée depuis parmi nous; la seconde, celle des fils de famille, se faisait en diverses manières.

L'émancipation anastasienne, était celle qui se faisait en faveur des fils de famille, en vertu d'un rescrit du prince. On l'appelait anastasienne, parce que cette forme nouvelle fut introduite par une constitution de l'empereur Anastase, au lieu de l'émancipation ancienne ou légitime dont il sera parlé ci-après. L'anastasienne était beaucoup plus simple que l'autre, et plus commode, n'y ayant à celle-ci d'autre formalité que de faire insinuer juridiquement un rescrit, par lequel l'empereur émancipait le fils de famille.

L'émancipation ancienne ou légitime était la première forme dont on usait d'abord chez les Romains, pour l'émancipation des fils de famille. On l'appelait ancienne ou légitime, parce qu'elle dérivait de l'interprétation de la loi des Douze Tables. Cette loi portait que, quand un père

« PreviousContinue »