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trique, calculées, à moins d'un dix millième près, en 9 points différens, sur chacune de ces deux sphères , savoir : aux points extrêmes qui tombent sur la ligne des deux centres , et en d'autres points répartis uniformément entre ces extrêmes. L'inspection des tableaux suffira pour montrer si l'électricité croît ou décroît sur l'une des deux sphères, depuis le point le plus rapproché de l'autre, jusqu'au point le plus éloigné; on verra également si l'électricité est par-tout de même nature, ou si elle change de signe sur une même surface ; et, dans ce dernier cas, on saura vers quel point tombe la ligne de séparation des deux fluides.

Ces diverses circonstances dépendront des quantités totales de fluide électrique de l'une ou de l'autre espèce , dont les deux sphères sont chargées ; on pourra donner à ces quantités telles grandeurs' et tels signes que l'on voudra ; et si, par exemple, on en fait une égale à zéro , on aura le cas où l'une des deux sphères est électrisée par la seule influence de l'autre, et l'on connaîtra en même tems l'effet de la réaction de la sphère influencée sur la sphère primitivement électrisée. Lorsque c'est la plus petite des deux sphères prises pour exemple, qui est électrisée par influence, la grande présente une circonstance digne d'être remarquée : l'électricité' diminue sur sa surface, depuis le point le plus voisin de la petite sphère, jusqu'à environ 75° centigrades de ce point; puis son intensité augmente jusqu'au point diametralement opposé; de manière que l'épaisseur de la couche électrique, sans changer de sigue sur cette surface, atteint son minimum vers le 75. degré. Au reste, en égalant entre elles les épaisseurs qui répondent à deux points différens sur une même sphère, et déterminant par cette équation le rapport des quantités d'électricité dont les deux sphères sont chargées, on pourra produire à volonté un semblable minimum, lequel tombera quelque part entre les deux épaisseurs rendues égales. Je donne, dans mon Mémoire, un second exemple de ce minimum que je produis en rendant égales les épaisseurs extrêmes sur la petite sphère. Ce cas particulier est encore remarquable en ce que l'épaisseur de la couche électrique est presque constante, et 'ne varie pas d'un vingt-cinquième au-dessus ou au-dessous de la moyenne, dans toute l'étendue de la petite sphère ; de sorte qu'elle se maintient en présence de la grande sphère électrisée, à-peu-près comme si elle n'en éprouvait aucune influence ; circonstance due , non pas à la faiblesse de l'électricité sur la grande sphère, mais à une sorte d'équilibre entre son action sur la petite et la réaction de celle-ci sur elle-même. On verra aussi que, dans ce cas, l'électricité répandue sur la grande surface, passe du positif au négatif, et éprouve des variations d'intensité trés-considérables,

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Il serait desirable que l'on pût comparer ces résultats du calcul: à des expériences précises, ainsi que je l'ai fait dans mon premier Mémoire, à l'égard des expériences de Coulomb, sur le contact des sphères électrisées ; mais je n'ai trouvé, ni ailleurs, ni dans les Mémoires de cet illustre physicien, la suite d'observations nécessaires à cette comparaison. Ces Mémoires ne contiennent qu'un seul fait qui se rapporte à l'influence mutuelle de deux sphères séparées ; c'est le pliénomène dont j'ai déja parlé dans mon premier Mémoire , et qui consiste en ce que, si l'on a deux sphères inégales , qui soient d'abord en contact et électrisées en commun, par exemple, positivement ; que l'on vienne ensuite à les séparer, et que l'on observe la nature du fluide électrique qui afflue sur l'une et sur l'autre, au point par lequel elles se touchaient, on trouve que ce point, dont l'électricité était nulle pendant le contact, donne, à l'instant de la séparation, des signes d'électricité, contraires sur les deux sphères , savoir , d'électricité positive sur la plus grande, et d'électricité négative sur la plus petite. Celle-ci subsiste jusqu'à ce que les deux surfaces soient à une certaine distance l'une de l'autre; à cette distance , l'électricité du point de la petite sphère le plus voisin de la grande , redevient nulle, comme à l'instant du contact, el au-delà elle passe au positif. La distance dont nous parlons dépend du rapport des deux rayons; Coulomb l'a déterminée par l'expérience pour des sphères de différentes dimensions : je l'ai aussi calculée dans mon premier Mémoire , mais pour le cas seulement où l'un des deux rayons est très petit par rapport à l'autre ; et l'on a vu qu'alors le résultat du calcul est conforme à celui de l'observation. Il parait difficile de déterminer cette distance à priori , lorsque les rayons des deux sphères que l'on sépare ont entre eux un rapport donné; nais quand on l'aura trouvé par l'expérience, il sera toujours facile de vérifier, au moyen de nos fornules , si , à cette distance, l'électricité de la petite sphère, au point le plus voisin de la grande, est effectivement égale à zéro. On trouvera, dans la suite de ce Mémoire, un exemple de cette véri-, fication, faite sur une expérience de Coulomb, et remarquable par l'accord qu'elle montre entre l'observation et la théorie.

Les séries qui représentent les épaisseurs de la couche élec- : trique , cessent de converger, lorsque les deux sphères sont très- , rapprochés l'une de l'autre; pour les appliquer à ce cas, il a donc fallu leur donner une autre forme ; et en effet, par le moyen de leur expression en intégrales définies , je suis parvenu à les transformer en d'autres, séries d'autant plus convergentes que la distance des deux sphères est plus petite. De cette manière, j'ai pu déterminer ce qui arrive dans le rapprochement

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de ces deux corps, soit avant qu'ils se soient touchés, soit quand on les a d'abord mis en contact, et qu'on vient ensuite à les séparer.

Dans le premier cas, l'épaisseur de la couche électrique aux points les plus voisins sur les deux surfaces , devient plus grande et croît indéfi pimeut à mesure que leur distance diminue ; il en

; est de même de la pression que le fluide exerce contre l'air intercepté entre les deux corps, puisque cette pression, ainsi qu'on l'a vu dans mon premier Mémoire, est toujours proportionnelle au carré de l'épaisseur ; elle duit donc finir par vaincre la résistance de l'air ; et le fluide, en s'échappant sous forme d'étincelle ou autrenient, doit passer, avant le contact, d'une surface sur , l'autre. Ce fluide, ainsi accumulé avant l'étintelle, est de nature différente et à-peu-près d'égale intensité sur les deux sphères ; si elles sont électrisées, l'une vitreusement et l'autre résineusement, il est vitreux sur la première et résineux sur la seconde ; mais quand elles sont toutes deux électrisées de la même manière, et, par exemple, positivement, la sphère qui contient moins de fluide qu'elle n'en doit avoir dans le contact, devient négative au point où se prépare l'étincelle, et, au contraire, celle qui en contient plus qu'elle n'en doit conserver, resle positive dans loute son étendue.

Les phénomènes ne sont plus les mêmes dans le second cas, c'est-à-dire lorsque les deux sphères se sont touchées et qu'on les a ensuite un tant soit peu écartées l'une de l'autre. Le rapport qui existe entre les quantités totales d'électricité dont elles sont chargécs, fait disparaître, dans l'expression de l'épaisseur, le terme qui devenait infiniment grand pour une distance infiniment pelile : l'électricité des points les plus voisins sur les deux surfaces, est alors très-faible pour de très - petites distances; eile décroît avec ces distances , suivant une loi que j'ai déterminée ; son intensité est à-peu-près la même sur les deux sphères ; mais quand elles sont inégales, cette électricité est positive sur l'une et négative sur l'autre, et c'est toujours sur la plus petite qu'elle prend un signe contraire à celui de l'électricitė iotale; résultat entièrement conforme à l'expérience de Coulomb que j'ai citée plus haut, et qui fournit une confirmation importante de la théorie des deux fluides. Quand les deux sphères sont égales, l'électricité, pendant le contact et après la séparation, se distribue de la même manière sur l'une et sur l'autre ; il est naturel de periser que , dans ce cas, le fluide est de même nature sur toute l'étendue de chaque surface, quelque petite que soit la distance qui sépare les deux sphères : c'est, en effet, ce qu'on déduit de nos formules, en y supposant les deux rayons égaux.

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J'ai aussi considéré ce qui arrive, dans le rapprochement des deux sphères, aux points les plus éloignés sur leurs surfaces. On trouvera, dans mon Ménioire, des formules qui expriment, pour des distances très-petites, les quantités d'électricité relatives à ces points; elles montrent que l'épaisseur de la couche électrique qui leur correspond, tend vers une limite constante , à mesure que les deux sphères se rapprochent, et que cette limite est l'épaisseur qui aurait lieu aus mêmes points, à l'instant du contact. Ces mêmes formules font voir en même tenis que la quantité qu'elles représentent, converge en général très-lentement vers sa limite ; de sorte que, pour des distances extrêmement petites , l'électricité des points les plus éloignés sur les deux surfaces, diffère ,encore beaucoup de ce qu'elle sera dans le contact ou après l'étincelle i d'où nous pouvons conclure que l'étincelle, quand elle a lieu à une distance sensible, change la distribution du fluide électrique dans toute l'étendue des deux surfaces , et jusqu'aux points diamétralement opposés à ceux où elle se produit.

Extrait des rapports faits par MM. DELAMBRE et

CUVIER , sur les travaux de la Classe des sciences physique et mathématiques , pendant l'année 1813.

Baromètre portatif d'une construction nouvelle; par M.GAY-LUSSAC,

Ce baromètre est à syphon ; ce qui le distingue de tous ceux qu'on a connus jusqu'à ce jour, c'est qu'il est entièrement exempt de robinets, de vis ou de pistons. La branche la plus courte est fermée à son extrémité; mais à deux ou trois centimètres audessous de cette extrémité, se trouve un petit trou capillaire qui suffit au libre passage de l'air, mais trop petit pour que

le mercure puisse s'échapper, même quand il vient à passer sur cette ouverture.

Cette branche est réunie à la plus longue par un tube dont le diamètre intérieur est d'un millimètre environ et dont la longueur de la courbure est de deux à trois décimetres. Cette disposition a l'avantage que s'il s'engageait de l'air dans la courbure du baromètre pendant le transport, le mercure le chasserait devant lui lorsqu'on renverserait l'instrument, ce qui n'aurait pas lieu si le tube était plus large.

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Froid artificiel : cristallisation. On a vu (Correspondance, tom. 2, pag. 289) comment, en accélérant l'évaporation par le vide et par la présence d'un corps très-absorbant, M. Leslie d’Edimbourg était parvenu à faire congeler l'eau en toute saison. Ce physicien a imaginé depuis un appareil qui a été montré à la classe par M. Pictet, et où l'on peut à volonté, et instantanément, faire congeler l'eau ou lui rendre sa liquidité. Pour cet effet, on place de l'eau sous la cloche pneumatique, dans un vase dont le couvercle se lève ou s'abaisse au moyen d'une tige qui traverse le haut de la cloche; lorsqu'on découvre cette eau,

'cédant à l'action des causes qui la vaporisent, elle se gėle , et, quand on la recouvre , la chaleur environnante la rend en peu d'instans à son premier état.

Notre confrère M. Gay-Lussac , qui a répété devant la classe l'expérience de M. Leslie, a rappelé un fait bien connu , qui rentre dans le même ordre ; c'est le froid qui se produit dans certaines machines d’où on laisse échapper de l'air condensé ; il a prouvé. qu'en toute saison il suffit que l'air ait été conuensé du double pour donner de la glace ; et il croit qu'on pourrait s'en procurer aisément ainsi dans les pays chauds, en condensant l'air au moyen d'une chûte d'eau.

On peut, en employant des corps plus évaporables que l'eau, arriver à des degrés de froid véritablement étonpans, et à faire geler non-seulement le vif-argent, mais l'esprit-de-vin le plus pur; c'est à quoi est parvenu M. Hutton, d'Edimbourg, qui a remarqué à cette occasion que, dans l'alcool le plus rectifié, la congélation séparait encore des matières assez différentes. M. Configliacchi, professeur à Pavie, a congelé le mercure par la seule évaporation de l'eau. Nous devons également la première communication de ces expériences à M. Pictet.

On croyait que cette pression de l'air, dont l'influence est si puissante pour retarder l'évaporation des liquides, retardait aussi la dissolution des sels, ou, ce qui revient au même , accélérait leur cristallisation quand ils étaient dissous; et en effet, une dissolution saturée de sel de glauber, ou sulfate de soude qui conserve sa liquidité quand elle refroidit dans le vide, cristallise aussitôt qu'on lui donne de l'air ; mais M. Gay-Lussac s'est assuré qu'il s'en faut de beaucoup qu'il en arrive autant à tous les sels, et que même, pour le sulfate de soude, le phénomène ne tient point à la cause qu'on alléguait. Quand on intercepte le contact de l'air par une couche d'huile , par exemple, la cristallisation se retarde comme lorsqu'on supprime sa pression en faisant le vide; tandis qu'au contraire la pression d'une colonne de mercura

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