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Plus de la moitié de ces prélats sont morts. Ceux qui ont assez vécu pour avoir le bonheur de voir la restauration du Prince à la cause duquel ils s'étoient partiticulièrement liés, sont M. de Talleyrand - Périgord, archevêque de Reims; M. de Bonac, évêque d'Agen; M. de Nicolaï, évêque de Béziers; M. de Flamarens, évêque de Périgueux; M. Amelot, évêque de Vannes; M. de Themines, évêque de Blois; M. de Bethisy, évêque d'Uzès; M. de Caux, évêque d'Aire; M. du Chilleau, évêque de Châlons-sur-Saône; M. de la Laurencie, évêq e de Nantes; M. de Villedieu, évêque de Digne; M. de Vareilles, évêque de Gap; M. de la Fare, évêque de Nancy; M. de Vintimille, évêque de Carcassonne; M. de Bovet, évêque dé Sistéron; et M. de Coucy, évêque de la Rochelle. Encore dans ce nombre MM. de Nicolaï et de Bovet sont-ils indiqués comme ayant donné leur démission postérieurement au Concordat. Resteroit alors à quatorze, auxquels quelques-uns joignent M. dela Luzerne, évêque de Langres, qui avoit donné sa démission, en 1801, et qui a néanmoins réclamé contre le Concordat. Tous ces évêques demeuroient en Angleterre, à l'exception de M. de la Luzerne, qui étoit à Venise; de M. du Chilleau et de M. de la Fare, qui résidoient en Allemagne; de M. de Nicolaï, qui s'étoit fixé en Italie, et de M. de Coucy, qui étoit à Cuença, en Espagne. Il n'y a que huit de ces prélats qui soient encore de retour, M. l'archevêque de Reims, et MM. les évêques de Béziers, d'Uzès, d'Aire, de Nantes, de Digne, de Carcassonne et de Sistéron. On dit qu'on attend sous peu M. de la Luzerne et M. de Coucy. Plusieurs des autres ne paroissent pas se disposer à revenir encore. Leur âge et leurs infirmités ne leur permettent peut-être pas d'entreprendré tous un voyage pénible. Parmi les dix-sept évêques que nous venons de nommer, il n'y en a que sept dont les siéges aient été conservés, savoir: Agen, Vannes, Nantes, Digne, Nancy, Carcassonne et la Rochelle. On sait que plusieurs villes ont demandé le rétablissement de leurs évêchés. De ce nombre

sont Belley, Uzès, Saintes, Viviers, le Puy, Rhodez, Beauvais, Lisieux, Blois, etc. On se flatte que les réclamations de ces villes seront écoutées, et qu'on rétablira plusieurs des siéges qui avoient été supprimés. On reconnoît généralement que la circonscription de 1801 avoit trop restreint le nombre des diocèses, et qu'en ne mettant que soixante évêchés à la place des cent cinquante-huit qu'elle supprimoit, elle opéroit une réduction préjudiciable aux intérêts de l'Eglise. Il put y avoir quelque inconvénient à ce que les siéges soient trop multipliés; mais il y en a bien davantage à ce que les diocèses soient trop grands. Alors les évêques ne peuvent exercer la même surveillance et maintenir le même ordre dans leur clergé. Il seroit à désirer qu'il n'y eut pas en France moins de quatre-vingt-dix évêchés. Au surplus, on peut, à cet égard, s'en rapporter pleinement aux vues sages qui animent les deux puissances, à leur égal désir pour le bien, et à leur religieux concert.

-Parmi les députations des villes qui ont eu récemment l'honneur d'être présentées au Roi, celle de Darney, département des Vosges, mérite d'être remarquée par une circonstance particulière. Cette ville étoit la patrie du savant abbé Bergier, connu par des bons ouvrages en faveur de la religion, et mort au commencement de la révolution. Le petit-neveu de cet écrivain, M. Hamart, présidoit la députation de Darney. S. M., qui ne laisse passer aucune occasion de dire des choses flatteuses, a dit à M, Hamart qu'elle n'oublieroit jamais la mémoire de son respectable oncle. On sait que M. l'abbé Bergier étoit personnellement attaché à la maison de MONSIEur. ll étoit confesseur de ce Prince, et sa famille conserve religieusement des lettres de Louis XVIII, qui attestent la confiance qu'il avoit en l'abbé Bergier. Il y en a une entr'autres où le Prince, qui ne pouvoit aller dans le moment à Versailles, prie son confesseur, qui y demeuroit, de lui indiquer à Paris un confesseur qui put le suppléer. C'étoit, à ce qu'il paroît, au temps pascal.

DEF

-Il a été célébré des services d'expiation pour Louis XVI et son auguste famille, à Brest dans l'église de Recouvrance, à Dole, à Attichy, à l'Argentière, à Marly-le-Roi, à la Ferté-Saint-Aubin, à Lyons-la-Forêt, etc. Dans presque tous ces endroits les curés ont prononcé des discours sur l'objet de la cérémonie, et ont célébré les vertus et les malheurs des victimes illustres. Nous sommes fâchés de ne pouvoir particulariser davantage ces marques d'un zèle et d'une piété qui honorent ces pasteurs.

VERNEUIL (département de l'Eure). On vient de cé'lébrer, le 3 août, un service funèbre pour M. le comte de Frotté, l'un des chefs de l'armée royale, et pour six officiers de son état-major. On sait que, victimes de la plus noire et la plus insigne trahison, ces intrépides défenseurs de la cause du Roi furent traduits dans cette ville, condamnés injustement par un conseil de guerre, et mis à mort, le 18 février 1800.

Le clergé, les autorités civiles et militaires, tous les habitans de Verneuil, et les personnes les plus marquantes des environs se sont empressées de rendre à leur mémoire cet hommage religieux, gage de leurs sentimens invariables, et de la douleur profonde que la tyrannie de Bonaparte ne permit pas de faire éclater au temps de leur

mort.

Le cortège est parti de la mairie aux accens d'une musique militaire et funèbre, pour se rendre à l'église paroissiale de la Madelaine. A la tête du cortége, près de M. de Saint-Aignan, chevalier de saint Louis, maire de la ville, et de M. le vicomte de Chambray, ancien président du conseil de l'armée royale, on voyoit M. le marquis de Montmorency, que le ministre de la guerre avoit chargé, dans les premiers jours d'avril, d'une mission pour ce pays. Ce seigneur, dont on connoît le zèle pour tout ce qui intéresse la religion et le Roi, avoit fait arborer la cocarde blanche aux dragons cantonnés dans Verneuil, ainsi qu'à tous les habitans, qui se distinguèrent par leur dévouement à la cause du Roi.

Celte circonstance a rendu la cérémonie d'autant plus touchante, que M. de Frotté avoit été le frère d'armes de M. le marquis de Montmorency, ayant servi autrefois sous ses ordres en qualité de lieutenant dans le régiment de Montmorency-Laval. Le recueillement et la tristesse, peints sur tous les visages, retraçoient fidèlement la douleur qu'avoit excitée, dans les habitans de cette ville, la fin tragique de ces illustres victimes.

AURIGNAC (diocèse de Toulouse). Il a été fondé ici, il y a quatre ans, une association précieuse de dames, sous le titre de Dames du Bon Secours. Elle a pour objet le service des pauvres malades, l'instruction chrétienne de la jeunesse, et en général toutes les œuvres de charité et de miséricorde. Elle est composée de neuf membres, cinq dames et quatre sœurs. La première supérieure est Mme. la baronne de Benque, née Bernard de Marigny, et veuve. Le fondateur est M. l'abbé Desentis, qui est en même temps aumônier de l'association. M. l'archevêque, se trouvant à Aurignac en cours de visite, approuva cette société, qui a fait imprimer son réglement, et qui a déjà opéré de grands biens à Aurignac. Elle a choisi saint Vincent-de-Paul pour son patron. Elle n'en pouvoit assurément prendre un qui rappelât mieux l'influence et les effets de la charité. Elle lui a dédié une chapelle, où il a été récemment célébré un service pour Louis XVI et sa famille. Toute la ville s'y est rendue en habits de deuil. Cette association, outre l'esprit de charité qui l'anime, paroît très-zélée pour la cause du Roi, et peut être fort utile dans ce pays pour y propager l'attachement à nos Princes légitimes.

ERNÉE (diocèse du Mans). Notre ville a été une des premières à se réjouir de notre délivrance commune. Elle a fait proclamer avec appareil, dès le 11 avril, le retour des Bourbons. Le 15 juillet dernier, elle a fait célébrer un service pour Louis XVI et sa malheureuse famille. Notre curé, M. Pilier, ecclésiastique très-zélé pour la cause royale, a prononcé un discours sur l'objet

de la cérémonie. Le lendemain il y a eu un autre service pour le repos de l'ame de trente-neuf victimes de la révolution, parmi lesquelles étoit l'abbé de Couasnon, grand-vicaire de Limoges et prévôt de Saint-Jussien. Leurs corps furent jetés dans un lieu profane, d'où on les a retirés pour leur accorder les honneurs de la sépulture ecclésiastique. Les bons habitans de cette ville ont vu avec intérêt ces réparations éclatantes de la barbarie et de l'impiété révolutionnaires.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Dans la séance du Conseil d'Etat, du 4 août, qui se rassembloit pour la première fois, le Roi étant entre, s'est placé sur son trône, et, assis et couvert, a prononcé le discours qui suit:

« Messieurs, j'ai voulu réunir tous les membres de mon Conseil pour recevoir moi-même leur serment, et donner plus de solennité à la cérémonie religieuse qui vous attache à mon service et à celui de l'Etat.

» Redoublez donc de zèle, Messieurs, joignez vos efforts aux miens; je compte sur vos lumières et sur votre expérience pour m'aider à rendre mes peuples heureux.

» Mon chancelier va vous faire plus particulièrement connoître mes intentions ».

M. le chancelier a pris, un genou en terre, les ordres de S. M., et après s'être relevé, a, au nom du Roi, ordonné de s'asseoir puis, s'adressant au Conseil, a dit :

« Messieurs, il est digne d'un Monarque qui veut que la justice préside à toutes ses décisions, de s'environner de conseils sages et vertueux. Il a beau réunir aux lumières les plus étendues la science si rare de faire un bon usage des connoissances acquises par le travail et la méditation, si un génie supérieur suffit pour ordonner de grandes choses, il est impossible de suffire aux détails sans conseils.

>> Il faut que des hommes éclairés, et surtout des hommes vertueux, discutent et préparent toutes les matières, recueillent toutes les plaintes, examinent toutes les réclamations, soumettent à l'autorité, et lui proposent des avis parmi lesquels elle puisse choisir avec sûreté.

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