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>> La fortune des Etats, la gloire des souverains, le bonheur des peuples dépendent souvent de la sagesse des conseils. Vous êtes appelés, Messieurs, à faire aimer et respecter l'autorité du Roi, sans jamais chercher à l'étendre; à conserver sa puissance, sans travailler à l'accroître. Le Roi veut que votre expérience et vos lumières ajoutent à la force comme à la sécurité de ses ministres, en les garantissant des surprises qu'on pourroit faire à leur religion, en les éclairant sur les erreurs involontaires qui pourroient leur échapper, en préparant les lois et les réglemens dont l'exécution leur est confiée. Le but de votre institution n'est pas, et votre nom l'indique assez, de former un conseil qui prononce, mais un conseil qui dirige; vous n'êtes pas appelés à administrer, mais à éclairer l'administration. Les assemblées générales du Conseil seront par-là même assez rares, et c'est dans les comités particuliers qu'on éprouvera surtout votre salutaire influence.

>> Celui de législation préparera les diverses lois civiles et criminelles dont S. M. jugera à propos de lui confier la rédaction; il examinera les bulles et les actes du saint Siége, et les actes des autres communions qui doivent être soumis à l'approbation du Roi.

» Le comité contentieux connoîtra des affaires qui étoient portées à la commission qu'il remplace, des conflits entre les autorités administratives et judiciaires, des pourvois contre les décisions des conseils de préfecture et autres administrations, dans les cas déterminés par la loi.

>> Les actes interprétatifs et explicatifs des lois et des réglemeus seront préparés par le comité que la matière concerne; chaque ministre y renverra les affaires qu'il trouvera utile de lui soumettre.

>> Les avis de ces divers comités seront rédigés en forme de lois ou d'arrêts, mais n'en recevront le caractère que de l'approbation que S. M. leur aura donnée sur la proposition des différens ministres, qui, jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné, pourront seuls les rendre exécutoires par leur signature.

» Telle sera la marche provisoire des différens comités, en attendant que le travail y soit déterminé par un réglement général. C'est à ces comités que les membres du Conseil vont être distribués. Que l'amour du bien y soit leur premier guide; qu'il y marche constamment avant l'amitié,

la haine, l'intérêt personnel. N'y proposez jamais au Roi, Messieurs, que ce qui vous paroîtra juste; que le désir même de lui plaire fasse place à celui de le servir: ne lui conseillez que ce qui peut le conduire à la seule gloire qu'il ambitionne, à celle de redre ses peuples heureux. Donnez, enfin, par vos vertus privées, par la sagesse de votre conduite, par la modération de vos principes, une haute opinion de la capacité de vos conseils. Vous offrirez ainsi au meilleur comme au plus juste des Rois la plus forte preuve de votre attachement et de votre fidélité; et vous verrez se fortifier chaque jour vos droits à l'estime publique, qui se mesure moins sur l'éclat que sur l'utilité des travaux ».

Ce discours terminé, M. le chancelier a repris les ordres du Roi, et a lu la formule du serment dont la teneur suit :

«Vous jurez devant Dieu de bien et fidèlement servir le » Roi en l'état et charge de conseillers d'Etat et maîtres des >> requêtes; garder ses édits et ordonnances et les réglemens » de son Conseil; tenir secrètes et ne révéler à personne les » délibérations d'icelui et les affaires qui vous seront cominu»> niquées concernant son service; avertir S. M. de tout ce » que vous connoîtrez importer son honneur, sa personne >> et son service, et faire tout ce qu'un homme de bien aimant » sou Roi doit faire pour la décharge de sa conscience et le >> bien des affaires de S. M. ».

Tous les membres du Conseil ont répondu : Je le jure! S. M. s'est ensuite retirée, et a été reconduite par Mr. le chancelier, de la même manière qu'elle avoit été reçue en entrant dans la salle du Conseil.

Mme. la duchesse douarière d'Orléans est arrivée à Paris. S. A. occupe, comme nous l'avons dit, l'hôtel Nivernois, rue de Tournon. Elle n'est point, dit-on, fatiguée d'un si long voyage, et plusieurs personnes ont déjà été admises à lui faire leur cour.

-On écrit d'Orléans, qu'on y attend Mme la duchesse d'Angoulême. On y a reçu la nouvelle que cette princesse y arrivera le vendredi 12 de ce mois. On fait des préparatifs pour la recevoir. Les habitans de cette ville s'en réjouisscnt comme d'une fête. Ils rivaliseront de zèle et de dévouement avec les habitans de Clermont, de Riom, et des autres villes de l'Auvergne et du Bourbonnois, que S. A. R. vient de visiter, et où elle a été accueillie avec le plus touchant empressement.

-Mer. le duc de Berry, dans sa route pour l'Angleterre, a visité les villes et garnisons de la Flandre, et a été reçu par les troupes et les habitans avec de vives démonstrations de joie.

-Vers le milieu du mois d'avril dernier, la princesse Catherine de Wirtemberg, ex-reine de Westphalie, a été arrêtée et volée sur la route de Nemours, près du village de Fossard, par des hommes à cheval partis de Paris, et qui écartoient, sous plusieurs rapports, le soupçon d'un semblable dessein. On lui prit une grande partie de ses diamaus: le vol fut accompagné des procédés les plus inconvenans envers une princesse malheureuse. Le gouvernement n'en fut pas plutôt informé, qu'il donna les ordres les plus sévères la recherche des coupables et le recouvrement des ob

pour

jets volés.

Après trois mois d'investigations assidues, la police a enfia découvert que les diamans avoient éte cachés dans la Seine, au bas du pont de Louis XVI, et en face du dôme des Invalides. Des plongeurs les en ont retirés le 2 du courant. On évalue à 1,800,000 fr. la valeur de ces objets..

SAINT-MARTIN-DE-SEIGNANX, (département des Landes), 25 juillet. Au moment où nous nous livrions aux transports de joie que nous avoit causés la présence auguste d'un Prince chéri, un accident funeste a été sur le point de changer notre ivresse en deuil, et de plonger la France dans la consternation. Ce matin, S. A. R. Mgr. le duc d'Angoulême, après avoir reçu les hommages de nos bons paysans, se rendoit à Pau. L'imprudence des postillons qui, pour éviter quelques ornières, avoient gagné les bords de la route, compromit les jours précieux de S. A R. Le terrain céda sous le poids de la voiture, qui se trouva miraculeusement suspendue sur le bords d'un précipice d'environ trente pieds de profondeur. Une partie des gardes royaux se précipita à l'instant même pour soutenir la voiture sous le penchant de l'abîme, et le reste courut à toute bride prévenir les habitans de l'accident qui venoit d'arriver. Les gardes royaux aidèrent le Prince et les seigneurs de sa suite à sortir de la voiture, qui pouvoit, malgré les moyens que l'on avoit pris, tomber d'un instant à l'autre dans ce précipice. Les habitans conduisirent quelques paires de bœufs avec le plus grand empressement, et la voitare fut remise sur le milieu de la route, sans avoir éprouvé

aucun dégât, S. A. R., sensible au zèle des gardes royaux, et à l'empressement avec lequel ils ont volé à son secours, leur en témoigna toute sa satisfaction, et fit remettre au maire de Saint-Martin-de-Seignanx une ample gratification pour être distribuée aux paysans.

LEIPSICK, 27 juillet. Parmi les acclamations qui ont retenti en l'honneur de S. M. l'empereur de Russie, quelques cris de vive le Roi de Saxe! se sont aussi fait entendre. Les autorités supérieures n'avoient pas voulu permettre que l'on présentât à l'empereur une pièce de vers qui exprimoit les espérances des Saxons pour le rétablissement de leur ancien souverain; mais Alexandre, ayant été informé de ce fait, a voulu qu'on lui remit les vers. On ne sait encore rien de positif sur notre sort futur.

Voici un des principaux griefs que l'on cite contre le Roi de Saxe :

<< Lorsque ce monarque alla en Bohême, il déclara à la cour de Vienne qu'il avoit l'intention de se réunir à elle, et d'accéder à toutes les mesures qu'elle prendroit. Le général Langenau fut envoyé pour entamer des négociations. L'Autriche le reçut avec empressement, et, pleine de confiance en la fidélité d'un prince allemand, elle lui fit connoître sans réserve tout ce que l'on avoit intention de faire on lui apprit qu'on se préparoit à attaquer Napoléon, dans le cas où il ne se prêteroit point aux conditions qu'on lui proposeroit. Lorsque, sur l'invitation de Napoléon, le roi de Saxe fut rendu de Prague à Dresde, il lui découvrit, de son propre mou vement et sans nécessité, tout le secret de ces négociations, et en récompense de cette confidence, la Marche de Brandebourg et une partie de la Bohême lui furent assurées par un traité ». (Gazettes allemandes.)

MONSIEUR,

AU RÉDACTEUR.

Vous avez parlé, dans un de vos numéros, du respectable évêque d'Orense, en Galice. Ce que vous en avez dit, m'a fait un sensible plaisir. J'ai particulièrement connu ce vertueux prélat. J'ai été du nombre des prêtres françois à qui il accorda si généreusement l'hospitalité pendant la révolution. Nous avons été chez lui près de deux cents, et il nous a traités avec la plus grande charité. Il est de notre devoir de publier ce bienfait et de rendre hommage à notre bienfaiteur, J'ai con

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servé une de ses lettres qui est un nonument de zèle et de charité. Elle est adressée à M. l'abbé de Villeneuve, vicaire-général et doyen d'Angers. M. de Quevedo y donne de grands éloges à la constance des prêtres françois, qui ont mieux aimé souffrir les privations et l'exil, que de se soumettre à un serment que leur conscience repoussoit. Il annonce à l'abbé de Villeneuve qu'il recevra, non-seulement les douze prêtres que cet abbé lui proposoit de faire partir pour Orense, non-seulement huit autres dont il lui parloit, mais généralement tous ceux qu'il jugeroit à propos de lui envoyer, quel qu'en fut le nombre. Nous leur rendrons avec zèle, dit le saint évêque, tous les devoirs de la charité. Nous regarderons comme un bonheur de pouvoir leur offrir quelques soulagemens, et de participer ainsi au mérite de leurs souffrances, puisque la paix dont nous jouissons sous un Prince pieux ne nous a pas permis de le faire d'une autre manière Le prélat finissoit par offrir à M. de Villeneuve tous les secours qui dépendoient de lui. Sa lettre est datée du 21 octobre 1792. Ce n'étoit pas chez lui un vain compliment, Le zèle qui l'avoit dictée fut durable et les effets en furent constans. Le généreux évêque ne cessa de se regarder comme le père de tous nos exilés. Il ne prévoyoit pas alors que l'église d'Espagne auroit aussi ses jours de tribulations, et que ses prêtres seroient à leur tour bannis et emprisonnés. Un grand nombre d'entr'eux ont été amenés en France et traités avec indignité. Je souhaite que du moins ils y aient trouvé des évêques d'Orense. J'ai l'honneur d'être,

Ce 15 juillet 1814.

NICARD, curé de Saint-Léonard, au diocèse de Limoges.

LIVRE

NOUVEAU.

Encore un mot sur la liberté de la presse, par M. de Bonald; brochure in-8°.

En attendant que nous rendions compte de cette brochure, que nous sommes fâchés de n'avoir pas vu paroître plutôt, nous dirons qu'elle nous a paru très-propre à éclairer l'opinion publique sur une question qu'on voudroit obscurcir. Si on ne connoissoit le talent et la pénétration de l'auteur, on seroit étonné du grand nombre d'idées saines, d'aperçus justes, de traits marquans, de raisons concluantes que présente cet écrit. Il est court, mais il va au but. Il appelle à penser, et il seroit à désirer qu'il fut médité par ceux qui sont chargés en ce moment de discuter une grande question. S'il leur faut un publiciste, ils ne récuseront pas l'autorité d'un écrivain qui a fait ses preuves, et qui, généralement, voit de plus haut et plus loin que la plupart de ceux qui se parent de ce nom imposant.

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