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représenté saint Pierre qu'un ange tire de sa prison. Autour est cette inscription: Renovatum prodigium; et au bas cette autre Summi Pontificis reditus, religionis triumphus, an. 1814. Il étoit difficile, sans doute, de trouver des rapprochemens plus justes. Le prodige qui vient de s'opérer à nos yeux, mérite en effet d'être compté à côté de celui qui tira saint Pierre des fers, et l'ange du Seigneur ne se manifeste guère moins dans le dernier cas que dans le premier.

-L'archi-prêtre de Florence, M. Antonin Longo, qui avoit été nommé par Bonaparte à l'évêché de Spolète, et qui s'étoit fait donner des pouvoirs de vicaire capitulaire pour ce dernier diocèse, a publié à Florence, le 4 mai, une rétractation, dans laquelle il demande pardon d'avoir accepté une nomination de la part d'un homme qui n'avoit aucun droit de la faire, et d'avoir contrevenu au bref, du 2 décembre 1810, adressé au chapitre de Florence. Il déclare que sa conduite fut l'effet de la crainte, et témoigne beaucoup de repentir. Il regrette aussi d'avoir souscrit à une certaine adresse dont il condamne les máximes (1).

(1) Nous saisissons cette occasion pour réclamer contre un article d'une gazette du 9 août, qui donne, sous la rubrique de Rome, des nouvelles tout-à-fait fausses. Il y est dit, 1°. que sur six mille prêtres de l'Etat romain, huit cents refusèrent le serment; ce qui fait entendre apparemment que les cinq mille autres l'ont prêté. Alors cette allégation est fausse. On n'avoit demandé le serment qu'aux chanoines et aux curés. Dans le premier moment, il n'y en eut que trois ou quatre qui le prêtèrent. Depuis, la crainte de la déportation et les violences employées par l'usurpateur, engagèrent quelques uns à souscrire le serment, mais il s'en faut de beaucoup que le nombre en soit grand. 20. La même gazette dit que le Pape, par un effet de la charité éclairée qui préside à toutes ses actions, a défendu que les prêtres qui avoient adopté d'autres principes fussent aucunement recherchés pour leurs opinions, et qu'il a déclaré ne reconnoître dans tous les membres de son clergé que les enfans d'une même famille. Nous devons dire que la défense et la déclaration ne sont pas plus vraies l'une que l'autre. Cet article de Rome a une couleur un peu parisienne. La charité qui anime le saint Pere est éclairée sans doute, mais elle ne Fempêche pas de soutenir les

PARIS. S. M. vient d'adresser à MM. les grandsvicaires de Paris la lettre suivante :

« Nous vous avons mandé, dans deux circonstances mémorables, de faire rendre de solennelles actions de grâces à l'Etre suprême par qui régnent les Rois. Tous les jours les marques signalées de sa protection se manifestent, de plus en plus, en faveur de notre personne et de notre royaume. Nous nous plaisons à en attribuer la cause à la piété qui n'a cessé d'animer les Rois nos ancêtres, et particulièrement nos très-augustes et trèshonorés aïeux, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, qui par leurs déclarations et lettres des 10 février 1638, 15 mai 1656, et 21 juillet 1738, ont consacré la France à perpétuité à la Mère de Dieu, comme à sa patronne spéciale. A ces causes, voulant nous conformer à de si grands exemples, et unir notre intention à celle qui leur a dicté cet acte religieux, je vous fais cette lettre pour vous dire que ma volonté est que le matin du jour de l'Assomption de la très-sainte Vierge, vous fassiez faire lecture de la déclaration de Louis XIII, du 10 février 1638, dans votre église métropolitaine, et qu'après les

droits de son Siége et les règles de l'Eglise, et de maintenir l'ordre et la discipline dans le clergé. Il a ordonné à tous ceux qui avoient pris part à l'administration spirituelle ou temporelle sous le dernier gouvernement, de se rétracter. Il a prescrit à quelques ecclésiastiques dont il avoit à se plaindre, d'aller faire une retraite de plusieurs jours dans une communauté. Il a infligé même des peines un peu plus sévères à quelques autres. Nous ne croyons pas qu'il ait manqué en cela à la charité qui consiste surtout à accueillir le repentir. 3°. Enfin, le même journal dit que les troupes autrichiennes occupent encore le château Saint-Ange; ce qui n'est pas plus exact que le reste. Il n'y a plus à Rome de troupes étrangères. La garde pontificale fait seule le service. Nous sommes autorisés à publier ces détails, et nous engageons le journal, qui, comme on voit, n'a pas été heureux cette fois dans ses informations, à se tenir en garde contre son correspondant de Rome qui les lui a envoyées, ou, si elles ne viennent pas de si loin, comme cela seroit possible, à le prier d'y mettre, non pas une couleur un peu plus ultramontaine, ce qui seroit trop scandaleux, mais du moins plus d'art, de vraisemblance et d'exactitude. (Note du Rédacteur.)

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Vêpres du même jour, il soit fait une procession arec toute la splendeur qu'il se pourra, à laquelle assisteront Jes autorités civiles, judiciaires et militaires, d'après l'invitation que vous leur en ferez dans les formes actuelle ment en usage; ce que je veux être fait dans toutes les églises paroissiales et autres de mon royaume, ainsi qu'il est plus particulièrement expliqué dans ladite déclaration que je veux être observée exactement. Cette lettre n'étant à autre fin, je prie Dieu, MM. les vicaires-généraux, qu'il vous ait en sa sainte garde».

Fait à Paris, en notre château des Tuileries, le 5 août 1814.

Signé, LOUIS.

Et plus bas, l'abbé DE MONTESQUIOU.

- Les déclarations de nos Rois, que S. M. cite dans cette lettre étant peu connues, et étant des monumens subsistans de leur piété et des pièces importantes pour l'histoire, nous les mettrons ici pour la satisfaction des lecteurs, qui y reconnoîtront avec plaisir le langage religieux des fils de saint Louis :

Déclaration de Louis XIII.

LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, SALUT. Dieu, qui elève les Rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les Princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial, et de notre personne, et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté, que d'accidens qui nous pouvoient perdre. Lorsque nous sommes entrés au gouvernement de cette couronne, la foiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause, que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes, et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne, que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal, avec autant de douceur que de justice; la rebellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avoit pour but que de partager notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et à permis que nous ayons

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relevé ses autels, en tous les lieux où la violence ́de cet injuste parti en avoit ôté les marques. Si nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu'à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablit en la possession de leurs Etats, dont ils avoient été dépouillés : si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées, pour en conspirer la ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations, que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve, et sa toute-puissance le défend. Tant de grâces si évidentes font, que, pour n'en differer pas la reconnoissance, sans attendre la paix, qui nous viendra, sans doute, de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur, pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine, que nous adorons en trois personnes, à ceux de la sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous révérons l'accomplissement des mystères de notre rédemption, par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, nous consacrer à la grandeur de Dieu par son Fils rabaissé jusqu'à nous: et à ce Fils par sa mère élevée jusqu'à lui; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets, pour obtenir, par ce moyen, celle de la Sainte-Trinité, par son intercession, et de toute la cour céleste, par son autorité et exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même : nous croyons que celles qui ont été dignes de les porter, les rendront hosties agréables; et c'est chose bien raisonnable, qu'ayant été médiatrices de ses bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

A CES CAUSES, nous avons déclaré et déclarons, que, prenant la trèssainte et très-glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une si sainte conduite, et défendre, avec tant de soin, ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix, que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce, qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque inmortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l'église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge, qui tiendra, entre ses bras, celle de son précieux Fils descendu de la croix; nous serons représenté aux pieds du Fils et de la mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre : Nous admonettons le sieur archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons que, tous les ans, le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commemoration de notre présente déclaration à la grand'messe, qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les vêpres dudit jour, il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareilles cérémonies que celles qui s'observent aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi

être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs, et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris. Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de -leurs diocèses; entendant qu'à ladite cérémonie, les cours du parlement et autres compagnies souveraines, les principaux officiers des villes y soient présens. Et d'autant qu'il y a plusieurs églises épiscopales, qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques, en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y faire ladite cérémonie; et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre; et d'adnionetter tous nos peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis; qu'il jouisse longuement d'une bonne paix, que Dieu y soit servi et révéré si saintement, que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin, pour laquelle nous avons tous été créés: car tel est notre plaisir. Donné à Saint Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit.

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Déclaration de Louis XIV.

Signé, LOUIS.

LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes Lettres verront, SALUT.

Le défunt Roi, notre très-honoré seigneur et père, a si heureusement éprouvé, comme il est utile à un prince chrétien, pour le gouvernement de ses peuples, de se fortifier de la grâce de Dieu, et d'en demander l'effet par les prières, qu'il n'a cessé, durant sa vie, d'implorer sa miséricorde et son secours en toutes ses entreprises, par l'intercession de sa très-sainte mère la Vierge Marie, qu'il choisit pour protectrice spéciale de son royaume, et voulut, par une déclaration solennelle, du 10 février 1638, lui consacrer sa personne, son Etat et ses sujets, et offrit ensuite, sur l'autel de l'église métropolitaine de notre bonne ville de Paris, sa couronne et son sceptre, ayant ordonné que tous les ans, le jour et fête de l'Assomption, il seroit fait une commémoration d'une intention si sainte et si pieuse, en toutes les églises, tant à la grand'messe qu'aux vêpres, par une procession générale, à laquelle sont invités et doivent se trouver et assister les compagnies souveraines et les principaux officiers des villes. Ce qui a été pratiqué avec tant de zèle, et la gloire en est retournée à Dieu, et toutes sortes de prospérités et avantages sur notre royaume, dont l'énumération est réservée à l'histoire, qui sera pleine des prodiges et succès miraculeux qui ont abattu l'orgueil de nos ennemis, et comme la reine régente, notre très-honorée dame et mère, qui a pour patronne sainte Anne, mère de Notre-Dame, a toujours eu pour elle des sentimens très-particuliers de vénération, et qu'elle nous a aussi donné les mêmes impressions de dévotion, qui seront accrues avec notre âge, nous ne pouvons pas davantage différer

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