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de renouveler de semblables vœux à l'honneur de la très-sainte Vierge, à l'intercession de laquelle nous croyons être redevables des faveurs et bénédictions du ciel, lesquelles ont continué en tous les événemens considérables de notre règne, par plusieurs batailles gagnées sur nos ennemis, qui nous ont produit ensuite les conquêtes de plusieurs de leurs villes les plus importantes, tant en Flandre qu'en Allemagne, et Italie; et même nous avons depuis peu remarqué une protection plus spéciale de cette Reine des Anges, en ce que tous les orages qui se sont élevés depuis deux ans au dedans de ce royaume, et qui sembloient le menacer d'une subversion, ont été appaisés et dissipés avec tant de promptitude et de bonheur, qu'aujourd'hui le calme est établi dans toutes nos provinces, et de toutes parts on est venu nous rendre toutes les protestations de respect, d'obéissance et de fidélité, si bien que nous avons lumière des faveurs célestes que nous avons reçues en tant d'occasions. Nous voulons témoigner les mêmes reconnoissances et faire pareilles soumissions de nous et de notre couronne à la sainte Vierge, espérant de jouir long-temps des effets d'une si forte protection, pour laquelle mériter, nous avons, en présence de ladite dame reine et régente, notre très-honorée dame et mère, confirmé et confirmons par ces présentes, signées de notre main, l'observation des mêmes suffrages, processions et solennités ci-devant ordonnés au jour et fête de l'Assomption, par lesdites lettres patentes en forme de déclaration, Jedit jour 10 février 1638, ci-attachées sous le contre-scel de notre chancellerie : promettons, de coeur et d'affection, d'y assister annuellement en personne, autant qu'il nous sera possible, pour y rendre nos actions de grâces à notre Seigneur Jésus-Christ, et afin de faire concourir les prières de nos peuples avec nos bonnes intentions. Nous exhortons le sieur archevêque de Paris, et néanmoins lui mandons de continuer à faire la commémoration de la précédente déclaration et de la présente, à la grand'messe, qui se dira en son église métropolitaine; et qu'après les vêpres dudit jour, il soit fait la procession, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville; et que pareilles choses soient faites en toutes les églises paroissiales et en celles des monastères de sa juridiction. Exhortons aussi, et néanmoins enjoignons à tous les archevêques et évêques de notre royaume, de faire célébrer les mêmes solennités en leurs églises épiscopales, et en toutes les autres de leur diocèse. Sont et seront invités les compagnies souveraines et officiers principaux des villes à faire admonéter un chacun d'avoir une dévotion particulière à la Vierge; d'implorer en ce jour sa protection, et redoubler l'ardeur de leurs prières pour implorer par celle de son Fils, notre rédempteur, la paix que nous souhaitons avec passion de procurer à nos peuples, pour lesquels avons tant d'amour, que nous voyons avec sentiment de douleur leurs souffrances, et réclamons en toute humilité la puissance et la bonté de Dieu, qui seul nous peut donner les moyens de les soulager.

MANDONS et ordonnons à tous nos autres officiers, justiciers et sujets, ainsi qu'à chacun d'eux il appartiendra, de faire observer le contenu en ces présentes, et y tenir soigneusement la main. car tel est notre plaisir. En témoin de quoi nous y avons fait mettre notre scel;

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et voulons qu'aux copies duement collationnées foi soit ajoutée comme à l'original.

Donné à Dijon, le 25 mai 1650.

Lettre de Louis XV.

DE PAR LE KOI.

Signé, LOUIS.

Comme le premier et le plus essentiel devoir des souverains est de faire régner, dans leurs Etats, l'Etre suprême, par qui règnent tout les Rois de la terre, ils ne peuvent donner des marques trop publiques et trop éclatantes de leur parfaite soumission à la divine majesté; et comme c'est d'elle seule qu'ils tiennent toute leur autorité, ils ne doivent pas se contenter des hommages qu'ils lui rendent en personne; ils doivent encore encourager leurs sujets à concourir avec eux, pour Jui marquer leur reconnoissance des bienfaits continuels qu'ils reçoivent de sa bonté. Pénétré de ces principes, nous n'avons rien eu plus à cœeur, depuis notre avénement à la couronne, que de maintenir, dans toute leur étendue, les établissemens formés par la piété de nos ancêtres. Il n'en est guère de plus respectable, que le vœu solennel de Louis XIII, de glorieuse mémoire. Ce Prince, rempli des sentimens de la plus solide dévotion, avoit éprouvé tant de fois les secours visibles du ciel, soit dans le temps que son royaume fut agité par les troubles que l'hérésie entraîne nécessairement avec elle, soit dans les guerres suscitées par la jalousie de ses voisins, qu'il crut ne pouvoir donner un témoignage plus authentique de sa reconnoissance et de sa dévotion pour la très-sainte Vierge, qu'en mettant son royaume sous sa protection. Louis XIV, de glorieuse mémoire, notre très-honoré seigneur et bisaïeul, a suivi les mêmes principes, et à ressenti, pendant tout le cours de son règne, des effets signalés de cette puissante protection; et comme nous ne pouvons suivre de plus grands exemples, que ceux de ces deux augustes prédécesseurs, nous voulons que, cette année, qui est la centenaire depuis que notre royaume reconnoît la mère de Dieu pour sa patronne spéciale, soit en même temps l'époque du renouvellement, que nous faisons, de ce même établissement. C'est pourquoi je vous fais cette lettre, pour vous dire que mon intention est que, le matin du dimanche qui précédera le 15 août prochain, jour de l'Assomption de la très-sainte Vierge, vous fassiez faire commemoration de la déclaration de Louis XIII, du 10 février 1638, dans votre église métropolitaine et autres de votre diocèse, et qu'après les vêpres du jour de l'Assomption, il soit fait une procession javec toute la splendeur qu'il se pourra, à laquelle assisteront toutes les compagnies supérieures et tous les corps de ville, avec pareilles cérémonies que celles qui s'observent aux processions générales; ce que je veux être faits en toutes les églises, tant paroissiales que des monastères des villes, bourgs et villages de mon royaume, ainsi qu'il est plus particulièrement expliqué dans ladite déclaration, que je veux être observée exac

tement,

A Compiègne, le 21 juillet 1738.

Nota. La lettre aux cours souveraines, au corps-de-ville, et au gouverneur de Paris, est absolument la même, excepté depuis les mots : C'est pourquoi. Et alors elle poursuit ainsi

C'est pourquoi nous écrivons aux archevêques et évêques de notre royaume de faire faire la procession accoutumée, avec toute la splendeur qu'il se pourra, dans toutes les églises de leurs diocèses, et vous faisons cette lettre, pour vous mander et ordonner d'assister en corps et en robes de cérémonie, à celle qui sera faite dans l'église métropolitaine de notre bonne ville de Paris, et de tenir la main à ce que notre intention sur cela soit remplie.

A Compiègre, le 1er. août 1738.

- En conséquence de la lettre de S. M. et des ordonnances de nos Rois, MM. les vicaires-généraux du diocèse de Paris ont ordonné ce qui suit, par leur Mandement (1) du 10 août:

1o. Le jour de la fête de l'Assomption de la trèssainte Vierge, la déclaration de Louis XIII, du 10 février 1638, sera lue en chaire dans l'église métropolitaine, immédiatement après la première grand'messe; 2o. la procession de la métropole et celles des paroisses, se feront après Vêpres, hors de l'enceinte des églises suivant l'ancien usage; 3°. On chantera le répons Felix es, les Litanies de la sainte Vierge à la procession, après laquelle on chantera l'antienne Sub tuum præsidium, suivie du verset Ora pro nobis, et de l'oraison Protege; ensuite le Psaume Exaudiat, le verset Deus, judicium, etc., et l'oraison, Deus regum.

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Mercredi dernier, 10 août, M. l'abbé Frayssinoux a prononcé un discours dans la chapelle de l'Ecole normale. Son excellence le grand-maître de l'Université étoit présent. Le haut de l'église étoit occupé par le séminaire, et le bas par les élèves de l'Ecole normale. L'orateur a pris pour texte ces paroles de Moïse: Cantemus Domino, gloriosè enim magnificatus est; paroles qu'il a merveilleusement appliquées aux heureux événemens que la droite du Très-Haut vient d'o

(1) On le trouve, à Paris, chez Adrien Le Clere, imprimeur de l'Archevêché, quai des Augustins, no. 35; prix, 50 c.

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pérer en faveur de notre France. L'exorde, qui a roulé tout entier sur cette grande pensée, étoit du ton le plusnoble, et s'élevoit sans effort à la hauteur du sujet. On l'écoutoit avec une attention profonde, et la joie s'est peinte sur tous les visages, quand M. Frayssinoux a annoncé qu'enfin il reprendroit le cours de ses conférences.

L'orateur s'est attaché à démontrer qu'il falloit chercher l'ordre social dans la morale, et la morale dans les principes religieux. Il a établi avec une grande force de logique, embellie de tous les charmes d'une diction élégante et pure, qu'il ne pouvoit y avoir de moeurs sans religion; que la foi en un Dieu créateur, conservateur, législateur et juge suprême, étoit le seul frein du vice, comme le plus puissant mobile des vertus. L'expérience de notre malheureuse révolution lui a fourni des preuves victorieuses, et des réflexions d'une sagesse profonde. Plusieurs fois il a été interrompu par le murmure des applaudissemens de l'auditoire. M. le grandmaître n'a pu s'empêcher de donner, à divers reprises, des signes de son approbation; et les élèves, attentifs àlire dans ses yeux le jugement qu'ils devoient porter euxmêmes, ont partagé ces émotions touchantes.

Ensuite l'orateur a passé en revue tous les motifs humains qui pouvoient entretenir l'ordre moral dans une nation, et il en a montré l'insuffisance, sans le secours des motifs religieux, de l'existence d'un Dieu et d'an avenir. Il a fait voir que le frein imposé aux passions devoit être constant et universel; que, par conséquent, l'amour de la gloire étoit une digue impuissante, puisque ce sentiment n'est pas fait pour tous les hommes, ni pour toutes les circonstances; que la probité, l'intérêt, le désir de l'immortalité, n étoit pas plus efficace, puisqu'il se trouve dans la vie tant de circonstances délicates où l'intérêt ne peut se concilier avec la probité, puisque l'intérêt de l'homme n'est pas toujours l'intérêt de la vertu, puisque le désir de l'immortalité n'est que le désir d'un petit nombre d'hommes, qui, après tout,

ne rougiront pas de commettre le crime, quand ils ne craindront pas de flétrir leur mémoire.

De là il a passé à la nécessité d'une religion, et il a réfuté avec force cette fausse idée si accréditée, que la religion n'est bonne que pour le peuple, 1°. parce que les grands, les magistrats ont autant et plus besoin de la religion que le peuple, puisqu'ils ont plus d'autorité; 2°. parce que le peuple, qui a aussi son orgueil, secouera le joug de la religion, si on la lui renvoie comme une chose vile et méprisable, et que ce joug salutaire une fois brisé, le peuple se révoltera contre ses maîtres, et finira par se déchirer lui-même.

La péroraison a paru belle et touchante. L'orateur a invité les élèves à se presser autour des autels et du trône; il est remonté jusqu'à la tige de l'auguste maison qui nous gouverne; il a fait sentir qu'à la France seule appartenoit cette singularité de gloire, d'avoir éu pour Rois, pendant huit siècles, des Princes d'une même famille, presque tous bons, généreux et vaillans. Il a parlé de François Ier., père des lettres; de Louis XIV, qui a donné son nom à son siècle; de l'illustre élève de Fénélon; enfin il est arrivé à Louis XVI, qu'il n'a pas nommé; mais dont chacun s'est rappelé avec émotion les malheurs et les vertus. Plusieurs n'ont pu même retenir leurs larmes. L'orateur chrétien a parlé ensuite de Louis XVIII, et prenant un ton de dignité qui convenoit à son âge et à son ministère, il a dit à peu près ces paroles: Nous autres vieux François, nous aimons le Roi, non-seulement par devoir, mais encore par sentiment; cet amour nous l'avons sucé avec le lait maternel; il coule dans nos veines avec notre sang. Pour vous, jeunes François, vous ne le connoissez encore que par la voix publique; mais nous vous apprendrons à l'aimer. Il a fini par la paraphrase de ce verset: Domine, salvum fac regem.

Après ce discours, on a chanté le Laudate, Dominum; puis le Salvum fac, avec un vif enthousiasme.

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