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Le tout a été terminé par deux oraisons, l'une pour la propagation de la religion, l'autre pour le Roi.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Mercredi, 10 août, S. M. est allée se promener à Versailles.

MONSIEUR doit assister le jour de la fête à la procession de Notre-Dame.

Mr. le duc d'Angoulême est arrivé, le 3 de ce mois, à Limoges, et en est parti, le 5, pour Châteauroux. S. A. R. a été reçue dans cette ville avec les témoignages d'allégresse, d'amour et de respect qui l'accompagnent sur toute sa route.

-Madame la duchesse d'Angoulême est partie de Vichy, le 5, pour Lyon, après avoir laissé dans ce lieu les traces de ses bienfaits, et avoir gravé dans les cœurs de ceux qui ont eu l'honneur de l'approcher, l'amour et la vénération pour så personne et ses vertus.

Le voyage de cette princesse à Orléans avoit été annoncé officiellement dans cette ville. Il paroît avoir été contremandé.

P. S. Le jeudi 11 août, dans la séance de la Chambre des Députés, M. l'abbé de Montesquiou est monté à la tribune, et a répondu aux objections et observations qu'on avoit faites sur le projet de loi. Son discours sage, mesuré, mais surtout précis et solide, a paru faire impression sur la Chambre, et après une discussion assez longue, dans laquelle M. Raynouard, rapporteur de la commission, a encore soutenu son opinion, après une réplique du ministre, on est allé aux voix sur le projet de loi, tel que l'avoit proposé le Roi. La Chambre a adopté ce projet, à la majorité de 137 voix contre 80.

Eloge funèbre de Louis XVI, par M. l'abbé Siret; prix, 1 fr. 25 c. franc de port. A Paris, chez Mequignon l'aîné, rue de l'Ecole de Médecine, et au bureau du Journal.

ÉLOGE historique de Marie-Clotilde de France, reine de Sardaigne, née à Versailles, le 23 septembre 1759, et morte à Naples, le 7 mars 1802 (1).

Dans quelque rang que nous place la Providence, la vertu est toujours belle et attrayante par elle-même; mais elle acquiert plus de lustre encore, lorsque, surmontant tous les dangers qui la menacent, elle sait résister à la séduction si puissante de la fortune et de la grandeur. Etre humble au milieu du faste des cours et jusque sur le trône; s'interdire les plaisirs même les plus permis quand tout nous y sollicite, et porter toutes les vertus au plus haut degré quand tout autour de nous inspire la mollesse et le relâchement, c'est ce qui ne fut jamais donné qu'à un bien petit nombre d'ames privilégiées, et c'est où parvint Mine. MarieClotilde de France, que le ciel se plut à former pour l'édification des chrétiens et pour sa gloire.

Marie-Clotilde étoit fille de ce vertueux Dauphin, dont la mémoire est toujours chère aux amis de la religion, et dont la mort prématurée excita tant de regrets. Elle étoit par conséquent sœur de l'auguste et malheureux Roi dont nous ne nous rappelons le souvenir qu'avec le sentiment le plus douloureux. Elle étoit sœur de cette vertueuse Elisabeth, si intéressante par son dévouement, son courage et son affreuse destinée. Enfin elle étoit soeur des deux princes que le ciel vient de rendre à nos voeux. C'est sans doute

(1) 1 vol. in-12.

Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 34.

I

un spectacle consolant pour les amis du trône que la rémion de tant de beaux exemples de vertu dans une famille à laquelle ils sont dévoués. Ils ne peuvent qu'être touchés de voir la religion nous proposer des modèles dans la maison de nos rois, et ils accueilleront avec plaisir l'abrégé que nous leur annonçons de la vie d'une princesse, issue d'un sang qui leur est cher. Mme, Clotilde annonça de bonne heure des dispositions pour la vertu. Dès son enfance, sa soumission, sa douceur, sa piété se firent remarquer, et méritèrent les éloges de sa sage gouvernante, la comtesse de Marsan. La sérénité de ses principes et la pureté de son cœur la portoient au recueillement, et lui faisoient désirer de suivre l'exemple de Mme. Louise, et d'embrasser, comme elle, la vie religieuse; mais des raisons d'Etat en décidèrent autrement. Louis XVI avoit donné sa main au prince du Piémont, fils d'Amédée III : Clotilde obéit, et le mariage fut célébré à Versailles, le 27 août 1775; la princesse appro choit alors de seize ans. En se séparant de ce qu'elle avoit de plus cher sur la terre, Clotilde alla offrir dans une cour des plus brillantes l'image de toutes les vertus. Elles lui gagnèrent bientôt, avec l'admiration de ses peuples, l'estime et l'amour de son époux, el de ses augustes parens. Occupée de ses devoirs d'épouse et de fille, les malheurs de la religion et de sa patrie ne la laissèrent pas long-temps jouir de tant de bonheur. Son cœur étoit réservé à la plus dure épreuve. L'exil de ses frères, la funeste catastrophe du chef de sa maison, et le martyr de la compagne de son enfance, le brisèrent douloureusement.

La mort d'Amédée III la fit monter sur le trône, où ses vertus brillèrent d'un nouvel éclat. Toujours humble, pieuse et modeste, elle garda, autant que ce

raug le lui permit, une extrême simplicité dans ses habillemens, jusqu'à ce que, en 1794, elle obtint de sou royal époux la permission de ne porter dans la suite qu'un habit de laine bleue; couleur qui rappeloit sa dévotion pour la sainte Vierge. Elle étoit de toutes les associations pieuses des dames de Turin. Elle protégea particulièrement la confrérie dite de Saint-Louis, et institua celle du Cœur Sacré de Jésus. Clotilde avoit une grande dévotion pour le Saint-Sacrement, et, d'après la permission de son directeur, elle approchoit de la sainte table trois fois, au moins, par semaine. Dans plusieurs occasions ses dames la surprirent dans sa chambre, prosternée sur lo sol, les mains en croix, absorbée dans la méditation ou la prière. Certains sentimens involontaires de douleur qu'on remarquoit dans son visage, ne laissoient pas lieu à douter que son corps ne fut entouré de cilices. Cependant sa vertu n'étoit point farouche, ni sa piété purement contemplative. Affable avec tout le monde, elle savoit remplir ces devoirs que lui imposoit sa qualité de reine. Ses bienfaits alloient chercher partout les infortunés, et son principal soin étoit de prévenir par ses dons ces crimes où l'indi gence ne conduit que trop souvent. Lorsque les malheurs de ses Etats la forçant à une stricte économie vinrent mettre une borne à ses largesses, elle soulageoit l'infortuue par le produit du travail de ses mains. Mais l'anarchie qui ravageoit toute l'Europe, l'exila d'un pays dont, pendant 23 ans, elle avoit fait le bonheur, et la chassa d'un trône que ses vertus seules lui auroient mérité. Abandonnée de tout le monde, et n'ayant de sa nombreuse suite qu'une seule dame pour compagne, elle donna encore à son époux l'exemple de la résignation et de la patience.

En passant à Livourne pour aller en Sardaigne,

elle ent la satisfaction de visiter le vénérable Poutife Fie VI, retiré dans la Chartreuse de Florence; et quelque temps après elle cut phisicurs conférences avec Pie VII, son digne successeur. Retournée de Sardaigne en Italic, elle y niérita la vénération de tous les peuples, particulièrement de ceux de Florence, Rome, Naples, qui purent l'admirer de plus près. En tout temps, en tout lien sa conduite fut toujours la même; et son amour pour le prochain, sa piété, sa résignation ne se démentirent jamais. Clotilde avoit appris de bonne heure à mépriser le néant des grandeurs humaines : tous ses voeux, tous ses désirs avoient le ciel pour objet; et Dieu daigna y appeler sa fidèle servante. Sa maladie ne fut pas longue, mais douloureuse : au milieu de ses souffrances, elle se rappeloit celles de notre divin Sauveur, et disoit au Père Mariano, son confesseur : « Mon Père! notre Seigneur me fait part de sa couronne d'épines.... Combien est grand mon bonheur!.... ». Elle mourut de la mort des justes, à quatre heures et demie après midi, le 7 mars 1802, à l'âge de quarante-deux ans cinq mois et quinze jours..

A peine sa mort fut connue à Naples, que des persommes de tous les rangs accoururent en foule aux portes du palais du Roi, et demandoient avec instance quelques morceaux des vêtemens de celle qu'ils proclamoient déjà pour sainte. Ils les conserverent comme de précieuses reliques. Enfin, accédant aux voeux de toute l'Italie, et à sa propre conviction, Pie VII la déclara vénérable, par un décret du 10 avril 1808.

Tel est l'abrégé de l'Eloge historique de la vertueuse reine. Il est écrit avec simplicité, et par-là

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