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célébré pontificalement, le matin et le soir. Après vêpres, la musique a chanté les litanies de la sainte Vierge, et il y a eu bénédiction du Saint-Sacrement.

- Mme. la duchesse d'Orléans, qui demeure sur la paroisse Saint-Sulpice, a assisté le jour de la fête et le dimanche précédent, à la grand'messe dans cette église. S. A. s'étoit placée dans la chapelle Saint-Denis. Ceux qui ont connu la piété de M. le duc de Penthièvre, aiment à retrouver la même vertu dans son auguste fille, en qui tant de malheurs et de chagrins n'ont point altéré cet air de dignité et de bonté propres aux Bourbons.

- M. l'abbé Carron fut déporté au mois de septembre 1792, et jeté, ainsi que ses compagnons d'infortune, sur les côtes de Jersey. Cette ile servoit alors d'asile à une multitude de familles françoises émigrées, presque toutes réduites à l'indigence. M. l'abbé Carron conçut le désir de venir à leur secours, et sans nulle ressource personnelle, mais à l'aide de la confiance qu'il avoit su inspirer, il parvint à offrir, 1°. un oratoire à la piété des fidèles; 2°. une bibliothèque choisie aux ecclésiastique; 30. des ressources aux malades, qui dans la pharmacie qu'il établit, trouvoient remèdes, linges et bouillons. Deux écoles furent en même temps ouvertes aux jeunes François des deux sexes, auxquels l'honorable pénurie de leurs parens ne permettoit pas de donner une éducation convenable à leur rang et à leur situation actuelle. En 1796, le gouvernement britannique ayant jugé propos de faire transférer les émigrés de Jersey en Angleterre, l'abbé Carron les y suivit. Là trouvant des ressources plus abondantes, il entretint une chapelle au centre de la Métropole, en construisit une autre à Sommerstown, village voisin de Londres; créa deux nouvelles écoles, dans lesquelles les François et les Anglois de la dernière classe étoient instruits et élevés conformément à leur état. Ces deux écoles, également pour les deux sexes, n'avoient rien de commun avec celles déjà établies pour les enfans nobles. Dans un séminaire, formé par ses soins, vingt jeunes gens continuoient leurs études

à

ecclésiastiques, et se préparoient à entrer dans le sanctuaire. A peu de distance, quarante prêtres, âgés ou infirmes, vivoient réunis, et vingt femmes malades rece voient tous les secours que leur situation exigeoit. Outre ces deux hospices, établis et dirigés par l'abbé Carron, il avoit encore formé une association de dames picuses, qui se consacroient au soulagement de ceux de nos compatriotes, qui, par leur non-admission aux secours du gouvernement, u'avoient pas de droits aux hospices, et ne pouvoient obtenir leurs remèdes des pharmacies que le comité anglois avoit établies, et qu'il avoit placées sous la direction de l'abbé Carron. Cette dernière institution, connue sous le nom de la Providence, fournissoit remèdes, vin, linge, habits en tout genre à nos infortunés compatriotes, et deux fois par semaine une soupe économique leur étoit distribuée, ainsi que le charbon qu'ils ne pouvoient se procurer en hiver. L'abbé Carron, obligé de détruire des établissemens si précieux, et le cœur plein de la reconnoissance qu'il doit, à tant de titres, aux nobles et généreux habitans de la GrandeBretagne, leur a adressé des adieux pleins de sensibilité, qui ont été reçus avec une touchante bienveillance.

D. E. L., témoin de ces divers établissemens. VERSAILLES. En parlant de la nomination de M. Grandjean à la cure de Saint-Louis, on n'a dit qu'un mot de son prédécesseur, qui méritoit cependant quelque chose de plus. M. l'abbé Sortais, qui a été enlevé, le 12 juin dernier, n'avoit que 45 ans, et étoit curé de Saint-Louis depuis peu d'années. Mais il s'y étoit concilié l'estime par les vertus de son état. Il avoit une affection particulière pour les pauvres, et consacroit ses revenus à les soulager. Les pauvres honteux surtout étoient l'objet de ses soins. Il ne visitoit les riches que pour leur bien spirituel, ou pour le bien temporel des indigens. On ne doute point que son zèle et ses travaux n'aient abrégé ses jours, malgré les remontrances de ses amis qui l'eugageoient à se modérer. M. l'évêque lui a payé un juste

tribut d'éloges dans le discours d'installation de M. Grandjean; et ce dernier, dans sa réponse, s'est proposé de marcher sur les traces de son prédécesseur. Ce que nous savons déjà de ses talens et de son zèle, nous donne, à cet égard, les plus grandes espérances. Les paroissiens de Saint-Louis font élever un tombeau en marbre au lieu où a été déposé le corps de M. Sortais, et un d'eux, M. Ducis, lui a composé une épitaphe honorable. M. Louis-Jean-Simon Sortais étoit né à Nogent-leRotron.

MONTPELLIER. On a répandu ici avec affectation une adresse au Roi par quelques pretres unis avec ceux du clergé fidèle de Montpellier. Tel est le titre assez obscur de cette brochure qui, en général, n'est pas fort claire. L'auteur ou les auteurs de cette pièce se piquent d'être fidèles au Roi, mais ils ne le sont guère à la langue; ce qui est à la vérité moins important. Ils s'appellent euxmêmes purs. Oui, nous les sommes, s'écrieut-ils. Les sommes est un peu dur à entendre. D'autres expressions tout aussi peu correctes sont semnées dans ce singulier écrit, le béguinisme, les perfides criars de la poule au pot, etc. Les tournures en sont bizarres, entortillées, quelquefois risibles Mais ce qui est fort clair, c'est l'esprit qui a dicté cette brochure. Ce n'est pas assurément un esprit de prudence et de concorde. On y déclame contre tous ceux qui ont occupé des places sous le dernier gouvernement. On y désigne d'une manière maligne, on y tourne en ridicnle, on y fait regarder comme devant être suspect au Roi, un homme revêtu ici d'une haute dignité, et qui ne devoit pas s'attendre à être dénoncé ainsi par des ecclésiastiques. Il n'est pas à croire que leurs petites intrigues et leur illisible adresse nuisent beaucoup à ceux qu'ils attaquent. Elles se trouvent trop en opposition avec l'esprit et les dispositions que S. M. a manifestées. Comment huit prêtres, car on n'a pu en trouver davantage, peuvent-ils se regarder comme les organes de tout un diocèse? Il y auroit beaucoup d'autres questions à leur faire, et qui pourroient les embarrasser

un pen. Mais il vaut mieux laisser tomber dans l'oubli leur levée de bouclier. Il n'y aura pas beaucoup de mérile à être plus modérés qu'eux. Leur procédé n'est pas françois.

TOURNAY. Mr. notre évêque, pendant son séjour à Rome, a reçu du saint Père un bref trè -ho orable. Le Pape lui dit avoir appris qu'il avoit été contraiut par la violence de souscrire des actes qui énonçoient sa renonciation au siége de Tournay; mais il ajoute que ces actes n'ont pas été approuvés par lui, qu'ils ne lui ont pas même été présentés, et qu'ils sont par conséquent nuls. Il l'engage à retourner au plutòt à Tournay, lorsqu'il aura visité les tombeaux des saints apôtres et satisfait sa piété; et il le félicite de son zèle et de son courage dans des conjonctures difficiles. Ce bref flatteur est du 22 jain dernier. M. l'évêque l'a communiqué à ses diocésains par un Mandement, daté du 23 juin. Il y parle de la formule d'abdication qu'il fut contraint de copier, le 1. juillet de l'année dernière, et finit, à l'exemple de Fénélou, par ces paroles modestes: Nous nous consolerons de ce qui nous humilie, pourvu que le ministère de la parole que nous avons reçu du Seigneur pour votre sanctification, n'en soit point affoibli, et que nonobstant l'humiliation du pasteur, le troupeau croisse en grâces devant Dieu. On sait que le prélat a été très-favorablement accueilli à Rome, et que le souverain Pontife l'a traité avec une bienveillance particulière. En són absence, ses vicaires-généraux ont repris l'administration du diocèse. La très-grande majorité du clergé est restée cons-, tamment attachée à ce prélat, et la persécution n'avoit pas été poussée ici aussi loin que dans un diocèse voisin. Il n'y a point eu d'exil et d'emprisomiement, contre les chanoines et autres prêtres, et on s'étoit borné à des menaces qui, heureusement, n'ont pas eu leur effet.

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NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS, 10 août. Le Roi, après la messe, accompagné de M. le counte de Blacas et de plusieurs personnes de la cour, est sorti

de Paris pour aller à Versailles. S. M. étoit escortée d'un simple piquet de ses gardes.

A Sèvres, sa voiture s'est arrêtée entourée d'une foule innombrable d'habitans de toutes les classes des environs, qui faisoient retentir les airs des cris de l'amour, du respect et de la reconnoissance. Le maire en a été l'heureux interprête.

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Depuis Sèvres jusqu'à Versailles la route étoit couverte d'un peuplé qui bénissoit le retour d'un père si désiré. Partout des arcs de triomphe avoient été dressés, partout on jetoit des fleurs sur sa voiture, sur ses gardes. Souvent le Roi s'arrêtoit pour recevoir et pour rendre les expressions

d'amour.

Descendue au château de Versailles, Sa Majesté, a été reçue par l'évêque à la tête de son clergé, par la garde nationale, et complimentée par les autorités. Les élèves de Saint-Cyr lui ont été présentés, et tous ont été accueillis avec cette bonté qui caractérise S. M. C'étoit un véritable père au milieu de ses enfans:

« Je suis trop touché, ajouta S. M., pour bien exprimer ce que je sens à ces émotions se joignent des souvenirs bien pénibles à mon cœur ; c'est la première fois que j'entre daus ce château......

Le Roi, en prononçant ces paroles, avoit les yeux remplis de larmes, et tous ceux qui ont eu le bonheur de l'entendre étoient profondément émus. Mais le moment le plus touchant a été celui où S. M., étant entrée dans la chapelle, s'est jetée à genoux dans le plus profond recueillement. Ce qui devoit se passer dans l'ame de S. M. dans cet instant, étoit bien ressenti par tous ceux qui l'entouroient.

Le Roi a visité les appartemens, le parc de Versailles et le château de Trianon. En revenant, S. M. a visité la manufacture royale de Sèvres, et, après avoir examiné avec une attention flattense pour les artistes de la manufacture, les principales pièces terminées, et plusieurs de celles qui sont en fabrication, elle s'est arrêtée particulièrement sur les objets qui prouvent les progrès constans de cet établisse ment dans la pureté des formes, dans la beauté des couleurs et dans l'exécution des peintures. Elle a daigné témoigner sa satisfaction par ces expressions affables qui lui sont si naturelles, et par une approbation aussi flatteuse pour les arts

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