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qu'encourageante pour les artistes et pour les ouvriers de sa manufacture.

S. M. étoit de retour à Paris à six heures du soir.

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Le dimanche 14, il y a eu, au Champ-de- Mars, une revue de la garde nationale, par MONSIEUR, frère du Roi. Elle a été nombreuse et brillante. M. le duc d'Angoulême y étoit aussi présent, et MADAME, quoique arrivée de la veille, s'y est rendue en calèche. On a remarqué avec plaisir que sa santé paroissoit meilleure. La foule étoit immense, et a témoigné aux Princes, par de nombreuses acclamations, sa joie de les voir réunis.

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S. M. considérant la nécessité d'affermir la discipline militaire au moment où la nouvelle organisation de l'armée s'achève, et voulant user de clémence, pour cette fois seulement, envers ceux qui ont quitté leurs drapeaux, a ordonné, le 8 août, ce qui suit:

1. Les dispositions de l'ordonnance du 15 mai, sont applicables à tous les militaires qui se trouvent actuellement absens de leurs corps sans permission. Ils sont considérés comme étant en congé limité.

2. Il sera accordé des congés absolus aux sous-officiers et soldats présens aux drapeaux, dans la proportion qui sera fixée d'après le travail des inspecteurs-généraux chargés de l'organisation de l'armée.

3. Il sera également accordé des congés absolus aux militaires compris dans l'article 1°., et qui, dans le délai d'un mois, à dater de la publication de la présente ordonnance, se seront présentés au chef-lieu de l'arrondissement de leur domicile, pour faire leur réclamation, appuyée des titres qu'ils peuvent avoir à l'obtention d'un congé absolu.

4. Tous les sous-officiers et soldats, désignés dans l'article précédent, qui n'auront pas obtenu leur congé absolu, et n'obéiront pas, dans le délai qui sera prescrit, à l'ordre de rejoindre leurs corps, seront déclarés déserteurs, et poursuivis comme tels.

5. A dater de ce jour, tout militaire qui quittera ses drapeaux sans permission, sera arrêté et ramené de suite au corps, pour y être jugé selon la rigueur des lois contre la désertion.

6. La gendarmerie étant spécialement chargée de l'arrestation des déserteurs, il est prescrit aux officiers de cette arme et aux sous-officiers commandant chaque brigade, d'apporter

dans ce service la vigilance et la fermeté qu'il exige plus par ticulièrement dans les circonstances actuelles. La négligence et la foiblesse, à cet égard, seront punies avec une juste sévérité. Seront également poursuivis selon les lois, tous les individus qui exciteroient à la désertion, et favoriseroient les déserteurs pour les soustraire à la police du royaume.

7. Les autorités civiles, et spécialement les naires et les Souss-préfets, sont appelés à concourir à l'arrestation des déserteurs, et ils feront appuyer au besoin la gendarmerie par les gardes nationales.

8. Les conseils de guerre spéciaux, créés pour juger les déserteurs, par la loi du 19 vendémiaire an 12, seront convoqués partout où il sera nécessaire, par les ordres des officiersgénéraux commandant les divisions militaires et les départemens, et par les commandans d'armes, et ils procéderont surle-champ au jugement des coupables.

CUSSET (Allier), 5 août. Mme. la duchesse d'Angoulême revenant des eaux de Vichy, a passé, ce matin, dans notre ville. C'est avec un vrai regret que nous avons vu s'éloigner de nous cette auguste princesse, qui, pendant son séjour dans nos environs, a répandu tant de bienfaits sur les infortunés, et dont la bonté angélique laisse tout le monde pénétré des plus grands sentimens d'amour, de respect, de dévouement, et d'admiration pour l'illustre famille des Bourbons. Une foule immense s'étoit portée sur la promenade des Tilleuls, pour recevoir les adieux de la princesse, dont le seul sourire nous combloit de bonheur. La troupe, rangée sur deux haies, formoit un brillant cortège autour de la voiture de MADAME, qui a passé encore une fois sous un arc de triomphe; ou plutôt sous une arche de feuillage que nous avions élevée lors de l'arrivée de S. A. R. Nous avons eu tout le foisir de contempler cette illustre orpheline, qui rappelle à tout le monde des souvenirs si chers, et à quelques-uns de coupables erreurs, qu'elle est la première à oublier.

AVIS.

On a annoncé dans notre n°. 30, un ouvrage intitulé: la Science de la santé, etc. C'est par erreur qu'on a dit qu'il se vendoit à notre bureau. Nous prévenons que nous n'en avons pas reçu un seul exemplaire; pour les obtenir, il faut s'adresser, à Avignon, chez Aubanel, imprimeur-libraire.

PANEGYRIQUE de saint Louis, Roi de France, prononcé devant les deux Académies royales des belles-lettres

et des sciences, en 1782; par M. l'abbé de Boulogne, prédicateur ordinaire du Roi, et aujourd'hui évéque de Troyes (1).

Eloge de Louis, Dauphin de France, père du Roi; discours qui remporta, en 1779, le prix proposé par une société amie de la religion et des lettres; par le méme (2).

Nous joignons ces deux ouvrages, qui sont de la même main, et que les circonstances viennent de faire. reparoître. Il étoit bien naturel que dans le moment où Louis XVIII remonte sur le trône, si dignement occupé par saint Louis, et qu'auroit aussi occupé si dignement le Dauphin, père du Roi, si Dieu l'avoit permis; il étoit bien naturel, dis-je, qu'on rappelât au souvenir des François, et surtout à celui des ames religieuses, deux Princes, dont l'un a fait tant de bien à la France, et dont l'autre offroit de si belles espérances, et qui tous deux paroissent avoir été formés pour servir de modèles à ceux à qui Dieu confie le soin des empires.

En rendant compte, il y a quelque temps, d'un choix de Panégyriques de saint Louis, nous regrettions que celui qu'avoit prononcé M. l'évêque de

(1) In-8°.; prix, 1 fr. 50 cent., et 2 fr, franc de port. Ay bureau du Journal.

(2) In-8°.; prix, 1 fr. 50 cent., et a fr. franc de port. Au même bureau.

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Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 35.

K

Troyes n'y eut pas trouvé place; quelques mots feron! connoître à nos lecteurs que ce regret étoit juste. Dès le début l'orateur annonce que ce ne sont point des discussions politiques qu'on doit attendre de lui; c'est saint Louis qu'il doit et veut faire connoître. « C'est le cœur du saint Roi, c'est son ame céleste, qu'il s'attachera à peindre ». En effet, son discours nous offre un Prince qui sait échapper aux dangers de son rang, et se mettre au-dessus des préjugés de sox: siècle, de la piété duquel, comme d'une source féconde, découlent toutes les autres vertus, parce que cette piété est vraie et éclairée, un Prince sur qui les passions n'ont aucun pouvoir; qui est ferme quand il le faut, et toujours juste et bon; qui sait faire la guerre quand on l'y force, mais qui préfère la paix à ce qu'on appelle la gloire; qui, devançant par la seule force de son génie des connoissances dont on ne devoit être éclairé que long-temps après, réforme des usages barbares, y substitue de bonnes lois, et donne aux François des mœurs; qui s'arrête où la sagesse le veut, fait tout ce que les eirconstances permettent, et ne fait rien au-delà; qui enfin, pour me servir des expressions de l'auteur, « a assez de lumières pour résister à la tentation du mieux >>.

Ceux qui, ne pouvant s'empêcher de reconnoître les grandes qualités de saint Louis, voudroient rabaisser son mérite, lui font deux reproches; l'un d'avoir persécuté les hérétiques; l'autre de s'être engagé inutilement et imprudemment dans l'entreprise des Croisades. L'auteur ne dissimule ni l'un ni l'autre de ces reproches, et il les repousse victorieusement. Il fait voir, quant au premier, que saint Louis ne persécuta point, mais qu'il réprima des factieux, « des hommes qui étoient autant ennemis de la patrie que

de la vérité»; qu'il ne chercha qu'à écarter de ses Etats des nouveautés qui en compromettoient le repos, précautions qui s'accordent fort bien avec une tolérance raisonnable, laquelle étoit tellement dans le cœur de saint Louis, qu'il tempéra la rigueur d'é dits rendus sous la régente sa mère.

C'étoit l'occasion de parler de déclamations, alors très-multipliées contre l'intolérance et le fanatisme. L'orateur prouve combien elles étoient exagérécs, et par un très-beau mouvement oratoire, il se demande « si l'irréligion, si humaine, si tolérante dans ses livres, n'est n'est pas aussi destructive que les deux mons→ tres qu'elle se vante de proscrire. Aveugles, ajoutet-il, comment ne voyons-nous pas qu'elle va remplacer tous ces déplorables excès, par des malheurs non moins déplorables encore; qu'elle est aussi funeste dans son indifférence que le fanatisme dans son enthousiasme, et que la triste staguation du scepticisme n'est pas moins alarmante que l'effervescence du zèle; enfin que l'abus de la philosophie doit encore mener plus loin que l'abus de la religion ». L'expé rience à montré si ces craintes étoient fondées et si ces idées étoient justes. Quant aux guerres saintes qui trouvent aujourd'hui tant de détracteurs, et qui pourtant ne manquent pas d'apologistes, même renommés pour leur très-bon esprit, l'orateur n'a-t-il pas raison de dire qu'elles n'ont eu besoin « que chef que l'incrédulité put compter parmi ses héros, que d'un motif tout profane, et où la religion n'eut point de part, et enfin que des succès qui nous eussent éblouis, pour devenir l'objet d'autant de louanges qu'elles le sont de censures ».

d'un

L'Eloge du Dauphin avoit précédé de quelques an→ nées le Panégyrique de saint Louis; et que de vertus

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