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çus au séminaire Saint-Sulpice, deux au collége dit des Ecossois, et trois à Picpus, chez le pieux et charitable M. Coudrin, en attendant qu'ils puissent rentrer dans leur propre maison, et y trouver l'esprit et le geure d'instruction qu'ils y viennent chercher.

Quelques journaux ont annoncé que le Pape avoit conféré à Lucien Bonaparte le titre de prince, et un journal anglois s'est élevé contre cette conduite de la cour de Rome, qu'il regarde comme une offense au monde entier, et comme un outrage fait à la décence publique. Il est fâcheux qu'avant de crier contre cette mesure, on n'ait pas pris le temps de s'assurer si elle étoit vraie ou fausse. Nous pouvons déclarer que le saint Père n'a point conféré à Lucien Bonaparte le titre en question. Le fait est que depuis plusieurs années celui-ci avoit acheté, dans les Etats romains, des fiefs auxquels sont attachés des titres. Mais on ne doit point prendre ces titres sans le consentement de la cour de Rome. Lucien l'a demandé et ne l'a point obtenu. S'il prend donc le titre de prince, comme on le dit, c'est de son chef, et sans aucune autorisation. Voilà tout ce qui s'est passé à cet égard. Il est à désirer que les journaux qui ont annoncé la nouvelle que nous contredísons, veuillent bien la démentir. Il ne seroit pas juste de laisser subsister un bruit qui tendroit à compromettre la sagesse du souverain Pontife. On connoît sa justice et sa modération, et ce que les journaux anglois on dit à cet égard, non-seulement blesse la vérité, mais manque encore aux convenances. Il faudroit tâcher de perdre l'habitude de parler des souverains comme en parloit celui qui n'étoit pas fait pour l'être, et qui avoit intérêt à les avilir. Il ne faudroit pas accueillir légèrement des bruits qui leur sont injurieux, et qui sont bien souvent destitués de vraisemblance. Nous avons quelque plaisir à annoncer et à certifier que la nouvelle dont il s'agit est fausse, et nous soupçonnons qu'il en est de même de quelques autres qui se répandent tous les jours, et qu'on adopte avec trop de confiance.

- Une députation des administrateurs des paroisses

de Paris a eu l'honneur de présenter à S. M. l'adresse suivante :

<< Sire, députés vers V. M. par les conseillers-administrateurs des paroisses de votre bonne ville de Paris, nous venons lui offrir l'humble tribut de notre amour, de notre dévouement et de notre respect.

>> Associés à nos vénérables pasteurs dans la gestion des revenus de nos églises; comme eux confidens des vœux des fidèles, qui, chaque jour, demandoient au Dieu de saint Louis et de Louis XVI le retour de notre légitime souverain; comme eux aussi témoins des hymnes d'amour et d'allégresse dont nos temple ont retenti aux jours de la restauration, il nous tardoit, Sire, de venir devant V. M. ajouter à tant d'autres ce nouveau témoignage de fidélité des habitans de cette capitale à l'antique religion de nos pères, à l'antique famille de nos Rois.

>> Par votre présence, Sire, est enfin marqué le terme aux maux de la patrie, aux douleurs de l'Eglise catholique. Vos exemples rappellent chaque jour la nation françoise à ces maximes universelles, bases fondamentales de toute législation : Point de société sans morale; point de morale sans religion; point de religion sans culte public.

» Sire, il veille sur vous ce Roi des Rois, dont la main puissante vous a, par le plus manifeste des miracles, replacé sur le trône de vos ancêtres; il veille sur ces Princes augustes, soutien, espérance de ce trône; sur cette princesse adorée, sur cet ange de la France, qui semble appartenir bien moins à la terre qu'elle habite, qu'au ciel qui nous l'a conservée. Lui seul vous arma de toute la force nécessaire pour soutenir le poids de cette couronne dont vous n'avez pas hésité à charger votre front.

» Dans ce retour général à l'ordre que les François appeloient de tous leurs voeux; héritier du sceptre des Rois très-chrétiens, vos regards, auxquels rien ne peut échapper, s'arrêteront sur les besoins de la religion, dont

le sort se lie si étroitement à celui de la monarchie. Tout ce que vos peuples attendent de votre cœur paternel, depuis long-temps V. M. le méditoit en silence. Déjà par sa fermeté courageuse et sa prévoyante activité, chaque jour elle presse, elle hâte les temps où se fermeront toutes les plaies de l'Etat ; et bientôt, réparant vingtcinq années d'erreurs et de calamités, V. M. nous rendra les beaux jours de notre vieille France, où se mêloient et se confondoient dans tous les coeurs ces deux noms sacrés par qui furent enfantés tant de prodiges : DIEU et le Roi ».

Le Roi a répondu :

« Je vous remercie des sentimens que vous m'expri>> mez; vous ne pouvez douter de mon attachement à » la religion. Je tâcherai de mériter le titre de Roi très» chrétien que je porte; je vous exhorte à secourir cha>> cun de vos pasteurs dans leurs pénibles fonctions, et » à ce titre comptez sur ma protection »>.

-C'est par erreur qu'il a été dit, dans un journal du 15 août, que M. le cardinal Consalvi alloit repartir pour Rome, et que M. della Genga alloit à Vienne en qualité de nonce extraordinaire. Il n'est point question du départ de M. le nonce, et il paroît certain que S. Em. M. le cardinal Consalvi se mettra en route ces jours-ci pour Vienne, où il doit suivre la mission pour laquelle il est venu en France, et pour laquelle aussi il est allé en Angleterre.

GIVET. Cette ville n'a pas pris moins de part que bien d'autres aux derniers événemens qui ont sauvé la France. C'est sant fondement qu'on nous a attribué des procédés qui ont eu lieu ici, et qui ne doivent être imputés qu'à des étrangers, lesquels se trouvoient dans nos murs au moment de la révolution. Nos concitoyens méritent l'attention du gouvernement par le bon esprit qui les anime. Ils ont fait célébrer un service pour Louis XVI, et les Princes et Princesses victimes de la révolution. M. Ram

bourg, curé, a prononcé l'oraison funèbre, qui a été fort goûtée. Des militaires qui s'y trouvoient en grand nombre n'en ont pas été moins touchés que les habitans. La cérémonie a été suivie d'une distribution abondante de pains. Une souscription volontaire, qui a été remplie de suite, a couvert les frais du service et de l'aumône. Notre ville espère devenir le chef-lieu d'un arrondisse

ment.

AIX. Notre chapitre délibère, en ce moment, sur une question fort grave. Il s'agit de savoir si les chanoines reprendront la décoration accordée autrefois par Louis XVI au chapitre métropolitain. Les uns sont d'avis de se revêtir sur-le-champ de cette décoration, moins sans doute pour se distinguer par cet ornement que pour montrer leur zèle à revenir aux anciens usages. Les autres disent qu'il conviendroit de ne pas tant se presser; que le chapitre actuel n'est pas le même auquel le Roi avoit accordé la décoration; qu'ils ne sont que sept chanoines; qu'il seroit nécessaire d'attendre les ordres du Roi, ou la présence d'un archevêque; que beaucoup d'anciens chapitres sont dans le même cas. Ils ajoutent que l'inscription Antiqua sine lege nobilitas ne convient pas à tous les membres du chapitre, et que peut-être seroit-il à propos de n'en pas faire souvenir. Ces raisons n'arrêteront pas, à ce qu'on croit, la majorité. Quatre sont pressés de se décorer, et on compte les voir au premier jour avec le ruban. Il est remarquable qu'il ne reste de membres de l'ancien chapitre que parmi ceux qui sont d'avis d'attendre.

SAINT-PETERSBOURG. Il y a eu ici dans la maison de l'Institut des Jésuites, un examen des élèves qui a duré trois jours. Le ministre de l'instruction publique y a assisté. Les jeunes gens, qui appartiennent aux premières familles de Russie, ont répondu sur les objets de leurs études, et le résultat a été aussi satisfaisant pour les parens qu'honorable pour les maîtres. On sait que cette maison a été fondée par Paul Ier. Elle a, dès son

origine, inspiré la confiance, par une suite de la réputation d'habileté qu'avoient les Jésuites pour l'éducation. Elle compte environ quatre-vingt jeunes gens. Les Jésuites sont chargés, en outre, du soin des catholiques qui sont dans cette ville, et dont le nombre n'est pas de moins de vingt-cinq mille. Ils donnent les secours spirituels à ces catholiques qui sont presque tous étrangers, Allemands, François, Italiens, et ils prêchent alternativement dans chacune de ces langues. On estime qu'il y a environ deux cents Jésuites en Russie. Leur principale maison est Polocz, où ils ont un noviciat et un collége très-fréquenté. La Russie a lieu de se féliciter de les avoir accueillis lors de leur malheur, et de leur avoir donné un asile. Ils ont formé dans toutes les classes des sujets distingués, et leur utilité a été d'autant plus grande, qu'ils se trouvoient dans un pays l'instruction publique étoit plus négligée, et où il y avoit moins de secours. Ils sont très-considérés dans ce pays, où on n'a pas contre eux les mêmes préventions que dans plusieurs autres Etats.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Mardi 15 août, le Roi a reçu, dans son cabinet, M. Crawfort, ministre plénipotentiaire des Etats-Unis de l'Amérique, qui a présenté à S. M. ses lettres de créance. M. Crawford a été conduit à cette audience dans les formes ordinaires, et présenté à S. M. par M. de Lalive, introducteur des ambassadeurs. Après la messe, MM. les ambassadeurs et ministres étrangers ont fait leur cour au Roi et à la famille royale.

MADAME, duchesse d'Angoulême, est partie, le 17, à neuf heures du matin, pour Versailles. S. A. R. a parcouru les appartemens du château, s'est promenée pendant près de deux heures dans le parc et au Petit-Trianon; elle est revenue par Saint-Cloud à Paris, où elle est arrivée à quatre heures.

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