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les raisons ci-dessus énoncées, la rigueur des peines afflictives qu'elles avoient méritées, même celle de l'arrestation, et décida le saint Père à se contenter de paroître simplement désapprouver la conduite de ceux qui avoient été égarés, bornant les mesures à prendre, et sur lesquelles elle insiste par rapport aux ecclésiastiques coupables de la même désobéissance et de la même infidélité, à l'exercice des salutaires remèdes prescrits par les lois canoniques. Ce tendre père trouve dans son coeur même la défense de ses fils coupables. S. S. considéra, dès le principe, qu'à la réserve de quelques-uns qui le devinrent par une formelle dépravation de sentimens, les autres furent entraînés à l'erreur, ou par des conseils coupables, ou par la menace de malheurs qui les ruinéroient,. ou par l'horrible perspective de la misère; et ces considérations, qui tempéroient en quelque partie son affliction, le déterminèrent à leur faire éprouver, après une courte, mais nécessaire mortification filiale, les traits plus particuliers et plus manifestes de sa paternelle indulgence.

Sa Sainteté cependant ne pouvant plus résiter aux impulsions de son coeur compatissant, pardonne généreusement par le présent indult, qui aura son effet tant à Rome que dans tous ses Etats, à tous ses sujets, et leur remet toute peine corporelle quelconque qu'ils auroient encourue à titre d'infidélité et de désobéissance, dans le temps du gouvernement usurpateur qui vient de cesser. Le S. P. entend de rendre cette grace et ce bienfait communs à ceux qui, d'une manière bien plus funeste, se sont, par une conduite répréhensible, distingués et beaucoup plus compromis que les autres, se réservant seulement à leur égard, ces mesures nécessaires dans tout gouvernement bien ordonné, pour assurer la tranquillité publique, et même pour leur propre sûreté personnelle.

Quant ensuite aux charges et aux emplois, S. S. conciliant les devoirs de la justice avec ceux de l'équité, tandis qu'elle vent absolument qu'on ait toujours une préférence spéciale pour ses bons et fidèles sujets, et sur

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tout pour ceux qui ont tout sacrifié à la seule fin de se maintenir fermes dans les vrais principes de la religion, et dans leurs justes devoirs envers le souverain, n'entend pas exclure de sa clémence ceux qui, bien qu'ils aient fait quelque manquement à cet égard, n'ont pas récidivé, parce que les emplois qu'ils remplissoient n'étoient pas de ceux qui étoient expressément défendus, et parce qu'ils les ont exercés honnêtement, le degré de leur faute est moindre. S. S. se réserve de faire passer aux chefs des départemens respectifs les instructions nécessaires à cet égard.

S. S. a la confiance que chacun de ceux dont il s'agit dans la présente notification, voudra, indépendamment de ce qu'il doit faire pour tranquilliser sa conscience, s'il ne l'a pas encore fait, correspondre à cet acte signalé d'une souveraine indulgence, par un repentir sincère et par une conduite exemplaire sous tous les rapports religieux et civils; que si quelqu'un d'eux se laissoit aller à une nouvelle faute du même genre, ou d'une espèce analogue, il doit être convaincu par lui-même que les bienfaisans effets de ce pardon gracieux cesseroient pour lui; que ses égaremens passés viendroient même se réunir à sa charge avec les nouveaux, et qu'il ne pourroit pas échapper à la sévérité du châtiment qu'il méri

teroit.

Donné à Rome pour la secrétairerie d'Etat, le 27 juil

let 1814.

Signé, B. cardinal PACCA, camerlingue de la sainte Eglise, et pro-secrétaire d'Etat, en l'absence du cardinal Consalvi.

-S. S. a ordonné aux acquéreurs d'églises ou de couvens, de restituer ces édifices, qui doivent être rendus à leur destination primitive. On les indemnisera lorsque les finances de l'Etat le permettront.

PARIS. S. E. Mgr. le cardinal Consalvi s'est mis en roule pour Vienne le 19 août. S. Em. se rend au congrès, comme nous l'avions annoncé. Mr. Mazio l'accompagne.

Le 2 septembre prochain, on célébrera, dans l'église des Carmes de la rue de Vaugirard, un service pour les évêques, prêtres et autres victimes, massacrées en ce lieu, à pareille époque, il y a 22 ans. On sait que cette église a été achetée et réparée par Mme. de Soyecourt, religieuse carmelite, qui y a réuni plusieurs de ses compagnes, et qui y pratique avec elles les règles de leur respectable institut. Cette vertueuse dame a eu aussi sa part des dernières persécutions. Elle fut exilée à Guise, il y a trois ans, à l'occasion du bref adressé au cardinal Maury. Rendue à son oratoire, elle y a rétabli les offices de l'Ëglise. On ne doute pas que l'époque mémorable qu'elle se propose de célébrer, n'attire beaucoup de personnes pieuses, qui viendront prier sur le lieu même où de généreux confesseurs ont versé leur sang. Un ecclésiastique distingué par ses talens, M. l'abbé Duval, prononcera un discours analogue à l'objet de la cérémonie.

On dit que M. l'abbé des Gallois de la Tour, qui avoit été désigné, avant la révolution, pour remplir le siége épiscopal qu'on se proposoit d'ériger à Moulins, et qui est récemment arrivé d'Angleterre, est chargé par le Roi d'aller à Trieste, pour y prendre et ramener en France les dépouilles mortelles de MMmes. Adélaïde et Victoire de France, tantes de S. M. On sait que ces Princesses, ayant quitté la France en février 1791, se retirèrent à Rome, d'où elles se rendirent à Naples en 1796. Elles habitèrent le château de Caserte jusqu'au 23 décembre 1798, que les progrès des François dans le midi de l'Italie les forcèrent de quitter ce séjour. Elles errèrent quelques temps, et firent demander à l'amiral russe Outschacoff d'être reçues sur sa flotte. Mais elles ne purent être arrivées à temps. Elles s'embarquèrent, à Bari, sur une misérable tartane, et passèrent, le 5 mars,

sur un frégate dépêchée par l'amiral russe pour les recevoir. Elles séjournèrent quelque temps à Corfou, où on leur rendit de grands honneurs. Le 15 mai, elles en partirent pour Trieste, où il leur fallut encore faire qua

V

rantaine. Ce fut là que Mme. Victoire, qui étoit malade depuis long-temps, succomba à tant de fatigues, de courses et de chagrins. Cette Princesse mourut le 8 juin 1799. Mme. Adélaïde ne lui survécnt que peu de temps. Elle finit ses jours le 18 février de l'année suivante. M. l'évêque de Pergame, leur aumônier, leur rendit les derniers devoirs, et prononça leur oraison funèbre. Mme. Adélaïde étoit âgée de 68 ans, et Mme. Victoire de 66. M. de Châteaubriand leur a adressé un hommage dans son Itinéraire. M. l'abbé de la Tour vą recueillir les cendres de ces illustres exilées, et les rappor ter dans leur patrie. On se propose également de faire venir, en France, les restes de la Reine et de MADAME, mortes en pays étrangers.

NÎMES. Nous avons eu ici, le 19 juillet dernier, une cérémonie particulière qui prouve au moins le bon esprit qui règne dans notre ville, et le zèle qu'on y a pour le sang de nos Rois. On dit que quelques mauvais plaisans y ont trouvé sujet de s'égayer. Mais les royalistes fervens, les personnes graves, les amis de la religion ont applaudi aux pieuses intentions qui ont dicté cette démarche, MM. les marguilliers de toutes les paroisses de la ville se sont réunis, et ont arrêté de demander à Dieu, par l'incercession de saint François de Sales, la naissance d'un Prince. Le 19 juillet, ils ont entendu la messe dans l'ancienne église cathédrale de cette ville. Après la communion, M. Ferrand, curé de la paroisse, a prononcé un discours analogue à l'objet de la cérémonie; après quoi, un des marguilliers, qui est conseiller en la Cour royale, a prononcé un vœu pour la perpétuité d'une famille auguste. Ce vou porte qu'il sera offert un enfant d'argent du poids de celui dont accoucheroit Mme. la duchesse d'Angoulême. On a commencé une neuvaine, à cet effet, le 1. août. Cet acte religieux s'est passé avec beaucoup de gravité et de recueillement. On a chanté le Veni Creator. Le clergé de la paroisse y assistoit. Les marguilliers avoient

tous un cierge, et se sont rendus processionnellement de la sacristie au choeur. Plusieurs ont communié. On s'est rendu ensuite à la sacristie, où l'on a dressé un acte de ce qui venoit de se passer chacun l'a signé. Nous croyons qu'on ne sauroit donner trop de publicité à cette cérémonie, et au motif honorable qui l'a inspirée. Tous les bons François forment sans doute le même vou que nous. Nous avons seulement le mérite de l'avoir énoncé les premiers de la manière la plus solennelle, et d'avoir invoqué hautement, à cet égard, la protection du ciel par l'intercession d'un saint qui aimoit particulièrement la France, et à qui nous aimons à croire qu'elle est redevable de plusieurs bienfaits.

CAHORS. Au passage de M. le duc d'Angoulême par cette ville, le chapitre de Cahors a eu l'honneur de complimenter S. A. R. Le président du chapitre, M. l'abbé de Saunhac, vicaire-général, a porté la parole. Il a rappelé à S. A. que c'étoit un évêque de Cahors, feu M. de Cheylus, qui l'avoit ondoyé, en 1775, et il l'a assurée du dévouement du clergé et des habitans de cette ville. Le Prince a accordé aux membres du chapitre la per-. mission de porter la décoration du lis. La piété dont il fait profession, a touché sensiblement les bons catholiques de cette ville, et on se flatte de voir renaître l'ordre et toutes les vertus chrétiennes et sociales sous l'empire d'une famille qui donne de si bons et de si religieux exemples.

LUNEVILLE. Il est étonnant qu'on n'ait pas parlé du service qui a été célébré ici pour les personnes de la famille royale, que la révolution a moissonnées. Il est peut-être peu de villes qui y aient apporté autant de zèle et de splendeur. Le catafalque étoit magnifique, et accompagné d'ornemens, d'emblêmes et de statues, disposés avec beaucoup de goût. La capitale pourroit nous envier l'appareil que nous y avions mis, et l'empressement avec lequel chacun a fourni tout ce qui pouvoit rendre la cérémonie plus imposante. Un grand nombre

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