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d'habitans s'y sont rendus en habit de deuil. La mémoire de nos Princes morts est particulièrement chère aux habitans de Lunéville, qui ont possédé long-temps leur auguste aïeul. Les enfans de Stanislas ne sauroient être étrangers à ceux que ce bon Roi avoit comblés de bienfaits. La Lorraine a joui dernièrement d'un spectacle touchant. Les militaires polonois, réunis à Nanci, ont voulu, avant de quitter la France, rendre un hommage religieux aux cendres d'un Prince de leur nation. Ils ont fait faire un service très-pompeux au vertueux Stanislas, dans l'église de Notre-Dame de Bon-Secours qu'il a bâtie, et où est son tombeau. Ils ont donné, à cette occasion, une somme considérable aux pauvres, ce qui étoit sans doute une excellente manière d'honorer la mémoire d'un prince qui fut l'ami des pauvres, et qui avoit fait dans toute la Lorraine tant de fondations de charité. Notre province, ravagée par le fléau de la guerre, a besoin, pour se consoler de ses pertes, de songer qu'elle vient de trouver, dans l'arrière petit-fils de Stanislas, un héritier de sa sagesse, de sa bienfaisance, et des vertus qui ont fait notre bonheur pendant si long-temps.

VALENCE, (en Espagne). Je vous avois promis de vous donner des nouvelles de mon voyage, et sans cette promesse, les bontés que vous avez eues pour moi pendant mon séjour en France, méritoient seules que je vous témoi– gnasse ma reconnaissance par cette attention. Nous parlîmes, comme vous vous le rappelez, le 2 mai au matin. Pendant toute la route nous fûmes l'objet de la charité la plus attentive. Nous recûmes entr'autres, à Cahors, les soins les plus généreux de M. l'abbé La Sève, vicaire-général du diocèse. A Carcassonne, Mgr. l'évêque ne nous montra pas moins d'intérêt. Les bons habitans de la France sembloient vouloir nous dédommager de ce que nous avions eu à souffrir de quelques-uus de leurs compatriotes. Nous entrâmes en Espagne le 19. Lorsque nous fumes sur la ligne qui sépare le territoire des deux nations, nous chantâmes le Te Deum avec un vifsentiment

de reconnoissance pour le Dieu qui nous a délivrés. Les habitans des pays que nous traversions, se portoient audevant de nous pour nous féliciter, et nous ne recevions que des témoignages d'attachement et de respect. Nous ne pûmes passer par Barcelonne, encore occupée par la garnison françoise, qui ne permettoit à personne d'entrer dans cette ville ou d'en sortir. Nous nous embarquâmes, le 25, à Mataro; notre navigation fut des plus heureuses, car nous arrivâmes ici le 27 au matin. Le roi avoit déjà donné des ordres pour qu'on rendît aux ordres religieux leurs couvens et leurs biens; ce qui a été exécuté, et déjà nous sommes plus de trente religieux dans notre couvent de Saint-Dominique. S. M. a résidé pendant 19 jours dans cette ville. Elle y a été fort occupée des affaires les plus importantes. Elle donnoit des audiences, expédioit des dépêches, conféroit avec ses ministres, et se montroit affable envers tout le monde. Aussi ce prince a conquis tous les coeurs par sa douceur et ses manières nobles et engageantes. Il a visité les maisons religieuses et les hôpitaux. Il a écrit une lettre au souverain Pontife pour l'assurer de son dévouement filial, et le féliciter de son retour dans ses Etats. Il lui demande la translation à Valence de Mgr. Veremundo Arias, évêque de Pampelune. Ce seroit un choix auquel tout ce diocèse applaudiroit. Les processions de la Fête-Dieu se sont faites ici avec une pompe extraordinaire. Il semble que chacun ait voulu réparer les outrages faits à la religion dans les temps qui viennent de s'écouler. Que Dieu bénisse quelques-uns de vos compatriotes. Qu'il leur rende autant de bien qu'il nous ont fait de mal. Je vous assure qu'alors ils seront fort riches.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Mr. le duc de Berry est arrivé, le 18 août, dans cette ville. S. A. R. avoit assisté à l'office le jour de l'Assomption, dans la chapelle catholique où se rendoient ordinairement

nos Princes lorsqu'ils habitoient Londres. M. de Bethisy, évêque d'Uzès, officioit.

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On parle d'un voyage que quelques-uns de nos Princes doivent faire dans l'est et dans le midi de la France, les seules parties qui n'aient pas joui encore du plaisir de voir des Bourbons.

- M. le duc et Mme. la duchesse d'Orléans avec leurs enfans, et M. d'Orléans, soeur du Prince, sont partis de Palerme pour la France.

- M. Puthod de Maison-Rouge, adjudant-général sous Louis XVI, et membre du conseil municipal de Macon, a eu l'honneur d'être présenté au Roi et à la famille royale, qui l'ont accueilli avec bonté, et qui lui ont accordé pour lui et pour ses fils la décoration du lis. Cet officier a donné autrefois à Louis XVI des marques de dévouement et de zèle, Chargé de plusieurs missions par ce Prince, il s'en acquitta avec autant de sagesse que d'intelligence. Il eut entr'autres, avec D. Poirier, la commission de faire transporter à SaintDenis les restes des Princes de la maison de saint Louis, qui étoient enterrés à l'abbaye de Royaumont. A Saint-Germaindes-Prés, il sauva le tombeau de Childebert des fureurs du vandalisme. C'est à la fois un homme instruit, un militaire plein d'honneur, un ami de la religion, et un sujet dévoué au sang de ses Princes.

-Des journaux anglois ont publié l'article suivant :

«Des lettres reçues d'Espagne annoncent une circonstance qui doit produire quelque surprise. On dit, d'après une autorité respectable, que le roi Charles IV a déclaré que l'acte d'abdication que l'on a publié, et par lequel on a supposé qu'il abandonnoit le trône de ses ancêtres, est faux, et qu'en conséquence les prétentions de son fils Ferdinand sont sans fondement, puisque lui-même conserve tous les droits de roi d'Espagne et des Indes. On dit dans la même communication, que ces prétentions sont soutenues par le roi de Sicile et par le Pape, et l'on remarque que M. Labrador, qui s'est rendu à Paris comme ambassadeur de la cour'de Madrid, n'a pas encore pu remettre ses lettres de créance ».

Cet article est au moins imprudent et hasardé. Il pourroit occasionner du trouble dans un pays qui a plus besoin que jamais du repos. On croit, au contraire, que l'âge et les infirmités de Charles IV le décideront à vivre dans la retraite.

Ce qui paroît certain, c'est qu'en Espagne on est fort attaché à Ferdinand, et qu'on y redoute extrêmement l'influence d'uu ministre dont on connoît l'ascendaut sur l'esprit du vieux roi.

On a ouï dire que dans les troubles de l'anarchie, une pétition fut adressée à la Convention nationalé pour réclamer la liberté de MADAME, fille de Louis XVI, détenue alors dans les prisons du Temple. Cette pétition sembloit être faite au nom de divers citoyens d'Orléans. C'est sous ce titre qu'elle fut insérée dans les journaux de ce temps. Dernièrement, on a fait encore mention de cette pétition dans la Gazette de France: on y assure qu'elle est l'ouvrage des sections d'Orléans, et on la suppose dirigée par M. de Mersan, le 18 avril 1795. M. Laisné de Villevêque, dans deux lettres qu'il écrit au rédacteur de la Gazette de France, et qu'il a fait imprimer depuis, déclare être lui seul l'auteur de cette adresse. Il la rédigea, dit-il, le 1er juin 1795, et n'en fit part qu'à M. l'abbé de Casaboune. Il la signa Laisné-Miron, et sa signature fut accompagnée de celle de M. de Casabonne, qui se chargea de la faire parvenir à sa destination. Elle fut égarée ou soustraite, car on garda sur cet objet le plus profond silence. M. de Villevêque en envoya copie à deux journalistes, et elle parut enfin le 18 juin dans le Journal des Nouvelles politiques, avec le titre qu'il y avoit mis. Cette adresse excitant de la rumeur parmi les autorités d'Orléans, l'auteur crut devoir garder l'anonyme pour éviter des nouvelles persécutions. Peu de jours après, la municipalité la déclara controuvée et apocryphe. Si les sectious eussent rédigé cette pétition, comment est-ce que la municipalité ne fit pas des recherches pour en connoître l'auteur et les signatures? Ouvrage des 11 sections, comment pouvoit-elle la déclarer apocryphe? Et si elle avoit été rédigée, le 18 avril, comment demeura-t-elle inconnue jusqu'au 18 juin, sans que, pendant deux mois, les journaux n'en aient fait aucune mention? Louis XVII n'étant mort que vingt-un jours après la prétendue signature du 18 avril, étoit-il possible, lorsqu'on témoignoit une si juste, une si tendre sollicitude pour l'auguste orpheline, qu'on eût oublié de réclamer en faveur du jeune monarque son frère, qui languissoit dans les cachots sous la garde d'un geolier aussi stupide que féroce? Quel bon François se seroit rendu coupable d'une pareille omission?.... Outre cela, les sections n'ont pu, du 15 au 18 avril, rédiger ni présenter cette pétition, puisque depuis les derniers jours de 1794, leurs assemblées avoient cessé d'exister, et ce ne fut qu'à la fiu d'août 1795 qu'elles se réunirent de nouveau en assemblées primaires. Les registres des sections d'Orléans, en 1594, existent encore; pourquoi ceux du mois d'avril auroientils été anéantis? Indépendamment de ces raisons, M. de Villevêque a trop bonne opinion de M. de Mesan pour le croire capable d'usurper la gloire d'une action, dont il étoit digne sans doute, mais à laquelle il n'a eu aucune part; il ajoute à la fin, « qu'il défie l'auteur de la lettre » de présenter les registres qu'il annonce avoir été compulsés ». Telle est la substance de la réclamation qu'il nous a adressée dans deux lettres, où il revendique l'honneur de l'adresse.

AUX RÉDACTEURS.

Avignon, 28 juillet 1814.

MESSIEURS,

J'ai lu, dans le n°. 17 de votre Journal, les observations sur la diversité des liturgies de France, qui vous ont été adressées par un anonyme. Permettezmoi d'y répondre, et de réfuter plusieurs de ses assertions. Je respecte infiniment le Bréviaire romain. Il est l'ouvrage, non de la primitive Eglise, comme le prétend l'auteur des observations, mais des plus grands Papes; il est adopté par la plus grande partie de la chrétienté; il est celui de mon pays. Voilà sûrement des titres bien respectables. Mais dès longtemps avant d'en connoître un autre, j'avois trouvé qu'il laissoit infiniment à désirer à l'esprit des gens de goût et à la piété des fidèles.

Si ce Bréviaire étoit le même qui fut établi par les Apôtres, on conçoit que ce seroit une espèce de sacrilége d'attaquer, après tant de siècles, un monument ainsi consacré. Mais puisque ce respect pour l'ancienneté n'a pas empêché de toucher à l'ouvrage de ces premiers fondateurs de la liturgie, à qui JésusChrist même avoit communiqué ses secrets, pourquoi empêcheroit-il de toucher à l'ouvrage de leurs successeurs, surtout lorsque ces changemens sont opérés par des successeurs eux-mêmes? Un siècle invente, un autre siècle perfectionne; tout ce qui sort de la main des hommes est sujet à des variations. Les ornemens de l'église n'ont pas toujours été les mêmes; Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 37. .

M

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