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anciens siéges de France, et nous nous flattons que ses droits ne seront point oubliés dans les nouveaux arrangemens qui se préparent. Il n'existe point de siége épiscopal dans notre département, et quand il n'y en auroit qu'un, il semble que nous devrions encore avoir la préfé rence par le rang et l'ancienneté de notre métropole, dout Paris même a dépendu long-temps.

ARRAS. On sait qu'au mois de mars dernier un nombre considérable de personnes pieuses fit des prières pour la délivrance de la France. Dans beaucoup d'endroits, on pratiqua ce qu'on appeloit la sainte quarantaine, pour fléchir le ciel, et c'est peut-être à ce concours de vœux et de supplications que sont dus les prodiges de notre salut. Mais la piété est reconnoissante. En conséquence, les bonnes ames qui s'étoient unies précédemment pour demander à Dieu qu'il regardât la France en pitié, viennent de s'unir encore pour le remercier de ses bienfaits. On fait ici, en ce moment, une neuvaine d'actions de grâces pour le retour du Roi, pour la paix et pour triomphe de la religion. Les personnes qui font cette neuvaine, dirigent, à cette intention, toutes leurs prières et leurs bonnes œuvres, et s'adressent à la sainte Vierge, à qui elles demandent la continuation de sa protection sur la France, et toutes les grâces dont nous avons besoin. Cet exemple est digne d'être imité, et il l'a été sans doute dans beaucoup de lieux.

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FRANCFORT. L'état de la religion catholique en Allemagne est fait pour exciter la plus sérieuse attention, et on se flatte qu'il en sera question au congrès qui va s'ouvrir. Tout est à faire, à cet égard, car on ne voit partout que des ruines. Depuis vingt ans, l'Eglise catholique a essuyé, en Allemagne, les plus rudes atteintes. Les guerres, l'envahissement de la rive gauche du Rhin, les sécularisations d'évêchés et de couvens, ont mis le désordre dans l'administration ecclésiastique. Les princes se sont emparés de tout ce qui étoit à leur convenance. Les fondations, les chapitres, tous les établissemens religieux ent été envahis, Il reste à peine un très-petit nombre d'é

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vêques, qui sont vieux et infirmes. Les autres siéges sont vacans, et la dispersion des chapitres fait qu'on ne sait à qui recourir pour le gouvernement spirituel. Les séminaires ont été presque tous détruits, et la religion est' menacée d'une ruime totale, si on ne s'empresse d'y apporter remède. Il s'agit d'établir de nouveaux évêques, de les doter, et de fixer leurs droits et leur juridiction. Le repos de l'Etat et la tranquillité des familles réclament, à cet égard, de promptes mesures, et il est nécessaire que les souverains prennent en considération et adoptent enfin des mesures efficaces dont ils ne tarderont pas à sentir les heureux effets. Déjà quelques princes ont manifesté des dispositions favorables pour les catholiques. Le ministère de Hanovre vient de restituer au clergé d'Osnabruck et Hildesheim les droits qui leur avoient été garantis par le recès de l'empire, en 1803, et dont les avoit dépouillés le gouvernement Westphalien. L'évêque d'Hil-` desheim reçoit une pension de 25,000 écus, à compter du 1. novembre 1813. Les évêques de Bâle et de Liége reçoivent également les rentes qui leur avoient été assignées par le roi de Prusse sur les fonds de l'évêché, d'Hildesheim. Les chanoines et religieux recouvrent leurs traitemens, tels qu'ils avoient été fixés en 1805. On rétablit dans cette partie les fondations et tribunaux ecclésiastiques, et on s'occupe à réparer les injustices passées. Les chapitres viennent d'être rétablis à Eimbeck, à Noerten, à Munster, à Osnabruck. Les chanoinesses même sont réintégrées. L'électeur de Hesse vient aussi de rétablir dans ses Etats les pensions ecclésiastiques, et de doter de nouveau les prêtres à Cassel. On espère que son exemple sera imité, et que les princes allemands sentiront la nécessité de fortifier l'influence de la religion, et de faire sortir l'Eglise de l'état de confusion et de pénurie où elle languit.

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PONDICHERY. M. Claude-François Létondal, missionnaire françois, procureur-général des missions françoises de la Chine, du Tonquin, de la Cochinchine, de Siam etc., ayant sa résidence ordinaire à Macao,

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ost mort, le 17 novembre 1813, dans cette ville, où il étoit resté malade depuis plusieurs mois en revenant d'un voyage de Calcutta. Ce zélé et fervent missionnaire étoit un des principaux soutiens de ces missions, depuis que, par l'effet de la révolution, elles ont été dépouillées des biens qu'elles possédoient en France. Car son zèle lui avoit fait entreprendre et exécuter plusieurs voyages aux îles Philippines, au Mexique et dans l'Inde, pour y chercher des aumônes pour subvenir aux besoins les plus essentiels et les plus urgens de ces missions, qui, sans ces secours, n'auroient pu subsister jusqu'à présent. Ses vertus sociales et religieuses, l'aménité de son caractère, la promptitude, avec laquelle il se portoit à rendre service à tout le monde, et son désintéressement, lui avoient concilié l'estime, l'affection et la confiance de toutes les personnes qui le connoissoient particulièrement, de quelque nation et condition qu'elles fussent. Il n'étoit âgé que de cinquante-cinq ans,' et il y en avoit vingt-huit qu'il exerçoit les fonctions de procureur des missions. Ses fréquens et pénibles voyages avoient ruiné sa santé, mais non ralenti son zèle, dans l'exercice duquel il a contracté la maladie qui l'a emporté au tombeau. Si les fonctions de son emploi ne l'appliquoient pas immédiatement à la prédication de l'Êvangile et à la conversion des ames, ses travaux n'en ont pas moins efficacement contribué à propager la foi, et à gagner des ames à Jésus-Christ en procurant à un grand nombre d'ouvriers apostoliques les secours indispensablement nécessaires pour pouvoir exercer leur ministère au milieu des pays infidèles.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Ordonnance du Roi, en date du 21 août. Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, A tous ceux qui ces présentes verront, salut.

En publiant notre chiartre constitutionnelle, nous avons dit : « Que le vœu le plus cher à notre cœur est que tous les

François vivent en frères, et que jamais aucun souvenir amer ne trouble la sécurité qui doit suivre un acte aussi solennel v.

Cette déclaration et les dispositions de la chartre constitutionnelle appellent également tous les François à la jouissance des droits civils et militaires. Dès-lors les inscriptions sur les listes d'émigrés ont été effacées, et nulle différence n'a pu être admise aux yeux de la loi, comme aux nôtres, entre les François qui gémissoient de notre absence dans l'intérieur, et ceux qui nous en consoloient au dehors. Cependant, et en attendant la loi que nous nous proposons de présenter aux deux Chambres sur la restitution des biens non vendus, nous avons jugé nécessaire de prononcer positivel ment cette abolition, afin de ne laisser aux tribunaux et aux corps administratifs aucun doute sur l'état des personnes, de réserver spécialement les droits des tiers, qui, en aucun cas, ne doivent être compromis.

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A ces causes, et ouï le rapport de notre amé et féal chevalier, chancelier de France, le sieur Dambray, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1°. Toutes les inscriptions sur les listes d'émigrés, et encore subsistantes à défaut d'élimination, de radiation ou d'exécution des conditions imposées par le sénatus-consulte du 6 floréal an 10, ou à quelqu'autre titre que ce soit, sont et demeurent abolies à compter du jour de la publication de la chartre constitutionnelle.

2. En conséquence, tous les François qui auroient été et seroient encore inscrits sur lesdites listes, à quelque titre que ce soit, exercent les droits politiques que cette chartre Teur garantit, et jouissent des droits civils attachés à la lité de citoyen, sous la réserve expresse des droits acquis à des tiers, et sans y préjudicier.

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Donnons en mandement à nos cours, tribunaux, préfets et corps administratifs, que les présentes ils aient à faire lire, publier et registrer partout où besoin sera, et à nos procureurs-généraux et préfets d'y tenir la main, et d'en certifier leurs ministres respectifs.

Donné à Paris, le 21 août l'an de grâce 1814, et de notre règne le vingtième.

Signé, LOUIS.

LYON, Les journaux politiques ont donné les détails de la

réception que notre ville a faite à Mme. la duchesse d'Angoulême; mais je ne sais s'ils ont bien exprimé l'empressement et l'enthousiasme que le peuple a manifestés. Sans les gardes, je crois qu'il se seroit jeté sur la voiture pour témoigner de plus près, à la Princesse, son zèle et son amour. On ne pou voit se lasser de regarder cet ange de paix, et d'admirer dans sa personne, suivant l'expression d'un grand homme, ce je ne sais quoi d'achevé que le malheur ajoute à la vertu. Le lundi 8 août, MADAME a vu défiler les troupes aux Brotteaux, et s'est fait conduire à l'endroit où reposent les malheureuses victimes mitraillées après le siége. Elle n'a pu retenir ses. larmes dans un lieu plein d'affreux souvenirs, et ses propres douleurs se sont mêlées ici avec le deuil commun. Elle est partie, le 9, au grand regret des Lyonnois, que sa présence avoit électrisés, et qui font des voeux pour voir dans leurs murs d'autres illustres voyageurs. Ils se flattent de n'être pas moins heureux que d'autres cités du royaume qui ont été visitées par nos Princes, et déjà on dit en effet qu'une partie de la famille royale doit venir dans nos provinces. Elle peut être sûre d'avance de l'effet qu'elle produira. Ces courses pacifiques sont autant de conquêtes qui lui gagnent tous les

cœurs.

TURIN, 16 août. Les juifs s'étoient multipliés d'une manière incroyable dans les anciens départemens audelà des Alpes. La législation françoise avoit, comme l'on sait, appelé les Hébreux au partage des droits politiques, et ils en profitoient pour envahir les charges et les emplois du pays; ils occupoient les premières places de la magistrature; quelques-uns s'étoient glissés dans l'instruction publique : ils auroient fini par tout avoir. S. M. vient de rétablir l'ancien ordre de choses, et les juifs sont redevenus ce qu'ils étoient. S'ils sont tolérés, c'est aux conditions auxquelles ils étoient soumis autrefois; aussi, plusieurs se disposent à quitter le Piémont pour aller dans les duchés de Parme et de Plaisance, ou dans la Toscane, où les réglemens pour les juifs sont plus doux. On sait qu'ils avoient une synagogue à Colorno, et qu'ils jouissoient des droits de cité à Florence et à Livourne.

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