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ayons voulu donner à cette fête plus de pompe afin de nous dédommager de tant d'années où nous n'avions pu nous livrer, à cet égard, à notre joie. Déjà, le 25, l'allégresse publique avoit paru dans tout son éclat, et la foule s'étoit portée aux Tuileries, où S. M. se montra plus d'une fois aux fenêtres de son appartement. Elle s'arrêta plus long-temps qu'à son ordinaire sur la terrasse qu'elle parcourt en sortant de la messe, et parut fort sensible à une explosion d'acclamations et d'applaudissemens qui, suivant des témoins dont nous le tenons, passe tout ce que nous avions vu jusque là. S. M. reçut, dans son intérieur, les félicitations de sa famille, des personnes de la cour, et du corps diplomatique. Il y avoit presque autant de foule dans les salles du château que dans les jardins, S. M. ayant eu la bonté d'en permettre l'accès, dans cette circonstance, à un très-grand nombre de militaires et autres de divers états. On remarquoit à l'audience lord duc Wellington, ambassadeur d'Angleterre, récemment arrivé à Paris, et qui a été présenté, pour la première fois, à S. M. en cette qualité.

Cette première fête n'étoit toutefois qu'un prélude. Celle de la ville avoit été remise au lundi 29, et les habitans l'ont célébrée de nouveau avec empressement. La plupart des boutiques étoient fermées. Des jeux et des distributions ont eu lieu aux Champs-Elysées. MONSIEUR et ses deux augustes fils ont traversé cette promenade, et ont été l'objet des plus vives acclamations. Il y a eu des joutes sur l'eau. Une foule immense couvroit les quais, les abords de l'Hôtel-de-Ville, les Tuileries; la place Louis XV et les Champs-Elysées. A cing heures, le Roi est parti du château, ayant à ses côtés, dans sa voiture, MADAME. MONSIEUR étoit sur le devant. Le cortége étoit nombreux et brillant. Les quais étoient ornés des symboles de la joie; mais elle paroissoit encore mieux à des cris mille fois répétés. On a remarqué que des étrangers, électrisés par l'allégresse et l'enthousiasme qui régnoit autour d'eux, se mêloient à nos applaudissemens. S. M. après avoir été complimentée par le corps municipal, s'est mise à table. D'autres tables avoient été dressées pour un grand nombre de personnes de la cour et même de la ville. S. M. s'est montrée à tous avec cette affabilité qui la caractérise, et ne s'est retirée que sur les neuf heures et demie. Le soir, il y a eu feu d'artifice. Le temps avoit favorisé la fête, où le peuple a fait éclater les sentimens qui l'attachent de plus en plus à des Princes si dignes de son amour par leurs qualités.

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EXPLICATION des Epttres de saint Pierre,
M. P. D. C. J. (1).

par

On sait que parmi les Epîtres des apôtres, admises dans le canon de l'Eglise, il y en a deux de saint Pierre; que la première fut écrite de Rome, que l'apôtre désigne sous le nom de Babylone, la première année de son séjour dans cette ville, et proba→ blement vers l'an 45 (2). Quoique dans l'adresse il ne soit fait mention que des fidèles de l'Asie mineure, à qui elle fut portée par Sylvain, que l'on croit être le même que Silas, dont il est fait mention dans les Actes, il est néanmoins assez généralement reconnu qu'elle devoit être commune à tous les fidèles, Juifs ou Gentils nouvellement convertis. Outre que l'apôtre l'indique assez clairement dans sa seconde Epîire, les instructions qu'il y donne sont de nature à n'en point laisser douter. C'est d'ailleurs le sentiment de saint Augustin, de saint Thomas et de plusieurs

(1) Trois vol. in-12; prix, 7 fr. 50 c., et 10 fr. 50 c. franc de port. A Paris, à la librairie de la Société Typographique, place Saint-Sulpice, n°. 6; et au bureau du Journal.

(2) Dom Calmet dit l'an 50. La première aux Thessaloniciens, qui est la plus ancienne de saint Paul, ne date que de J'an 52. Ainsi, soit que l'on admette pour date de la première de saint Pierre, l'an 45 ou l'an 52, il sera toujours vrai de dire, qu'elle a précédé toutes les autres, et que, de même que saint Pierre a parlé le premier dans le concile de Jérusa→ lem, de même aussi il a été le premier qui ait envoyé des instructions par écrit aux églises.

Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 39.

autres Pères. Saint Pierre y parle, non-seulement comme apôtre, mais même comme chef des apôtres; ainsi l'on peut le regarder dans cette lettre comme exerçant, selon le pouvoir qu'il en avoit reçu, les fonctions de l'enseignement sur toute l'Eglise, qui commençoit à s'établir, et comptant déjà des enfans dans de nombreuses provinces. Telle est même l'excellence de la contexture de cet écrit, qu'il s'adapte à tous les temps, et qu'aujourd'hui comme alors, le fidèle y trouve les fondemens de sa foi et une instruction complète sur tous les devoirs, non-seulement de la vie chrétienne, mais encore de la vie civile.

y

L'apôtre s'attache d'abord à relever les avantages de la vocation au christianisme, et invite, en général, les fidèles à tendre de toutes leurs forces à la sainteté, et à opérer leur salut avec crainte. Il fait voir que Jésus-Christ est la pierre angulaire de la foi; il exhorte aux vertus chrétiennes, à l'obéissance aux supérieurs; au Roi, comme tenant le premier rang, quasi præcellenti; aux magistrats préposés par lui, pour punir les malfaiteurs et récompenser les hommes probes, ad vindictam malefactorum, laudem verò bonorum. Il recommande dans les souffrances et la persécution la patience dont Jésus-Christ a donné l'exemple. Il règle les rapports de soumission et de condescendance des femmes à l'égard de leurs maris. Il montre combien elles peuvent contribuer au salut de ceux-ci par la douceur, les insinuations et le bon exemple. Il engage les épouses à se distinguer davantage par leurs vertus que par une vaine parure. Il joint à cela des leçons générales sur l'union, la charité, la retenue et la prudence dans les paroles. Il fait entendre qu'on n'est point chrétien, si on n'est irré

prochable dans sa conduite, si on ne souffre avec Jésus-Christ, et comme Jésus-Christ a souffert; si on n'exerce point une charité mutuelle les uns avec les autres; et c'est un homme du peuple, un homme sans études préliminaires, un simple pêcheur, lequel à peine a quitté ses filets, qui, en quelques mots donne à l'univers ces leçons nouvelles et inconnues! Est-ce là une œuvré humaine?

Jusque-là le prince des apôtres se borne à instruire les fidèles, et pait les agneaux; mais il ne termine point sa lettre, sans exercer sur les pasteurs euxmêmes le pouvoir d'enseignement, la prérogative de primauté, la juridiction qui lui ont été dévolus. II leur recommande donc, il leur ordonne d'avoir soin du troupeau, pascite qui in vobis est gregem Dei. Il veut qu'ils pourvoient à tous ses besoins spirituels, et qu'ils le fassent d'affection, non coactè sed spontaneè. Car ce n'est point un pouvoir de domination qui leur a été donné, mais un pouvoir de charité, de ministère, et pour ainsi dire, de service, parce qu'ils doivent modeler leur gouvernement et leur conduite sur la conduite et le gouvernement de leur divin maître, qui n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (1).

C'est de la prison de Mamertin, à Rome, que saint Pierre écrit sa seconde Epître. Il savoit que sa mort approchoit (2). Il devoit à l'Eglise ses dernières instructions. C'est aussi à l'Eglise entière qu'il les adresse, c'est à tous ceux qu'a éclairés le flambeau de la foi; iis qui æqualem nobiscum sortiti sunt fidem. Il leur гар

(1) Matth. xx, 23.

(2) Certus quòd velox est depositio tabernaculi mei. II. Petr. 1, 14.

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pelle les avantages qui ont résulté pour eux de la con noissance du vrai Dieu, et fait l'énumération des vertus dont il faut s'orner pour participer à ces avantages. Il les exhorte à assurer leur vocation par leurs bonnes œuvres, leur promettant ses soins, non-seulement tant qu'il vivra, mais encore après sa mort, post obim tum; par son intercession sans doute, et parce que, l'esprit de Pierre vit, et doit toujours vivre dans ses

successeurs.

Il établit ensuite que ce ne sont point de doctes fables, doctas fabulas, que les apôtres sont venus enseigner; qu'au contraire, la révélation divine est lé fondement de la foi, et qu'elle est contenue dans les Ecritures; mais qu'il n'est pas donné à chacun de les interprêter selon son esprit particulier, voluntate hu→ mana d'où il suit qu'il est un tribunal qui décide du vrai sens des Ecritures, et que ce tribunal est l'Eglise. Il avertit qu'il se présentera des chefs de secte et des inaîtres de mensonges, qui chercheront à corrompre la saine doctrine, et il indique à quelles marques on pourra les reconnoître. Semblables à des animaux sans raison, dit-il, irrationabilia pecora, ils se livrent à la débauche et à la bassesse. Ils sont injustes et avares, Ils ressemblent à des fontaines sans eau, à des nuages agités par des tourbillons, images de l'obscurité et de l'instabilité de leur doctrine. Malheur à qui les écou→ tera et se laissera séduire par eux. Il eût mieux valu pour lui ne point connoître la voie de la vérité, que de s'en détourner, après l'avoir connue.

Le saint apôtre prémunit ensuite les fidèles contre d'autres adversaires de la doctrine évangélique encore plus à craindre, parce qu'ils corrompent les esprits en les amusant. Il dépeint ces ennemis des ames sous

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