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de telles couleurs, qu'on croiroit qu'il avoit en vue ce qui s'est passé et ce qui se passe encore sous nos yeux. Ils viendront, dit-il, dans les derniers temps, novissimis diebus; ils jeteront du doute sur l'accomplissement des promesses, dicentes ubi est promissio? Hommes moqueurs, ils abuseront de leurs talens pour ébranler la foi. Ils l'attaqueront par l'arme du ridicule; illusores in deceptione. N'est-ce point la marche qu'ont suivie de nos jours les apôtres de l'incrédulité? n'est-ce point par des sophismes trompeurs, par de misérables plaisanteries, par de prétendus bons mots qu'ils ont essayé de discréditer les vérités les plus respectables, d'atténuer l'autorité des livres saints, et qu'ils sont parvenus à affoiblir, à détruire d'une maniere si déplorable, dans un grand nombre d'individus de toutes les classes, l'influence des principes religieux, laissant ainsi ceux qu'ils ont séduits, ou qu'ils séduisent encore, sans flambeau pour les éclairer, şans appui pour les soutenir, sans consolation daus leurs peines, sans espérance ni pour ce monde, ni pour l'éternité?

Tel est à peu près le précis des deux Epîtres de saint Pierre. Elles sont courtes, et l'apôtre en prévient ceux à qui il les adresse, breviter scripsi. En effet, de ces deux Epîtres, la première ne contient que cinq chapitres, et la seconde que trois, et le plus long de ces chapitres n'a que vingt-cinq versets; mais dans ce peu de mots quelle abondance de choses! Jamais on n'aura pu dire plus justement: multa paucis, et l'on s'étonnera bien plus de ce qu'un si riche trésor d'instruction soit resserré dans quelques pages, qu'on n'aura à s'étonner de voir trois volumes entiers employés à leur explication. Il est certain, conime le res

marque le commentateur, qu'il n'y a point de mystère dans notre religion, dont il ne soit traité dans ces deux Epitres, ou qu'elles ne rappellent, et qu'il n'y a pas de vertus qu'elles n'encouragent, ou dont elles n'enseignent la pratique. Saint Pierre y parle avec la force, la vigueur et en même temps la charité, qui conviennent au chef de l'Eglise et au prince des apôtres.

Il reste à dire un mot du commentaire. C'est un développement complet du texte. L'auteur y prend chacune des deux Epitres verset par verset, et il n'y a presque pas un mot qui ne soit pesé, expliqué, ou qui ne donne lieu à des détails nourris de science sacrée ou d'édification. Si l'auteur y discute quelques questions, c'est avec sagesse, prudence, et toujours conformément aux sentimens reçus le plus généralement et dans les plus saines écoles. La grande connoissance qu'il paroît avoir des saintes Ecritures l'a mis à portée d'en faire de fréquens et d'heureux rapprochemens. Non-seulement il a atteint dans son ouvrage le but qu'il dit s'être proposé, celui d'être d'un utile secours aux pasteurs, à qui les soins du ministère ne laissent point assez de temps pour préparer leurs instructions, mais il offre encore une lecture propre à affermir la foi et à nourrir la piété. On voit que c'est un homme pénétré des maximes de la vie spirituelle, et habitué à méditer sur la parole sainte, source de toutes consolations et de toutes vérités.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

L.

ROME. Aux détails que nous avons déjà donnés sur la cérémonie du 7 août, il faut joindre les suivans. Dès le

grand matin, le clergé, la noblesse et le peuple s'étoient portés en foule à la maison professe dite de Jésus. Les rues et les palais étoient ornés de tentures et de tapisseries, comme aux plus beaux jours de fêtes. Les troupes de S. S. étoient sous les armes. Le saint Père est descendu du Quirinal à huit heures. Pendant sa messe, deux belles voix accompagnées de l'orgue, ont seules interrompu le silence majestueux qui règne pendant la messe papale, et qui est si imposant, surtout au moment de l'élévation. Dix-huit cardinaux étoient présens. Le cardinal Maury ne s'y trouvoient point, ayant eu défense, comme on sait, de se montrer à aucune cérémonie où assistent le Pape et le sacré collége. La lecture de la Bulle causa dans l'auditoire une émotion sensible. On ne voyoit pas sans étonnement cette résurrection d'un corps éprouvé par tant de traverses. On se rappeloit que ses disgrâces avoient précédé de bien peu celles de l'Eglise et de la religion, et on trouvoit conforme aux vues de la Providence qu'il se relevât avec elles. Sa Majesté la reine d'Etrurie assistoit à cette cérémonie dans une tribune, ainsi que le prince, son fils, et des personnages distingués de tous les pays. La lecture de la Bulle achevée, le Père Pannizoni, provincial d'Italie, s'avança vers le trône de Sa Sainteté, et reçut de ses mains un exemplaire de la Bulle. Il fut ensuite admis au baisement des pieds, ainsi que le provincial de Sicile et les Jésuites qui se trouvoient présens, et qui étoient au nombre de cent quarante. Nous pouvons assurer que leur attitude modeste contrastoit avec la joie qui brilloit dans tous les yeux. Dans le courant du même jour, S. S. a donné ordre aux officiers publics de se rendre chez les Jésuites, d'y dresser le procès-verbal d'usage, et d'y relater la restitution de leurs maisons et de leurs biens encore existans. Le noviciat de Saint-André de Monte Cavallo va s'ouvrir incessamment, et tout annonce qu'il sera nombreux. On espère avoir sous peu deux cents Jésuites à Rome, comme il y en a déjà deux cents en Sicile.

ROYAL

PARIS. Les religieuses de la congrégation de NotreDame de la Charité du refuge, dites à Paris Dames de Saint-Michel, sont instituées pour ramener à la religion et aux bonnes mœurs, à l'amour du travail et d'une vie chrétienne, les personnes de leur sexe qui s'en sont écartées, et qui, par leurs écarts, ne seroient pas moins nuisibles à la société qu'un objet de déshonneur pour leurs familles. Les Dames de Saint-Michel ont onze maisons en France (1): celle de Paris est aujourd'hui la plus importante de toutes; mais c'est dans la maison de Caën qu'elles furent établies par le P. Eudes, en 1624. Elles occupent à Paris le vaste local des Dames de la Visitation, rue Saint-Jacques. Elles l'ont acquis et fait réparer à leur charge lorsqu'il alloit être vendu par les troisièmes acquéreurs nationaux, et changé vraisemblablement en manufacture, sur le refus d'acheter plusieurs fois réitéré, fait par les Dames de la Visitation, auxquelles les Dames de Saint-Michel l'avoient offert au même prix qu'elles achetèrent elles-mêmes. Les Dames de SaintMichel de la maison de Paris sont au nombre, savoir: trente-six professes, quatorze novices, douze converses, huit agrégées. Elles ont trois classes de pénitentes. Un pensionnat de demoiselles, et plusieurs dames veuves ou demoiselles externes qui trouvent un logement et la table dans l'enceinte de leur local. Le total général des personnes réunies à Saint-Michel, est en ce moment de trois cents. Toutes les classes diverses de personnes ou d'élèves sont séparées de la communauté des religieuses, et n'ont aucune communication entr'elles, ayant chacune leur choeur ou tribune, leur salle de travail ou leur appartement, leur dortoir ou leur chambre, leur réfectoire, leur cour ou jardin. La première classe de pénitentes est celle des femmes ou filles qui sont amenées

(1) Ces maisons sont celles de Caën, de Paris, de Nantes, de Rennes, de Lyon, de Saint-Brieux, de la Rochelle, de Vanucs, de Guinguamp, de Tours et de Versailles.

par ordre de la police ou des tribunaux, à la réquisition des parens. La seconde classe est celle des jeunes personnes au-dessus de quinze ans, qui se présentent volontairement, soit d'elles-mêmes, soit amenées par leurs parens, leurs protecteurs ou protectrices. La troisième classe est celle des jeunes personnes au-dessous de quinze ans, dont il importe de corriger les mœurs ou les défauts notables de caractère. Les dames de SaintMichel sont les mères de ces pénitentes. Elles obtiennent bientôt toute leur confiance; leurs soins, à leur égard, sont continus. Elles ne les laissent jamais seules un seul instant du jour ou de la nuit. Leur réglement, pour ces pénitentes, ne laisse rien à désirer. Leur travail est celui de l'aiguille, de la broderie, suivant le talent des personnes et les commandes faites au dehors. Les pénitentes n'ont pas le temps de vaquer à leurs propres réflexions, ou du moins elles sont éloignées de tout vain retour sur elles-mêmes par la suite des exercices de la journée. Le travail dans les classes est tellement assidu, la variété des exercices si sagement ordonné, que les pénitentes. sont toujours occupées, toujours distraites de la pensée du mal, toujours rappelées à la pensée du bien. La prière suit le réveil; après vient la méditation du matin, la sainte messe, le commencement du travail, le déjeûner, la reprise dn travail, pendant lequel se font de pieuses lectures; et il ne se passe pas d'heure dans le jour que l'uniformité de ce travail ne soit interrompue, tantôt par le chant des hymnes et des cantiques, où toutes les voix se mêlent et se confondent pour louer le Seigneur et les charmes inexprimables de la vertu, pour célébrer la joie du ciel à la conversion des ames pénitentes et les délices d'un saint repentir; tantôt les prières vocales succèdent aux chants, et après ces prières les instructions religieuses et celles du Catéchisme. Tous les secours de la religion sont prodigués à ces pénitentes, et on peut assurer aussi qu'il en est peu qui sortent de chez ces Dames, au bout de deux ans de séjour, sans avoir con

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