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tracté le goût de la religion et de la vertu, sans avoir pris les habitudes d'une vie occupée, et sans devenir un sujet d'édification pour leur famille et pour le monde; et s'il en est qui tombent dans de nouveaux écarts, un prompt repentir les ramène souvent à la maison de Saint-Michel qui leur rouvre ses portes. Il arrive aussi. que plusieurs ayant une fois goûté cette vie religieuse, supplient en grâce qu'on ne les en éloigne plus, et déeirent de s'y consacrer sans retour. Le pensionnat des Dames de Saint-Michel est tenu comme celui des autres religieuses. Elles inspirent à leurs élèves un grand amour d'une vie solidement chrétienne, simple, modeste, borieuse et toujours occupée. Le quartier de leur maison qu'elles consacrent aux dames externes, facilite l'heureux moyen aux dames ou demoiselles qui n'ont pas une grande fortune, et qui veulent vivre dans la retraite sans être toutefois séparées entièrement du monde, d'avoir à peu de frais un logement qui les rapproche de la vie religieuse, sans leur en imposer les devoirs, et qui leur procure tous les avantages de la solitude sans les séparer néanmoins de la société, puisqu'elles sont au dehors du monastère, qui leur fait porter leur nourriture dans leurs appartemens respectifs par le ministère des tourrières. Tels sont les services que les Dames de SaintMichel rendent en ce moment à la religion et aux mœurs, ainsi qu'à la société.

Toute la France a voulu prendre part aux expiations pour une famille auguste et malheureuse, et chacun sollicite, avec un empressement honorable, que nous fassions mention de ce qu'il a fait en ce genre. On écrit de Vesoul que le service y a eu lieu, le 10 août, jour néfaste dans nos annales. M. l'abbé Durand a prononcé l'oraison funébre. On nous a envoyé une relation du service fait à Caraman. Elle est fort circonsfanciée, et atteste le zèle et l'intérêt qu'y ont mis les habitans de cette ville. Quatre chevaliers de saint Louis ajoutoient quelque éclat à la cérémonie. A Dole, des ins

criptions fort heureuses ornoient un tombeau à quatre faces. A Fontenoy-le-Château, dans les Vosges, le curé et les habitans ont célébré le service avec un égal empressement. A Auxy, près Autun, et dans toutes les paroisses de cet arrondissement, la même cérémonie a eu lieu. On y avoit rédigé précédemment une adresse au Roi, dictée par les meilleurs principes, et la bonne volonté des habitans a été encore accrue par le passage de Mme. la duchesse d'Angoulême, et par la bonté avec laquelle elle a reçu les hommages de la ville et des campagnes. Elle a particulièrement accueilli le clergé. A Cadillac, le service funèbre a donné occasion, au curé de ce lieu, de rappeler des vérités utiles, et de retracer un tableau de nos désastres. Son discours, qui nous a été envoyé, mériteroit que nous en citassions quelque chose. Dans le diocèse de Troyes, on a célébré partout le service par ordre de M. l'évêque. La ville d'Auxerre l'a fait avec une pompe remarquable. Le catafalque et les inscriptions, le discours et tous les détails de la cérémonie étoient dignes de son objet. Elle avoit été dirigée, avec beaucoup de zèle et de goût, par M. l'abbé Viart, ancien grand-vicaire de M. de Cicé, investi de toute sa confiance, qui a joui aussi de celle des évêques de Troyes, et qui la mérite par ses connoissances, ses talens, sa charité, et sa conduite soutenue. Dans les temps les plus difficiles, il a montré le même attachement aux principes, et a accueilli d'honorables proscrits.

La fête de saint Louis a été célébrée dans l'église paroissiale de Saint-Eustache. Tout s'est passé avec la plus grande pompe. On y a fait usage de riches ornemens donnés par M. le curé, et les habitans de la paroisse ont montré un pieux empressement à célébrer la mémoire d'un saint qui leur est cher à plus d'un titre, comme patron de cette paroisse, du Prince qui nous gouverne, de sa royale maison et de la monarchie.

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M. l'abbé Dastros, vicaire-général du diocèse de Paris, qui depuis sa delivrance de Vincennes avoit pris quelque temps pour se reposer, est entré depuis quelques jours dans l'administration du diocèse, à laquelle il avoit été arraché par la violence. Ses confrères ont vu avec joie ce modeste et pieux ecclésiastique rendu à des fonctions qu'il a remplies autrefois avec zèle, et dont l'exercice honorable ne peut plus lui attirer de dangers.

-Parmi les congrégations qui ont survécu à la tourmente révolutionnaire, la congrégation des prêtres de Saint-Sulpice tient un des premiers rangs. Cette société nodeste et utile, qui n'a jamais ambitionné que le bonheur de faire le bien, se reforma après la terreur sous la conduite d'un chef doué de toutes les qualités propres diriger, à soutenir et à faire prospérer un corps. Il se voua de nouveau à l'enseignement, et se chargea de quelques séminaires. Le bien qu'il opéroit excita la jalousie, et après la mort de M. Emery, en 1811, les Sulpiciens furent expulsés de toutes leurs maisons par ordre d'une police qui avoit à cœur de vexer les hommes les plus religieux et les plus attachés au saint Siége. Ces ecclésiastiques vénérables ont été réintégrés depuis dans leurs établissemens. Mais ils songent en ce moment à se donner une forme régulière, et à nommer un supérieurgénéral à la place de celui que la mort leur a ravi. Des députés de leurs différentes maisons sont réunis pour procéder à cette élection, qui ne peut tomber que sur des gens vertueux, dignes du respect de la jeunesse et de la confiance du clergé. Nous en ferons connoître le résultat.

VERNEUIL. M. le ministre de l'intérieur a adressé la Jettre suivante à Me, la supérieure des religieuses bénédictines de Saint-Nicolas de Verneuil : « Madame, le Roi ne doute point de la sincérité des sentimens que vous exprimez dans votre adresse de félicitation. Il est persuadé que c'est à la Providence, fléchie par les prières des ames pieuses, qu'il est redevable de son rétablisse

ment sur le trône de ses pères. S. M. connoît et apprécié toute l'importance des services que vous rendez, et auxquels vous vous êtes consacrée par des motifs si purs et si puissans, ceux de la religion. Votre congrégation peut compter sur sa protection. Je suis avec respect, Madame, votre très-humble serviteur, le ministre-secrétaire d'Etat de l'intérieur, l'abbé de Montesquiou». Cette lettre, si honorable pour celle à qui elle est écrite, n'est pas moins consolante pour les amis de la religion, qui y trouve ront le langage du fils aîné de l'Eglise, et le gage de l'intérêt que S. M. prend aux institutions religieuses.

DUBLIN. Les catholiques anglois n'ont pas appris sans intérêt que le docteur Milner, évêque de Castabala, et vicaire apostolique du district de l'intérieur, et le docteur Murray, coadjuteur de l'archevêque de Dublin, qui sont à Rome pour les affaires de leur église, y ont déjà eu plusieurs audiences, et ont été très-bien accueillis du saint Père. Leur mission est relative à quelques différends qui ont eu lieu entre les catholiques, et on espère qu'elle aura une heureuse issue pour le rétablissement de la paix. L'autorité du saint Siége réunira tous les esprits. On ne peut se dissimuler que quelques personnes ont été trop loin, et n'ont pas tenu assez de compte des réclamations des catholiques irlandois. Plusieurs millions de catholiques ont manifesté en ce pays une opposition formelle aux arrangemens projetés. Leurs évêques, au nombre de près de 30, se sont montrés aussi contraires au veto. Leur éloignement pour cette mesure méritoit d'être pris en considération, et il n'est pas juste que quelques catholiques anglois négligent les intérêts et les vues d'une portion si considérable. Il seroit digne du gouvernement de ménager même les préventions d'une masse si considérable d'habitans, et de montrer, de plus en plus, ces idées libérales dont on parle beaucoup. Il seroit digne du ministère de manifester une intention franche d'améliorer notre sort, et de renoncer à un systême d'éloignement et de défiance pour les ca

tholiques. Toutes les personnes de cette religion ont vu avec peine la publication d'ordres secrets qui avoient été adressés, le 22 octobre 1811, par le prince régent, au général Prévost, gouverneur du Canada inférieur. L'article 12 de cette dépêche recommande au gouverneur de ne permettre l'admission d'aucun nouveau membre dans les communautés catholiques. On en excepte pourtant les couvens de filles. On y dit nommément que la société des Jésuites doit être supprimée et dissoute, ses biens réunis à la couronne, et ses membres pourvus d'une pension leur vie durante. Il est ordonné de plus au gouverneur de retirer peu à peu des missions des Indiens les missionnaires catholiques, et de les remplacer par des protestans. Enfin, le gouverneur doit veiller à ce que les prêtres catholiques n'aient pas trop d'influence, à ce qu'ils ne fassent pas de prosélytes, et à ce qu'ils ne se permettent rien dans leurs sermons contre l'église anglicane. L'esprit et la teneur de ces ordres a sensiblement affligé les catholiques de ce pays, et sans doute, ils auront produit encore un plus mauvais effet dans le Canada. On ne croira pas que le gouvernement ait quelque bonne volonté pour les catholiques, s'il montre tant de défiance, et prend tant de précautions contre eux. On s'étonnera de ce prosélytisme protestant de la part de ceux qui se plaignent du prosélytisme des catholiques. On dira que ces mesures contre les couvens, contre les Jésuites, contre les missionnaires, ne sont guère conformes à l'esprit de tolérance qu'on affiche, et on se demandera quelles sont les faveurs que nous aurions à attendre d'un ministère qui se conduiroit d'après de tels principes. Il faut espérer que l'administration adoptera d'autres vues. Le meilleur moyen de gagner les catholiques, c'est d'avoir avec eux une conduite ouverte, franche et loyale. On leur inspirera de la confiance en leur en témoignant.

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