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d'indépendance germant dans des têtes ardentes y a enfanté des systêmes qui ébranlent toute la constitution de l'Eglise, et lui ôtent cet ensemble et cette unité qui fait sa force. On peut être ami de nos libertés sans adopter ces systêmes, comme on peut être déclaré pour les droits du saint Siége sans souscrire à de vieilles prétentions sur le temporel des rois, et à quelques exagérations de théologiens d'Italie. Avec un peu plus de bonne foi, de modération et de droiture, on parviendroit à s'entendre. On rejeteroit bien loin les fausses idées de certains canonistes, nourris à l'école de Richer, de Dominis et de Febronius. On sentiroit la nécessité, dans ces jours de discorde, de resserrer les liens entre l'Eglise mère et les fidèles qu'elle a enfantés. Nous ne voyons pas trop ce qu'on peut gagner à se séparer de ce tronc antique, et nous voyons très-bien, au contraire, comment on peut abuser du mot de libertés, et où on a voulu nous conduire en les invoquant toujours. L'abus qu'on en a fait si souvent et si récemment, doit nous tenir en garde contre ceux qui pourroient en abuser encore, au lieu que nous ne sommes pas dans un temps où on pousse trop loin les prérogatives de l'autorité ecclésiastique. J'ai toujours été frappé de ce mot du docteur Johnson, qui disoit que ceux qui s'élèvent contre l'autorité ecclésiastique dans un temps où tout tend à la diminuer, et qui écrivent en faveur de l'autorité civile, déjà si portée à s'étendre, sont apparemment des gens qui auroient crié au feu du temps du déluge. Ils combattent avec force un danger dont l'esprit du siècle nous garantit suffisamment, et ils courent au-devant d'un joug que tout conspire à introduire et à accroître. Cela n'est ni adroit, ni courageux, ni judicieux.

Ces réflexions qui se sont étendues sous notre plume, nous ont empêché d'en venir plutôt à l'ouvrage que nous étions chargés d'annoncer, et qui mérite d'ailleurs que nous en parlions avec quelque étendue. Ce sera l'objet d'un second article.

M.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La congrégation que nous avions désignée précédemment (dans notre numéro XXVI) comme chargée des affaires de l'Eglise, n'est chargée que des affaires des ordres religieux. La congrégation des affaires de l'Eglise est composée des membres suivans: 1°. Leurs éminences les cardinaux Mattei, della Somaglia, di Pietro, Pacca, Litta, Brancadoro, Fabrielli et Oppizzoni; 2°. le secrétaire, avec droit de suffrage, est le P. Fontana, général des Barnabites; 3°. les consulteurs, sans droit de suffrage, sont Mr. Baldi, les PP. Grandi et Lambruschini, Barnabites, et les abbés Guidi, Bettini et Mastrofino. La congrégation a déjà commencé ses séances, et elle met aux affaires de l'Eglise l'intérêt que commande leur importance. Mais la multiplicité des affaires, et la maturité qu'il faut apporter aux discussions, ne permettent pas d'en donner encore le résultat. Le choix des membres que nous venons de nommer, est un sûr garant du succès. Ce sont des hommes recommandables par leurs qualités, par leurs connoissances et par le zèle qui leur a attié en dernier lieu tant de traverses. On en a pu juger en France, où la tempête les avoit dispersés. Nous espérons de leur part un prompt remède aux maux de l'Eglise.

Un édit du cardinal pro-secrétaire d'Etat, du 13 août, défend les réunions maçonniques. Le préambule rappelle les constitutions de Clément XII et de Benoît XIV, et l'édit du cardinal Firrao, en 1759. Les désordres des derniers temps ayant favorisé de nouveau ces réunions clandestines et mystérieuses, S. S. veut bien user d'indulgence envers ceux qui les ont fréquentées, et les conjure de songer au salut de leurs ames, et de renoncer à des assemblées qui ont toujours été suspectes aux

gens de bien par leurs formules, leurs rits, leurs cérémonies, leur serment et leur secret. Mais elle défend sévèrement de les fréquenter à l'avenir, sous quelque dénomination qu'elles se cachent. Elle proscrit aussi les réunions de charbonniers, qui s'appuient d'un bref approbatif, lequel est de toute fausseté. Cette défense s'étend à tous les sujets de S. S. demeurant en pays étranger. On ne pourra garder les emblêmes et les statuts relatifs à ces associations. Ceux qui auroient connoissance de quelque transgression à ces ordres, sont tenus d'en donner avis La transgression pourra être punie, suivant les circonstances, de la confiscation des biens ou d'amendes pécuniaires, et l'on confisquera les édifices où seroient tenues les assemblées. S. S. recommande aux tribunaux l'exécution de ces mesures, et veut qu'on avertisse chacun que son devoir naturel, comme chrétien et comme membre de la société, est de prévenir les suites d'une conspiration alarmante contre la religion et contre l'Etat. La révélation, dans ce cas, loin d'être une honte, est un devoir, et le serment inique qu'on pourroit avoir fait, n'est qu'une raison de plus de renoncer à une association dangereuse (1).

PARIS. Le service que nous avions annoncé pour les victimes du 2 septembre, eut lieu vendredi dernier, dans l'église des Carmes de la rue de Vaugirard. C'étoit la première fois, depuis vingt-deux ans, qu'on rendoit -un hommage public à la mémoire des prêtres vertueux massacrés dans cette borrible journée. Cette pieuse commémoration avoit attiré une foule de personnes empressées d'aller prier sur le lieu même qui rappeloit tant de souvenirs. L'entrée de l'église étoit tendue de

(1) Telle est la substance de cet édit, dont nous avons reçu le texte. Quoiqu'il soit particulier aux Etats de l'Eglise, cependant les sages avis qu'il contient peuvent être adressés à tous les fidèles qui apprendront par-là ce qu'ils doivent penser de ces réunions suspectes, et malheureusement trop répandues.

noir. Toute la matinée il y a eu des messes, et plusieurs prêtres ont eu la dévotion de venir de loin offrir. le saint sacrifice pour les généreux confesseurs. On a célébré ensuite un service solennel. L'officiant étoit M. l'abbé Keravenant, premier vicaire de Saint-Sulpice, échappé lui-même au désastre des Carmes, et depuis honoré en dernier lieu d'une seconde persécution et exilé par le despote. Le diacre étoit M. l'abbé Deloutte, enfermé aussi avec Mgr. l'archevêque d'Arles, après le 10 août, et sauvé d'une manière singulière. Mgr. l'ancien archevêque d'Alby et MMgrs. les évêques de Trèves, de Metz et de Troyes étoient présens, ainsi qu'un grand nombre d'ecclésiastiques, d'hommes de tous les rangs, et des femmes distinguées par leur piété. M. l'abbé le GrisDuval a prononcé un discours en l'honneur des confesseurs. On connoît les talens de cet estimable orateur, que la capitale a déjà entendu plusieurs fois dans des occasions semblables, et dont nous avons cité quelque chose. Son discours avoit été composé exprès pour la cérémonie. Les deux points de son discours étoient que les martyrs avoient triomphé par la foi, et que la foi avoit triomphé par les martyrs. L'orateur a payé tour à tour un juste tribut d'éloges aux plus célèbres victimes de cette mémorable journée, au vénérable archevêque d'Arles, aux pieux évêques de Beauvais et de Saintes, à ces hommes qui ont honoré l'église de France par leur courage, et dont elle recueillera avec respect les noms et les traits glorieux. Son discours, qui tiroit un si grand intérêt des circonstances du temps et du lieu, n'avoit pas besoin de ce secours pour émouvoir et attendrir. Îl étoit plein de cette sensibilité douce et de cette charité attrayante, qui font le caractère de l'éloquence de M. l'abbé Duval. Il ne s'est pas borné aux victimes qui avoient péri dans l'enceinte même où il parloit, et il a embrassé dans son sujet celles qui furent immolées, à la même époque, dans les autres prisons de la capitale.

-Le clergé du 4°. arrondissement du Gard, réuni à Saint-Hypolite, a député au Roi pour lui témoigner son dévouement et sa fidélité. M. l'abbé Liron d'Ayrolles, ancien grand-vicaire de M. de Coucy, à la Rochelle, présidoit la députation, et a prononcé le discours et présenté l'adresse. L'un et l'autre respirent l'attachement et le respect pour S. M., qui a répondu : J'agrée les sentimens que vous venez de m'exprimer au nom du clergé du Gard. Il sait que je suis attaché à la religion. Je la protégerai toujours ainsi que ses ministres.

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-Nous recevons des provinces plusieurs lettres qui donnent des détails satisfaisans sur la manière dont la fête de saint Louis y a été célébrée. On voit que chacun a voulu, dans cette occasion, manifester son zèle et son attachement au sang de saint Louis. A Bayeux, la fête a élé générale. L'office a été fait avec beaucoup de pompe à la cathédrale et dans les autres églises. Au salut, M. l'évêque a prononcé un discours en l'honneur du saint Roi et de son auguste famille. Il avoit ordonné que la fête se fit reillement dans tout le diocèse, et la joie publique a éclaté en beaucoup d'endroits. Elle ne paroît pas avoir été moindre à Autun. Il y a eu, à la cathédrale, une grand❜messe en musique à laquelle les autorités ont assisté; le soir, des jeux et des illuminations. A Compiègne, la fête du 15 août avoit été célébrée avec empressement. Ce séjour de nos Rois a conservé particulièrement le souvenir de leurs bienfaits. On y a fait des voeux sincères et ardens pour leur prospérité. M. l'abbé Tournefort, curé de SaintJacques, a officié, et M. l'abbé de la Serre, chapelain du château, a prononcé le discours qui a satisfait tous les auditeurs. A Philippeville, la garnison s'est jointe aux habitans, et a demandé un Te Deum. A Vatan, M. le curé a prononcé un discours dont le texte éloit heureusement approprié aux circonstances. C'étoit ce passage du livre de Tobie : Post tempestatem, tranquillum facis; et post lacrimationem et fletum, exultationem infundis. Il a cherché à bien pénétrer les fidèles de la

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