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ou qu'il périsse? S'il a permis, s'il a voulu qu'il y eût des pauvres, il ne les a pas laissés sans ressources; et où seroient-elles, si elles ne se trouvoient dans les mains des riches. Les riches sont donc les pourvoyeurs des pauvres et comme leurs intendans. S'ils n'en remplissent point les devoirs, soit en donnant du travail à ceux qui en sont susceptibles et qui en manquent, soit en offrant des secours gratuits aux infirmes, à la

à l'orphelin, aux parens d'une nombreuse famille, à l'entretien de laquelle ne suffisent pas leurs bras, ce sont des pourvoyeurs, des intendans infidèles. Les Pères tranchent le mot. Ils mettent ces riches insensibles au nombre des assassins et des voleurs. « En ne nourrissant point l'indigent, dit saint Ambroise, vous le tuez, et celui qui dérobe n'est pas plus criminel que l'homme riche et dur, qui refuse un secours à celui qui en a besoin ».

C'est au développement de cette importante vérité et de toutes celles qui y ont rapport, qu'ont, à différentes époques, été destinés les écrits qui composent ce recueil. De grands noms y sont attachés et le recommandent. Quand on puise dans Bossuet, Bourdaloue, Fléchier et Massillon, on est bien sûr de n'extraire que des choses précieuses de mines aussi riches; et quoiqu'ils ne soient pas mis sur le même rang, les noms des Pères de la Rue, de Neuville, Elisée, et de M. l'évêque de Sénez (1), ceux même moins connus des PP. la Colombière et le Chapelain, promettent beaucoup. On trouve donc rassemblé dans

(1) La collection des Sermons de M. l'évêque de Sénez est composée de 4 vol. in-12. Ce sont les plus nouveaux et les derniers qui ont été imprimés; prix, 12 fr. brochés, et 15 fr. port franc. Au bureau du Journal.

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ces deux volumes tout ce qu'on a dans les temps mo→ dernes écrit de mieux sur l'un des principaux devoirs du christianisme. Il n'est pas douteux qu'on n'eût pu encore prendre dans d'autres sources. Mais au milieu de l'abondance, on est obligé de choisir, et le choix de l'éditeur fait honneur à son goût, comme l'entreprise à ses sentimens charitables et à sa piété. L'ouvrage est précédé des jugemens portés sur les orateurs qui ont fourni les matériaux qu'il a rassemblés.

L.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME, 25 août. Voici le texte entier de l'édit annonçant le rétablissement des ordres réguliers; les autres journaux n'en ont donné qu'une partie, et ont supprimé, on ne sait pourquoi, la fin, qui n'est pas moins intéressante que le reste :

<< Entre tous les maux occasionnés par les bouleversemens dont nous avons été les témoins, un des plus graves sans doute est l'oppression et l'anéantissement presque total de ces sociétés religieuses, un des plus fermes appuis de l'Eglise, source féconde d'avantages pour l'éducation et les sciences dans la société chrétienne et civile. Le saint Père n'a pas plutôt été rétabli sur son Siége, qu'il a aperçu les funestes conséquences qui avoient déjà résulté, et qui devoient résulter encore de cette destruction, que Dieu, dans ses impénétrables desseins, a permis à l'impiété de consommer dans la capitale du monde catholique et dans les Etats pontificaux. Sa Sainteté, pénétrée des sentimens qu'elle doit, comme chef de l'Eglise, à tous ces saints instituts; guidée par l'affection particulière qu'elle leur porte comme membre d'un des plus anciens, auquel elle s'est fait toujours gloire d'appartenir, a cru digne de sa sollicitude paternelle de donner tous ses soins à les relever incessamment de leurs ruines. Plu

sieurs obstacles s'opposent à l'accomplissement des désirs de S. S. outre qu'il n'est pas facile de réunir les religieux dispersés de toutes parts, leurs maisons et couvens sont dépourvus de tout ce qui est nécessaire pour l'habitation, et la plupart n'ont aucun revenu.

:

» Le saint Père s'occupe des moyens de vaincre ces difficultés il porte principalement ses vues sur le grand objet de procurer un nouveau lustre à ces corps, en réparant le désordre passé, et en les rappelant à l'observance des règles convenables à la sainteté et à l'excellence de leur profession. Pour parvenir à ce but, S. S. a ordonné à une commission de réforme de s'occuper sans relâche de tout ce qui a rapport au rétablissement des ordres réguliers. En conséquence, il a été formé et présenté un plan à S. S., tendant à se procurer les moyens économiques, et à établir les réglemens qui devront être observés dans les communautés religieuses; et comme les circonstances ne permettent pas pour le moment de rétablir ces corps réguliers dans tous les Etats pontificaux, il a été proposé de commencer à les rétablir immédiatement dans Rome, où on leur donnera tous les couvens et les maisons d'institution disponibles, pour y loger les supérieurs-généraux, et y réunir le plus grand nombre de religieux possible. On espère de la religion des gouvernemens et du zèle des évêques du monde catholique, qu'ils favoriseront l'établissement de ces asiles de la piété chrétienne et de la perfection évangélique. S. S. a approuvé le plan de la congrégation, et en a ordonné la publication, afin que les intéressés puissent en avoir connoissance, et s'adresser au secrétaire de la congrégation, qui leur indiquera la maison ou le couvent qu'on doit rétablir de suite, et où devront résider des supérieurs chargés par S. S. de suivre, avec le même secrétaire, le plan de restauration que devront promettre d'observer ceux qui seront successivement admis. Nous ne doutons pas que chaque individu, et particulièrement les supérieurs, ne s'empressent de se conformer exactement aux ordres de S. S., afin que, soit à Rome, soit ail¬

leurs, les instituts réguliers, rendus à leur première splendeur, puissent se distinguer plus que jamais en procurant la gloire de Dieu, le salut des ames et les progrès des sciences ».

Donné à la secrétairerie d'Etat, le 15 août 1814.

B., card. PɅcc▲, camerlingue de la sainte
Eglise, et pro-secrétaire d'Etat.

ORLEANS. Ce diocèse, qui n'a point d'évêque depuis plusieurs années, a été heureusement exempt des troubles qui ont éclaté en d'autres pays. Cependant il s'y est élevé dernièrement quelques nuages, qui heureusement ne font rien craindre de fâcheux. Les circonstances avoient fait éclater des dispositions peu favorables aux administrations capitulaires des évêques nommés. Le bref au cardinal Maury, celui au chapitre de Florence, les démissions de quelques évêques nommés, l'expulsion désagréable de quelques autres, avoient éveillé l'attention des esprits sur l'adininistration de M. Raillon, nommé à ce siégé sous Bonaparte, et quoiqu'on n'eut en général qu'à se louer de la conduite modérée de cet ecclésiastique, toutefois il s'élevoit des doutes sur la légitimité de ses pouvoirs. Quelques-uns s'étonnoient qu'il restât seul en place, tandis que tous ses collègues s'étoient éloignés, et qu'il persistât à conserver un titre qui ne sembloit plus compatible avec les circonstances. Il leur sembloit que le respect pour le saint Siége et la déférence pour le Roi, devoient porter également M. Raillon à renoncer à une nomination qu'il ne pouvoit supposer être agréable ni à l'un ni à l'autre. Ce fut alors que les chanoines honoraires de Sainte Croix, à la résidence de Blois, écrivirent à leurs confrères, à Orléans, une lettre où ils les pressoient vivement de révoquer les pouvoirs accor dés précédemment à M. Raillon (1). Le chapitre d'Or

(1) Cette lettre nous avoit été communiquée, il y a déjà long-temps, par deux voies différentes. Nous espérons qu'on nous saura gré du motif qui nous avoit engagés à n'en pas parler. (Note du Rédactear),

léans ne partagea point ce sentiment. Mais plusieurs ecclésiastiques de la même ville, tourmentés de doutes qui ne sont point à dédaigner dans une matière aussi grave, et instruits, par l'exercice habituel du ministère, de l'effet que ces mêmes doutes produisoient dans l'esprit des fidèles, ces ecclésiastiques se réunirent, dis-je, le 25 juillet dernier, au nombre de près de 40, chez un d'eux, et lå ils prirent la détermination de prier M. Raillon de s'abstenir de tout acte de juridiction, et de laisser les grandsvicaires du diocèse signer les pouvoirs et autres actes relatifs à l'administration ecclésiastique. Ils communiquèrent ce résultat à M. Raillon même, qui se montra disposé à souscrire à ce que feroit, à cet égard, le chapitre. Mais le chapitre ne crut pas devoir se rendre aux Voeux d'une partie si nombreuse du clergé. Ce chapitre, ou les grands-vicaires qui le composent en grande majorité, maintinrent M. Raillon dans l'exercice des pouvoirs qu'ils lui avoient précédemment conférés. De là se sont suivies quelques discussions. D'un côté, les chanoines, résidans à Blois, dont nous avons parlé plus haut, ont publié, sous le titre d'Opinion, un écrit contre les pouvoirs de M. Raillon. Cet écrit est un peu vif, et M. Raillon n'y est pas traité avec les égards que sembloient commander la modération et la mesure qu'il a mises dans sa conduite. On y rappelle des choses assez étrangères à la question. Aussi cet écrit n'a pas été généralement approuvé ici. Les ecclésiastiques de notre ville qui s'étoient réunis, le 25 juillet, ont publié un autre écrit beaucoup plus réservé, dans lequel, sans inculper personne, ils s'attachent seulement à justifier leur conduite. Il a paru sucessivement deux écrits de leur part. Ils rendent compte de leurs doutes et de leurs vœux avec une retenue et une discrétion qui font honneur à leur charité. Plus de soixante prêtres de la ville ou du diocèse ont adhéré à leur démarche. Au surplus, on a lieu de croire que ces discussions touchent à leur fin. Aussitôt que les grands-vicaires ont eu connoissance de l'adresse, ils ont arrêté que, pour tranquilliser les con

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