Page images
PDF
EPUB

sciences, un d'eux joindroit toujours sa signature à celle de M. Raillon, qui ne prend plus que le titre de vicairegénéral. Ainsi il ne sort plus de l'évêché aucun acte qui soit au nom de M. Raillon, comme administrateur. Cette concession n'a pas paru suffisante à quelques personnes fort zélées, qui auroient voulu qu'on allât plus loin. Mais le chapitre a cru, par cette conduite, satisfaire toutes les convenances, et concilier à la fois ce qu'il devoit à la tranquillité des consciences, avec la déférence qu'il veut conserver pour un ecclésiastique, dont il aime à reconnoître la conduite sage, pacifique et modérée, le désir pour le bien et l'attacheinent au diocèse.

LODÈVE. Cette ville sollicite, en ce moment, le réta blissement de son évêché. Le corps municipal, par une délibération du 8 août, a voté une adresse au Roi pour faire valoir les raisons qui militent en faveur de ce rétablissement. L'ancienneté de ce siége, le zèle des évêques qui l'ont illustré, les services qu'ils ont rendus, ne sont presque que les moindres raisons en notre faveur. L'intérêt actuel des peuples réclame cette érection. La partie montueuse de l'ancien diocèse est éloignée de plus de quinze lieues du chef-lieu du département. La partie de l'ancien diocèse de Vabres devroit être réunie à nous plutôt qu'à Albi ou à Rodez, desquels elle est trop. éloignée. Ces motifs, joints à l'avantage particulier de notre ville, et au bien qu'y peut faire un évêque, méritent d'être pesés. Nous ajouterons enfin que le palais épiscopal existe en entier. Il avoit été réparé à neuf par un de nos meilleurs évêques, M. de Fumel. C'est un des plus beaux édifices de la province. Il est attenant à l'église cathédrale, qui est aussi une des plus belles du Languedoc. Le clergé et la fabrique de notre église ont également présenté une adresse pour le même objet. Nous espérons d'autant plus que nous ne sommes plus dans les temps où on craignoit de multiplier les évêques. Nous savons que le gouvernement, loin de redouter leur influence, a intérêt de l'accroître et de la favoriser.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Nous avons été témoins, le mercredi 7 de ce mois," d'une cérémonie fort imposante, sous le rapport religieux, politique et militaire. Ce jour-là, S. M. a distribué les drapeaux à la garde nationale. Elle s'est rendue, vers midi, au Champ-de-Mars, et a parcouru l'enceinte dans une calèche découverte, ayant à ses côtés MADAME. MONSIEUR et ses deux fils accompagnoient le Roi, à cheval. La garde nationale étoit rassemblée, et sous les armes. S. M. se plaça ensuite sur un trône, au péristyle de l'Ecole militaire. M. le grand aumônier se rendit processionnellement à l'autel qui avoit été dressé en avant du bâtiment. Chaque légion alla recevoir ses drapeaux de la main du Roi. A ses côtés, MADAME attachoit les cravates, auxquelles elle avoit travaillé elle-même. Chaque drapeau étoit ensuite porté à l'autel, où le prélat les bénissoit avec les cérémonies accoutumées. Il a prononcé un discours, dont nous aurions désiré pouvoir enrichir notre journal. Toute la garde nationale a défilé devant le Roi, qui a daigné adresser, à ceux qui l'entouroient, des mots pleins de bonté. La foule étoit immense, et le spectacle brillant et touchant à la fois. La pompe religieuse, la musique, le canon, les accla mations réitérées, la présence de toute la famille royale, l'affabilité qu'elle montroit, tout contribuoit à embellir cette fête. La garde nationale conservera fidèlement le souvenir de cette journée, et de la bienveillance que lui a témoigné un Monarque qui resserre, de plus en plus, par ses bienfaits et sa bonté paternelle, les liens entre lui et son peuple.

Le Rédacteur à ses Correspondans.

C'est un honneur, sans doute, que de correspondre avec le public, mais cet honneur, nous attire quelquefois des avis et des reproches sur Jesquels il est bon que nous nous expliquions. Nous ne sommes ni enorgueillis des éloges que nous recevons, ni humiliés des plaintes qu'on nous adresse. Les uns nous louent, sans doute, avec excès; mais les autres, en revanche, nous blâment avec sévérité, de sorte qu'il y a compensation. Des abonnés, trop indulgens, nous écrivent des choses flatteuses que nous ne méritons pas, tandis que d'autres s'armant contre nous d'une rigueur dont nous respectons les motifs, épluchent nos dé-, fauts avec un zèle dont nous somme touchés. Telle est même la diversité des opinions, que ce qui plaît à l'un choque l'autre, et que celui-ci vous fait des complimens du même article dont celui-là vous adresse des reproches. C'est ce qui nous est arrivé déjà co plus d'une rencontre. Dans notre numéro XX, nous insérâmes un article sur le Mémoire du cardinal Maury. Cet article nous attira des éloges et des félicitations,

tant de vive voix que par écrit. Peut-être que la tentation de vanité alloit s'emparer de l'auteur. Il y auroit infailliblement succombé, quand une lettre de la Rochelle est venue lui inspirer une modestie salutaire. Cette lettre un peu vive, pour ne rien dire de plus, nous gourmande trèsdurement, et nous taxe même de fureur. Dieu merci, nous ne sommes point furieux, mais nous soupçonnons que ce correspondant avoit quelque intérêt dans l'affaire; et la chaleur de ses expressions, jointe aux éloges un peu excessifs qu'il fait d'un autre personnage, nous autoriseat à penser qu'il n'étoit pas de sang-froid sur cet article. L'amour-propre blessé n'entend pas raillerie. Nous nous sommes don résignés aux duretés de l'anonyme.

Un autre sujet de réclamations, ce sont les Jésuites. On nous écrit de Saint-Cloud et de Villers-Cotterets, qu'ils ont empoisonné Clément XIV, que le fait est sûr. On leur attribue quelques autres gentillesses de ce genre, tout aussi vraisemblables et tout aussi constatées. D'un autre côté, d'autres abonnés nous pressent de montrer combien il seroit utile pour l'éducation de rappeler les Jésuites. Nous aurions beaucoup de peine à contenter des avis si différens. Incessamment, nous ferons notre profession de foi sur cette matière.

Des lettres toutes récentes nous ont jetés dans un grand embarras. Deux entr'autres ont fixé notre attention. La première, datée de SaintAmour, voudroit que nous donnassions moins de place aux discussions, et que nous multipliassions les faits. Dans la deuxième, qui nous vient de Rennes, c'est tout le contraire. L'auteur de celle-ci, qui aime apparemment les discussions littéraires, voudroit que nous nous y livrassions plus souvent, et que nous fussions plus sobres de nouvelles. Il ne voudroit dans ce genre que des faits qu'il sera utile de retrouver et de relire même dans quelques années, et là-dessus, il nous demande de quel intérêt sont tels et tels articles qu'il prend la peine de noter. M. l'abbé C. est sévère, et aucun journal, en suivant sa règle, n'échapperoit à la censure. C'est être bien difficile que de nous intenter procès pour des articles fort courts, et souvent de quelques lignes seulement. L'auteur ne fait pas attention que la plupart de nos abonnés n'ont pas d'autres journaux Il faut donc que, pour les campagnes surtout, nous donnions quelques articles de politique. C'est le vœu de la majorité de nos lecteurs.

Le même correspondant trouve de la différence entre notre Journal et les Mélanges Il ne nous convient pas de faire notre éloge; mais nous ne croyons pas avoir déchu de ce que nous étions autrefois. Nous nous flattons que s'il y a quelque différence dans la rédaction des deux ouvrages, elle est à l'avantage de celui qui nous occupe en ce moment. II offre plus de variétés; nous n'y sommes plus gênés comme dans l'ancien. Nous ne repoussons point les discussions et les matières de littérature. Déjà nous avons donné, à cet égard, des articles que nous avons cru propres satisfaire le lecteur. Les articles sur le gouvernement de Bonaparte, sur sa conduite avec le Pape, sur sa guerre d'Espagne, sur le Mémoire du cardinal Maury, sur M. Dubroca, etc., sont absolument dans le genre des Mélanges. Dans notre dernier numéro, nous avons présenté des considerations sur le saint Siége, pour lesquelles on nous a félicités. Nous saisissons toutes les occasions de nous livrer à des développemens interessans, mais la matière ne prête pas toujours.

M. l'abbé C. croit que nous ferions bien de donner plus d'étendue à

nos feuilles, et de ne publier par semaine qu'un cahier de 32 pages d'impression. Mais cet arrangement ne conviendroit pas à la plupart de nos abonnés. Il seroit sans contredit plus commode pour l'auteur, qui avoit été tenté de prendre cette marche dans l'origine; mais on lui représenta que la grande majorité des lecteurs préféroit des publications plus fréquentes, et qui les tiendroient au courant des événemens. Il sacrifia donc son goût particulier au désir supposé des abonnés. Il consentit à un arrangement qui lui présentoit plus de peine et plus d'assujettissement pour lui. S'il s'étoit trompé, s'ils préféroient un seul envoi par semaine, s'ils étoient de l'avis de notre correspondant de Rennes, nous nous ferions un devoir de nous y rendre. Mais nous ne croyons pas que ce soit le sentiment du plus grand nombre. Nous nous somnies aperçus que la plupart approuvoient l'usage que nous avons pris, ainsi que la forme et la distribution de notre ouvrage. La moitié de chaque feuille, à peu près, est consacrée à des articles de critique et de littérature. Les nouvelles ecclésiastiques occupent la plus grande partie de la place restante. Quelques nouvelles politiques terminent chaque cahier. Il y a dans cet arrangement une variété, où chacun peut trouver ce qui lui convient. On remarquera d'ailleurs que nous donnons à nos abonnés, comme dit le proverbe, de la marchandise pour leur argent. Nos numéros sont très-fournis, nos pages trèspleines, nos lignes très-serrées. Nous avons adopté pour les nouvelles un caractère qui nous donne le moyen d'augmenter la matière. Tout est calculé pour satisfaire le lecteur, et pour lui procurer une pâture abondante. Il y a tel de nos cahiers qui en feroit un et demi d'une impression ordinaire. Nous n'aurions pas songé à nous prévaloir de ces soins légitimes que nous prenons de plaire à nos abonnés, si nous n'avions cru nécessaire de nous justifier dans l'esprit de ceux qui se croient fondés à nous faire quelques reproches. On verra du moins par-là le prix que nous attachons à l'estime et à la confiance de nos correspondans. Nous désirons qu'ils reconnoissent la droiture de nos intentions, et la vivacité de nos efforts dans une entreprise où nous nous sommes proposé de servir la religion, et de répondre aux vues de ceux qui F'aiment. Nous accueillerons toujours avec plaisir les remarques, les conseils et même les reproches que nous adresseront une amitié bienveillante et un zèle respectable. Nous demandons seulement qu'on veuille bien mettre dans la balance les difficultés de notre position. Avec la meilleure volonté possible, nous ne nous flattons pas de contenter tout le monde. La Fontaine nous a appris que c'étoit une folie d'y prétendre. Heureux si nous pouvions satisfaire les hommes sages, équitables, indulgens, éclairés, c'est-à-dire, sans doute l'immense majorité de nos lecteurs!

Entretiens sur le Sacrement de Confirmation, par M. l'évêque de Metz : nouvelle édition, augmentée d'une instruction, par demandes et par réponses, sur le même sacrement, et plusieurs prières, hymnes et cantiques en l'honneur du Saint-Esprit. 1 vol. in-8°. de près de 400 pages, très-bien imprimé, orné d'une belle gravure en tailledouce, représentant la descente du Saint-Esprit. A Paris, au bureau du Journal; prix, 4 fr., et 5 fr. franc de port.

Nous rendrons compte de cet ouvrage.

MISSIONS du Tonquin et de la Cochinchine.

Nous avons donné, il y a quelque temps, des nouvelles des missions de la Chine. On nous a communiqué aussi des lettres authentiques de la Cochinchine et du Tonquin. Elles sont d'assez fraîche date, et nous ont paru de nature à intéresser les lecteurs.

Lettre de M. de la Mothe, évêque de Castorie, du 15 janvier 1811.

Par une lettre de M. Tessier, je viens d'apprendre l'heureuse nouvelle des progrès que fait notre sainte religion dans les Etats-Unis. Celles de la Chine ne sont pas moins consolantes, à ce que m'a dit un missionnaire de la Propagande, qui a passé par ici : onze à douze familles se sont converties dans la capitale du Fo-kien. Dans la même province du Fo-kien, l'an dernier, on a administré le baptême à 10,384 enfans de païens, à 1677 adultes, et 2674 catéchumènes se préparent pour le recevoir. Par malheur nous ne faisons pas ici des progrès aussi rapides. Cependant depuis la défaite des Taysôn (rebelles de la Cochinchine), qui s'étoient emparés du gouvernement, nous jouissons d'une très-grande liberté, point que les Mandarins ne nous gênent en rien, et nous pouvons rendre publiques les augustes cérémonies de notre religion.

Je viens de faire la cérémonie de la semaine sainte et de la pâque; et j'ai donné ce carême une retraite Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 42.

R

« PreviousContinue »