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Delatour du Breuil, ancien grand-vicaire de Macon ; et Desquiroux, curé de la Motte, ont été admis à présenter au Roi l'hommage et l'expression de MM. les ecclésiastiques de l'arrondissement de Romorentin. S. M. après avoir entendu, avec un visible intérêt, le discours que M. Cable, président de la députation, lui a adressé, a daigné faire la réponse suivante: «J'ai entendu avec la plus vive sensibilité l'expression des sentimens du clergé de l'arrondissement de Romorentin. J'ai toujours eu intention de soutenir la religion et de la faire refleurir en France. Vous pouvez assurer le clergé de Romorentin de ma protection particulière». S. M. a daigné accorder ensuite la décoration du lis à MM. les ecclésiastiques de cet arrondissement.

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SAINT-GERVAIS. Un soldat Russe, exténué de fatigue, dénué de tout, les pieds et les jambes ulcérés, étoit prêt à expirer, lorsqu'il fut trouvé, le 24 avril dernier par M. Roman, curé de cette paroisse. Ce pieux ecclésiastique, juignant à un juste sentiment de compassion, le souvenir du bon accueil qu'il avoit jadis reçu, lors de sa déportation dans la Pologne russe, a fait transporter chez lui ce malheureux étranger, lui a prodigué, pendant quatre mois, tous les soins, jusqu'à ce que, le voyant tout-àfait rétabli, il l'a remis au maire de la commune, afin qu'il lui facilite les moyens de retourner dans sa patrie. Nous avons cru ne devoir point passer sous silence ce trait d'humanité, d'autant plus qu'il peut servir à prouver que les François, tout en suivant leur bienfaisance naturelle, ne négligent aucune occasion pour témoigner leur reconnoissance des services signalés que leur a rendus S. M. l'empereur de Russie, en les affranchissant du plus affreux depotisme, et en leur rendant leur Roi Îégitime.

AGDE. Notre ville, dont vous avez remarqué déjà le bon esprit, le fait paroître de plus en plus. Elle a célébré les fêtes du 15 et du 25 du mois dernier avec

de vifs mouvemens de piété et de joie. Dans l'église les chants de l'allégresse, dans les rues les décorations, les emblêmes, les illuminations, les cris de Vive le Roi ont montré les dispositions générales. La congrégation de saint Augustin, établie ici, vient de présenter au saint Père une supplique pour un renouvellement d'indulgence. Elle y demande en même temps qu'on instruise la cause de la béatification de Louis XVI. Nous croyons que les vertus et les malheurs de ce bon Prince méritent bien cet honneur. On pourroit du moins commencer les procédures. Nous mettons notre vœeu, à cet égard, aux pieds de S. S. Notre congrégation, avec l'approbation de M. l'évêque de Montpellier, a déjà obtenu du saint Siége, en 1806, des indulgences spéciales, et la piété qui la distingue nous fait espérer de nouvelles concessions. Elle contribue à propager dans ce pays l'attachement à la religion, et au Prince dont le retour comble les Voeux des gens de bien.

HALLE (en Hainaut). L'humanité et la religion ont fait une perte dans la personne de M. Jean-Joseph-Louis Moinens, décédé le 15 juillet dernier. Trésorier de la chapelle de Notre-Dame de Halle, ce pieux ecclésiastique accueillit avec une charité vraiment chrétienne tous les prêtres malheureux, contraints à s'expatrier lors de la révolution. Malgré la modicité de son revenu, plus de mille prêtres François se ressentirent de ses bienfaits. Contraint, enfin, de partager avec eux l'honneur de l'émigration, il chercha un asile en Westphalie, où il demeura jusqu'au rappel des Belges. De retour à Halle, quoique sans place et sans moyens, il se dévoua de nouveau au soin des pauvres et des malades. Ce furent ces pieux et penibles travaux qui lui causèrent la maladie qui l'a enlevé, en peu de jours, à la 71o. année de son âge. Puissent tous ceux qui ont été témoins de ses vertus, et qui ont eu part à ses bienfaits, ne pas l'oublier dans leurs prières et autres bonnes œuvres.

VIENNE. (Autriche). L'empereur vient de permettre aux Bénédictins de Seitenstetten, dans la Basse-Autriche, d'ouvrir un collége public. L'exemple du passé a fait sentir que ces religieux étoient plus propres à former la jeunesse, et à lui inspirer les sentimens dont l'oubli a fait tant de mal.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 8 septembre, MONSIEUR, frère de S. M., est parti pour faire un voyage dans l'Est de la France. Il a été accompagné jusqu'à Grosbois par les Princes ses fils, qui se sont séparés de lui dans ce lieu. S. A. R. se rend d'abord à Troyes, d'où elle ira à Dijon et à Lyon. Un accident arrivé à la voiture du Prince, auprès de Troyes, n'a eu aucune suite fâcheuse. La voiture s'est brisée mais S. A. n'a point été blessée. Seulement son voyage a été rétardé par la nécessité de se procurer une autre voiture. On fait, dans plusieurs villes, des préparatifs pour recevoir dignement un Prince à qui son rang concilie le respect, mais auquel ses qualités aimables concilient encore mieux l'attachement.

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-M. le duc d'Orléans, la Princesse son épouse, Mlle. d'Orléans, sa sœur, et les enfans du Prince sont arrivés à Lyon, le 5 septembre. LL. AA. voyagent par eau, à cause de la grossesse de Mme. la duchesse. On leur a donné des fêtes à Avignon et à Lyon. Le Prince a quitté un instant sa famille, et est arrivé seul à Paris, le 9 septembre, pour s'assurer si les préparatifs étoient faits dans son palais pour recevoir son épouse. Il est descendu d'abord à l'hôtel de Mme. la duchesse d'Orléans, sa mère, et lui a rendu ses devoirs. Il est retourné ensuite au-devant de sa famille, que l'on attend incessamment à Paris. S. A. habitera le Palais-Royal, ancien patrimoine de ses pères.

Le 10 septembre, S. M. s'est allée promener dans le faubourg Saint- Antoine. Elle avoit annoncé qu'elle vouloit y porter elle-même la grâce d'un jeune homme, condamné

aux travaux forcés à perpétuité. Ce jeune homme étoit frère d'un brave militaire que cette flétrissure désoloit. Le fait étant parvenu à la connoissance de M. le curé de Sainte-Marguerite, il a pris des informations, et s'est chargé de présenter une requête au Roi. Ce Prince a été touché du sort d'une famille éplorée, et il`a dirigé sa promenade du côté du faubourgAu moment où sa voiture passoit devant l'église SainteMarguerite, M. le curé s'est présenté à la portière. S. M. lui a remis les lettres de grâce, aux acclamations de tous les spectateurs. M. le curé lui a adressé un petit discours, qui a été suivi des cris long-temps répétés de Vive le Roi! cris qui se sont encore prolongés après que S. M., touchée de cette scène, eût dit à la foule: Mes enfans, criez aussi : Vive le bon pasteur! Cet hommage rendu au zèle d'un bon curé étoit digne de la piété de S. M. Les habitans de ce faubourg ont été très-sensibles à la visite de S. M., au motif qui l'a amenée, et aux circonstances qui l'ont accompagnée. La renommée a assez parlé de leurs erreurs; elle dira aussi sans doute leurs regrets et leur zèle pour une meilleure cause.

- M. Malouet, ministre de la marine, ancien membre de l'Assemblée Constituante, où il se distingua par son éloquence et son courage, est mort à Paris, le 7 septembre, après avoir reçu les secours de la religion. M. de LallyTolendal, son ami, lui a fermé les yeux. Ses obsèques auront lieu le mercredi 14. Depuis quelques jours l'hôtel de la marine est tendu en noir. M. Malouet étoit né en 1740, et avoit la réputation d'être un excellent administrateur.

-Le 8 septembre, M. le ministre des affaires étrangères a porté à la Chambre des Pairs, un projet de loi sur les finances. Il a prononcé un discours sur le systême de finance adopté par S.M., et sur les améliorations dont il est suscep

tible.

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M. l'abbé Sicard, instituteur des Sourds-Muets, a reçu de S. M. la croix de la légion d'honneur.

MILAN. Il paroit que notre gouvernement voit aussi en mauvais œil les assemblées de francs-maçons. Il vient de prendre des mesures sévères contr'eux. On défend ces sortes d'associations. Les contrevenans seront punis de la prison.

On confisquera les meubles, et ceux qui auroient fourni un local seront condamnés à une amende. Ainsi le Pape n'est pas le seul qui ait senti les dangers de ces sociétés mystérieuses, qui se sont fort multipliées pendant les vicissitudes et la licence des derniers temps. L'ombre où elles se cachent doit les rendre suspectes à un gouvernement prévoyant, et il est d'une bonne police de dissiper ces rassemblemens.

Un article sur le Bréviaire romain, qui nous avoit été envoyé d'Avignon, et qui a été inséré dans notre numéro XXXVII, a excité quelques réclamations. Un ecclésiastique, fort respectable et constitué en dignité, nous a envoyé, à ce sujet, des observations qui nous ont paru rédigées avec beaucoup de sagacité. Nous ne les insérerons cependant pas, parce qu'elles sont un peu longues, et que nous craindrions de lasser nos lecteurs en leur mettant toujours sous les yeux les mêmes matières. Nous nous contenterons d'en donner ici la substance.

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<< Il y a long-temps qu'on a senti, à Rome, les défauts du Bréviaire romain. Il a été question plus d'une fois de le corriger, mais on a été arrêté par les considérations les plus graves. Il y a toujours de l'inconvénient à changer. L'auteur de l'article auroit dû parler avec plus de réserve d'un Bréviaire vénérable par son antiquité. Il règne dans sa critique un ton de légèreté méprisante qui fait de la peine. N'est-il pas peu séant de dire que dans le romain les psaumes sont distribués sans intelligence, qu'il y règne la plus fatigante uniformité, que c'est par hasard que les versets et les antiennes sont tirés de l'Ecriture, que les mots ne sont rien auprès de Dieu, etc.? Ce ton n'est guère ecclésiastique, et ces allégations ne sont pas justes. Récitons avec simplicité ce qui a été composé de même. Révérons ce qui porte la sanction de l'Eglise et celle du temps. Ne soyons pas trop fiers d'un peu plus de critique. Le Bréviaire de Paris est plus parfait sous quelques rapports, sans doute. Mais n'est-il pas lui-même une preuve du danger des changemens? Un des derniers archevêques n'a-t-il pas trouvé que, dans quelques hymnes, on s'étoit exprimé d'une manière peu exacte, et n'a-t-il pas rectifié quelques expressions? Qu'il ait eu tort ou raison, c'est ce que je n'examine pas. Mais la possibilité seule de l'erreur n'est-elle pas une raison pour être très- réservé dans ces changemens? N'est-ce pas un inconvénient que les fidèles ne puissent passer d'un diocèse à un autre sans changer de liturgie? Le Bréviaire de Paris, qui n'est pas fort ancien, compte déjà trois ou quatre éditions qui toutes offrent des différences. N'a-t-on pas poussé la témérité jusqu'à faire des additions au canon de la messe? Ne pourrois-je pas, si je voulois épiloguer, reprocher au Bréviaire de Paris, de l'affectation, de l'obscurité, un sens pénible? Au surplus, laissons ces récriminations. Mais j'avoue que si j'avois un vœu à émettre, ce seroit que nous n'eussions qu'une liturgie, et qu'elle nous vint de Rome ».

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