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gés avec plus de soin que le volume de M. de Beauchamp. Nous savons de plus, qu'un écrivain se propose de tracer l'historique de cette guerre de l'impiété contre l'Eglise, et nous espérons qu'il y mettra plus d'intérêt, d'exactitude, de critique et de perfection qu'un auteur que l'on voit aisément être étranger à ces sortes de matières.

Sermons de M. l'abbé Gérard, chanoine de SaintLouis-du-Louvre, auteur du Comte de Valmont, des Leçons de l'Histoire, etc. (1).

Le nom de M. l'abbé Gérard est connu depuis long-temps, et les amis de la religion ont rendu justice à son talent et à son zèle. On sait quel bien a fait son livre du Comte de Valmont, dont il a eu la satisfaction de voir la douzième édition publiée de son vivant, et dans lequel il a si bien fait connoître et le vide et les dangers des principes sur lesquels s'appuient les incrédules; erreurs fatales qui, de son aveu, avoient séduit sa première jeunesse, et dont le sauva son bon esprit, ou, pour parler plus juste et plus religieusement, sur lesquelles l'éclaira une Providence qui ledestinoit à en garantir autrui. Echappé à ce péril, et entré dans l'état ecclésiastique, M. l'abbé Gérard consacra sa vie toute entière au service de la religion. Catéchismes, prônes, prédications, administration

(1) I volume in-12 de 400 pages; prix, 2 fr. 50 c. et 3 fr. 50 cent. franc de port. A Lyon, chez J. F. Rolland; à Paris, chez Blaise, quai des Augustins, et au bureau du Journal.

Les Leçons de l'Histoire, ouvrage important, par le même auteur; 11 gros volumes in-12; prix, 44 fr. brochés. A Paris, chez Adrien Le Clere, au bureau du Journal.

des sacremens, direction des consciences, il n'est aucune des fonctions du saint ministère à laquelle il ne se soit voué; et quoique tant d'occupations dussent absorber tout son temps, il en trouvoit encore pour composer les utiles ouvrages qu'il a donnés au public. Je dis utiles, et parce qu'ils le sont en effet, et parce que c'étoit un principe de M. l'abbé Gérard, que l'utilité est la seule véritable source de l'intérêt, et que ce n'est que par ce mérite dans le sujet qu'on se décide à traiter, qu'on peut espérer d'en donner à ses

écrits.

C'est dans cet esprit que l'abbé Gérard travailloit, et on ne l'en trouve pas moins animé dans le volume de Sermons qui vient de paroître, que dans ses autres ouvrages. Ce volume, qui doit être suivi de trois autres, contient onze sermons pour l'Avent. Quelques sujets y étant doublés, il ne faut point y chercher de ces grands traits d'éloquence qui distinguent les compositions du premier ordre. Ce sont de touchantes homélies, et l'auteur lui-même nous apprend que tous ses efforts tendoient à s'approcher de ce genre, le plus qu'il pouvoit. Il y cherche à instruire plutôt qu'à plaire. Ne perdant jamais de vue qu'un auditoire est composé de personnes de toutes les classes, il sait se tenir dans un juste milieu qui ne le met ni trop au-dessous des uns, ni trop au-dessus des autres. Il prend dans son sujet ce qui peut frapper davantage; il le déroule, pour ainsi dire, aux yeux de ceux qui l'écoutent. Sans négliger les raisonnemens, il semble donner la préférence aux images qui lui paroissent propres à laisser de profondes impressions. Son discours est la parole de Dieu, exposée dans un style simple, clair, précis, et non altérée par des ornemens étrangers, qui la défigurent quelquefois, et, pour me ser

vir de ses expressions, de la parole de Dieu qu'elle étoit, en font la parole de l'homme. S'il présente les devoirs du christianisme, c'est de manière à les faire aimer et à en faire goûter la pratique. S'il parle des avantages de la religion, il fait observer, il prouve qu'ils sont tels que non-seulement elle assure le bonheur de l'autre vie, mais encore qu'elle rend ceux qui y sont fidèles aussi heureux dans ce monde qu'il est donné à l'homme de l'être. Si, conformément à la doctrine évangélique, il nous effraie par de terribles vérités, bientôt il ranime notre confiance et relève notre espoir par le tableau de l'immense et ineffable bonté d'un Dieu qui ne demande qu'à pardonner. Ceux qui courent la carrière de la chaire, ne liront pas ces discours sans intérêt ni sans utilité, et les fidèles qui voudront en alimenter leur piété, n'en retireront pas de moindres fruits que ceux qu'ils ont produits dans la bouche de l'orateur. Ce ne sont pas de ces compositions qui valent moins quand elles sont dénuées du prestige du débit ou de l'autorité des circonstances. Disposées avec ordre, nourries d'onction, se faisant valoir par la justesse du plan, elles ne perdent rien à la lecture, parce qu'elles offrent une instruction solide, et que les vérités du christianismey sont présentées sous le jour qui leur convient. La

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La capitale du monde chrétien redevient ce qu'elle doit être. Les ambassadeurs des souverains se rendent auprès du chef de l'Eglise, et les communications se rétablissent entre le Saint-Siége et les cours. Au miuistrè de France, dont nous avons rapporté l'arrivée, a suc

cédé le ministre d'Autriche. Celui qui a ce titre, est le prince d'Ester hasi, qui vient d'arriver avec une mission extraordinaire. Il a été présenté, le 29 août, au cardinal Pacca, pro-secrétaire d'Etat, par le chevalier de Lebzeltern, ambassadeur ordinaire. Le prince a eu, le 2 septembre, son audience du saint Père. On augure un succès favorable de ces communications fréquentes et de ces députations solennelles. Déjà on dit que l'ambassadeur à annoncé l'évacuation prochaine des provinces situées le long de l'Adriatique, et encore occupées par les Napolitains. On sait, d'un autre côté, que le cardinal Consalvi a dû arriver à Vienne, le 2 septembre, et on se flatte que les justes réclamations qu'il est chargé de présenter, seront accueillies par des souverains dont on loue avec raison la magnanimité, et entr'autres par un empereur qui donna, il y a 14 ans, tant de marques d'attachement au Saint-Siége, qui seconda l'élection du Pape, qui lui rendit ses domaines, et à qui sans doute les événemens passés, l'âge et la réflexion n'ont pas inspiré des sentimens moins favorables pour l'Eglise et pour son digne chef.

PARIS. Nous avons parlé dans un premier article du bien que font les dames de Saint-Michel. Nous dirons quelques mots aujourd'hui de celui qu'elles veulent faire. Le zèle de leur vocation va plus loin que les services que nous les avons vues rendre. Il leur fait désirer depuis long-temps de travailler au bonheur spirituel et temporel des pauvres femmes récluses de Paris. Leurs offres à cet égard méritent d'être prises en grande considération.

L'état des femmes recluses à Paris est en général déplorable sous le rapport religieux, moral et social. Elles sont renfermées dans diverses maisons d'arrêts suivant qu'elles sont prévenues de crimes, ou jugées et condamnées, et suivant qu'elles sont jugées par le tribunal de police correctionnelle, ou par le tribunal criminel. Ces dernieres recluses flétries par les lois, et recluses, soit temps seita vie, pour subir leur condamnation aux

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travaux forcés, sont enfermées au nombre de huit cents dans la maison de Saint-Lazare.

Un aumônier a soin du spirituel de ces femmes. Mais que peut-il pour la réforme de leur vie? Plusieurs obstacles s'opposent à tous les services que son zèle voudroit leur rendre. Son ministère n'est guère utile qu'à la huitième partie des recluses; les autres n'en usent pas. Cet aumônier n'est nullement secondé par le réglement de la maison.

Ce réglement n'a pour fin, que de fixer la somme de travail que chaque recluse doit faire chaque semaine suivant son genre d'industrie : si ce travail n'est pas terminé le samedi, la récluse doit y suppléer le dimanche. Tous les exercices de piété pour ce saint jour se bornent à la messe, laquelle dite, ces huit cens femmes n'ont plus que l'oisiveté pour partage.

Trois abus crians désolent cette maison; le premier, est le mélange de toutes ces femmes sans distinction ni d'âge, ni de crimes. Les plus jeunes, celles qui ne sont condamnées à la reclusion que pour un temps fort court, et dont on pourroit espérer un amendement salutaire, sont confondues dans les salles de travail et les chambrées avec les femmes endurcies dans le mal, avec les recluses à vie dont la dépravation est consommée. Les unes et les autres, dès le jour de leur entrée dans la maison, sont classées dans diverses salles suivant le genre de travail auquel elles sont propres, et tous les jours une jeune personne, renfermée pour le moindre délit, a pour compagnes de travail des femmes perdues de crimes et de débauches, qui deviennent pour elle des suppôts de corruption, et la pervertissent sans retour.

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Second abus l'absence d'instruction et de prières publiques dans le cours des journées; ce qui laisse ces malheureuses femmes à la merci de leur propre dépravation, sans appui divin, sans consolation intérieure, sans moyen régénérateur.

Troisième abus : le terme de la reclusion étant arrivé pour celles des recluses qui ne sont enfermées que pour

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