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magistrature; ils ne s'immiscent point dans les objets politiques, et voudroient bien, en revanche, qu'on ne se mêlât pas de leurs affaires, qu'on eût la bonté de ne pas les mettre si souvent en scène, qu'on ne prétendît pas savoir mieux qu'eux ce qu'ils font dans leurs églises, qu'on ne les accusât pas d'abuser de la confession pour tourmenter les consciences. Des gens qui ne vont ni à l'église ni à confesse, qui se croiroient peut-être humiliés si on soupçonnoit qu'ils y allassent, qui ne connoissent les prêtres que par le portrait qu'en font leurs ennemis; des gens qui se sont accoutumés à les juger d'après tant de pamphlets déclamateurs, ou d'après les bulletins de la Convention et les motions des clubs, ne sont pas rece vables à être crus sur leur parole. Il est clair que leur zèle les aveugle, et que leur bonne volonté les égare. Nous ne finirions point si nous voulions disséquer toute cette longue tirade dans laquelle les détracteurs des prêtres les présentent comme des complices du despotisme, et comme abusant de leur ministère. Ils reprochent au clergé d'avoir fait de coupables démarches pour obtenir l'ordonnance sur les processions, ordonnance qui les choque beaucoup, et qui est effectivement contraire aux lois révolutionnaires, aux principes de l'égalité et aux décisions philosophiques; mais ordonnance qui a du moins cet avantage qu'elle est conforme à toutes les lois de la monarchie et aux usages de tous les peuples civilisés, ce qui peut réconcilier avec elle les bons esprits.

Les auteurs du Censeur interpellent souvent M. Freyssinoux dans leur verte mercuriale, et lui reprochent de signaler la philosophie comme dangereuse. Là

que

dessus ils lui demandent quelle est la philosophie contre laquelle il s'élève. Ils le savent bien; mais ils font les ignorans pour avoir occasion de débiter leur protocole. Ils font à M. Freyssinoux quelques complimens aigres-doux, et finissent par lui dire que son zèle est inutile, attendu que la nation a devancé ses vœux à l'égard du philosophisme qu'il combat, et que ce n'étoit pas la peine d'attaquer si vivement un travers d'esprit dont on est généralement guéri. Nous souhaiterions beaucoup que ces Messieurs fussent bien informés, mais nous craignons extrêmement qu'ils ne se soient trompés sur ce point comme sur beaucoup d'autres. Quoiqu'ils dussent connoître un peu mieux l'histoire de la philosophie que celle de la religion, qui est pour eux un pays étranger, on a lieu de croire qu'ils n'ont pas mieux vu l'esprit de l'une celui de l'autre. C'est par excès d'indulgence que ces Messieurs supposent leur malade rétabli, comme par un autre excès ils croient l'esprit du clergé fort dangereux. Les ménagemens qu'ils ont pour les philosophes, sont en raison de leur sévérité contre les prêtres. Ils ont pour les uns des yeux de frères, et dissimulent leurs défauts avec une charité tout-à-fait édifiante; mais ils reprennent pour les autres l'office de censeur, et les jugent avec une âpreté inexorable. Ces Messieurs ont ainsi deux poids et deux balances; leur exemple seul ne feroit-il pas soupçonner que le travers d'esprit qu'ils prétendent guéri, ne l'est pas pour tout le monde, et qu'il y a encore des malades qui en sont atteints, et dont le danger est d'autant plus grand, qu'ils se ferment les yeux sur la gravité et sur les suites de leur mal?

En dernier résultat, c'est une chose bien affligeante

que l'esprit qui a dicté cette brochure. On est épouvanté de voir que cet esprit est la suite de celui qui a fait la révolution, qui a dicté tant de décrets antireligieux, qui a provoqué tant de mesures rigoureuses. Toujours des plaintes contre les prêtres, toujours de l'antipathie, de la défiance, des soupçons, des reproches contre une classe entière d'hommes respectables par leur caractère et estimables par leur conduite. On les diroit frappés de l'anathême. Quoi! tant de malheurs et de persécutions n'ont pu désarmer leurs ennemis! Depuis plus de vingt-cinq ans ils sont en butte aux outrages et aux mauvais traitemens. Tour à tour injuriés, flétris, exilés, bannis, jetés dans les cachots, traînés au supplice, mitraillés, noyés, on ne trouve pas encore qu'ils en aient éprouvé assez; voudroit-on encore leur faire recommencer ce cercle de désastres et d'outrages? On semble craindre qu'ils ne jouissent de quelque repos et de quelque considération. On répète contr'eux toutes les formules dont retentissoient les tribunes des sections. On les accuse d'ambition lorsqu'à peine ils sortent d'un état d'humiliation. On les taxe de cupidité quand ils ont à peine du pain. Il n'y a donc plus rien à espérer pour notre guérison, puisque nous héritons de l'esprit qui a perdu nos pères, puisque nous recueillons précieusement les même semences qui ont enfanté tant de désastres. Nous ne voulons pas apparemment être plus sages et plus heureux qu'ils ne l'ont été. Bénissons les ames bien intentionnées qui prennent à tâche de nous lancer de nouveau sur une mer où nous avons failli périr, et qui jettent parmi nous, avec une inconcevable légèreté, les mêmes levains d'opposition, de dénigrement, de manie anti-sacerdotale, de sys

tême anti-ministériel, de plaintes et de récriminations, dont nous nous sommes si bien trouvés, et dont nous aurions à attendre les mêmes résultats sans la sage fermeté du Monarque, sans la lassitude de la nation, et sans le zèle et les efforts d'une foule de bons esprits pour ramener des idées plus calmes et plus saines, et pour maintenir la concorde et la paix.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S. continue à remplir les places vacantes dans les différens colléges et tribunaux. Elle a nommé les prélats Pacca et Sala, protonotaires apostoliques. Elle a nommé également plusieurs camériers secrets.

Le 21 août, Mer. Candide-Marie Frattini, élu archevêque de Philippes et vice-gérent de Rome, a pris possession de l'abbaye de Saint-Laurent, qui lui a été conférée en commende par S. S. C'est Mer. de Gregori, secrétaire de la congrégation du concile, qui l'a mis en possession.

-C'est le 23 août qu'ont fini les missions faites dans Rome pendant dix jours par ordre du Pape. Elles ont été terminées par le Te Deum et la bénédiction du saint Sacrement. S. S. y a assisté quatre fois. C'étoit un grand exemple et un puissant motif d'édification que la présence du chef de l'Eglise, de notre Souverain, de ce Pontife vénérable éprouvé par tant de malheurs. La reine d'Etrurie et le prince son fils, les cardinaux, un grand nombre de prélats et de nobles se sont portés avec empressement à ces pieuses réunions. Le concours du peuple étoit vraiment extraordinaire. Les missionnaires ont fait preuve de zèle pour annoncer la parole divine. On donnoit en même temps les exercices de la retraite pour tous ceux

qui sont employés aux travaux publics. Le P. Cadolini, barnabite, les prêchoit dans l'église de Sainte-Françoise, et les abbés Cappelloni et Anniviti remplissoient la même fonction pour les femmes dans l'église de Sainte-Marie des Miracles. Les processions et les confréries recommencent. Nous avons lieu de croire que quelques beaux esprits auront pitié de notre simplicité. En attendant, le peuple reprend avec joie ces habitudes, et les gens les plus sages trouvent que c'est une fort bonne philosophie de lui redonner ces institutions et ces usages que la piété consacre, et qui rappellent dans le coeur de l'homme et gravent dans sa mémoire des vérités que tout tend à lui faire oublier.

PARIS. Au mois de juillet de l'année dernière, lorsque le Pape étoit captif à Fontainebleau, et que rien ne pouvoit encore faire présager sa prochaine délivrance, M. le comte Jules-César Ginnasi lui fit hommage d'une gravure représentant le couronnement de la sainte Vierge, d'après le tableau de Michel-Ange. Cet ami des arts ne craignit point de faire éclater son zèle et son respect par cette dédicace que l'on peut regarder comme unique. Nous ne sommes pas dans un temps où on se presse beaucoup pour honorer le malheur. Il envoya sa gravure à Fontainebleau, et en fit distribuer des exemplaires au Pape et aux cardinaux. Le cardinal Brancadoro fut chargé de l'en remercier au nom de S. S., et le fit par une lettre que M. Ginnasi conserve précieusement, et qui atteste l'estime qu'on faisoit de lui et le prix qu'on attachoit à son présent. M. Ginnasi a plusieurs de ses parens dans la prélature, et leur fidélité ne s'est jamais démentie. Sa gravure, qui est faite avec beaucoup de soin, porte la mention de la dédicace au saint Père avec la date de 1813. Cette époque rehausse le mérite d'un tel hommage. Cette gravure se vend chez Remoissenet, et au bureau du Journal.

SAINT-POL-DE-LÉON. Puisque les anciennes villes épiscopales font valoir leurs droits, ceux de Saint-Pol

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