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sur laquelle l'Eglise a été bâtie. Combien de fois avonsnous été témoins des orgueilleuses vanteries de l'impiété? combien de fois avons-nous entendu dire aux ennemis de l'Evangile, que le véritable Pontife, assis sur la chaire de Pierre, seroit le dernier successeur du prince des apôtres; que la foi qu'ils avoient prêchée, la foi catholique, objet de tant d'attaques, de tant de calomnies et d'amers sarcasmes, seroit enfin effacée de l'esprit des hommes? Permettez-moi néanmoins, mes très-chers frères, de me réjouir avec vous de votre fermeté et de votre inébranlable confiance dans ses paroles de JésusChrist à saint Pierre: J'ai prié pour vous afin que votre foi ne défaille point. Lors donc que vous serez con verti, ayez soin d'affermir vos frères (1). L'éternelle sagesse, pour des raisons impénétrables à l'entendement humain, et peut-être pour faire éclater davantage sa divine bonté, a donné la force aux méchans pour l'accomplissement de leurs sacriléges desseins. Le fanatisme, toujours inconséquent, et l'incrédulité, sous le masque de la raison et de la philosophie, s'étoient vainement vantés que, libres de l'esclavage des lois, et soustraits au joug religieux, ils alloient délivrer le genre humain des terreurs d'une révélation prétendue, dissiper les ténèbres des préjugés et des vieilles erreurs, exposer au mépris des hommes toutes ces folles illusions, et (car) c'est ainsi qu'ils osoient s'exprimer) mettre à découvert l'idolatrie de la doctrine et du culte de l'Eglise romaine. Il étoit naturel qu'ils fussent favorisés dans ces criminelles entreprises par les passions de ceux qui vouloient s'y livrer avec impunité et sans remord. Il faut le dire, l'autorité civile s'étoit liguée avec les incrédules. Celle de l'Eglise, qui n'agit que sur les consciences, n’inspiroit plus de crainte, car la voix de la conscience n'étoit plus écoutée. Toute facilité étoit accordée pour assurer

(r) Lúc, xxI.

les succès de l'irréligion, et mettre dans le jour le plus favorable ses prétendus avantages d'une supériorité de sens, de savoir, de talens et de raison. On mutiloit, on altéroit les monumens des siècles passés, on falsifioit l'histoire sacrée et profane pour avilir l'Eglise de Dieu, et dénaturer les vies et le sacré caractère du vicaire de Jésus-Christ. On donnoit la torture au texte des saints livres, pour y trouver des contradictions, des absur→ dités qui les rendissent l'objet du mépris, et dégradassent cette antique religion, la seule qui, par son té→ moignage uniforme et non interrompu en faveur de leur divine autorité, s'est établi un droit incontestable à notre plus haute vénération.

» Après tous ces efforts du fanatisme et de l'impiété, l'Eglise catholique attaquée si violemment a-t-elle suc→ combé? s'est-il opéré quelque changement ou quelqué variation dans sa croyance? a-t-elle accommodé sa doctrine à la politique humaine, en faisant le moindre sa crifice de l'indépendance qu'elle tient de Jésus-Christ? a-t-elle assujetti ses dogmes, son culte, aucun point es sentiel de sa discipline, aux caprices, aux intérêts changeans d'une autorité mondaine? a-t-on à lui reprocher le crime de s'être soustraite à la suprématie de l'évêque de Rome, lorsqu'il a été dépouillé de ses prérogatives temporelles, arraché à son siége, traîné captif dans une contrée étrangère, dans la vaine et coupable espérance que le respect inspiré par son éminent caractère seroit étouffé sous les humiliations dont l'abreuveroient ses oppresseurs? Le contraire n'est-il point arrivé, et la vénération pour sa personne ne s'en est-elle point accrue? Au moyen de la grâce de Dieu et de l'influence du divin Esprit, les fidèles disciples du Sauveur n'ont cessé de re connoître le saint Père pour le premier et le chef des pasteurs, non à cause de l'éclat qui, autrefois, environnoit ses sublimes fonctions, mais parce que le Fils de Dieu l'a investi comme successeur de saint Pierre d'une suprématie d'honneur et de juridiction sur toute l'Eglise. Non, en

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aucun des points doctrinaux il n'a été fait de concession ni au pouvoir humain ni à la terreur dont il s'étoit armé. Ni les insultes, ni l'oppression, l'injustice, la spoliation ou les menaces, ni les rigueurs de la captivité ou les promesses n'ont eu de pouvoir sur le fidèle vicaire de Jésus-Christ, ou sur son vénérable prédécesseur. Peutêtre que depuis la première et étonnante propagation du christianisme, et ses rapides progrès dans tous les pays du monde connu, depuis les temps apostoliques aucune époque n'a offert rien de si éclatant, rien de plus propre à ranimer la foi chancelante, à raffermir le chrétien timide, et à confirmer tous les hommes dans une ferme croyance, et dans une confiance sans bornes aux promesses du Sauveur.

>>> Les souvenirs des temps anciens pouvoient faire prévoir l'heureuse issue de cette lutte entre la foi et l'irréligion, entre la vertu et l'impiété, quoiqu'elle fût enveloppée d'incertitude, et qu'on ne pût deviner la manière dont cette œuvre s'accompliroit. La fureur et la haine aveugle dont étoient enflammés les ennemis de l'Evangile, leur faisoient renouveler les scènes sanglantes des premiers âges chrétiens. De vénérables évêques, les prêtres du sanctuaire, les ministres des autels, des vierges chrétiennes, étoient arrachés à leurs saintes retraites et à la prière; des serviteurs de Dieu de tous les états et de toutes les conditions confessoient la foi au péril de leur vie; et si partout les scènes ne furent pas également sanglantes, et les meurtres aussi nombreux, il n'est guère de contrées catholiques qui n'aient plus ou moins vu bannir ou disperser leurs plus respectables pasteurs, dévaster leurs églises, confisquer les biens qui en faisoient la dotation, un mot exécuter, sous toutes sortes de formes, ce que peut la scélératesse sur les victimes de la persécution. Néanmoins au milieu de tant de calamités, le fidèle, animé de la foi, fut consolé par l'espérance que le sang de tant de martyrs deviendroit une semence de chrétiens, et qu'en récompense de l'héroïque sacrifice qu'ils ont fait de leur

en

pays, de leur fortune et de leur vie « le Seigneur augmenteroit tous les jours le nombre de ceux qui doivent étre sauvés ». En souffrant et en mourant, ces illustres victimes de leur devoir, ces courageux champions de la foi offroient leurs prières ferventes pour la restauration de la cité de Dieu, c'est-à-dire, de l'Eglise catholique', par l'immutabilité de la foi, et le maintien du gouverne ment de l'Eglise sous la suprématie de l'évêque de Rome.

» Voyant donc dans les événement dont nous avons été témoins, la confirmation manifeste des promesses que Jésus-Christ a faites de protéger éternellement son Eglise, et l'accomplissement de ses prédictions, seroit-ce en nous une présomption téméraire d'entretenir la consolante espérance, que nos frères d'une autre communion, frap-pés comme nous le sommes de l'éclatante faveur du ciel dans le maintien de la chaire apostolique, seront portés à examiner avec attention les causes, les progrès et les conséquences de leur séparation de cette antique société chrétienne qui, encore aujourd'hui, comme cela vient de se manifester, jouit par droit d'héritage des bénédic tions promises par son divin fondateur, c'est-à-dire, de P'unité dans la foi et dans le gouvernement spirituel, de la succession apostolique, d'une visibilité qui n'a jamais été obscurcie; que par conséquent il est clair que cette église est revêtue de tous les caractères qui distinguent l'Eglise véritable, de laquelle on ne peut se séparer sans tomber dans le schisme. Puisse la pacification de l'Europe être aussi dans les desseins de la Providence, l'heureuse période où le pasteur céleste doit ramener au bercail les brebis qui ne sont point de sa bergerie, afin qu'elles écoutent sa voix, et qu'il n'y ait plus qu'un troupeau et ¡um pasteur (1).

» Nos chers frères, nous avons passé des jours et des ans de peine et d'anxiété, car quoique nous n'ayons point perdu de vue la promesse de celui qui a dit que son

(1) Jean, 111, 16.

Eglise étoit bâtie sur la pierre, et que les portes de l'enfer ne prévaudroient pas contre elle, néanmoins nous ne connoissons pas le terme qu'il avoit marqué pour notre châtiment, ni celui où il daigneroit nous faire miséricorde. Ce terme est arrivé, et nous sommes obligés par devoir et par sentiment à le célébrer par des actions de grâces et les accens de la prière. Je vous ai rassemblés aujourd'hui pour acquitter ce devoir sacré. O nos chers frères! puissent ces témoignages signalés de la bonté du Seigneur faire sur vous une impression durable! puissent les événemens admirables, que la main de Dieu a dirigés, rester profondément gravés dans votre mémoire. Car ce jour est celui que le Seigneur a fait. Qu'il soit pour nous un jour de joie et de sainte jubilation ».

A ces causes, nos très-chers frères, en vous engageant à réfléchir profondément sur la sagesse des voies de la Providence, dans les moyens qu'elle a employés pour donner, conserver et assurer la perpétuité à son Eglise, et pour maintenir, malgré toute opposition mondaine, le siége apostolique de saint Pierre, il nous a paru convenable et nécessaire en signe d'union, avec tout le monde chrétien, de manifester par un acte public et solennel, notre intention de célébrer l'heureux rétablissement de sa Sainteté Pie VII dans les prérogatives de sa haute dignité, ainsi que dans le gouvernement de l'administration de l'Eglise catholique. C'est pourquoi, dimanche, 1er juillet, immédiatement après la célébration des saints mystères, il sera, dans l'église de Saint-Pierre de Baltimore, chanté en actions de grâces un Te Deum solennel, suivi de la bénédiction du très-saint Sacrement. Dans les autres églises de cette ville et du diocèse, le présent Mandement sera lu le dimanche qui suivra sa réception, et le Te Deum sera pareillement chanté ou psalmodié avec la piété convenable. Nos vénérables frères, les pasteurs des congrégations respectives, sont chargés de l'exécution des présentes dispositions. Que le père Tout-puissant et l'auteur de tout bien multiplie ses grâces

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