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ture, et ce n'est peut-être pas trop dire que de répéter avec M. Emery, et beaucoup d'autres personnes savantes, « que sans le systême de Descartes, il roit se faire que celui de Newton n'eût jamais paru ». Newton a parcouru la carrière; Descartes l'avoit ouverte et avoit montré le but. Pourquoi ne seroient-ils pas égaux en gloire? Que l'on considère en outre que la vie de l'un fut de près de trente ans plus longue que la vie de l'autre; et qui sait ce qu'avec son génie, son habitude de la méditation, et ses connoissances déjà acquises, Descartes auroit fait pendant ce temps?

Dans un second article nous parlerons de la métaphysique de Descartes, et nous rendrons compte plus particulièrement du travail de M. Emery. De ce qu'on à vụ et de ce qui nous reste à voir, il résultera nonseulement que Descartes fut le plus grand géomètre, le plus grand physicien et le plus grand métaphysicien de son temps; mais encore que ses travaux philosophiques, comme sa conduite, ont toujours été éminemment dirigés par un souverain respect pour la religion, qui est la suprême fin de toute vraie philosophie.

L.

Chefs-d'OEuvre d'éloquence chrétienne, ou Sermons de Bourdaloue, Bossuet, Fénélon, Massillon, sur la vérité de la religion (1), avec cette épigraphe :

Quel plaisir d'aimer la religion, et de la voir crue, soutenue, expliquée par de si beaux génies et par de si solides esprits! LA BRUYÈRE.

Le plus grand nombre des Sermons qui composent ce Recueil est de Bourdaloue ou de Massillon.

(1) Deux vol. in-12; prix, 6 fr., et 7 fr. 50 c. franc de port. A Paris, au bureau du Journal.

Il semble d'abord qu'un choix soit fort difficile à faire dans les ouvrages de ces grands hommes, dont le nom est devenu parmi nous celui de l'éloquence même, et dont presque tous les discours sont autant de chefs-d'oeuvre.

On peut néanmoins remarquer que, si ces illustres orateurs se sont quelquefois surpassés eux-mêmes, c'est dans les discours qu'ils ont composés pour la défense de la religion. Ainsi la Passion de Bourdaloue, sur la divinité de Jésus-Christ, et le sermon de Massillon sur le même sujet, passent pour leurs chefsd'œuvre. On peut citer encore le sermon de l'évêque de Clermont, sur la Vérité d'un avenir, dirigé contre les athées et les matérialistes. « Aucun écrivain, dit M. de Laharpe, en parlant de ce discours, ne les a plus éloquemment combattus ».

Un Recueil de discours sur de si importans sujets réunit donc un double avantage, en offrant tout à la fois les plus beaux monumens de l'éloquence et les plus sublimes apologies de la religion.

Sous l'un ou l'autre de ces rapports, ce Recueil est propre à toutes les classes de lecteurs; et sous tous les deux, aux jeunes gens, à qui il convient d'une manière spéciale. Il a été mis par l'Université au nombre des livres propres à être distribués en prix dans les lycées et les colléges.

vices

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Malgré notre projet de ne plus parler des serpour la famille royale, nous ne pouvons nous dispenser de céder aux vœux de quelques zélés correspon

dans, qui sollicitent une mention de leur empressement à s'acquitter d'un devoir pieux. Le 25 juin, le service a été célébré dans l'ancienne église cathédrale d'Agde. La veille, les signes de joie qui avoient été arborés précédemment furent remplacés par des images de deuil. On hissa le drapeau noir sur les tours de l'église et-sur les établissemens publics. Des personnes zélées travaillèrent à l'exécution du catafalque. La cérémonie se fit avec la pompe convenable. M. l'abbé Taillan, jeune prétre de Beziers, fit l'oraison funèbre, qui a réuni tous les suffrages. Les demoiselles du pensionnat de Mme. PonsSaint-Agnès, respectable religieuse urseline, entouroient le catafalque. La ville d'Alais a célébré le même service dans les premiers jours de juillet. Le catafalque y a été érigé par les soins de M. Goulet. Les jours qui ont précédé le service, M. l'abbé Desmasures (1), a prêché dans l'ancienne église cathédrale. Ses sermons ont eu pour objet le pardon des injures, l'amour pour Dieu, et le triomphe de la religion. Plusieurs protestans sont venus l'entendre, et l'un d'eux lui a fait remettre une somme pour l'employer en bonnes oeuvres. A Verteillac, M. Duchazaud, ancien chanoine régulier de Sainte-Geneviève, maintenant curé de la Tour-Blanche, a prononcé, dans

(1) Nous avons reçu une brochure intitulée: Récit de la captivitė et de la délivrance de M. l'abbé Desmasures, par Etienne Gosse. Cet écrit contient des détails très-circonstanciés sur l'emprisonnement et la délivrance de M. l'abbé Desmasures, qui a eu la bonté de consentir à ce qu'on les publiât. On sait quel fut le motif de son arrestation. Il avoit eu l'honneur de voir le Roi Charles IV à Marseille. Il eut aussi celui de saluer le souverain Pontife à Savone, et il témoigna à l'un et à l'autre son respect profond et son dévouement sincère. On lui fit un crime de ces sentimens honorables. Il fut arrêté à Toulon au moment, dit-on, où il descendoit de chaire, et renfermé au fort Lamargue, puis à Compiano, puis au château d'If, d'où il n'est sorti que depuis l'heureuse révolution qui nous a délivrés tous. La brochure dont nous parlons ne nous laisse rien ignorer de ce qui concerne les souffrances et les qualités de M. l'abbé Desmasures. Elle paroît être d'un ami chaud de cette victime de la tyrannie, et elle célèbre avec effusion les talens de cet orateur, dont heureusement on connoît la rare modestie.

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un service solennel, un discours qui respire le zèle pour la religion et l'attachement au Prince. Le même ecclésiastique avoit eu l'honneur de haranguer Mgr. le duc d'Angoulême à son passage par Riberac. Les pasteurs et les fidèles de ce département, long-temps comprimés dans leurs affections les plus chères, se sont livrés avec transport au plaisir de les faire éclater. Tous les gens bien intentionnés s'empressent à éclairer le peuple sur ses vrais intérêts. Ils prêchent l'oubli du passé, et réfutent victorieusement par leur conduite ceux qui calomnient le clergé. Le diocèse dont nous parlons se trouve plus que tout autre dans une position délicate, par un conCours de circonstances assez connues, et le clergé y a particulièrement souffert de la présence et des caprices d'un homme bien peu digne du poste éminent où il a été placé. A Saverdun, dans le département de l'Arriège, M. Passenaud, curé de canton, a fait aussi l'oraison funèbre de Louis XVI, et on a remarqué que les protestans ont voulu assister, comme les catholiques, à cette cérémonie. A Salbris, en Sologue, il y a eu un service fait avec toute la pompe que comportoit le lieu. Le curé a réuni tous ses confrères, qui ont célébré le saint sacrifice pour les illustres morts; et il a prononcé un discours sur l'objet de cette triste et religieuse cérémonie. Le service a eu lieu également dans toutes les paroisses du canton. C'est ainsi que les campagnes et les villes s'unissent pour faire monter leurs prières vers le trône du Très-Haut, et pour appeler les miséricordes divines sur les augustes victimes, et plus encore sur nous, qui ne pouvons penser à leur destinée sans attendrissement, sans honte et sans remords.

Nous avons inséré dans notre dernier numéro une lettre d'un ecclésiastique anglois, relativement aux biens que divers établissemens de cette nation possédoient en France pour l'éducation des missionnaires. Nous savons qu'il est arrivé récemment plusieurs prêtres catholiques de la Grande-Bretagne, qui viennent

réclamer des propriétés si sacrées par leur objet, et que le dernier traité de paix leur garantit. De ce nombre est le docteur Bew, président du collége anglois de la rue des Postes, et M. Farquarson, président du college des Ecossois à Douai. Ils espèrent obtenir bientôt de la justice du Roi d'être remis en possession de ce qui leur appartient, et ils ont déjà reçu d'un des ministres de S. M. un accueil qui leur donne la confiance de réussir dans leur mission. L'équité et la piété du monarque leur en sont des garans, et à ces motifs se joint encore la convenance de restituer à une nation généreuse des propriétés qu'elle demande. Après s'être montrée si libérale envers nous, elle croit avoir le droit de compter que nous nous montrerons justes envers elle.

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-On a remarqué, avec plaisir, que dans l'ordonnance du Roi relative à la légion d'honneur, on a supprimé le serment qui avoit été précédemment prescrit. Le nouveau serment est fort court: Je jure d'étre fidèle au Roi, à l'honneur et à la patrie. L'ancien serment étoit beaucoup plus compliqué, et renfermoit des clauses qui répugnoient à quelques personnes. On se rappelle qu'un prélat, distingué par son nom et ses qualités, refusa d'y souscrire, et commença à s'attirer par-là l'animadversion du despote. On ne peut qu'applaudir à l'esprit de discrétion et de sagesse qui a retranché des formules captieuses et suspectes, et qui y a substitué un engagement général d'être fidèle au Roi, à l'honneur et à la patrie. Les consciences les plus délicates ne pourront s'effaroucher d'un tel serment, qui remplit le vœu de tous les François.

-On a reçu des nouvelles de M. l'évêque de SaintMalo. Son excellence a reçu sur sa route les témoignages d'estime et de respect dus à ses vertus et au poste éminent qu'elle va remplir. Elle est arrivée, le 14, à Turin, et a eu l'honneur de saluer le roi. Elle en devoit partir, le 16, pour Alexandrie, et comptoit arriver à sa des

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