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Le 11 septembre, le saint Père s'est rendu au monastère de Saint-Sylvestre in capite, où il a été reçu par S. Em. le cardinal Pacca, qui en est titulaire. S. S. y a célébré la messe à l'autel du choeur, et a ensuite entendu celle d'actions de grâces, dite par Mgr. Boni. Elle a bien voulu admettre à lui baiser les pieds, les religieux de la communauté, et beaucoup de personnes distinguées qui étoient présentes. Elle a aussi daigné agréer le don d'une petite châsse d'argent élégainment travaillée, et ornée de ses armes, laquelle lui a été offerte, et qui contenoit des reliques de saint Jean et de saint Sylvestre.

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Cinq Jésuites irlandois, après avoir fait leur noviciat dans un de leurs colléges près de Londres, et être venus achever leurs études à Palerme, viennent de partir de Rome pour retourner dans leur patrie, où ils vont porter le tribut de leurs services, et le fruit de leur instruction religieuse, en se dévouant à l'éducation de la jeunesse et à la prédication.

Les Carmes déchaussés de Sainte-Marie della Scala, et les Minimes de Saint-André delle Fratte, sont rentrés dans leur couvent et ont repris leur habit.

Des lettres de Bruxelles annoncent que S. A. R. le prince souverain des Pays-Bas, a rendu au séminaire catholique de La Haye, la chapelle qui avoit été fondée et dotée par l'ex-roi Louis.

PARIS. Tôt ou tard justice se fait, el on en revient aux principes d'équité et aux sentimens de reconnoissance que l'effervescence du moment et la contagion des mauvais principes avoient fait oublier. Les maisons religieuses, représentées par quelques sages du temps comme des établissemens parasites, n'étoient pas aussi inutiles à la société qu'ils ont voulu le faire croire. Elles vivifioient les campagnes, et y répandoient non-seulement en travail, mais encore en distributions et en secours gratuits; quand les circonstances l'exigeoient, des

sommes considérables. Notamment dans l'hiver de 1789 à go, au moment même où on les dépouilloit, il sortit des greniers de ces établissemens d'énormes quantités de blé, partie converti en pain, pour alimenter les pauvres, partie porté sur les marchés, pour y faire diminuer le haut prix où étoit montée cette denrée de première nécessité. On pourroit nommer telle abbaye qui nourrit alors sept ou huit villages voisins pendant tout l'hiver, et il seroit impossible de citer le moindre établissement ecclésiastique on religieux qui ne se soit pas distingué alors par ces sacrifices. Ce geure d'utilité est aujourd'hui un peu moins méconnu, au moins des hommes sans préjugés, et on ne peut guère douter que les habitans des campagnes ne vissent avec joie reparoître au milieu d'eux quelques-uns de ces anciens pères nourriciers, dont la charité n'a pas, a beaucoup près, été remplacée. Cet esprit vient d'être manifesté par un canton de la France. M. le comte d'Héricy, maire de Soligny, département de l'Orne, dans la commune duquel se trouve située l'ancienne abbaye de la Trappe, a eu l'honneur de présenter à S. M. une adresse, signée des personnes les plus qualifiées du pays et des maires des communes, pour exprimer le vœu que font, d'une voix unanime, les habitans de la province du Perche, des villes et villages des environs, pour le rétablissement de la maison de la Trappe. M. le comte d'Héricy étoit accompagné de dom Eugène, abbé de la Trappe de Westphalie, et du père cellérier de cette abbaye. On assure que le Roi a accueilli cette demande avec beaucoup de bienveillance. Plusieurs lettres communiquées par le R. P. abbé à des personnes dignes de foi, expriment le même vou pour le rétablissement de ces retraites consacrées à la religion, à l'austérité et au silence, et annoncent de la part d'un assez grand nombre d'aspirans de toutes les classes, parmi lesquels il y a des personnages distingués, le désir d'aller peupler ces nouvelles Thébaïdes.

-Nous avons parlé de l'ordonnance du Roi qui main

tient les établissemens de maisons d'orphelines de la légion d'honneur sous la direction de la Congrégation de la Mère de Dieu. Mercredi prochain, 12 du mois, il doit être célébré dans la chapelle de la maison chef-lieu, rue Barbette, une messe en actions de grâces de cet heureux événement. C'est Mgr. l'évêque de Châlons, pair de France, qui officiera, et Mgr. l'archevêque de Reims, grand-aumônier de France, sous la surveillance spirituelle duquel S. M. a mis ces maisons, assistera à cette cérémonie. Avec quelle ferveur ces enfans, ces religieuses, qui, pour se modeler, autant qu'il est en elles, sur l'auguste patrone sous la protection de laquelle elles ont mis leur Congrégation, font vou d'être mères en restant vierges, prieront pour le Roi, qui, par sa sage et bienfaisante ordonnance, assure aux unes l'inestimable bienfait de l'éducation, et maintient les autres dans l'exercice de leur pieux dévouement. Cette Congrégation, qui compte à peine quelques années, avoit déjà cent vingt-six religieuses; sept prêtres sont occupés à la desservir; quatre cents jeunes personnes y étoient élevées, non-seulement dans les principes de la religion, mais encore de manière à pouvoir, à la fin de leur éducation, suppléer, par leurs talens ou leur travail, à leur défaut de fortune. Avec les gens de service, la Congrégation nourrit environ sept cents personnes, auxquelles la bonté du Roi conserve la vie et les moyens de subsistance, sans compter le bien et la satisfaction qui en résultent résultent pour les familles.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Plusieurs libraires, imprimeurs et colporteurs ont été arrêtés. Ils sont accusés d'avoir vendu et distribué des libelles contre le Roi, dont il est temps, dit un journaliste, d'arrêter la circulation. Puisqu'il faut l'arrêter, on demande s'il n'auroit pas été aussi bien de laisser au gouvernement les moyens de la prévenir?

Il s'élève, au port de Calais, un monument qui doit consacrer à la postérité la mémoire de l'heureux retour de S. M. Louis XVIII dans son royaume. La colonne sera en marbre et d'ordre dorique. Elle aura trente pieds de hauteur. Le piédestal présentera, sur une de ses faces, les armes de France, et sur les autres, des inscriptions propres à rappeler les circonstances qui ont donné lieu au monument. La colonne sera surmontée d'un globe portant une fleur de lis. En face de la colonne, et à l'endroit même où S. M. en descendant à terre, a posé le pied sur le sol de la France, depuis si long-temps veuve de son Roi, l'empreinte du pied de S. M. sera conservée et incrustée dans le bronze. Déjà elle est taillée dans la pierre. Aucun étranger, dit-on, n'arrive à Calais qui ne s'arrête devant les apprêts de ce monument avec respect, avec un sentiment d'admiration, en songeant aux événemens mémorables et inattendus qu'il est destiné à rappeler et à transmettre à la postérité. On assure que ce monument sera achevé pour le 1er. novembre prochain.

Nous sortons des 5 et 6 octobre, d'une célébrité si funeste dans nos annales. Le triste anniversaire en a été célébré, à Versailles, par un service funèbre pour le repos de l'ame des victimes de leur fidélité et de leur généreux dévouement, dans cette journée désastreuse.

BRUXELLES. Le prince souverain des Pays-Bas vient de faire un réglement fort sage sur l'imprimerie et la librairie. Il est composé de 14 articles. Par le 1er. sont abrogés les lois et réglemens émanés du gouvernement françois, sur l'imprimerie, la librairie et les journaux. Le 2°. rend chacun responsable de ce qu'il écrit, publie, imprime, distribue. Par le 3o. est considéré comme libelle tout ce qui est imprimé sans nom d'auteur ou d'imprimeur. Par le 4°. toute exposition ou distribution d'écrits ou images tendant à avilir la religion ou à corrompre les mœurs, est punie conformément à la loi. Les autres articles, depuis le 5°. jusqu'au 13°. inclusivement, règlent les droits de propriétés des auteurs et de leurs héritiers. Le 14°. a pour objet les journaux, et toutes les feuilles périodiques. Il est remarquable qu'il n'y soit pas dit un mot de la liberté de la presse. N'en seroit-il pas de cette liberté, comme des droits de l'homme, qu'on doit supposer mais qu'il a été assez dangereux de proclamer.

NÉCROLOGIE.

; Parmi les hommes morts sous le règne de la dernière tyrannie, et auxquels on n'a pu par conséquent payer en entier le tribut d'éloges qui leur étoit dù, un des plus estimables comme des plus savans est M. Larcher, que la religion et les lettres perdirent au mois de décembre 1812. Les langues étoient alors enchainées par le despotisme, et toute la nation occupée d'une déplorable catastrophe qui mettoit le deuil dans toutes les familles. Il convient d'autant mieux que nous rendions à M. Larcher un hommage tardif, que nous avons à joindre à son éloge des particularités qui ne sont pas sans intérêt. Pierre-Henri Larcher étoit né à Dijon, en 1726, d'une famille qui avoit l'honneur d'être alliée à celle de Bossuet. Il vint de bonne heure à Paris, et se livra à l'étude de l'antiquité. Il y fit des progrès, et se fit connoître, en 1767, par le Supplément à la Philosophie de l'histoire de Voltaire. Il y relevoit les erreurs, les méprises et les inexactitudes de l'ennemi du christianisme, qui s'étoit plu, sous le nom de l'abbé Bazin, à tourner en ridicule tout ce qui tient à la religion. Voltaire fut fort courroucé de cette attaque. Il n'étoit pas endurant, et maltraita M. Larcher daps la Défense de mon oncle; écrit d'un ton bien peu délicat, et qui roule sur les détails les plus indécens. Le prétendu neveu de l'abbé Bazin y prodigue à son adversaire les épithètes gracieuses de bouc, de crasseux, de faussaire, de cuistre, de répétiteur au college Mazarin. On l'avertit vainement que M. Larcher n'étoit point répétileur, ce qui d'ailleurs n'eût rien fait à l'affaire, qu'il ne l'avoit même jamais été, qu'il étoit d'une famille honorable et aisée. Le vieux goguemard s'obstina à répéter partout que son adversaire étoit répétiteur, et M. Larcher fut immolé sous ce nom dans vingt pamphlets. Il paroît que le bruit qu'on fit contre lui abattit un peu son courage. On lui représenta sans doute qu'il avoit eu tort de vouloir redresser un grand homme, et qu'il étoit dangereux d'attaquer ce lion terrible. M. Larcher fut gagné par ce même parti dont il avoit réfuté les écarts. Il se lia avec les philosophes, et servit leurs vues dans les notes de sa savante traduction d'Hérodote, où il y a plusieurs traits dirigés contre la religion chrétienne. Mais l'âge, la réflexion, et peut-être la révolution ramenèrent M. Larcher aux sentimens de religion qu'il avoit oubliés. Témoin des excès de plusieurs des partisans de la philosophie, il en abandonna les drapeaux, et le fit d'une manière éclatante. Afin que son changement ne fût pas équivoque, il donna une nouvelle édition de son Herodote, dans laquelle il réforma les notes dont s'étoient plaints les amis de la religion. Il en avertit lui-même dans sa préface, et dans des termes qui font honneur à sa bonne foi. Intimement convaincu, dit-il, de toutes les vérités qu'enseigne la religion chrétienne, j'ai retranché ou réformé toutes les notes qui pouvoient la blesser. On avoit tiré des unes des conséquences que j'improuve, et qui sont loin de ma pensée. D'autres renfermoient des choses (je dois l'avouer avec franchise, et pour l'acquit de ma conscience) qu'un plus múr examen et des recherches plus approfondies m'ont

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