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tournois. Il se présente avec les couleurs de la vérité, et défend vaillamment cette illustre délaissée. Il prouve que l'institution des évêques a toujours été un droit du saint Siége, et qu'on ne pourroit l'en dépouiller sans attaquer sa primauté même. Pour cela il remonte à la plus haute antiquité; et commence par l'histoire abrégée de l'établissement des patriarcats dans l'église d'orient. C'est l'objet de la première section de la première partie, dans laquelle l'auteur montre que les patriarches ont été institués par l'autorité de saint Pierre, et que leurs priviléges n'étoient qu'une émanation de sa primauté. Dans la seconde section, il établit le pouvoir du Pape pour la confirmation des patriarches et des évêques, et fait voir que dans toute l'église d'orient, jusqu'au moment du schisme fatal, le Pape étoit en possession de confirmer les patriarches, et qu'on reconnoissoit en lui un droit suprême sur les ordinations des évêques. C'est à lui qu'on s'adressoit dans les cas douteux, dans les différends, et l'auteur que nous suivons prouve, par une foule de faits, que le saint Siége intervenoit dans ces occasions, et décidoit de la validité des élections, et que les patriarches ne confirmoient les évêques que par son autorité.

Dans la seconde partie l'auteur passe de l'église d'orient à celle d'occident. Il montre dans la première section que les Papes ont toujours exercé une autorité plus immédiate sur l'église d'occident, soit parce qu'ils s'étoient réservé sur elle les droits qu'ils avoient cédés pour l'orient aux grands patriarches, soit parce qu'ayant fondé les églises de ces régions, ils durent les regarder comme faisant plus spécialement partie de leur troupeau. Dans la seconde section, il parcourt les diverses portions de l'occident, et y fait voir partout, dans les dix premiers siècles, le saint Siége confirmant les évêques par l'intermédiaire des inétropolitains. Notre France, entr'autres, en offre beaucoup d'exemples, et on retrouve avec plaisir dans les monumens de l'histoire ecclésiastique de ce pays les preuves des liens étroits qui unis

soient les pasteurs au principal pasteur, et qui rendoient l'autorité de celui-ci chère et respectable à ceux qu'il appeloit au partage de ses droits. Les métropolitains n'agissoient que comme les délégués du souverain Pontife.

La troisième partie commence au 10o. siècle. Alors s'ouvrit une nouvelle époque pour la discipline. Les désordres qui régnoient de toutes parts, en Europe, forcèrent les Papes à multiplier les réserves, et à user plus fréquemment du droit canonique de dévolution. Les différends, les brigues, les cabales, les guerres, l'influence des princes nécessitèrent l'intervention d'une autorité plus puissante que celle des métropolitains. Il n'y avoit pas d'autre moyen de rétablir la paix dans des églises incessamment troublées par l'ambition et la violence. L'auteur examine, avec un soin particulier, les causes et les effets des changemens opérés à cette époque, et résout les objections et les difficultés que font les ennemis de la cour de Rome au sujet des fausses décrétales auxquelles ils donnent une influence propre à servir leurs vues. Tel est l'objet de la première section. Dans la deuxième, on discute deux points d'histoire fort importans, le concordat de Léon X et le concile de Trente, et on présente, à cet égard, des notions plus saines que celles que l'on rencontre dans une foule d'écrits tracés par l'ignorance, la présomption et la partialité. La troisième section n'est pas moins intéressante par la nature et la quantité des faits qu'elle renferme. On y trouve tout ce qui concerne la confirmation des évêques depuis le concile de Trente jusqu'à nos jours. On passe en revue ce qui arriva en France sous Henri IV, sous Louis XIV et sous la régence; en Portugal, après le retour de la maison de Bragance; en Allemagne, sous Joseph II; å Naples, sous Ferdinand. Ces diverses circonstances n'ont eu d'autre effet que de faire éclater davantage l'autorité du saint Siége, et de montrer que, dans les derniers temps comme dans les premiers, on lui reconnoissoit le droit d'instituer les évêques. La chaine de la tradition

suit, à cet égard, tous les âges de l'Eglise elle descend de siècle en siècle depuis les apôtres jusqu'à nous; elle survit aux révolutions, elle résiste aux orages, elle triomphe des contradictions.

On voit par ces détails que l'ouvrage dont il est question est du plus grand intérêt. Il présente une série de faits et de preuves qui déroulent en quelque sorte toute l'histoire ecclésiastique. Il suppose des connoissances trèsétendues et des recherches profondes. Il épuise une matière qui n'avoit pas encore été envisagée sous toutes ses faces. Il renferme des vues très-sages sur tout ce qui tient au gouvernement de l'Eglise. C'est sans contredit une des plus importantes productions qui aient paru dans ces derniers temps. L'auteur a non-seulement le mérite d'être un théologien habile et un critique trèsexercé. Il est de plus un très-bon esprit, un défenseur zélé de l'Eglise et de ses droits. Il joint à l'habitude des plus hautes méditations l'art de les présenter d'une manière claire et neuve. I unit la force de la logique à l'élégance du style, et quoique dans un sujet sec, il sait néanmoins captiver l'attention. Nous regardons son livre comme un présent fait à la religion, comme une digue contre le torrent des fausses opinions, comme un dépôt précieux pour le clergé, et comme un guide pour ceux qui veulent approfondir ces questions.

Dans un troisième et dernier article, nous offrirons plusieurs citations qui donneront une idée de ce grand el bel ouvrage, et nous nous permettrons de faire quelques observations sur des défauts qui n'altèrent pas son mérite intrinsèque, et que nous ne remarquerons qu'afin que la critique ne perde pas ses droits, et en rendant hommage au talent rare et distingué de l'auteur.

یر

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La charge de sénateur de Rome se trouvant vacante par la mort du prince Rezzonico, Vénitien, décédé à Pise, en 1810, S. S. en a disposé en faveur

de S. Exc. le marquis Jean Naro, non moins recommandable par ses rares vertus, que par sa naissance et la conduite louable qu'il a tenue pendant la persécution qu'a éprouvée le saint Siége. Le saint Père, pour augmenter encore le prix de cette grâce, a daigné remettre de sa main cette nomination au prince, en l'accompa gnant de marques d'estime et de paroles gracieuses.

PARIS. Ordonnance du Roi. Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre.

A tous ceux qui ces présentes verront, salut :

Voulant donner à notre cousin, l'archevêque de Reims, un témoignage particulier de confiance et d'estime; Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'Etat de l'intérieur,

Notre conseil d'Etat entendu,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. Ier. Notre cousin, l'archevêque de Reims, notre grand-aumônier, est chargé de nous présenter dorénavant les sujets qui lui paroîtront les plus dignes d'être promus aux archevêchés, évêchés et autre titres ecclésiastiques.

Les brevets de nomination seront contre-signés par notre ministre de l'intérieur, et transmis aux titulaires dans la forme usitée jusqu'à ce jour.

II. Il en sera de même pour les nominations aux bourses fondées dans les séminaires sur les demandes qui lui seront adressées par les archevêques et évêques.

III. Notre ordonnance du 13 août dernier, portant nomination d'un administrateur-général pour tous les objets relatifs aux affaires ecclésiastiques, est définitivement maintenue dans toutes les dispositions auxquelles il n'est point dérogé par la présente.

IV. Notre ministre secrétaire d'Etat de l'intérieur est chargé d'en surveiller l'exécution.

Donné en notre château des Tuileries, le 24 septembre, l'an de grâce 1814, Signé, LOUIS,

-Nous avons parlé, dans notre dernier numéro, du vœu des habitans du Perche, pour le rétablissement de l'abbaye de la Trappe. Un prospectus, ou plutôt une humble et suppliante adresse du R. P. abbé aux ames chrétiennes et charitables, circule dans le public. Il y expose que les acquéreurs des biens de la Trappe consentent à les rendre, et sont prêts à prendre des arrangemens avec lui; mais que la somme nécessaire pour les dédommager excède les moyens des religieux : qu'en conséquence ils ont ouvert une souscription chez M. Denis, notaire, rue de Grenelle, à Paris, où l'on recevra les dons des personnes charitables qui voudront concourir à cette bonne oeuvre.

Samedi prochain, 15 octobre, il sera célébré, dans la chapelle du château des Tuileries, un service anniversaire pour le repos de l'ame de S. M. Marie-Antoinette-Josephe-Jeanne de Lorraine, archiduchesse d'Autriche, reine de France. Mgr. de Vintimille, ancien évêque de Carcassonne, officiera pontificalement. La famille royale et toute la cour y assisteront.

NECROLOGIE.

Mme. la princesse de Chimay, née Fitz-James, vient d'être enlevée à sa famille et à ses amis, le 26 septembre, à l'âge de 69 ans.

Cette princesse, encore plus distinguée par sa foi et sa piété que par le sang royal des Stuarts dont elle étoit issue, doit trouver place dans cet ouvrage, particulièrement destiné à consacrer le souvenir des vertus qui honorent la religion, comme à recueillir les événemens qui l'intéressent.

Petite-fille du maréchal de Berwick, de ce héros dont les victoires assurèrent à Philippe V la couronne d'Espagne; fille du dernier maréchal de Fitz-James, elle sembloit avoir reçu, avec le sang de ses ancêtres, l'élévation des sentimens, l'amour de la religion, la fidélité inviolable pour des souverains malheureux, Noble héritage qu'elle a eu la consolation de

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