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recommandons ce soin aux pères de famille sages, aux instituteurs vertueux. Nous n'avons d'autre but, en leur donnant cet avis, que de les mettre en garde contre le piége qu'on leur tend, et de préserver au moins une portion de la jeunesse de la contagion des déclamations philosophiques et anti-sacerdotales.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME, 17 septembre. Le prince de la Paix est parti pour Pezzaro.

Son Exc. don Antonio de Vargas, ministre plénipotentiaire de S. M. C. le roi Ferdinand, près du saint Siége, est arrivé ici depuis huit jours, où il a de fréquentes entrevues avec LL. M. le roi Charles IV et les reines d'Espagne et d'Etrurie. Après s'être présenté chez S. E. le cardinal Pacca, pro-secrétaire d'Etat, il a été admis à l'audience du saint Père, dont il a reçu l'accueil le plus affectueux. On jouit en Espagne d'une tranquillité parfaite, quoique les journaux se plaisent à répandre des nouvelles contraires.

-Le prince d'Esterhazy, dont nous avons annoncé l'arrivée dans cette ville pour une mission particulière près du Pape, de la part de S. M. l'empereur d'Autriche, après avoir eu son audience, est parti pour Naples, d'où il compte revenir dans cette capitale pour y visiter les beaux monumens d'antiquités qu'elle offre à l'admiration des étrangers.

-Le comte Paul Forni, chambellan de S. A. R. François IV, archiduc d'Autriche, duc de Modène, et son envoyé près du saint Siége, chargé de présenter au saint Père, de la part de son souverain, l'hommage de sa vénération filiale, a eu son audience le 13 septembre.

Le 20, il y a eu chapelle cardinalice dans la Ba-'

silique des saints Apôtres, pour les obsèques anniversaires de Clément XIV de sainte et gloriuse mémoire. Tous les cardinaux y ont assisté.

M. Quarantotti, prélat qui s'étoit laissé entraîner à abjurer son légitime souverain, et à se faire l'instrument de l'usurpation, a été admis à demander le pardon au saint Père.

On a célébré à Rome, comme à Paris, une messé solennelle pour les prêtres massacrés les 2 et 3 septembre. Cette cérémonie funèbre avoit attiré un grand concours de peuple dans l'église de Saint-Louis de France.

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PARIS. Si l'Eglise a eu à pleurer plus d'une fois sur l'opiniâtre persévérance de quelques fauteurs du schisme dans ces derniers temps, et sur le refus qu'ils ont fait de se soumettre à ses décrets, elle a été aussi de temps en temps consolée par le repentir et l'obéissance de quelques-uns de ceux qui, à une époque de troubles, s'étoient malheureusement liés à un parti proscrit. A différentes époques on a vu des évêques usurpateurs revenir à l'unité et reconnoître leurs torts. Sous le dernier gouvernement, qui comprimoit tous les efforts du zèle, et à qui tout hommage et toute satisfaction au saint Siége déplaisoient, plusieurs constitutionnels ont successivement abandonné des drapeaux flétris par les armes spirituelles et par les excès mêmes de leurs partisans. On sait que des évêques, aujourd'hui en place, se sont réconciliés avec le chef de l'Eglise, et lui ont envoyé leur acte de soumission. Outre les faits de ce genre, qui sont assez notoires, il en est un qui est peu connu, parce qu'il s'est passé loin de la capitale, et à une époque où on ne' pouvoit lui donner de publicité. M. André Champsaud, aucien curé de Digne, et depuis vicaire épiscopal de l'évêque constitutionnel des BassesAlpes, avoit été élu pour ce siége, par je ne sais qui, en 1799. Il fut sacré à Aix en cette qualité. Il n'avoit pas, à ce qu'il paroît, beaucoup de zèle pour ce parti.

Car on ne voit point qu'il ait ni assisté ni député au concile prétendu national de 1801, et il donna sa démission la même année. Plus récemment, averti par l'âge et par sa conscience, il a voulu donner toute satisfaction au saint Siége. Il s'est adressé à M. l'évêque de Metz, qui se trouvoit alors en Provence, et qui lui a fait signer une renonciation à son schisme et à ses erreurs. Dans cet acte, qui est très-détaillé, M. Champsaud promet de recourir au saint Siége sitôt qu'il le pourra. Il se soumet franchement et entièrement aux décrets de l'Eglise. On ne doute pas qu'il ne ratifie aujourd'hui une démarche qu'il a eu le mérite de faire dans un temps où le Pape étoit en prison, et qu'il ne s'adresse immédiatement au saint Siége pour en obtenir la confirmation de l'absolution qu'il a reçue. Nous avons du plaisir à faire connoître cet acte de M. Champsaud, qui lui fait d'autant plus d'honneur, qu'il a eu lieu à une époque où aucun motif humain n'a pu le dicter, et où il n'a été inspiré que par l'attachement à l'Eglise et le désir de revenir à l'unité.

-Mercredi dernier, comme nous l'avions annoncé, a été célébré, dans la maison chef-d'ordre des Orphelines de la Congrégation de la Mere de Dieu, rue Barbette, la messe d'actions de grâces en reconnoissance du maintien de cet utile et charitable établissement, auquel le Roi a daigné accorder une protection spéciale et digne de sa bienfaisance paternelle. Mgr. l'archevêqueduc de Reims, pair de France, des personnes distinguées de la cour et de la ville, parmi lesquelles on distinguoit M. de Blacas, ministre de la maison du Roi, et M. le maréchal duc de Tarente, y ont assisté. Mgr. l'évêque-comte de Chalons, aussi pair de France, a officié pontificalement. Mr. l'évêque de Troyes, un grand nombre de curés et d'ecclésiastiques étoient venus joindre leurs prières et leurs actions de grâces à celles de ces intéressantes orphelines, et partager leur joie. Après l'offertoire, M. Levi, curé de Saint-Germain-des-Prés,

est monté en chaire, et a prononcé un discours analogue à la circonstance. Il avoit pris pour texte ces paroles du IIIe. livre des Rois, Et dixit omnis populus : Vivat Rex. Il a célébré les bienfaits de la Providence qui a rendu à la France son Roi légitime, et dans ce bon Roi un père aux orphelines. Le Psaume Exaudiat, et le Domine, salvum fac Regem ont été chantés par ces enfans et leurs institutrices avec l'accent du coeur et les élans de la reconnoissance. La messe a été suivie du Te Deum, entonné par Mgr. l'archevêque-duc de Reims, après lequel ce prélat a donné la bénédiction. Il seroit difficile de se former l'idée d'un spectacle plus touchant que celui qu'ont offert, dans cette fête religieuse, ces enfans aimables toutes privées de leurs parens les plus proches, retrouvant dans les soins charitables de Mme. la supérieure-générale et de ses pieuses compagnes, autant d'affection qu'elles auroient pu en espérer des mères les plus tendres,

Ordonnance du Roi. Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre,

A tous ceux qui ces présentes verront, salut:

Ayant égard à la nécessité où sont les archevêques et évêques de notre royaume, dans les circonstances difficiles où se trouvent l'église de France, de faire instruire, dès l'enfance, des jeunes gens qui puissent ensuite entrer avec fruit dans les grands séminaires, et désirant de leur procurer les moyens de remplir avec facilité cette pieuse intention;

Ne voulant pas toutefois que les écoles de ce genre se multiplient sans raison légitime,

Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'Etat de l'in

térieur,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1. Les archevêques et évêques de notre royaume pourront avoir, dans chaque département, une école ecclésiastique, dont ils nommeront les chefs et les instituteurs, et où ils feront élever et instruire dans les lettres, des jeunes gens destinés à entrer dans les grands séminaires.

2. Ces écoles pourront être placées à la campagne, et dans les lieux où il n'y aura ni lycées ni college communal.

3. Lorsqu'elles seront placées dans les villes où il y aura un lycée ou un college communal, les élèves, après deux ans d'études, seront tenus de prendre l'habit ecclésiastique.

Ils seront dispensés de fréquenter les leçons desdits lycées et colléges.

4. Pour diminuer, autant qu'il sera possible, les dépenses de ces établissemens, les élèves seront exempts de la rétribution due à l'Université par les élèves des lycées, colléges, institutions et pensionnats.

pour

5. Les élèves qui auront terminé leurs cours d'études ront se présenter à l'examen de l'Université pour obtenir le grade de bachelier ès-lettres. Ce grade leur sera conféré gra

tuitement.

6. Il ne pourra être érigé dans un département une seconde école ecclésiastique qu'en vertu de notre autorisation donnée sur le rapport de notre ministre secrétaire d'Etat de l'intérieur, après qu'il aura entendu l'évêque et le grand-maître de l'Université.

7. Les écoles ecclésiastiques sont susceptibles de recevoir des legs et des donations, en se conformant aux lois existantes sur cette matière.

8. Il n'est au surplus en rien dérogé à notre ordonnance du 22 juin dernier, qui maintient provisoirement les décrets et réglémens relatifs à l'Université.

Sont seulement rapportés tous les articles desdits décrets et réglemens contraires à la présente.

9. Notre ministre secrétaire d'Etat de l'intérieur est chargé de l'exécution de la présente ordonnance.

Donné au château des Tuileries, le 5 octobre de l'an de grâce 1814.

Signé, LOUIS.

Par le Roi: signé, l'abbé de MONTESQUIOU. ORLÉANS. Lors du Concordat, on chercha inutilement à rentrer en possession du grand séminaire, bâtiment vaste, et commode, qui n'avoit pas été aliéné. On ne put l'obtenir alors, et le séminaire fut obligé de se contenter d'une maison étroite, basse, malsaine, sans cour ni jardin, où les élèves sont entassés, et où ils ne peuvent faire un exercice convenable à leur âge et à leur santé. Cette maison a été un peu agrandie par

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