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dettes contractées par le Roi pendant son séjour dans les pays étrangers. Tout le monde avoit applaudi à une idée si noble, si juste, si digne d'un peuple loyal, et long-temps célèbre par son amour pour ses rois. M. Fornier de Saint-Lary a prononcé sur ce sujet un discours qui sera imprimé.

« L'objet de cette proposition, dit l'orateur, l'auguste famille qu'elle concerne, méritent, l'une la plus grande réserve, l'autre le plus profond respect. Puis-je oublier, d'ailleurs, que je parle aux représentans d'un peuple chez qui l'honneur eut toujours des autels, et dont l'amour pour ses rois fut dans tous les temps un caractère historique? L'approbation unanime de la Chambre a fait connoître que j'avois fidèlement interprété vos pensées. Les puissances alliées et le gouvernement françois ayant mutuellement compensé les fournitures et les avances auxquelles les diverses guerres, depuis 1792, avoient donné lieu, il ne peut être question ici que des dettes personnelles du Roi. Ces dettes, quels que soient les bruits répandus par la malveillance, se bornent aux avances faites par les souverains et les particuliers, pour l'entretien seulement de la famille royale pendant son séjour en pays étranger. L'orateur rappelle en peu de mots les événemens funestes qui forcèrent la famille de nos rois à fuir une patrie abandonnée à l'anarchie et aux troubles, les secours empressés qu'elle reçut de toutes parts. Au premier rang de ces généreux créanciers est l'Angleterre. Voudroit-on qu'elle pût se vanter d'avoir entretenu la famille de nos rois, sans que la France lui cùt offert le paiement de ses avances? Vainement l'Angleterre ob→ jecteroit qu'elle n'a fait que suivre l'exemple de la France, en rendant aux Bourbons ce que Louis XIV avoit fait pour les Stuarts. Faisons notre devoir, Messieurs, sans nous inquiéter des autres. Au second rang de ces créanciers sont des hommes confians qui ont livré leur fortune et celle de leurs erifans à ces augustes personnages, persuadés que le peuple françois rendroit tôt ou tard justice à tant de vertus, de ma→ gnanimité et de malheur. Si la bienfaisance a porté quelque adoucissement à l'infortune de notre monarque; si elle a contribué à entretenir cette précieuse sensibilité, ce plus noble trait du caractère des souverains, hâtons-nous de payer cet arriéré, le plus sacré de tous. C'est celui de la justice, de l'honneur et de la reconnoissance». La proposion de M. de Saint-Lary est à l'unanimité prise en considération, et en

voyée à la discussion préalable des bureaux. Le discours sera imprimé. Il ne peut manquer d'être goûté par toutes les classes de lecteurs.

On assure que le traité de paix entre la France et l'Espagne vient d'être signé à Paris.

S. M. reçoit encore des députations des villes et des corps. Les officiers employés à l'expédition de Quiberon lui ont été présentés dernièrement. S. M. leur a dit des choses très-flatteuses, et a témoigné ses regrets d'en voir si peu qui eussent survécu aux désastres de cet événement. La ville d'Uzès a offert aussi ses respects au Roi, et lui a demandé la permission de lui élever un monument. S. M. a répondu qu'elle avoit déjà refusé de semblables demandes, et qu'elle désiroit, que si on lui élevoit un monument, ce ne fut qu'après sa mort. Dieu veuille alors que nous ne lui en érigions pas sitôt. S. M. a dit qu'elle examineroit une autre demande de la ville d'Uzès, relativement à son évêque, récemment arrivé d'Angleterre, et que ses diocésains désirent voir revenir

parmi eux.

NANT, (département de l'Aveyron), 18 juin. Cette ville a fait éclater, depuis la restauration, des sentimens qui lui sont communs avec toute la France; mais avant cette heureuse époque, elle s'étoit distinguée par un trait de fidélité qui mérite d'être connu : c'est l'érection d'une statue de Louis XVI, sous le règne de Napoléon. Ce monument fut fait, en 1810, par les soins de M. d'Ycher de Villefort; il fut élevé dans son jardin, qui devint, dès-lors, un lieu public où tous les habitans alloient contempler les traits de l'infortuné monarque. M. d'Ycher fut, dès ce moment, l'objet d'une surveillance particulière. Après bien des persécutions, il fut arrêté et conduit au château d'If, au mois de février 1813. Des ordres furent donnés pour briser cette statue. Ils furent exécutés, mais non pas de telle sorte, que les habitans de Nant n'aient pu réparer les outrages faits à l'effigie de leur Roi. Effectivement, M. d'Ycher a eu la consolation, en rentrant dans sa ville natale, de trouver la statue de l'infortuné monarque, élevée sur la place publique, qui s'appellera désormais la Place Louis XVI,

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DIEU auteur des grands événemens arrivés en France en 1814; par un député des côtes du Nord au Corps Législatif, en l'an 5 (1).

DIEU, sans doute, est l'auteur de tout ce qui se fait, et sa Providence règle tout; mais il est des événemens où sa toute-puissance, et l'empreinte de sa souveraine volonté, se montrent d'une manière plus éclatante, et où son doigt divin est, pour ainsi dire, marqué d'une manière visible. L'auteur de ce petit écrit met au rang de ces événemens merveilleux, ce qui vient de se passer sous nos yeux au sujet de l'heureuse restauration de nos anciens Princes. Il fait voir dans les causes de cette mémorable révolution, un accord qu'on ne rencontre point dans ce qui s'opère par des ordinaires; dans l'effet, une promptitude, une justesse, une précision tout-à-fait admirables, et qui nous induisent naturellement et comme malgré nous, à rapporter à un agent plus qu'humain, ce qui ne nous paroît pas explicable autrement.

moyens

C'est en effet un tableau curieux et instructif, que celui des vingt-cinq ans qui viennent de s'écouler, et une ample matière à de sérieuses réflexions. D'abord dix années se passent à détruire l'ordre ancien, et à tout mettre dans la confusion. On avoit commencé par les systêmes, on finit par la frénésie et le crime. Las de ce chaos et d'atrocités de tout genre,

(1) 15 pag. in-8°.; prix, 50 c. franc de port. A Paris, chez Méquignon fils aîné, rue Saint-Severin, n°. 11; et au bureau du Journal.

Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 30.

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on croit être revenu à l'ordre, parce qu'une force unique et concentrée s'empare de l'autorité, et comprime les factions. L'anarchie en effet a disparu; mais à elle succède un gouvernement qui amène l'excès contraire, et ce gouvernement est l'instrument dont Dieu se sert pour punir les écarts d'une liberté que l'on a voulue sans frein. Il semble avoir dit à l'homme : « Tu as désiré de secouer un joug sage et nécessaire; apprends ce qu'il en coûte ». Enfin, quand tout paroît perdu, Dieu prend la France en pitié, et il la délivre miraculeusement. Cette petite brochure, datée du 15 mai, et publiée alors, a paru avant que le Roi donnât la chartre constitutionnelle. Il n'étoit point déplacé qu'à cette époque, l'auteur profitât de l'occasion pour examiner ce que, de son côté, la nation devoit faire afin de seconder les vues du souverain, et de concourir au bien que promettoit le retour de la maison régnante. Il s'indigne contre quelques prétentions annoncées, de lui imposer des conditions, et contre le renouvellement de certains principes dont on n'a point eu à se louer; tel que celui, par exemple, de la souveraineté du peuple. Mais il voit avec reconnois→ sance un bon Roi, fixer lui-même des bornes à son pouvoir, limiter sa prérogative, établir les bases d'après lesquelles il se propose de régner, et les fonder sur la justice, l'utilité publique et le bonheur des peuples. On doit dire, à la louange de l'auteur, que son écrit respire des sentimens véritablement religieux, la haine des factions, et l'attachement aux vrais principes; cela n'étoit pas tout-à-fait à l'ordre du jour en l'an 5, lorsqu'il étoit membre du Corps Législatif. Il dut y être un peu déplacé, et avoit sa part des mesures patriotiques du 18 fructidor. L...

La Science de la santé, soit pour le moral, soit pour le physique, ou Hygiène encyclopédique (1).

C'est une chose si précieuse que la santé, que tout ce qui tend à la conserver a droit d'exciter notre attention. On trouvera dans ce livre de bons avis et des conseils utiles à suivre. Il n'est pas seulement consacré a la médecine préservatrice; l'auteur, profondément pénétré des vrais principes du christianisme, songe à l'ame autant qu'au corps, et n'omet aucune occasion de rappeler ses lecteurs aux idées religieuses. Au mot Piété, il observe que cette vertu, « lorsqu'elle est éclairée, contribue à la santé, en ce qu'après avoir réprimé les passions, elle donne une satisfaction intérieure à la vue de ses devoirs parfaitement remplis ». Il met le goût des romans au nombre des maladies morales, et en peint les dangers. Le style de l'ouvrage est souvent négligé; mais, dit l'éditeur, « l'auteur ne court point après la vaine gloire »; il ne court pas non plus après l'intérêt, car il ne prétend retirer de son livre, comme de quelques autres qu'il a déjà publiés, aucun profit pécuniaire. Son libraire a ordre de le distribuer gratuitement. Seulement un avis au lecteur, qu'il y a inséré, invite toute personne qui en recevra un exemplaire à donner, à quelque pauvre de son choix, la modique somme de i fr. 50 c. Cette ceuvre de charité, abandonnée à la conscience de chacun, eşt néanmoins de rigueur de la part du donataire. Il

(1) Un vol. in-12 de 298 pag. A Avignon, chez Laurent Aubanel, imprimeur-libraire du Lycée; et à Paris, au bureau du Journal.

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