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impose, à celui qui ne voudra point faire cette aumône, la condition de renvoyer l'exemplaire à l'imprimeur dont il l'aura reçu, lequel alors en disposera en faveur de quelqu'autre personne charitable. Des intentions si estimables et si rares ont bien droit à quelqu'éloge, L.

Histoire de la Vie privée et politique du vertueux Louis XVI, contenant des faits ignores des historiens, recueillis par un grand personnage d'Allemagne, auteur de l'Histoire du duc d'Enghien, précédée de pièces servant à démontrer que Bonaparte redoutoit la liberté de la presse; tyrannie qu'il a exercée sur la pensée; sa haine invétérée contre la dynastie des Bourbons: ornée du portrait de Louis XVI (1).

Voilà un titre un peu singulier et un amalgame bizarre. L'auteur accole deux noms peu faits pour se trouver ensemble, des détails sur Louis XVI, et des détails sur le despote qui s'étoit assis à sa place. Il mêle ce qui doit intéresser tout le monde avec ce qui ne peut intéresser que lui. Il dit longuement ce que nous savons tous. Il a trop l'air de n'avoir mis le nom de Louis XVI à la tête de sa brochure qu'afin de la faire vendre, et elle avoit en effet un peu besoin de ce passe-port. On est sûr d'exciter l'intérêt en parlant d'un Prince si vertueux et si indignement traité, et sous ce rapport, M. Prudhomme lui rend justice. J'aime à croire qu'il a toujours pensé ainsi. Sans doute

(1) 58 pag. in-8°.; prix, 1 fr. 50 c., et 1 fr. 75 c. franc de port. A Paris, rue des Marais, F. S. G., n°. 18; chez Desauger, rue Jacob, au coin de celle de Saint-Benoît.

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il n'est pas le même qui a attaché son nom à tant de mauvaises productions, à tant de pamphlets révolu→ tionnaires, qui ont contribué à égarer l'esprit des peuples. Il n'est pas de ceux qui ont retourné leur babit, et qui se trouvent tout à coup royalistes zélés, après avoir été long-temps des plus ardens dans le parti

contraire.

Quoi qu'il en soit, je suis obligé de dire que M. Prudhomme n'est pas toujours clair ni même correct dans ses expressions. Je trouve page 6, « que la maison de Louis, lorsque dans l'intérieur il étoit dégagé de l'attirail de la royauté, étoit celle de la bonté et de la philosophie », et page 8, « que Louis crut, long-temps avant la révolution, que le tiers pourroit le venger de la noblesse et du clergé; que l'esprit phitosophique se glissa insensiblement dans son ame; mais que trop bonne et trop confiante, elle fut dupe de la bonne philosophie, et qu'il devint faux philosophe, de roi bon, bienfaisant et instruit qu'il étoit ». Je ne crois pas qu'avec sa grande et belle ame, Louis, si bon, si généreux, ait jamais désiré qu'on le vengedt, ni de la noblesse, ni du clergé, dont la majeure et plus saine partie lui a toujours été fidèlement attachée, et j'avoue que je n'entends pas ce que l'auteur veut dire par cette philosophie tantôt bonne tantôt fausse qu'il attribue à ce Prince. Laphilosophie de Louis XVI étoit du bon esprit et de l'esprit religienx. C'est ce qui l'a caractérisé pendant son règne, et notamment à ·la fin de sa vie.

L'auteur prétend que Danton avoit voulu sauver le Roi, et il assure avoir eu personnellement connoissance de ce projet. Il nous conviendroit mal de nier durement un fait allégué si positivement, et duquel on dit être

si bien informé; mais l'auteur attribue à des puissances voisines d'avoir refusé de coopérer à une œuvre aussi honorable. L'une de ces puissances qu'il nomme, « vouloit, dit-il, que les François commissent un régicide; l'autre, qu'il ne nomme point, feignoit de trouver dans le Roi un démocrate, et de le croire un révolutionnaire opposé à l'intérêt des couronnes >>. Ainsi, continue l'auteur, une politique mal entendue a voulu tuer Louis XVI». Une pareille inculpation, des vues aussi machiavéliques et aussi basses de la part de gouvernemens, qui, pour être divisés d'intérêts, ne sauroient être taxés d'une aussi odieuse immoralité, de telles accusations ne devroient, ce semble, être mises en avant que preuves en main, et appuyées de pièces authentiques et en bonne forme.

Si on nous demandoit notre opinion sur cet ouvrage, nous dirions que l'auteur n'y a pas tenu bien exactement tout ce qu'il avoit promis. Il l'a terminé par cet immortel testament, où l'ame de Louis paroît dans toute sa grandeur. C'est une espèce de dédommagement que M. Prudhomme nous offre de beaucoup d'inutilités semées dans sa brochure. L.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le Pape, dont la santé résiste à toutes les fatigues, donne ses soins à la réorganisation de tout ce qui avoit été détruit ici. Il sort tous les jours, après avoir travaillé dans son palais, et va visiter quelqu'une des églises de Rome. Il mêle ainsi la prière et les exercices publics de la religion aux soins du gouvernement. Il accueille avec bonté les étrangers qui se trouvent dans celte capitale. Il donne des audiences, écoute les réclamations, et fait tout ce qui est en lui pour guérir les maux

passés et réprimer les abus. Ces jours derniers, il alla à l'église de Saint-Charles, dite del Corso, et y assista à un service funèbre pour les prélats, prêtres et autres, qui ont fini leurs jours dans l'exil ou la prison. S. S. fut reçue par les membres du sacré collége. Il y a déjà, à Rome, vingthuit cardinaux. Le cardinal Maury loge chez son neveu, le prélat Maury. Il a eu quelque peine, dit-on, à ne pas demeurer à Montefiascone; mais l'ordre du saint Père étoit formel, et le cardinal a été obligé de se contenter de traverser sa ville épiscopale. On prétend qu'il avoit eu envie de réclamer la protection d'une cour voisine. Il paroît néanmoins qu'il a abandonné ce projet. Il vit très-retiré, et nul prélat ou même ecclésiastique ne va le voir. On en use ainsi par charité, et pour ne pas troubler ses méditations sur l'instabilité des grandeurs humaines.

PARIS. M. l'évêque de Tournay vient d'arriver ici de Rome, où il étoit allé, comme on dit, ad apostolorum limina. Il a été reçu du Pape avec une distinction particulière, et retourne dans son diocèse où sa présence achèvera de ramener l'ordre. On sait que ce diocèse avoit été aussi en proie aux troubles, et qu'on y avoit exercé bien des rigueurs. Le chapitre avoit aussi été maté par des ordres violens et arbitraires.

BEAUVAIS. Le dimanche 17 juillet, il a été chanté ici, dans l'ancienne église cathédrale, un Te Deum à l'occasion de la paix. MM. les gardes du corps de la compagnie de Noailles y assistoient, ayant à leur tête M. le prince de Poix en personne. Un discours a été prononcé par M. le vicaire-général d'Amiens, à la résidence de Beauvais. L'orateur s'y est livré à des réflexions du plus grand intérêt sur les derniers événemens, sur le retour de la famille royale, et sur les biens que produit la religion. Il a montré combien elle est utile à l'Etat, et combien elle sied aux guerriers même qu'elle anime à mieux servir le Prince. Son discours a été imprimé. M. l'abbé Godart a été nommé aumônier des

gardes du corps, et réside ici avec la compagnie de Noailles.

LISIEUX. Dans un moment où plusieurs villes réclament le rétablissement des siéges épiscopaux qu'elles avoient avant la révolution, nous pouvons bien aussi faire valoir nos titres. Lisieux est une des villes les plus propres å redevenir le siége d'un évêque. Ce diocèse contenoit plus de cinq cents paroisses. Il comptoit cinq villes, non compris la ville épiscopale. Pont-Audemer, Pont-l'Evêque et Bernay, sont des chefs-lieu de sous-préfectures, qui ont une population assez considérable. Les bourgs sont nombreux. Lisieux est au centre. La cathédrale, le palais épiscopal, les deux séminaires subsistent encore. Nous avons un collége, deux communautés pour l'éducation des filles, une maison de frères des Ecoles chrétiennes, deux hôpitaux. La dotation même de l'évêque se retrouveroit aisément. Elle consiste en biens-fonds non aliénés et en rentes constituées pour des fiefs. Le morcelement qu'on a fait de ce diocèse a eu de grands inconvéniens. Les communications avec Séez, Bayeux et Evreux ne sont pas toujours possibles, et les ecclésiastiques plus éloignés de leur chef, moins surveillés, moins liés entr'eux, n'ont plus les mêmes secours que lorsqu'ils travailloient sous les yeux d'un évêque qui les voyoit de plus près. Nous nous flattons que ces considérations seront pesées, et que l'on sentira l'utilité d'un rétablissement qui seroit sagement entendu sous le rapport religieux et politique.

GAND. Plusieurs journaux ont publié la lettre suivante, qui n'est point, comme on l'a dit, une décision du Saint-Siége, mais une simple lettre d'un prélat employé à la daterie. Elle ne paroît avoir été transmise, ni par le canal du cardinal Consalvi, ni par les mains du nonce. C'est sans doute une réponse particulière dé Mr. Sala, à des prêtres qui l'avoient consulté. Nous ne prétendons point blâmer l'esprit de cette lettre, qui porte un caractère de modération, et nous applaudi

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