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moyens. Là sont les germes réparateurs de toutes les infortunes passées, et toutes les sources de la prospérité future.

» Le prompt développement des principes constitutionnels par des lois nécessaires, la marche régulière des autorités, le raffermissement de la religion et de la morale rallieront tous les intérêts, feront taire toutes les passions, et fonderont la confiance publique sur des bases inébranlables.

» La nation, instruite par les plus grands événemens, est digne de s'associer à vos hautes pensées, et de concourir à l'œuvre de son bonheur. » Les révolutions qu'elle a subies n'ont pas altéré son caractère. Un peuple agricole, actif et industrieux; un peuple qui a reçu de la nature une vive sensibilité, un haut courage, qui s'enflamme pour la gloire, et préfère la mort à la honte, sera toujours respecté des autres nations, et toujours digne de

vous.

» Aux derniers jours d'une lutte terrible, nos braves armées, affoiblies et dispersées, combattoient encore avec un courage héroïque pour l'honneur et pour la patrie.

» Sire, un peuple qui a déployé tant de grandeur dans l'adversité, saura, pour assurer les premiers bienfaits que nous devons à V. M., faire de grands efforts et de généreux sacrifices. Voire cœur ne les ordonneroit point, la seule autorité royale ne suffiroit pas à les effectuer; mais votre peuple va au-devant de ces sacrifices; il inspirera à ses représentans les sentimens d'amour, de respect et de fidélité qui l'animent. V. M. impri

mera à ses conseils le sceau de son caractère. Vos ministres seront responsables devant vos peuples du dépôt d'autorité qui leur est confié; ils le seront envers vous de la conformité de leurs actes avec vos intentions paternelles.

» Sire, dans l'exposé de la situation du royaume, vos ministres ont dit qu'il seroit impossible de faire le bien, si l'union générale ne secondoit pas vos vues bienfaisantes; la Chambre des Pairs n'oubliera jamais qu'elle doit donner l'exemple de cette union ».

Les président et secrétaires,

Signés, DAMBRAY, le comte DE PASTORET, le duc DE LEVIS, le comte de VALENCE, le maréchal duc de Tarente, MACDONALD.

Vu et scellé,

Le grand-référendaire,

Signé, SEMONVILLE.

La réponse du Roi à la Chambre des Pairs a été prononcée en ces termes par S. M.:

« Je reçois avec satisfaction l'adresse de la Chambre des Pairs.

>> J'ai exposé avec pleine confiance l'état critique de la France; j'ai envisagé ses principales ressources dans l'union parfaite des François avec moi, et j'en reçois avec un grand plaisir le gage dans l'assurance que me donne aujourd'hui la Chambre des Pairs >>.

- Une députation de vingt-cinq membres, en grand costume, a présenté, le 30 juillet, au Roi l'adresse votée par la Chambre des Députés dans le comité secret d'hier.

M. Lainé, président, a lu l'adresse conçue en ces termes :

SIRE,

«En faisant présenter aux deux Chambres l'exposé de la situation du royaume, et en rappelant ainsi les représentans de la nation à concourir à la réparation de tant de malheurs, V. M. a bien présumé de son peuple: vos fidèles sujets de la Chambre des Députés des départemens, Sire, vous remercient de n'avoir pas désespéré du salut de la France.

>> Ce tableau, tout affligeant qu'il est, ne nous a causé aucune surprise. Quand tous les pouvoirs étoient confondus, tous les droits méconnus; lorsque tout accès étoit fermé à la vérité, c'étoit de l'excès des maux seul qu'on pouvoit attendre le remède.

» Sous un Roi juste et pacifique, ce tableau ne nous inspire pas de crainte. Encouragés par le généreux dévouement de V. M., rassurés par des institutions, fruit de sa profonde sagesse, ranimé par son impartiale tendresse pour tous ses enfans, les François se signaleront par une noble émulation de sacrifices maintenant destinés au bonheur public. Sire, il n'est pas en France de maux irréparables, quand le monarque, les grands corps de l'Etat, toutes les classes de la société n'aspirent, par un vou commun et avec une confiance réciproque, qu'à l'affermissement du trône et au rétablissement de la patrie.

» Désormais libres et protégés, vos sujets trouveront dans l'exercice de leur industrie des moyens de fournir des ressources à l'Etat. C'est sans doute vers le plus utile des arts, l'agriculture, que se tourneront d'abord leurs efforts et leurs

la

capitaux. Mais pour que ce beau sol, arrosé de leurs sueurs, puisse mieux se fertiliser et leur suffire, ils espèrent que bonté de V. M. leur facilitera ces secours que donnent à un grand peuple les manufactures et le commerce. En reportant à nos colonies, replacées sous votre sceptre, la paix et l'abondance, nous en recevrons un accroissement de richesses que le nouveau génie de la France dirigera vers les améliorations de l'intérieur.

>> Les puissances voisines s'attendent, Sire, à voir l'esprit de la nation se porter vers ces grands objets; elles seront entièrement rassurées lorsque les bras d'un peuple guerrier s'emploieront aux arts de la paix qui lient les nations entr'elles. Elles savent que V. M. et la France ne veulent, dans ces avantages communs à tous les peuples, que cette part réservée par la Providence à notre position géographique.

» C'est ainsi qu'une nouvelle vie se répandra par le travail dans toutes les branches de l'économie publique, et portera l'aisance et le goût du bien dans toutes les conditions. Ce bonheur, Sire, sera l'effet des méditations de V. M. et du concours de tous les François à seconder ses intentions paternelles. La Chambre des Députés aussi ne manquera ni à l'attente du trône, ni à l'espoir de la nation. Elle unira ses efforts à ceux de son Roi pour faire disparoître, s'il se peut, jusqu'au souvenir de nos infortunes».

S. M. a répondu :

« Je reçois avec plaisir l'adresse de la Chambre des Députés. Les sentimens qui l'ont dictée sont aussi ceux qui m'animent. J'ai exposé avec franchise la situation du royaume, parce que c'est le seul moyen de communication entre un bon père et ses enfans. Je vois avec une douce satisfaction l'union qui existe entre la Chambre des Députés, la nation et moi. C'est ainsi que nous panserons les plaies de l'Etat, qu'en faisant fleurir les grandes sources de la prospérité publique, l'agriculture, le commerce et les arts, nous rendrons à la France ee bonheur qui est le plus cher objet de

mes vœux ».

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MONSIEUR, dont la santé est bien améliorée, est revenu à Paris, le lundi 1°. août. S. A. R. recevra tous les mardis et samedis, de midi et demi à deux heures.

M. le duc d'Angoulême a dû arriver, le 24 juillet, à Toulouse, où on faisoit des préparatifs pour le recevoir.

MÉMOIRE sur les administrations capitulaires des évéques nommés, en réponse au Mémoire pour M. le cardinal Maury (1).

SEINE

IL est prouvé dans ce Mémoire que le cardinal Maury ne peut s'excuser, sous aucun rapport, de s'être charge, malgré l'expresse défense du Pape, de l'administration capitulaire du diocèse de Paris.

L'auteur du Mémoire convient qu'il est une différence reconnue par le chef suprême de l'Eglise, entre l'Italie et la France, relativement aux administrations des églises vacantes par les prélats nommés. Mais il ne laisse pas le droit au cardinal Maury de faire valoir en sa faveur cette différence de discipline: « Un cardinal, dit-il, lié au Saint-Siége par des ser» mens particuliers, évêque d'un siége d'Italie, situé » dans les Etats du Pape, invoque l'autorité de la >> discipline de l'église gallicane, pour se laver du >> reproche que lui adresse le chef de l'Eglise, d'a>> voir violé la discipline reçue dans l'Eglise d'Italie, » à laquelle il appartient par son double titre de car» dinal et d'évêque. En vérité, il est impossible de >> rien concevoir dans une pareille réponse. Que M. le » cardinal cherche dans les archives de Rome et dans >> les lois canoniques de la métropole où est situé son » siége de Montefiascone, des exemples ou des au

(1) Brochure in-8°.; prix, 1 fr., et 1 fr. 25 c. franc de port. A Paris, au bureau du Journal.

Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 31.

F

»torités pour excuser sa conduite, et alors sa défense » n'aura rien de choquant, sa marche sera régulière. » Mais qu'étant cardinal et évêque d'un siége situé » dans les Etats romains, il aille fouiller dans les an>> nales ecclésiastiques de la France, qu'il appelle à son » secours la discipline de cette Eglise, quand le chef » de l'Eglise lui reproche d'avoir violé une discipline » en vigueur à Rome et à Montefiascone, voilà une apologie d'un genre fort nouveau! etc..... ».

L'auteur du Mémoire paroît avoir fait un calcul assez exact des administrations capitulaires des évêques nommés sous Louis XIV. Il en fait monter le nombre jusqu'à quinze ou vingt. Mais il ignore les détails de leur administration, que les archives de plusieurs diocèses auroient pu lui fournir. Il a fait des recherches fort justes sur les mêmes administrations sous Henri IV; et enfin il cite l'usage établi dans tous les chapitres de France d'envoyer des lettres de vicaires-généraux aux évêques nommés. Il en conclut la validité des administrations capitulaires; mais il n'en regarde pas moins leur existence comme un abus, et il voudroit qu'un article d'un nouveau Concordat les abolit sans retour. Il est difficile de n'être pas de son avis, quand il cite en preuve du mauvais effet de ces administrations, celle du cardinal Maury, qui, de l'avis de tout le clergé de Paris, a été un très-mauvais administrateur, et qui a excité d'autant plus de plaintes par ses caprices et ses boutades, qu'il succédoit dans le gouvernement à deux archevêques renommés pour leur esprit de douceur, de modération et de sagesse.

Mais en supposant que les voeux de l'auteur, sur l'article prohibitif des administrations capitulaires, eussent leur effet, nous formerions celui de voir la

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