Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Aux rédacteurs sur la décadence des études ecclésiastiques.

ibid.

Ordonnance du Roi qui charge M. l'archevêque de Reims

L'AMI DE
DE LA RELIGION

ET DU ROI.

De l'État religieux.

SECOND

ARTICLE.

L'éducation, suivant le sage Rollin, se propose trois objets, la science, les mœurs et la religion. Si cette opinion n'est point un paradoxe; si, comme nous le croyons fermement, ces trois grands objets doivent marcher de front, les ecclésiastiques et même les corporations sont les meilleurs instituteurs de la jeunesse. La religion est, sans doute, la plus ferme sauvegarde des mœurs, et les talens de l'esprit ne seront jamais dans un être pervers que des instrumens de corruption et de crime. Quels hommes sont donc plus propres à faire aimer et respecter la religion que ceux qui se sont voués à en pratiquer toutes les maximes et tous les exercices, et dont la vie entière est, en, quelque sorte, un acte continuel de piété? Il n'est point de leçons plus profitables pour la jeunesse que celles de l'exemple; aussi tous les traités d'éducation recommandent-ils sur toute chose de ne donner aux enfans que des maîtres dont la moralité soit éprouvée. Mais, nous dira-t-on, la vertu et la piété n'habitentelles que les congrégations? Ne peut-on pas trouver de maîtres sages et austères dans des écoles dirigées Tome II. L'Ami de la R. et du R. No. 26.

A

par des séculiers? Oui, mais il suffit d'une exception pour produire des funestes effets. Qu'un ecclésiastique attaché à un corps s'écarte de l'ordre, la règle est là pour l'y ramener : sa faute sera aussitôt punie; et le mal pourra être réparé avant même qu'il se soit fait sentir. La discipline de ces établissemens peut se relâcher sans doute, mais elle existe, et il ne s'agit que de la remettre en vigueur; au lieu qu'elle n'existe pas, et ne peut exister, lorsque les chefs n'ont point d'autorité, et que les inférieurs ne sont point tenus à l'obéissance.

:

Avant la révolution, les religieux étoient encore chargés du plus grand nombre des colléges en France. Les Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur présidoient à la plupart des écoles royales militaires nouvellement fondées. Ceux de Cluny, de SaintVannes, les Cordeliers, les Barnabites se vouoient aux soins de l'instruction publique dans différentes villes du royaume. Les Dominicains, dans leur seule province de Toulouse, occupoient trente-deux chaires ou maisons d'éducation. Les études prospéroient entre leurs mains; et elles étoient bien moins florissantes dans les colléges dirigés, à la même époque, par des ecclésiastiques séculiers. C'est qu'il est fort différent de se vouer, dès sa jeunesse, et sans retour, à une profession dont on fait l'unique objet de tous ses soins, ou d'exercer sans vocation ce que l'on regarde comme un métier, comme un moyen de fortune. Les membres de corps, séparés du monde, n'avoient d'autre ambition que de mériter le suffrage de leurs supérieurs et l'estime de leur ordre. Leurs besoins étoient bornés comme leur ambition. Nul intérêt étranger, nul souci ne venoient les distraire. Aussi leur instruction étoit

« PreviousContinue »